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Michel Deutsch (Traducteur)
EAN : 9782070364572
253 pages
Gallimard (05/10/1973)
3.88/5   218 notes
Résumé :
Un jour, à Mexico j'ai emmené chez moi cinq fumeurs de "thé" qui me vendaient la camelote, mais ils se révélèrent être des voleurs. Ils me chipèrent mon couteau scout pendant que j'avais le dos tourné. Je ne dis rien, bien que je m'en fusse aperçu. A un moment donné, le chef est resté trente secondes bien sonnées derrière moi sans ouvrir la bouche et l'idée m'est alors venue qu'il allait me poignarder...
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je trouve que le titre français : " Les Anges Vagabonds " est mauvais, certes plus vendeur mais assurément plus mauvais que ce qu'il devrait être et que l'éditeur Denoël a rétabli, à savoir : Anges de la Désolation, traduction beaucoup plus intuitive et fidèle au texte contenu dans l'ouvrage de l'original anglais : Desolation Angels.

Ce livre relate l'hiver 1956-1957 et une bonne partie de l'année 1957. C'est une période charnière pour Jack Kerouac car il est en passe de publier Sur La Route, avec le succès que l'on sait. Cependant, le Kerouac de Sur La Route date de 1947 tandis que le Kerouac actuel, avec dix ans de plus n'est plus du tout le même.

On le suit donc d'abord sur une terrasse de Mexico où viennent le rejoindre Allen Ginsberg, Gregory Corso et toute une bande de joyeux lurons, puis dans le tumulte new yorkais. Pris d'une envie de fuir l'Amérique et son froid hivernal il se jette dans un navire yougoslave en direction de Tanger (qui était une zone libre à l'époque, sorte de Goa nord africain) pour y rejoindre William Burroughs. Mais là encore il a la bougeotte et ne se sent pas à sa place. Il fait un saut de puce jusqu'à Paris, puis à Londres et s'en retourne finalement dans les bras de sa mère. Il lui fait alors sillonner les États-Unis, mais ce n'est pas forcément l'activité la mieux appropriée pour une vieille dame et le voilà donc, lui, une nouvelle fois seul et paumé à chercher une issue juste avant l'assommant succès littéraire de Sur La Route...

Autant il y avait de l'insouciance, autant il y avait de la gaieté et de la camaraderie propres à l'âge des protagonistes (en gros entre 20 et 25 ans) dans Sur La Route, autant il y a un parfum de morgue et de désillusion dans le Jack Kerouac de 35 ans. Beaucoup de ses anciens potes sont casés, ont fondé une famille, ont considérablement ralenti leur rythme de voyage et ont quelque peu calmé leurs ardeurs aux filles et aux stupéfiants.

Jean-Louis Kérouac, lui, est demeuré seul, sans lendemain, il vit encore chez sa mère et se fait d'ailleurs bien charrier par ses copains à ce propos. Les seuls qui ne se soient pas assagis sont ceux qui n'escomptent pas fonder une famille, à savoir essentiellement les homosexuels tels Allen Ginsberg ou William Burroughs ou bien les plus dépravés. Pour retrouver l'esprit intact qu'il avait tant aimé du temps de Sur La Route, il lui faut fréquenter des jeunots et des jeunottes mais dont le manque d'expérience et l'extraction sociale fort différente de la sienne l'empêchent de nouer des liens durables.

C'est donc un Kerouac chaque fois plus mystique, chaque fois plus solitaire, chaque fois plus désespéré, malgré tout nourri des valeurs du catholicisme de sa mère et qui s'accorde peu avec le je-m'en-foutisme des nouveaux beatniks. Il ne se reconnaît pas du tout là-dedans.

Ses voyages et ses errances, tellement grandioses dans Sur La Route, ont désormais le goût amer de la vacuité et du j'ai-passé-l'âge. Les branlettes intellectuelles de ses amis autour de l'art, de la poésie, lui sont désormais plutôt pénibles.

Il n'est plus à sa place nulle part et éprouve pourtant la bougeotte. Il se dit que dans tout ce flot d'idées, de gens, d'excès en tout genre, son seul point de repère, le phare de son existence est sa vieille mère, toujours égale à elle-même, toujours optimiste et courageuse, et qu'il entoure d'un halo semi divin.

Ce roman autobiographique s'inscrit chronologiquement entre l'expérience mystique des Clochards Célestes et la déchéance de Big Sur. Néanmoins, c'est un Kerouac plus lucide que jamais, capable également d'envolées lyriques surprenantes. C'est un Kerouac qui s'interroge sur le sens de la vie en général, sur le sens de sa vie en particulier, qui se sent de plus en plus en butte face au modèle américain, face à la façon qu'ont les Américains de considérer le monde, et lui, en tant qu'Américain ne se sent plus à sa place nulle part.

Il ne fait pas mystère de sa dérive alcoolique, et l'on perçoit bien qu'il y cherche toujours une échappatoire à ses idées noires. On imagine que le suicide a dû le tarauder bien des fois mais son ancrage culturel catholique lui interdit cette issue.

C'est donc un peu de tout ça que vous trouverez dans Les Anges Vagabonds, beaucoup de nostalgie et un tableau assez noir de l'errance sans but menée pendant trop longtemps, au-delà du stade où elle est bénéfique pour l'édification des jeunes gens lors de leurs jeunes années. Un Kerouac touchant en tout cas, à tout le moins c'est mon avis, lui aussi indigent et vagabond, perdu sur un sentier solitaire, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Ecrit plusieurs années après Sur la Route qui l'a lancé sur la voie de la renommée, ce roman-ci évoque cette période de vaches maigres qui précède la publication de son roman-phare. Kerouac a mûri, voire vieilli, et le regard exalté qu'il portait sur la vie et l'Amérique s'est mû en quelque chose d'un peu désespéré, sombre, mais pas (encore) aigri.
C'est une année charnière, où drogues et alcool lui font faire des expériences cauchemardesques, des bad trip dont il ressort à chaque fois un peu plus désolé, au sens littéral du terme (d'ailleurs le nouveau titre est Les Anges de la Désolation, bien plus proche de l'original que celui-ci).
Ses amis, les deux Bull (dont l'un, celui du Maroc, n'est autre que William Burroughs) ne sont plus que des caricatures d'eux-mêmes, de vieux junkies grognons, tandis que Irwin Garden (Allen Ginsberg) est à fond dans les projets et pousse comme il peut Jack (Duluoz, ici) à se bouger.
En tant que femme, bien sûr, j'ai moyennement apprécié le regard qu'il porte sur nous, mais j'ai découvert en revanche un auteur d'une grande sensibilité envers les petites et grosses bêtes (plus en tout cas pour les prostituées mineures qu'il s'envoie sans aucun état d'âme au Mexique).
J'avoue avoir beaucoup aimé la dernière partie, son voyage à travers les Etats-Unis pour installer Mémère, sa mère, en Californie, très émouvant, avant de la ramener en Floride chez sa soeur Caroline: nouvel échec cuisant pour cet homme qui n'aspire qu'à montrer à sa mère le bon garçon qu'il est.
Kerouac est clairement un écrivain aux transports exaltés et métaphysiques qui l'attirent malheureusement de plus en plus vers les tréfonds de son désespoir. Un homme agaçant mais touchant et profond.
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Une autre grosse claque que celui-là, ça devient routinier avec Ti Jean. Enfin, Duluoz. Kerouac, vous voyez. Mais Les Anges Vagabonds est un opus tout particulier de la grande saga esquissée par Jack, en réalité je crois que c'est celui que je conseillerais à quelqu'un qui voudrait s'y lancer.

Pris globalement, on pourrait le considérer de manière attendue comme une réécriture du Vagabond Solitaire, dont il reprend quasi-exactement le même schéma (Mexique, New-York, voyage en Europe, retour au bercail). le lecteur y retrouvera d'ailleurs des grands moments racontés différemment, comme la fameuse traversée chaotique de l'Atlantique dont l'auteur est persuadé qu'il n'en sortira pas vivant, mais on aura également droit à de nouveaux détails, anecdotes et perspectives tous plus intéressants les uns que les autres.
La grande différence étant que si le fameux vagabond parcourait le monde de façon quasiment abstraite, on se rapproche beaucoup plus ici du terre-à-terre d'un Sur la Route, en mettant tout particulièrement l'accent sur l'aspect communautaire. En effet, ce sont les amis de toujours, les poètes, les Beats, les fameux Desolation Angels (titre tout à fait classe changé en VF pour une raison qui nous échappera à jamais) qui sont au centre du roman, tous sous de faux noms, comme le veut l'usage. le cercle rapproché, tout d'abord, Ginsberg et Burroughs, bien sûr, et tout leur cercle homosexuel et exalté, qui seront la source des plus beaux passages du livre, créateurs de visions incohérentes et impressionnantes, toujours décrites dans le style endiablé de Kerouac. Mais on aura également le plaisir de retrouver des personnages spécifiques à certains romans, comme quelques bouddhistes des Clochards Célestes et surtout, le temps de quelques lignes (mais quelles lignes !) le grand Dean Moriarty, pièce centrale de Sur la Route.
A côté de ça, Kerouac parvient tout de même à se regarder en face, se réfléchir lui-même, ses années passées, celles qui restent à venir (trop peu nombreuses), et celles-ci, la fin des années 50, qu'il traverse comme une étoile filante. La dernière partie, durant laquelle il se retrouve en tête-à-tête avec sa mère, sont particulièrement émouvantes.

Si vous voulez vous lancer dans Kerouac, c'est donc vers les Anges Vagabonds que je vous recommanderais. Vous vous familiariserez avec ses longs délires et ses phrases interminables. Vous assisterez à un fabuleux road-trip sur plusieurs continents, des ruelles embrumées de Londres en passant par la côte de l'Afrique, les cafés parisiens et la chaleur mexicaine, l'auteur y parle de plusieurs périodes de sa vie (et donc des romans correspondants), rencontre des personnalités majeures de son cycle, nous offre de grands moments d'anthologie, qu'ils soient de mouvements (les adeptes comprendront) ou de réflexion, évoque la religion, la poésie, l'amour et l'amitié. Peut-être le centre de son oeuvre.
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Ayant déjà lu Jack Kerouac, il y a très longtemps, j'avais gardé de lui un vague souvenir, autre que ce que je redécouvre aujourd'hui. Les temps ont changé, et j'ai moi aussi vieilli. Près de 50 ans après la sortie de ce livre, cette vie sur la route, passée de mode, fortement trempée de drogue et d'alcool, a perdu de sa magie. C'est touchant, mais plutôt triste, et plus pathétique et sombre que le symbole militant de la grande révolution des sacs à dos ,évoquée en quatrième page de couverture. Un livre plein de désillusion et de nostalgie, daté mais très intéressant, même si le monde a pris une autre direction. le style est à l'image du contenu, foisonnant et libre.
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" On the road again"... ( 1980 - Willie Nelson)
Ah! Les années 60 et la " beat generation"
Toute une génération chargée d'espoirs nouveaux, de ce besoin de voyages, de grands espaces et ce refus de la vie ordinaire, besogneuse des parents!
Nous sommes nombreux à l'avoir rêvé, voire vécu.... le temps d'un voyage en stop, train, bateau à travers la france, l'europe, ou plus rarement  l'afrique, ou l'asie.
De Kerouac, c'est mon premier contact littéraire. Il était temps... maintenant que la carte vermeille a été supprimée !
L'auteur Ti Jean, deambule de New-York à Mexico, Tanger, Paris, Londres à la rencontre de ses alter-ego, poètes en mal de liberté. Et ce, au prix fort :les drogues en tous genres avilissent et détruisent leurs organismes.Une petite place pour Jésus et Bouddha côté spiritualité plus reposante.
"J'ai envie de m'arrêter parfois"
" Mais ma route m'entraîne toujours"
" Désir de concrétiser un symbole"
" de posséder l'unique beauté"
"Que l'on nomme "liberté"
(Michel Couringe _ la route 1968 )
La fin de l'aventure est proche, le besoin de stabilité se concretise avec la retraite de sa mère, qu'il accompagne. En fait, c'est elle, la personne stable et modératrice de son entourage.
Un style d'écriture très particulier se dégage de cette prose  qualifiée de "pop art littéraire ". Si le texte peut être fuide, parfois haché, et reste agréable à suivre, nombreux sont les passages très "décousus " et le lecteur doit imaginer les enchainements logiques... Les "psychodysleptiques" (drogues  en tous genres: alcools forts, cocaïne, opium, heroine, cannabis fumé ou en galettes, peyotl... agissent-ils fortement sur cette prose hachée ? ... et un texte s'envole ! À nous lecteurs de saisir le sens de ces circonvolutions littéraires .
Il aurait donc été dommage de ne pas avoir,_ une fois au moins _ lu mes rêves de jeunesse _  toxiques exceptés _ si bien exprimés par Ti Jean, chef de file de cette "beat génération ".
Donc 4/5 pour ce rappel... "du temps ou j'etais jeune.... du temps d'avant.." pour parodier un certain Jacques Brel...
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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Il est maintenant à la mode de dire que les mères contrecarrent votre vie sexuelle. Comme si ma vie sexuelle ayant pour cadre les appartements de filles de New York ou de San Francisco avait quelque chose à voir avec mes sereines nuits dominicales passées à lire ou à écrire dans la solitude intime de ma chambre d'une irréprochable propreté... Le vent froissait les rideaux et, dehors, les voitures frissoulaient. Le chat miaulait devant la glacière et il y avait une boîte de pâtée toute prête pour mon petit bonhomme. Ma l'avait achetée le samedi matin (c'était marqué sur la liste). Comme si le sexe était l'alpha et l'oméga de mon amour de la femme...
Ma mère m'a montré la voie de la paix et du bon sens — elle ne déchirait pas sa combinaison, ne hurlait pas à tous les échos que je ne l'aimais pas, ne flanquait pas sa coiffure en l'air ; elle ne jouait pas les mégères, elle ne se répandait pas en imprécations sous prétexte que je pensais selon mes critères à moi. Simplement, à onze heures, elle bâillait et allait se coucher avec son chapelet comme si elle était au couvent de la Révérende Mère O'Shay. Étendu entre mes draps propres, il pouvait m'arriver de songer à filer pour retrouver une pute frénétique et débraillée, un foulard sur les cheveux, mais cela n'avait rien à voir avec ma mère. J'étais libre de le faire. Parce qu'un type qui a eu un ami qu'il aimait et a par conséquent fait vœu de le laisser tranquille, lui et sa femme, peut agir de même pour l'ami qu'est son père. À chacun son dû et c'était à mon père qu'elle appartenait.
Mais les pilleurs d'existence, sordides et sournois, ne sont pas d'accord. " Un type qui vit avec sa mère est frustré ", disent-ils.

Chapitres 64 & 65.
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Il suffisait de mettre les pieds au consulat, où nous devions nous rendre pour de fastidieuses et routinières questions de paperasserie, pour comprendre ce qui ne collait pas dans la " diplomatie " américaine d'un bout à l'autre du monde arabe ; les officiels étaient des fossiles gourmés qui méprisaient leurs propres nationaux s'il advenait que ceux-ci ne portassent pas cravate, comme si une cravate et ce qu'elle peut symboliser signifiait quoi que ce soit aux yeux des Berbères au ventre creux qui entraient tous les samedis matin, à Tanger, tels des Christ, sur d'humbles bourricots chargés de paniers de fruits misérables ou de dattes et dont les cortèges repartaient au crépuscule en longeant la voie ferrée qui escalade la colline, prophète aux pieds nus qui enseignaient chemin faisant le Coran aux enfants. Pourquoi le consul américain n'entrait-il jamais dans l'établissement où Mohammed Mayé fumait le kif avec les autres mômes ? Ou n'allait-il pas s'accroupir derrière les immeubles vides avec les vieux Arabes qui parlent avec leurs mains ? Ou n'importe quoi ? Mais non ! Rien que des limousines privées, hôtels-restaurants, réceptions en banlieue, refus aveugle et obstiné au nom de la " démocratie " de tout ce qui constitue l'essence et le fondement d'un pays.

Chapitre 57.
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À midi, on avait franchi la moitié de la Floride et on roulait entre les collines plantées d'orangers vers la " queue de poêle ", vers Tallahassees et Mobile. On arriva au matin et pas question d'espérer être à la Nouvelle-Orléans avant midi. Nous étions déjà exténués. C'est lorsqu'on le traverse en autocar qu'on se rend compte de l'immensité de ce pays avec ses routes atroces s'étirant entre des villes tout aussi atroces qui se ressemblent toutes quand on les voit par la fenêtre de ces cars de malheur d'où l'on ne peut s'échapper, qui ne vont nulle part, qui s'arrêtent partout (la bonne blague du Greyhound qui stoppe à chaque station) et le pire c'est cette succession de chauffeurs frais et dispos, pétillants d'enthousiasme, qui se relaient tous les deux ou trois cents milles et exhortent les passagers à ne pas s'en faire et à prendre du bon temps.
À plusieurs reprises, je me suis retourné vers ma pauvre mère endormie, cruellement crucifiée dans la nuit américaine parce que pas d'argent, pas d'espoir d'en avoir, pas de famille, rien de rien — sauf moi, le fils idiot dont tous les plans finissent par s'engluer dans les ténèbres.

Chapitre 66.
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{N. B. : j'adore l'incipit de ce roman et ne résiste pas au plaisir de vous l'offrir en guise de vœu pour la nouvelle année.}

Maintenant, après l'expérience de la montagne où, deux mois durant, j'avais vécu seul sans qu'un être humain me pose de questions ou me regarde, mon point de vue sur l'existence commençait de changer du tout au tout. Je voulais désormais retrouver dans le monde cette paix absolue mais j'aspirais secrètement à certains des plaisirs que prodigue la société (comme les spectacles, le sexe, les attributs du confort, les nourritures et les boissons fines), toutes choses que l'on ne trouve pas sur une montagne. Je savais à présent que, en tant qu'artiste, ma vie était quête de la paix mais pas seulement en tant qu'artiste : en tant qu'homme de contemplation et non homme de trop d'actions, au sens ancien du " non-faire " du Tao chinois (Wu Wei) qui est en soi un mode d'existence plus beau qu'aucun autre, une sorte de ferveur monacale au milieu de la frénésie des va-de-la-gueule amoureux de l'action dont grouille le monde " moderne " — celui-ci ou tout autre.
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Une ville de Californie funèbre hagarde horrible je-ne-peux-pas-continuer-qu'est-ce-que-je-fous-ici mierda. Oh ! Qui a vécu et souffert en Amérique comprend ce que je veux dire. Me comprennent ceux qui ont quitté Cleveland dans des wagons de charbon ou qui ont bayé aux corneilles devant les boîtes aux lettres, à Washington ! Ceux qui ont saigné à Seattle, saigné dans le Montana. Ceux qui ont traîné la semelle à Minneapolis. Ceux qui sont morts à Denver. Ou ont pleuré à Chicago ou dit à Newark : " Désolé, je me fais la malle. " Ceux qui ont vendu des chaussures à Winchendon. Qui se sont bagarrés à Philadelphie. Ou se sont cuités à Toonerville. Je vous le dis, rien n'est plus épouvantable que de déambuler dans les rues désertes d'une ville américaine à l'aube.

Chapitre 72.
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