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Emmanuèle de Lesseps (Traducteur)
EAN : 9782253057604
314 pages
Le Livre de Poche (01/09/1991)
4.07/5   209 notes
Résumé :
Thérèse travaille dans un grand magasin. Dans la vie de la jeune fille fait irruption une femme belle, fascinante, fortunée. Thérèse découvre, en la fréquentant, ce qu'elle n'a jamais éprouvé pour un homme, l'amour.

Une passion va naître et grandir, une complémentarité s'établit, qu'aucune différence des sexes ne peut égaler. Néanmoins, la morale veille par l'intermédiaire du mari de Carol avec lequel elle est en instance de divorce, et qui se servir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Pour moi, ce livre, c'est l'histoire de la seconde naissance de Thérèse, jeune fille effacée et timide en manque de tendresse. Tout est morose et monotone chez elle. Elle aime sans joie un homme, ses amis ne l'intéressent guère, et ses rêves ont bien du mal à se concrétiser. Jusqu'à sa rencontre avec Carol ! Carol qui, dès les premiers instants la retourne comme un gant. Sa beauté la fascine, sa voix l'ensorcelle. Cette timorée fait alors preuve d'une hardiesse incroyable pour retrouver cette femme inaccessible et hautaine qui cache si bien ses blessures et ses refoulements.
Entre la femme fatale et la frêle jeune fille commence alors une grande histoire d'amour avec son lot de craintes, d'hésitations, de fous rires, de passions fougueuses, de caresses, de trahisons, de disputes, d'emportements, de nuits interminables et de petits matins ensoleillés. C'est aussi une fuite en avant désespérée pour échapper au carcan social et à ces juges qui considèrent l'homosexualité comme une maladie honteuse. Nous sommes aux Etats-Unis dans les années cinquante, et l'homosexualité ne peut se vivre que sous le manteau, derrière des portes closes, dans la discrétion et le non-dit. Ceux qui bravent cet interdit le paient cash en s'exposant à des mesures de rétorsion d'une violence inouïe.
Patricia Highsmith, pourtant mondialement connue avec son Monsieur Ripley, se voit refuser par son éditeur la publication de ce roman « en raison de la hardiesse du sujet ». C'est dire la pesanteur sociale qui régnait à cette époque !
Carol est bien plus qu'un livre courageux. C'est surtout un grand roman qui n'a pas pris une ride durant ce demi-siècle. Un livre d'une tristesse insondable avec la défaite comme unique perspective. Un livre lumineux quand Thérèse, dévorée par sa passion amoureuse, prend son envol. Un livre poignant quand l'envoutante et sublime Carol, idéalisée par Thérèse comme une icône, descend de son piédestal pour devenir une femme blessée et vulnérable.

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Je n'ai jamais lu de roman de Patricia Highsmith.
L'auteure indique dans l'avant propos que son roman achevé en 1951 fut refusé par ses éditeurs habituels , elle fut contrainte de chercher un autre éditeur —- à regret ...
Le succès ne vint que lors de l'édition de poche , un an plus tard .

Il se vendit à presque un million d'exemplaires .

La jeune protagoniste Thérèse , dix - neuf ans, vendeuse dans un grand magasin rencontre une belle jeune femme Carol , fascinante , fortunée , mariée ...

Une passion naît entre elles , contrariée par le mari de Carol qui utilisera leur fille comme moyen de chantage lors de leur divorce ...Thérèse découvre l'amour qu'aucun homme ne lui a jamais inspiré ...
D'autre part, Thérèse entretenait une relation avec Richard mais elle n'est pas amoureuse de lui , des rapports proches et lointains , tout à fait indécis ...
Thérèse apparaît comme une timide ingénue , naïve , elle se pose beaucoup de questions : «Pouvait - elle dire , tout d'abord, qu'elle était amoureuse de Carol ?
Cette question survenait à laquelle elle ne trouvait pas de réponse ... »
Que voulait dire aimer quelqu'un ?
Pourquoi l'amour prenait - il fin ou pas? .
Le cheminement est difficile entre Thérèse et Carol qui sont victimes de la frilosité de leur époque.....Je n'en dirai pas plus .

Ce beau roman à l'écriture pudique, sensible, mais un peu froide, (d'où seulement trois étoiles) , témoigne d'une histoire d'amour revendiquant sa liberté——mais aussi de contraintes irrépressibles : ——-la condamnation unanime par la société fermée de l'époque.

Il y aurait un film que je n'ai pas vu .
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Patricia Highsmith a écrit pléthore de livres. C'est pourtant le premier que je lis d'elle. J'ai d'emblée aimé son avant-propos où elle rappelle la genèse du roman et comment il fut refusé par son éditeur. Fort heureusement, elle n'en resta pas là, proposa le manuscrit à une autre maison. Et connut avec un succès mérité (avec la version poche surtout).

L'auteure dépeint avec Carol une sorte  d'épiphanie pour Thérèse, jeune femme de 19 ans, décoratrice de théâtre de formation mais obligée de travailler dans un grand magasin pour subvenir à ses besoins en attendant une aubaine côté planches. Elle se trouve ainsi littéralement foudroyée par une élégante femme blonde portant manteau de fourrure qui s'adresse à elle en quête du cadeau de Noël de sa fille.
Cette scène sert de point de départ à la révélation de son attirance pour une femme - ce qui explique pourquoi "ça" ne marche pas avec son ami Richard...
Du fantasme au désir et à l'émergence de l'amour entre ces deux femmes, Patricia Highsmith développe avec sobriété et finesse le cheminement à parcourir. Ce, dans le cadre d'une Amérique puritaine, surtout dans le milieu dans lequel évolue Carol. Les difficultés se dressent.

J'ai trouvé ce roman infiniment beau et sensible, où le désir et l'amour se dévoilent avec pudeur et sincérité. Les émotions sonnent juste, servie par une délicate écriture qui entre dans les profondeurs psychologiques de Thérèse.
Il me tarde maintenant de voir le film de Todd Haynes qu'on m'a présentécomme excellent.

Force est de constater que si, maintenant, l'acceptation de l'homosexualité s'est étendue, il existe encore nombre d'esprits étriqués pour juger monstrueux toute relation amoureuse en dehors de leurs normes figées.
Je laisse en la matière le mot de la fin à l'auteure elle-même : " le sexe est défini par les caractères physiques, et il doit être indiqué sur les passeports. L'amour est dans la tête, c'est  un état d'esprit."
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A noter que Carol est adapté d'un roman de Patricia Highsmith , au titre original "The Price of Salt" a été publié en 1952 mais sous le pseudo de Claire Morgan, pour que Highsmith, alors à l'aube de sa carrière de romancière ne soit pas étiquetée en tant que romancière lesbienne.

Un livre réédité par le livre de poche à l'occasion de la sortie du film et que tous les fous du film comme moi ne manqueront pas de découvrir pour se lancer dans le jeu des comparaisons.

On constatera à la lecture du roman, que j'ai lu juste après avori vu le film de à quel point Todd Haynes a été fidèle à la petite musique du livre, en faisant ressentir le rythme particulier de la maitresses des romans noirs et a tendance à assouplir un peu la cruauté du roman initial, même si la sensibilité et la finesse des personnages et des situations présentes dans le long métrage de Haynes est bien évidemment déjà présente dans ce très beau roman de Highsmith qui nous transporte certes moins que le film, mais qui reste une très belle oeuvre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Thérèse est vendeuse dans un grand magasin à l'approche des fêtes de Noël, un travail temporaire car Thérèse espère travailler dans le milieu du théâtre à créer des décors.
Thérèse a un amoureux, mais elle ne ressent pas grand chose pour lui, d'ailleurs elle n'a jamais ressenti quoi que ce soit pour un homme.
Et puis un beau jour elle se retrouve face à une femme, Carol, belle, fascinante, riche, mariée, qui vient lui acheter un cadeau pour sa fille.
Entre elles deux c'est une passion qui naît, mais contrariée par le mari de Carol qui utilise leur fille comme moyen de chantage dans leur divorce, par le petit ami de Thérèse et par la société quasi entière qui condamne à cette époque l'amour entre deux personnes de même sexe.

Parfois, il arrive qu'un beau roman fasse un film merveilleux, c'est tout à fait le cas avec "Carol" que j'ai d'abord vu avant de le lire.
Si j'avais été envoûtée par la mise en scène de Todd Haynes et le jeu de Cate Blanchett (Carol) et Rooney Mara (Thérèse), je l'ai été tout autant par l'écriture de Patricia Highsmith et ses deux héroïnes.
Pour remettre l'histoire dans son contexte, ceci est le deuxième roman de Patricia Highsmith, écrit juste après "L'inconnu du Nord-express" et publié en 1952 après avoir essuyé le refus de son éditeur de le publier (sous le titre "Les eaux dérobées").
Non seulement l'auteur changeait complètement de registre mais elle osait écrire une histoire d'amour entre deux femmes, ce qui était très culotté de sa part.
Le véritable succès de ce livre est venu au moment de sa sortie au format poche, l'auteur n'a alors cessé de recevoir des lettres de personnes la remerciant d'avoir écrit sur un tel sujet, et d'avoir choisi une issue plutôt heureuse, en tout cas que le lecteur se plaît à croire heureuse, ce qui ne s'était alors encore jamais fait à l'époque dans les quelques écrits portant sur le même thème.
Si le film a pu utiliser le jeu des actrices, particulièrement celui de Rooney Mara pour l'ingénue Thérèse, pour faire passer les émotions qui leur traversent l'esprit, elles sont ici décrites et décortiquées dans les moindres détails, en tout cas pour ce qui est de Thérèse, car Carol reste un personnage mystérieux et que le lecteur voit donc tel que Thérèse la perçoit.
Thérèse est ingénue, elle est jeune, quelque peu influençable, elle se cherche, manque parfois de caractère, et surtout ne sait pas ce qu'est l'amour avant de croiser la route de Carol : "Cela ressemblait à l'amour, ce qu'elle ressentait pour Carol, sauf que Carol était une femme. Ce n'était peut-être pas du délire, mais elle était bel et bien dans un état de béatitude. le terme était idiot, sans doute, mais comment imaginer bonheur plus grand que ce qu'elle vivait depuis jeudi ?".
A partir du moment où son regard a croisé celui de cette femme elle est totalement subjuguée par Carol, elle connaît le grain de sa peau, ses taches de rousseur, ses attitudes, sait déchiffrer son humeur, et ne vit plus que dans l'espoir des moments qu'elle va passer avec elle.
Thérèse est d'une naïveté touchante, elle se pose beaucoup de questions : "Que voulait dire aimer quelqu'un ? Pourquoi l'amour prenait-il fin ou pas ? Là étaient les vraies questions; et qui pouvait y répondre ?", et c'est le personnage qui va connaître la plus grande évolution.
De chrysalide elle va se transformer en papillon, et quel magnifique papillon !
Comme elle, et grâce à la narration de Patricia Highsmith, j'ai été assez fascinée par le personnage de Carol, cette femme qui a tout pour elle et qui pourtant passe par bien des drames parce que son seul tort est d'aimer une femme plutôt que son mari (ou que les hommes en général).
Carol est une victime de son époque, comme Thérèse l'est aussi mais d'une façon différente.
Carol n'a plus la naïveté de Thérèse, un aspect de la jeune femme qui l'a séduit, elle est plus mûre mais son coeur bat à l'unisson de celui de Thérèse.
Et c'est beau, mais alors qu'est-ce que c'est beau !
Face à cet amour, il y a le jugement des autres, leurs reproches et leurs méchancetés face à un amour qu'ils ne comprennent pas et qu'ils jugent contre-nature, à l'image des propos tenus par le petit-ami de Thérèse lorsque celui-ci a compris que non seulement elle ne l'a jamais aimé mais qu'elle ne l'aimera jamais et que son coeur va à une femme : "Ton comportement est infantile et hors de la réalité, comme de se nourrir de fleurs de lotus ou de sucreries écoeurantes au lieu du pain et de la chair de la vie.".
Thérèse est jugée infantile, tel un enfant qui agirait sans savoir ce qu'il fait et sans en mesurer les conséquences, c'est un pauvre petit être féminin qui a besoin d'un homme pour être guidée dans la vie, on retrouve bien évidemment l'image de la femme dans les années 50, particulièrement dans une Amérique puritaine.
Quant à Carol, son mari la fait passer pour une mauvaise mère, n'hésitant pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour la faire juger par rapport à ses moeurs et non à son attitude envers sa fille.
Certes, ces femmes ne sont pas internées mais c'est bel et bien leur liberté que l'on cherche à emprisonner et à faire entrer dans le moule de la société.
C'est donc aussi une histoire de liberté que nous conte Patricia Highsmith, d'une écriture très pudique et très sensible, une plume qui sait dès les premiers instants et envoûte jusqu'au point final du récit.

"Carol" est un roman aussi envoûtant et beau que peut l'être le film, si vous l'avez vu vous aimerez assurément ce roman, si vous l'avez lu vous apprécierez le film, et si vous ne connaissez ni l'un ni l'autre et bien il ne vous reste plus qu'à découvrir cette très belle histoire signée par Patricia Highsmith, qui démontre par ailleurs qu'elle n'était pas que la reine du roman policier.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Pendant la nuit, elle rêva d'oiseaux, de longs oiseaux flamboyants semblables à des flamants, qui sillonnaient d'éclairs une forêt noire, dessinaient des arabesques, des arcs de feu incurvés comme leurs cris.
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La nuit était très noire, malgré les ampoules clignotantes qui ornaient quelques réverbères. Elle regarda le visage de Richard, éclairé un instant par la flamme de son briquet. Son front lisse et bombé, au-dessus de ses yeux rétrécis, lui fit penser à la face d'une baleine fonçant vers l'obstacle.
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Son parfum, à nouveau, parvint à Thérèse, clair- obscur, légèrement sucré, évocateur d'une soie vert sombre, un parfum qui lui appartenait en propre comme à une fleur.
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Thérèse regarda la main qui levait une fourchette emplie de petits pois. Elle n'avait pas besoin de jeter un regard sur le visage pour savoir à quoi il ressemblait. Il serait comme tous les visages des quinquagénaires qui travaillaient chez Frankenberg, marqué par l'épuisement et l'effroi, les yeux déformés derrière des verres qui grossissait ou rapetissaient, les joues barbouillées d'un fard rouge qui n'avivaient pas la peau terne.
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Elle se sourit à elle-même. L'air était frais et doux à son front, bruissant comme un mouvement d'ailes, et elle crut voler à travers les rues. Vers Carol. Peut-être savait-elle en ce moment, car Carol souvent avait deviné de ces choses. Elle traversa encore une rue, et aperçut la marquise de l'Elysée.
Le majordome l'arrêta un instant mais elle dit : " je cherche quelqu'un" et entra dans la salle de bar. Elle s'immobilisa à l'entrée, parcourut les tables du regard. Quelqu'un jouait du piano dans l'ambiance tamisée. Elle ne l'aperçut pas immédiatement, cachée dans l'ombre à l'autre extrémité de la pièce. Carol ne la voyait pas. Un homme était assis face à elle, dos tourné. Carol leva lentement la main et repoussa une mèche de cheveux de chaque côté. Thérèse sourit parce que ce geste était Carol, et c'était Carol qu'elle aimait et aimerait toujours. Oh, différemment maintenant, parce qu'elle était différente, nouvelle, et c'était comme refaire connaissance, mais c'était toujours Carol et personne d'autre. Ce serait Carol, dans un millier de villes, un millier de maisons, dans des contrées étrangères où elles iraient ensemble, au ciel comme en enfer. Thérèse attendit. Elle allait s'avancer quand Carol la vit, la regarda, incrédule, tandis que s'élargissait doucement son sourire, puis soudain elle leva le bras, agita la main en un salut empressé, impatient, que Thérèse ne connaissait pas. Thérèse marcha vers elle.
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