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sur 3112 notes
Préface : un jeune homme vit chez sa tante et raconte l'arrivée d'un locataire Harry Heller chez celle ci (elle a une grande maison et loue des chambres). Ce mystérieux homme se surnomme lui même le loup des steppes par autodérision : il ressent en lui deux personnalités : la première animale (le loup) qui est solitaire et misanthrope et la deuxième « humaine » qui souhaite communiquer avec ses semblables. Il a la cinquantaine, il est malade, ne travaille pas, lit énormément …

Ce livre oscille en permanence entre la réalité et le fantastique : Harry Heller (H.H. comme Hermann Hesse) se promène la nuit dans les rues avec son vague à l'âme et découvre un théâtre « magique » qui apparaît et disparaît au gré de ses pérégrinations.
Après un moment très sombre (la description de ses tendances suicidaires), il rencontre une jeune femme mystérieuse (à moins que ce ne soit un dédoublement de personnalité…) qui dit se prénommer Hermine (double féminin de Hermann ? )
Il s'agit d'un auteur allemand (naturalisé suisse) et je me suis demandé si Hermine avait la même signification qu'en français ou si ce prénom avait été choisi pour sa sonorité proche de Hermann…

Cette jeune femme tente de réconcilier Harry avec la vie et ses plaisirs (en particulier la musique et la danse), Harry, cinquantenaire coincé vit une seconde jeunesse…

Hermine sauvera-t-elle le loup des steppes de sa folie ?

En conclusion : un livre très riche tant par les sujets abordés : j'ai évoqué le suicide, l'amour mais il y a aussi l'art (musique), la volonté de paix et la critique des Etats qui s'engagent sûrement vers la deuxième guerre mondiale (ce livre a été écrit en 1927 et interdit sous le régime nazi).
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Comment ais-je pu ignorer aussi longtemps "le loup des steppes", un grand classique de la littérature allemande, une oeuvre majeure écrite par Hermann Hesse, nobélisé en 1946.
Au début de cette lecture, mon enthousiasma était tel que j'aurais extrait des citations à chaque page.
Hermann Hesse, né en 1877 est un jeune homme turbulent, insoumis, révolté.
Fils de pasteur, il s'insurge très tôt contre les règlements et les obligations qu'imposent son éducation et la société.
Le roman, publié en 1927, donc dans sa cinquantaine revient sur le temps de la jeunesse et, à travers son héros, Harry Haller (H.H.) exprime tous les tourments, toutes les contradictions, les incertitudes d'une âme en proie au doute et à l'angoisse métaphysique.
Conscient de toutes les strates qui constituent la personnalité, il s'interroge sur
leur fonctionnement et leur complexité.
Avec un bel assaut de rébellion; il prône la révolte contre le "bourgeoisisme"
(expression désuète aujourd'hui appelée esprit bourgeois) qui représente à la fois la médiocrité, l'hypocrisie, l'égoïsme mais dont certains aspects sont bien séduisants et rassurants.
Toujours ballotté entre des aspirations paradoxales, incompatibles et torturantes, il s'exprime avec rage et passion sur tous les sujets qui agitent son esprit bouillonnant. Il se décrit comme "expert en poésie, musique et philosophie", se pose les questions essentielles et existentielles sur la valeur du travail, l'engagement privé ou politique, le sens de la vie et la transmission.
Il donne aussi son avis sur des sujets moins graves comme la danse et les qualités qu'elle requiert - légèreté et insouciance -qui hélas ne sont pas siennes.
Pour remédier à son "vague à l'âme crépusculaire", il opte un temps pour le libertinage, à travers sa rencontre avec Hermine qui prône "les choses amusantes, il faut les goûter jusqu'au bout". Cette jeune femme rencontrée dans un bar un jour de grande solitude, est l'antidote aux tourments de l'esprit mais aussi son reflet et sa soeur en lucidité.
J'ai été moins captivé par la séquence finale dans le théâtre magique où les scènes allégoriques reflètent hallucinations et fantasmes.
Hermann Hesse exprime dans cet ouvrage son pessimisme fondamental, en partie nourrit par ses prédécesseurs en désespoir Hegel et Nietzsche. Il pressent aussi cruellement le retour à la barbarie qui éclatera en 1939.
Plus qu'un roman, on peut considérer ce texte comme une confession psychanalytique, un traité philosophique, dans tous les cas un récit d'une haute teneur.
Merci à LiliGalipette qui, par son magnifique commentaire, m'a entraînée dans cette aventure.
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C'est la 5ème fois que je lis ce livre , il me sert d'étalon vis à vis de moi-même. J'ai été déçu de moi-même, il y a dix ans, je pense. Même si je ne lis pas le même livre. Je me cherche dans ce livre et je suis à chaque fois diffèrent. Traduction de Juliette paré traduction de 1931. C'est la première fois que je lis ce livre la. Suis-je le loup des steppes ? Un peu certainement. Je vis calme et peut être retire. Depuis que je lis le livre description d'un paysage, je le vois plus suisse qu'avant où je le voyais surtout allemand. Je l'ai lu avant d'avoir 50 ans au moins la 1ère fois. Il était lointain, farouche. Craintif, il dit cela sent bon, ici. le bourgeois ou l'artiste, l alternative . Harry Haller je l'ai lu bien avant de devenir bouddiste. . Même Siddartha. Il s'était adonné à la méditation. Assis sur la marche supérieure du palier. Cette odeur d'encaustique. Chaque fois que j'en passait sur mon armoire, j'y songeais, avec l'araucaria le d'espoir des singes. Comme au lycée. Ça sent l'ordre et la propreté et la térébenthine. Toute souffrance est un rappel de notre rang élevé ( Novalis) je me rappelle avoir noté cette phrase. l''esprit liquide, dans ma tanière. Il vivait la vie d'un suicide. Chaque époque, chaque culture possède son ton. Je me sens plus serein que la dernière fois que je l'ai lu. La marche à travers l'enfer, je l'ai déjà faite. Que chaque lecteur en fasse selon sa conscience. le manuscrit de Harry Haller Seulement pour les fous le dieu des couci-couca de satisfactions . La vétusté et le calme de Bonifaccio. Theatre magique Tout le monde n'entre pas... n'entre pas. le Borobudur soufflant en l'air ses montagnes sculptées aux couleurs doucement agonisantes. Gubbio ça me fait penser à voyage en Orient. Neurasthénique compliqué. Traits du loup des steppes seulement pour les fous. Je pense à Robin Hoob que j'ai lu récemment. La cohabitation homme loup dans les êtres mixtes est difficile. Je peux ratiociner à loisir. Personne ne le commandait. le propre du suicide n'est pas de se trouver en relation constante avec la mort. Leur ligne de vie montre que pour eux la mort par suicide est la fin la lus probable. C'est bien sûr superficiel. Entre luxure et ascétisme, il sera un martyr. En même temps, cet être pusillanime. Une 3ème voie s'ouvre à eux l'humour. Grâce à son âme dépareillée. Personne n'est une ile.. c'est simple et évident. Je pense à la complexité. Cette méthode negre de debestialisation de la solitude du jardin de ghethsemzni. La fausse route difficile et ses zigzags indécis. Lorsque j'eus fini de lire. Je rôde et je rêve de livres pas de lièvre ni de biche. Les immortels se lèchent. de la haut le crépuscule tombe.( Goethe). Hermine avait une tristesse omnisciente. Danser le fox trot est-ce la dernière fois que je lis ce livre. C'est bien je ne m'en souviens pas.mieux vaut un miroir en poche que 2 sur le mur.
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"Il existe un assez grand nombre de gens de la même espèce que Harry ; beaucoup d'artistes notamment appartiennent à cette catégorie. Ces hommes ont tous en eux deux âmes, deux essences ; le divin et le diabolique, le sang maternel et le sang paternel, le don du bonheur et le génie de la souffrance coexistent et inter-existent en eux aussi haineusement et désordonnément que le loup et l'homme en Harry. Ces êtres-là, dont la vie est des plus inquiètes, éprouvent parfois à leurs
rares instants de joie une si indicible beauté et intensité, l'écume du moment jaillit si haut et si aveuglante au-dessus de la mer de souffrance que ce bonheur éclatant et bref, en rayonnant effleure et séduit les autres. C'est ainsi que naissent, écume éphémère et précieuse au-dessus de l'océan des douleurs..." Hermann Hesse nous dépeint le loup des steppes comme un homme dont la vie n'oscille pas entre deux pôles, l'instinct et l'esprit ou le débauché et le saint mais dont la vie oscille entre des milliers de contrastes et entre d'innombrables contradictions...le loup des steppes s'élève au dessus de la souffrance et devient un génie, une fois génie, il devient esclave de son génie, il a l'air de courir plus vite que la vie que la seule issue de sa course est le suicide...mais à ce stade, Harry Haller, notre loup des steppes va faire une rencontre qui va changer les choses...
Un véritable coup de coeur, ce livre! C'est un cri de coeur que l'auteur adresse aussi bien à son esprit du génie qu'à la société, cet esprit qui le rend à la fin prisonnier de lui-même, et cette prison colle à sa peau d'une manière aussi ambiguë que l'auteur creuse au fond de son âme, épuise la langue, bouscule avec effervescence ses pensées que le loup des steppes ne se lit pas facilement, en tout cas, il faut avant tout lire la préface avant de se glisser sur ce terrain...
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(...) D'après mon édition, ce livre est considéré comme le premier roman existentialiste. Autant dire qu'on n'est pas dans la comédie ou le récit d'aventures ^^ J'avoue que je n'avais aucune idée du contenu du Loup des Steppes avant de l'ouvrir, mais j'avais beaucoup aimé Siddhartha, le seul autre roman de l'auteur que j'ai eu l'occasion de lire pour le moment.

Ici on n'est pas du tout dans le même registre, même si dans les 2 romans il s'agit de quête de soi. Harry Haller est un personnage bourré de contradictions, de désespoir et de questionnements. On n'est pas vraiment dans une histoire à proprement parler, si ce n'est celle de l'évolution existentielle d'un homme.

Il y a énormément d'idées que j'ai trouvées super intéressantes: quête d'identité, multiplicité de « l'âme », sentiment d'inadaptation sociale, perte des repères, perception de la réalité, rapport aux autres et à soi-même, questionnements sur la folie, etc.

Au vu de cette énumération, vous vous douterez que ce n'est pas un livre facile d'accès ^^ Il m'a fallu assez longtemps pour en venir à bout et, honnêtement, il y a de longues plages d'ennui dans cette lecture. Parfois j'avais l'impression que je n'en verrai jamais la fin… Pourtant jusqu'aux dernières pages, quelque chose m'a poussée à continuer, une sorte de fascination pour certaines des idées développées par l'auteur. Je me suis reconnue dans certaines d'entre elles, d'autres m'ont paru carrément effrayantes. J'ai eu l'impression qu'on pouvait tous ressembler un peu à Harry Haller dans certaines circonstances et sous certains aspects et j'ai trouvé ça assez fascinant.

Ce n'est pas le genre de livres que je lirais tous les jours, mais je suis contente d'être allée au bout, il m'a fait beaucoup réfléchir. Une lecture que je recommande si les thèmes abordés vous parlent, mais ne vous attendez pas à ce que ce soit simple d'accès ou rapide à lire.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Le livre commence par un travail d'introspection et de conceptualisation du caractère multiple de notre personnalité, et des concessions nécessaires pour survivre aux incohérences qui en résultent. Il y est aussi question de la folie et de l'hypocrisie de notre société, et de la médiocrité des bourgeois. Ce début un peu trop intellectuel, trop centré sur les obsessions schizophréniques du personnage principal, du moins à mon goût, m'a un peu agacé. Mais sans m'en être rendu compte, j'étais ainsi rentré dans le jeu de l'auteur et réceptif à la suite. Dès l'apparition d'Hermine, le climat se fait plus léger, plus spontané, et plein de bon sens. On se sent rassuré, mais ce n'est que pour verser dans des excès opposés, notamment la drogue, et pour terminer dans un théâtre magique où tout se désagrège et se mélange. L'ouvrage est riche en sujets de réflexion sur notre essence et le sens de notre vie, expliquant l'enthousiasme qu'il a pu susciter. J'ai cependant regretté son caractère trop onirique, et tout particulièrement le basculement de la fin dans le fantastique et l'absurde qui m'a dérouté. En définitive, mon sentiment est mitigé, les questions que se pose Harry sont très intéressantes mais je n'ai pas vraiment adhéré à la façon dont elles sont traitées. Je dois aussi reconnaître que certaines parties, notamment sur la fin, sont restés inaccessibles à mes facultés de compréhension et qu'en conséquence, j'ai un peu survolé les dernières pages relatives au théâtre magique.
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L'on reconnaît bien cette littérature allemande de même lignée que "le Tambour" de Günter Grass, Berlin Alexanderplatz d'Alfred Doblin ou encore "La Montagne magique" de Thomas Mann.
Lecture parfois abstruse, mais qui reste un chef-d'oeuvre de cette littérature et à laquelle j'aurais peut-être dû encore attendre un peu, pour gagner en maturité littéraire et m'imprégner un peu plus sur les réflexions, savoir analyser l'histoire, enfin, je me dis aussi que quelquefois il ne faut pas tout analyser et se laisser emporter…
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Le loup des steppes n'est pas un livre comme les autres. Il est un loup solitaire qui se chercher une meute ou qui l'a fuit. le loup, animal mythique, traqué depuis la nuit des temps, celui qui rôde et surgit de nulle part, qui s'abat sur la proie la plus vulnérable. Solitaire ou en meute, il ne trouve que rarement sa place au sein de la société. Harry, se voit loup, Harry cherche un sens à sa vie. Mille chemins, ou une simple rencontre l'aidera peut être à trouver la bonne direction, à démêler tous ces noeuds en lui.
C'est un roman hors norme, qui côtoie le fantastique, la philosophie, la psychologie, c'est intéressant mais pas forcément aisé à lire. Il faut pénétrer la lecture en se dépouillant de tous a priori, se laisser immerger par la richesse de cette étude de l'âme humaine. Cette dernière si complexe, si étrange et mystérieuse, nous offre une multitude de possibles.
Je ne sais si j'ai aimé ou été happée par ce loup des steppes, dans tous les cas, je ne suis pas restée indifférente à ce livre qui m'interroge encore.
Étrange mais intéressant et enrichissant.
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Une lecture essentielle. Thomas Mann a dit de Hermann Hesse: "Son oeuvre à plans multiples, toute chargée des problèmes du moi et du monde, est sans égale parmi les oeuvres contemporaines."
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Le loup des steppes aurait bien pu ne jamais connaître la moindre étagère de librairie ou de bibliothèque. Rédigé alors que Hermann Hesse résidait dans la chambre meublée d'une résidence, le manuscrit fut laissé à l'abandon lorsque son créateur changea de logement. La préface nous fait découvrir le témoignage du propriétaire qui loua cette chambre à Hermann Hesse. Celui-ci, comme il eut l'occasion de côtoyer l'homme pendant quelques mois, nous fournit une introduction éclairante qui nous permet de prendre conscience qu'à l'évidence, Hermann Hesse s'est complètement identifié à son Loup des steppes. Jusqu'à quel point ?


Harry, le narrateur de cette histoire, vit dans des conditions similaires à celles de l'écrivain. Solitaire et sans résidence fixe, il vagabonde de chambre en chambre et limite ses relations sociales au strict minimum. Non pas qu'il méprise particulièrement ses semblables, mais face à eux, il se laisse perdre par la dualité de son âme, cette même dualité qui justifie son nom de Loup des steppes et qui le partage entre instinct sauvage et politesse courtoise. Qui est survenu en premier ? Les bonnes manières sont-elles venues corriger les pensées profondément antisociales du « loup », mais toutefois pas assez pour ne pas empêcher le persiflage de Harry vis-à-vis de son hypocrisie ? A moins que la solitude et la sauvagerie proprement bestiales aient amoindri l'homme Harry, déçu de ses expériences sociales antérieures ? Harry se pose souvent cette question et se tourmente pour savoir dans quelle part de sa personnalité se situe sa véritable nature. Il s'analyse dans chaque situation, laissant tour à tour s'exprimer l'homme et le loup qu'il croit résider en lui.


La situation change lorsque Harry se voit remettre un manuscrit intitulé le Loup des steppes. Un peu de miraculeux ne fait pas de mal : la magie des coïncidences a placé Harry dans la description qu'offrent ces pages. Peu ou prou, elles lui enseignent que deux entités ne se disputent pas en lui car il est multiple, indénombrable ; au contraire, c'est parce qu'il cherche sans cesse à réduire sa personnalité à un schéma fonctionnel simple qu'il n'arrive pas à progresser.


« La division en homme et en loup, en esprit et en instinct, au moyen de laquelle Harry cherche à se rendre son sort plus intelligible, est une simplification grossière, une violation du réel en faveur d'une explication plausible, mais erronée, des contrastes que l'homme découvre en lui-même et qui lui paraissent être la source de ses souffrances assez considérables. »


Et si le Loup des steppes n'était qu'une mythologie ? L'idée commence à faire son chemin dans l'esprit de Harry. Les coïncidences miraculeuses se poursuivent, et Harry rencontre Hermine dans un troquet. Il applique à celle-ci la même réduction simplificatrice qu'il avait déjà appliquée à sa propre personnalité, et considère la jeune femme comme une jouisseuse avide de plaisirs faciles, d'une bonne humeur intarissable. Et pourtant, Hermine entre en communication directe avec Harry. Ils sont frères et soeurs d'instinct. le socle de leur personnalité est le même, mais à cette base est venue s'ajouter, dans chaque cas, un support différent qui oriente deux modes de vie opposés. L'un vit reclus dans le monde intellectuel et se désespère de trouver du réconfort dans les oeuvres du grand art ; l'autre se grise dans la mondanité et cherche à jouir le plus vite et le plus fort possible de plaisirs éphémères ; tous deux espèrent ainsi voiler leur incapacité à se satisfaire d'une existence morne et sans enjeux.


« Tu avais en toi une image de la vie, une croyance, une exigence, tu étais prêt à des exploits, des souffrances, des sacrifices ; et puis, peu à peu, tu remarquas que le monde n'exigeait de toi aucun exploit et aucun sacrifice, que la vie n'est pas une épopée héroïque avec des rôles en vedette, mais une cuisine bourgeoise, où l'on se contente de boire et de manger, de prendre un café, de tricoter des bas, de jouer aux cartes et d'écouter la T.S.F. Et celui qui veut et qui a en lui autre chose : l'héroïque, le beau, l'adoration des grands poètes, la piété pour les saints, n'est qu'un imbécile et un don Quichotte. »


Le Loup des steppes, bien qu'il ne possède pas les mêmes origines sociales, finit par ressembler au Martin Eden de Jack London dans le dégoût qu'ils éprouveront tous deux pour la musique et la littérature nobles. Ce sont des Madame Bovary mâles, grisés par les trajectoires glorieuses qu'ils ont découvert par le biais de leurs livres, et désespérés de ne pouvoir les égaler. Malheureusement, le Loup des steppes souffre d'une nuance beaucoup moins approfondie que Martin Eden. Harry a beau vouloir jouer au vieux loup, il possède encore l'âme d'un enfant disposé à s'émerveiller de la première découverte venue. le monde des plaisirs au sein duquel il est admis grâce à Hermine –on devine que ces « plaisirs » ne le sont que parce qu'il n'a pas encore eu l'occasion de les connaître plus avant au cours de son existence- trouve grâce à ses yeux en moins d'une journée. Certes, Harry cesse de recourir à la dualité réductrice de son âme qui l'il avait autrefois scindée entre loup et homme, mais il cède à une autre grossièreté : la réduction du monde entre plaisirs bestiaux et raffinement studieux. D'une part le jazz, les nègres, les femmes et la danse ; de l'autre les professeurs, les livres et l'opéra. On espère que le Loup des steppes se moque de nous.


La dernière partie du roman se perd dans un dédale fantastique un peu fatigant qui n'apporte plus grand-chose aux lecteurs post-soixante-huitards que nous sommes. La morale apparaît, bien éclatante : comme il n'est pas bon de trop se prendre au sérieux, il ne l'est pas non plus de céder totalement à ses impulsions. Entre le loup et l'homme, ne choisissons pas. C'est exactement ce que Hermann Hesse nous avait déjà dit dans les premières pages du livre… tout le reste n'aura donc été qu'une démonstration mettant en scène un personnage parfois agaçant et ronflant, heureusement traversé quelquefois par des visions éblouissantes et des réflexions mélancoliques.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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