roman très court mais très puissant contre la peine de mort.
Un homme est au cachot, il est condamné. Pourquoi ? On ne le sait pas, mais sa fin est proche, la guillotine l'attend. Encore quelques heures à attendre, à penser, à rêver d'évasion, de liberté. Un livre qui fait réfléchir à une bien cruelle question, l'Homme, le juge ou le boureau peut-il tuer un autre homme, tel un condamné ? N'avons-nous pas tous droit à la Vie ?
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Sans connaître rien de ce condamné, ni même la raison de sa condamnation, Hugo fait ici la prouesse de nous enfermer dans le rôle de ce condamné, surement à cause de ce manque d'information sur le personnage.
Oui, ici, le condamné c'est chacun de nous, lecteurs, qui ressentons profondément l'angoisse monter au fil des lignes.
Un récit d'une rare humanité qui nous force à une empathie non véritablement voulue envers tous condamnés, qui nous force à nous rendre compte du supplice de la sentence, qui nous convainc sur la cruauté de cette peine aujourd'hui abolie.
On comprend donc le poids que ce livre a pu avoir en 1829, soit 152 ans avant l'abolition de la peine de mort en France.
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C'est un très court roman, dont on sait qu'il a pour vocation d'affirmer haut et fort l'aversion d'Hugo pour la peine de mort. Mais laissons de côté l'argumentation: celle-ci est développée ailleurs, dans une longue préface de l'auteur, qui représente l'addition exhaustive des arguments abolitionnistes. Le mieux, c'est le roman, et la construction de celui-ci est exceptionnelle: un véritable cas d'école. Le condamné doit être exécuté sous 24 heures, et il nous fait part de ses réflexions, de ses sensations. Il remonte dans le passé, il envisage son court avenir, et nous parle de son présent: la prison, les gardiens, le prêtre, un autre condamné qui partage sa geôle, la dernière visite de sa petite fille, les bruits extérieurs, la foule en délire, .....
On ne saura rien de ce qui l'a conduit au pied de l'échafaud: les abolitionnistes le sont par principe, ils le sont donc pour tous les hommes, quels que soient le nombre et l'intensité de leurs crimes.
Le texte est formidable, presque poétique. Le vécu de cet homme nous est décrit avec une précision, une finesse, prodigieuses. Comme objet, ce court récit est un exemple parfait de construction littéraire. C'est cela que l'on retiendra.
Pour ce qui est de l'argumentation (surtout basée sur l'horreur de la guillotine, Hugo ayant assisté à une exécution quand il était encore presqu'enfant), elle est évidemment une des composantes du roman, mais, véritablement, c'est l'oeuvre écrite qu'il faut juger, et là, il faut se rendre à l'évidence: l'ensemble est présenté de manière absolument magistrale.
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