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EAN : 9782878585865
232 pages
Viviane Hamy (12/09/2013)
3.34/5   29 notes
Résumé :
25 avril 1974. Au Portugal, c’est la Révolution des Œillets. Tombe la dictature de Salazar, surgit la démocratie. Ce même jour, dans un petit village isolé au centre du pays, Celestino, armé de son fusil, disparaît... Quand on le retrouve, il est mort. Débarqué il y a plus de quarante ans dans cette zone rurale, comme sorti de nulle part, il s’était bien intégré mais demeurait auréolé de mystère. Le lecteur fasciné décrypte au fil des pages l’histoire de l’étrange b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Le récit commence le jour de la révolution des oeillets, qui a mis fin à la dictature salazariste au Portugal, le 25 avril 1974. En fait un coup d'État sans bain de sang qui, au sud de l'Europe avant l'Espagne et la Grèce, a permis l'instauration d'un régime démocratique.

Ce jour hautement historique, à Fundão, près de Castelo Branco au nord-est de Lisbonne, le citoyen Celestino quittait tôt le matin son domicile, comme d'habitude, pour être retrouvé mort, la tête criblée de balles, par le médecin du village, Augusto Mendes.

C'est le début de l'histoire de la famille Mendes sur 3 générations que Joao Ricardo Pedro nous raconte : du doutor Augusto, son épouse Laura de Jesus, leurs fils António, un revenant traumatisé de la guerre en Angola, sa femme Paula et leur fils, le talentueux pianiste Duarte et sa compagne Luisa.

En arrière-plan, l'auteur nous présente en flashes l'histoire politique de son pays : du régime dictatorial d'Oliveira Salazar de 1932 à 1968, de Marcelo Caetano de 1968 à 1974 et les premiers pas du régime démocratique qui a succédé.

Ce retour en arrière ne se limite pas aux aspects purement politiques, mais met également en valeur des gloires du Portugal, tels le poète Luís de Camões, la "rainha" (reine) du fado, Amália Rodrigues et le champion cycliste Joaquim Agostinho.

Je peux me permettre de vous épargner un résumé du récit, compte tenu du long résumé de l'éditeur repris dans la présentation de l'ouvrage sur notre site de lecteurs.

Je voudrais, par contre, souligner les qualités littéraires de son auteur, qui dispose d'un énorme talent de narrateur, opérant par touches légères ou flux de bouche pour cerner aussi bien une situation déterminée que des personnages d'une grande variété.
Une approche agréable à lire, qui est renforcée par un humour étonnamment "british".

Je me limite à un seul exemple : le coiffeur Alcino qui a les mains tremblantes... sauf lorsqu'il coupe les cheveux.

La formule du récit en courts fragments demande cependant de la part du lecteur un minimum de concentration et de patience, car ce n'est qu'en lisant attentivement les dernières pages du roman que tout s'explique.

Des critiques littéraires comparent l'auteur à José Saramago, Gabriel Garcia Marques et Julio Cortázar.

J'ai lu ce livre en version néerlandaise en octobre 2014, après lecture d'un long entretien de l'auteur dans un magazine littéraire hollandais, au cours duquel il explique que son oeuvre a été inspirée par des faits réels de sa propre existence. Ainsi, son père est revenu de son service militaire en Angola, en 1962, traumatisé à vie.

C'est avec plaisir que j'ai relu ce livre qui a absolument bien mérité le prix littéraire portugais prestigieux Leya à sa sortie en 2012 et qui a été traduit dans de nombreuses langues, y compris l'Arabe et le Chinois.

À ma connaissance, Joao Ricardo Pedro n'a publié qu'un seul autre livre "Um postal de Detroit" (une lettre de Detroit) en 2016, qui n'a hélas pas été traduit en Français. J'attends avec impatience la traduction de ce livre et j'espère que l'auteur, qui n'a pas encore 50 ans, nous réservera des surprises de la même qualité littéraire que son début.
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Un livre que j'ai bien aimé mais qui me semble quand même un peu confus, énigmatique, brouillon. Je reste sur ma faim car il n'y a pas vraiment de dénouement, et j'aurai aimé posséder toutes les clés de l'histoire. Mais j'ai apprécié ce texte où il est beaucoup question de musique et de peinture et qui nous promène aussi de Lisbonne à l'Angola et de Vienne à Buenos-Aires. Ce livre recèle aussi des passages émouvants. Un bon premier roman.
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La main de Joseph Castorp est un roman puzzle. Des fragments d'histoires, des poussières d'évènements se succèdent, dans un grand chaos chronologique. Des questions sur l'histoire familiale des Mendes, l'auteur, Joao Ricardo Pedro, en pose des quantités astronomiques. Et les réponses sont disséminées dans le livre, apparentes ou non, introuvables ou pas. D'un petit village portugais "au nom de mammifère" jusqu'à Buenos Aires ou Vienne en passant par l'Angola, tout est affaire de résonances, de réminiscences et de coïncidences. Les mystères de trois vies : qui était Celestino l'ami d'Augusto ? Qu'a vécu son fils Antonio dans les guerres coloniales ? Pourquoi le fils de ce ce dernier, Duarte, a t-il renoncé au piano, lui, le surdoué. Joao Ricardo Pedro chahute les notions d'espace et de temps dans ce roman singulier qui secoue le lecteur comme un prunier. Et, en filigrane, s'inscrit l'histoire du Portugal, en particulier les années Salazar. Ce livre est évidemment interdit aux cartésiens purs et durs. Il a en revanche toutes les chances d'envoûter les amateurs de promenade littéraire. le style de Pedro est un vrai délice. A deux vitesses : rapide, il est capable de résumer une vie en une dizaine de lignes ; lent, il peut s'attarder sur plusieurs pages dans une simple description. C'est brillant, énigmatique et parfois agaçant par sa volonté de laisser les pistes narratives se chevaucher et se perdre dans le no man's land de la mémoire..
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La main de Joseph Castorp

João Ricardo Pedro est né en 1973, un an avant la fin de quarante ans de Salazarisme. Il raconte trois générations de portugais, dont la sienne où le personnage Duarte revisite l'histoire au travers des conversations qu'il a avec son père et son grand père. le tout est un peu confus même si l'on retombe sur ses pieds à la fin et un peu sur la faim.

La dictature, qu'elle soit portugaise ou grecque produit toujours les mêmes autodafés. On ne lit pas et quand on écrit on finit dans les cachots, les salles de tortures et les charniers. Restent les classiques du dix-neuvième et début vingtième le plus souvent mal traduits comme les grands philosophes allemands et autrichiens dans les années cinquante.

De fait la France est peu familière avec l'histoire portugaise, avec le fado, les bitoques ,les bagaços et autres francezinhas... Elle ignore en général que le Mozambique et l'Angola sont d'anciennes colonies portugaises où l'on parle cette langue, comme au cap vert (où l'on parle le capverdien comme Césaria Evora et qui encore plus difficile à traduire) ou au Brésil où l'on parle le brésilien et qui connait les mêmes carences au niveau du patrimoine littéraire. Ne parlons pas des traducteurs qui tout comme les auteurs ont besoin d'expérience et de liberté d'expression.

Car c'est dans la traduction qu'on sent un manque : La rusticité et la syntaxe particulière du portugais, que les españoles ne comprennent pas (à l'inverse les portugais comprennent l'español) ne se ressent pas du tout dans cet ouvrage qui vraisemblablement foisonne de contresens. Voilà pourquoi la lecture en est si difficile au regard de ce qu'elle ne décrit pas comme il faut la pensée de l'auteur.

Pour autant il faut saluer comme la librairie « les tropiques » rue Losserand 75014, cette arivée d'un roman portugais contemporain écrit par un jeune écrivain, homme libre sorti de l'horreur au bon moment et lourdement traduit en français.

Et si l'Europe n'existait pas avec ses couacs, pensez-vous que le Portugal ou la Grèce n'auraient pas sombré à nouveau dans l'extrême. Je préfère ne pas y penser....
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J'ai choisi ce livre vraiment par hasard dans la sélection de mon club de lecture. Je ne connaissais pas du tout l'auteur, Joao Ricardo Pedro, un écrivain portugais dont c'est le premier roman.
C'est un texte original, voire même surprenant, formé de chapitres qui ont tous la dimension d'une nouvelle et dont le lien entre eux n'apparait pas évident à première vue; le style, le ton et l'ambiance varient beaucoup d'un chapitre à l'autre, ce qui renforce la sensation de lire des nouvelles distinctes. Pourtant il y a un fil conducteur. A la longue, le lecteur s'aperçoit que l'auteur est en train d'assembler les pièces d'un puzzle qui, d'abord en désordre, se mettent en place peu à peu. En fait, on suit trois générations d'une même famille: d'abord le Dr Augusto Mendes, venu s'établir dans un village perdu au fin fond du Portugal pendant la dictature de Salazar; puis son fils Antonio, qui reviendra brisé d'un séjour en Angola où il a participé à une sale guerre; enfin son petit-fils Duarte, un pianiste hyperdoué qui renoncera volontairement à une carrière de virtuose (cet élément romanesque justifie le bizarre titre du roman). A ces trois, s'ajoutent d'autres personnages plus ou moins importants, notamment Policarpo, un ami d'Augusto qui joue le rôle de l'Arlésienne.
Quand on atteint la dernière page du livre est fini, le puzzle est fini... ou presque fini. On a (à peu près compris) le destin de chacun des personnages et, un peu perplexe, on referme ce roman complexe et baroque. J. R. Pedro est certainement un écrivain doué, mais il ne suit pas la voie de la facilité.
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critiques presse (2)
Telerama
02 octobre 2013
João Ricardo Pedro signe ici un superbe premier roman, charnel et profond, où les péripéties des guerres et de la politique marquent les hommes, les font avancer ou les enterrent dans le silence des vies oubliées.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lhumanite
26 août 2013
Joao Ricardo Pedro, à l’évidence, maîtrise l’art d’attiser la curiosité et dispose avec une habileté consommée les énigmes, essentielles ou accessoires, qui vont tenir en haleine le lecteur.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Une chose semblait certaine : le vingt-cinq avril mille neuf cent soixante-quatorze, bien avant sept heures du matin, Celestino attacha sa cartouchière à sa taille, mit son Browning en bandoulière, vérifia son tabac et le papier à cigarettes, oublia sa montre accrochée au clou qui retenait également un calendrier, et sortit. Le ciel commençait à s'éclaircir. Ou peut-être pas. En plus des mouillettes au café au lait, Celestino s'était envoyé sans mal deux gorgées de gnôle. La première, pour les aigreurs d'estomac. La seconde, pour les pensées cafardeuses, car c'était, comme le suggérait toute sa physionomie, un homme enclin aux mélancolies prolongées.
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Duarte téléphona et pria pour que ce soit sa mère qui répondît.
Ce fut sa mère, et Duarte dit : "Grand-père est tombé, grand-père s'est senti mal et il est tombé, il vient de partir pour l'hôpital avec grand-mère dans le taxi de Fernandinho, on était en train d'attendre les cyclistes, non, il n'a rien de cassé, on pense qu'il n'a rien de cassé, il ne pouvait pas marcher tout seul, il ne pouvait pas parler non plus, oui, il allait bien, c'est arrivé brusquement, il fait très chaud, oui, il s'est évanoui, c'est ça."
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(Mais) une fois ses partitions rangées, il n'aima pas le résultat. Trop institutionnel. Trop de B et de S. Satie coincé entre Rachmaninov et Schönberg : deux exilés en Amérique, l'un fuyant les communistes, l'autre les nazis, se fuyant tous les deux l'un et l'autre. Le Français lui fit de la peine. Il trouva que ses Gymnopédies et ses Gnossiennes, avec leurs douces dissonances évoquant des manèges et des barbes à papa, des promenades à Montmartre, des danseuses fumant et montrant leurs jambes décharnées ne méritaient pas une compagnie aussi discordante, quand bien même ce n'était pas la meilleure musique au monde.
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(Mais) rien n'entamait la foi inébranlable que Duarte plaçait en son ami. La certitude qu'un avenir glorieux lui était réservé. Et le privilège qu'il éprouvait à être son voisin de classe remplissait son coeur d'orgueil et de gratitude. Duarte était en effet intimement persuadé que l'Indien était un génie.
Face à la pauvreté dans laquelle vivait l'Indien, Duarte se comportait en véritable mécène. Avec l'argent économisé aux Noëls et aux anniversaires, il lui achetait des blocs de papier et des crayons de différentes marques et mines : d'abord les Viarco, puis les Faber-Castell, les Staedtler, enfin, les Caran d'Ache.
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Le professeur de musique esquissa alors un large sourire et dit : "Vous pouvez imaginer la valeur de ce tableau pour moi."
Et il conclut : "Je veux le donner à votre fils."
La mère de Duarte, émue par l'histoire du tableau, fut au bord des larmes en entendant cela, elle voulut savoir pourquoi.
Le professeur répondit aussitôt, comme si c'était une réponse qu'il s'était déjà faite à lui-même très souvent : "Pour les moments où je l'ai entendu jouer Mozart, Beethoven, Bach. Dire que ce sont les moments les plus heureux de ma vie serait peut-être exagéré, mais les plus sublimes, certainement."
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