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C'est la culture qu'on assassine tome 2 sur 1
EAN : 9782755622881
296 pages
Hugo Document (21/01/2016)
3.56/5   9 notes
Résumé :
En 2011 sortaient les chroniques de Pierre Jourde, issues de son blog Confitures de culture, sous le titre C'est la culture qu'on assassine. Ses constats et ces questions étant toujours et peut-être même plus d'actualité aujourd'hui, il récidive en 2015 avec La Culture bouge encore ! Et le combat continue... Le célèbre romancier et critique littéraire explique comment les pouvoirs économique, politique et médiatique se conjugent pour nous plonger dans une nouvelle b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Je lis présentement beaucoup de choses sur cette époque : l'impression de bêtise que j'en retire s'ajoute à celle que me procure l'état contemporain des esprits, de sorte que j'ai sur les épaules des montagnes de crétinisme. Il y a eu des époques où la France a été prise de la danse de Saint-Guy. Je la crois, maintenant, un peu paralysée du cerveau ». Voilà quelques propos roboratifs extraits de la correspondance de Flaubert qui pourraient tout à fait servir d'exergue à l'ouvrage de Pierre Jourde et aussi malheureusement convenir parfaitement à l'époque. Et bis repetita placent. Qu'un enseignant-chercheur doublé d'un bon romancier, sur son blog, vive son temps au jour le jour et vitupère contre l'époque, nous pouvions que nous en réjouir et nous laisser aller à l'amer plaisir de la critique. Dans cet ouvrage, il devrait être question, d'art, de littérature, de politique et de grande Histoire avec d'étincelants portraits et des mots terribles ; d'anecdote de trottoir et de quotidien mais visionnaire. Il existe d'illustres prédécesseurs. Nenni, rien de tout cela malheureusement mais plutôt l'irrépressible impression en tournant les pages d'être coincé dans une rame du RER bondée avec en face de soi, crachouillant dans son portable de confondantes banalités, le raseur analphabète habituel. Impossible, je crois, passée la première et humoristique chronique footballistique, de se boucher les oreilles et de trouver le moindre intérêt à tous les insupportables et incultes bavardages de l'écrivain. Pas grand-chose dans ce livre, il me semble, qui n'ait été répété ad nauseam par les médias et qui mériterait que l'on s'y arrête. A la lecture du sous-titre : « C'est la culture qu'on assassine », il faut bien songer à un programme personnel et systématique de Pierre Jourde tant ses chroniques procèdent et participent à l'état d'imbécilité générale qu'il feint pourtant de condamner.


"Jamais nous ne nous lasserons d'offenser les imbéciles" écrivait Bernanos. La partie sociétale, loin apparemment des préoccupations de l'auteur, est la plus affligeante de tout l'ouvrage et la plus significative aussi. Il nous coute d'y revenir car nous ignorons de notre côté le bénéfice qu'un lecteur normalement informé peut tirer de ces chroniques et c'est d'ailleurs le moindre de nos soucis. Passé un certain degré de bêtise, les gens cessent de nous intéresser. La structure des billets de Pierre Jourde est invariablement la même. L'auteur, lorsqu'il s'aventure en terra incognita, le plus souvent couvre ses arrières et encense son adversaire. Courageux mais pas téméraire. Puis il feint d'avoir un point de vue équilibré qui renvoie dos à dos les protagonistes : les cinglés (sic) qui considèrent l'Islam comme le mal absolu et les dénégateurs qui présentent la France comme anti arabe par exemple ou les antisémites et les pro-arabes, les racistes et les censeurs, etc. … La quatrième de couverture et surtout la grossièreté du propos pourrait donner l'illusion d'une certaine radicalité mais Pierre Jourde est invariablement du côté des médias, du pouvoir et de la bien-pensance. Passé le premier et si agréable frisson de la désobéissance, il rassure le boboland. Pierre Jourde insulte et prend bien parti, généralement de la plus outrancière façon en caricaturant systématiquement le point de vue adverse et en critiquant cette caricature. Pascal, à juste titre, dénonçait déjà de son temps cette manoeuvre qui consiste à simplifier outrancièrement une pensée et à y appliquer ensuite sa critique. Nihil novi sub sole. La cerise sur le gâteau, c'est sans aucun doute l'arsenal critique de l'échotier. Ses références ce ne sont jamais le travail scientifique faisant l'objet de nombreuses publications sur les conflits du proche et moyen orient, les religions, le terrorisme, le débat des idées ou toutes autres sujets, ni même quelques articles récents. Il en ignore tout. Pierre Jourde, il lui est arrivé, son fils a, sa femme est, il a un ami qui … Voilà certes qui distrait de l'austère argumentation, met un peu de sucre sur la pièce montée de la critique mais n'a absolument aucune valeur d'un point de vue argumentatif. Pareillement, il est difficile d'apprécier, en la matière, ses incessants et si peu originaux parallèles avec la dernière guerre mondiale, le nazisme et la résistance. Partisan des causes gagnées d'avance, Pierre Jourde n'hésite pas, avec trois quarts de siècle de retard tout de même, à revêtir l'habit de Jean Moulin et à faire pour nous des choix héroïques. Stéphane Hessel, n'en doutons pas, a apprécié la leçon. Nous savons que les billets de Pierre Jourde sont destinés à un magazine de salle d'attente, qu'ils sont publiés aux éditions « Hugo et Compagnie » et qu'ils seront estimés non pas malgré leurs déficiences mais grâce à elles. Cependant, le langage parlé littéralement reproduit, parsemé d'inutiles « quoi », « hein », « c'est lui qui le dit » ; le tombereau des expressions maladroites (« des quantités de générosités », « Mais ne pas penser qu'on puisse », etc. …) ; les flemmards couper-coller (pages 218, 231, 232) ; l'humour de potache montrent, si c'était nécessaire, le peu d'estime en laquelle Pierre Jourde tient son lecteur.


Le professeur Jourde est inquiet pour l'université, nous le sommes avec lui et pour les mêmes raisons. Mais, à la lecture de la partie de son livre consacrée à la littérature, nous sommes carrément anxieux. Les motivations du critique ne sont jamais énoncées aussi clairement que lorsqu'il est dans le déni répété des raisons qui le poussent à parler d'une oeuvre ou d'un écrivain. « Je ne trouve pas que c'est un grand écrivain parce que c'est mon ami (…) Ensuite ce texte ne me rapportera rien. Aucun bénéfice. Il est consacré à un écrivain qui ne fait pas d'articles (Nb : le « s » n'est pas de nous), n'a aucune espèce de pouvoir et vit à l'écart du monde littéraire et critique (…) En revanche, vous ne me verrez pas ici faire l'éloge détaillé d'un ouvrage de Jean-Marie Laclavetine ou de Jérôme Garcin. Je les tiens pour des bons écrivains, mais l'un est mon éditeur, et l'autre dirige les pages culture du cher hebdomadaire où nous nous trouvons présentement ». Tout ceci est répété à l'envi. J'aime cet écrivain parce que c'est mon directeur de thèse ou je trouve ce texte intéressant parce que c'est mon voisin et l'ami de Papa qui l'a écrit. Cela ne vaut pas un zéro sur une copie ? Pour dire la vérité, il vaut mieux être démoli par le professeur Jourde qu'encensé par lui. Je vous laisse juge : « Non, mon ami à moi, c'est un vrai génie. C'est, et je pèse mes mots, l'équivalent de ce que furent Nodier, Lautréamont, Mallarmé ou Beckett en leur temps. Un inventeur, un créateur de formes, un ciseleur de texte pour qui chaque mot compte. Il appartient à la douzaine d'auteurs qui seront considérés dans quelques lustres comme les plus grands de notre temps. Ma main à couper. (…) Ce dernier livre, c'est Jules Renard, Pascal et La Rochefoucauld réunis, et encore plus que ça. (…) le livre sur rien rêvé par Flaubert (…)». Rassurez nous professeur, cela ne vaut pas la moyenne en première année de licence de lettres modernes ?


Nous savons que Pierre Jourde est enseignant-chercheur, auteur d'ouvrages fort intéressants sur l'incongru dans la littérature française, de géographies imaginaires ; qu'il est également un romancier exigeant et que ses livres ironiques, décalés, parfois sombres comptent dans le paysage littéraire français. L'écrivain, pour Claude Simon , c'est celui qui travaille son langage. Et d'ajouter, à propos d'une conférence de Merleau-Ponty à son sujet, cette anecdote : « Alors, qu'est-ce que vous en pensez ? » Je lui ai répondu : « Ma foi, je pense que ce Claude Simon dont vous venez de parler doit être un type extrêmement intelligent. » Alors il m'a dit : « Oui, mais ce n'est pas vous, c'est vous quand vous êtes assis à votre table et que vous travaillez, que vous travaillez votre langage ». Proust a répondu une fois pour toute à la question que nous nous posons à propos de Jourde : « Un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitude, dans la société, dans nos vices ». Oublions donc le latitudinaire chroniqueur pour ne retenir que le romancier qui travaille.
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Pierre Jourde est un critique littéraire assez sain d'esprit pour savoir qu'on ne peut toujours penser et dire du bien de ce qu'on lit, et pour constater qu'internet et autres médias parallèles ont aujourd'hui remplacé la critique littéraire officielle, confite dans le copinage, le politiquement correct et la dictature de l'argent. Il observe par exemple que le public, parfois, fait un triomphe à un livre comme "Les bienveillantes" au détriment du produit littéraire que les grands journaux patronnaient et que personne n'a lu. Enfin, il signale avec quelque malice que les journalistes n'aiment pas perdre, et qualifient de "fasciste" le livre qu'ils n'ont pas lancé et que le public a préféré. Dans ce grand jeu des qualificatifs insultants, certains artistes contemporains ne sont pas en reste, de Boulez à Jeff Koons, pour qui le public qui les boude est par nature une masse ahurie travaillée par le FN ...

Donc ce recueil de chroniques est un bon livre, qui ne se limite pas à la littérature, mais à bien d'autres domaines de la culture, même les médias. L'auteur, dans chacun de ses articles, assure toujours ses arrières en précisant qu'il fait partie du camp des gentils, ce qui l'autorise d'autant plus à critiquer ces mêmes gentils quand ils deviennent stupides. Venu de l'intérieur du Camp du Bien, cet ouvrage pourra éclairer quelques esprits.
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Ces textes sont issus du blog de Pierre Jourde, ils ont quelque chose de spontané comme des billet d'humeur. Néanmoins il y a une profonde réflexion sur la société, l'école, les médias, la culture, l'art et la littérature.
L'auteur lutte contre la médiocrité ambiante et les idées touts faites relayées par les journalistes. Mais surtout il épingle les bourdes proférées par les soi-disant progressistes et la gauche bien-pensante. Et en matière d'éducation elles sont légion, et dangereuses.
Le monde des émissions de télévision est analysé finement, ça aide le lecteur à comprendre ce qui se passe réellement sur un plateau de télé, tous les textes sur les médias sont intéressants parce que l'auteur fait partie du microcosme médiatisé. C'est une vision de l'intérieur.
Le petit monde littéraire est dépeint avec humour il y a quelques coups de griffes contre les uns ou les autres mais c'est toujours argumenté et justifié;
J'ai passé un excellent moment à lire ces textes courts (de deux à d'une dizaine de pages) qui sont de beaux textes argumentatifs. La pensée de l'auteur est clairement énoncée, avec humour, en mélangeant les divers niveaux de langues. On rit beaucoup, on s'inquiète un peu, on passe un bon moment de lecture.
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Ce sont des chroniques auxquelles je m'intéressais et qui paraissaient dans le nouvel Obs. Elles faisaient parfois l'objet de débats houleux et permettaient ainsi au monde des idées d'avancer. Mais là, je ne vois pas trop l'intérêt de les publier. L'auteur aurait dû prendre soin de les remettre dans leur contexte, en profiter pour développer ou approfondir certaines opinions et soigner le style qui sent un peu le relâchement : répétitions, maladresses : " p 64 affections qui ne sont en rien affectées [...], etc.", expressions familières (une avalanche de « ça ») qui font mauvais ménage avec une certaine condescendance qui prend faussement le visage de l'humilité lorsque l'auteur se désigne lui-même à ses lecteurs comme « votre serviteur »...
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Je n'avais pas lu le premier tome, recueil de chroniques. Je pense d'ailleurs qu'il faudra réparer cette erreur car j'ai totalement adhéré à la plume de l'auteur. Drôles, cyniques, tranchants, ses mots sont accessibles même si l'on ne partage pas toujours son point de vue. Pierre Jourde lance un regard critique sur la société et ses travers, à travers différents thèmes : société, médias, éducation, culture, arts, littérature. Chacun de ces thèmes sont traités de main de maître, les fautes de chacun, quelque soit son parti, individu ou groupe,… Les noms sont clairement explicités, les propos forts, et il en faut.

Je suis contre certains de ses propos, mais dans l'ensemble ses chroniques sont bien pensées, analysées et servies avec un travail sur le choix de chaque mot. Certaines d'entre elles La femme est le nègre de l'humanité, Décryptage de décrypteurs, la partie éducation dans son ensemble, et pas mal de la section littérature ont été de véritables coups de coeur.

Une anecdote d'ailleurs. Hier, je n'avais pas cours de la matinée et, alors que je me préparais, l'émission de Jean-Luc Reichmann tournait en arrière-plan. J'ai appris que les gibbons connaissaient approximativement 450 signes… mots dirons-nous. J'ai ri en me souvenant des mots de l'auteur. Page 135, première chronique de la sélection Éducation, Pierre Jourde nous fait part d'un problème notable en première année de licence : 50 % de la population estudiantine de L1 sont nuls en géographie, en histoire, ne parlent aucune langue et, je cite, « possèdent quatre cent mots de vocabulaire » soit cinquante de moins qu'un singe. C'est tout de même un peu inquiétant… Et pourtant pas du tout étonnant au vue de certaines copies.

J'ai également pu découvrir des choses que j'ignorais, du haut de mon petit master de création pré-master d'enseignement, à l'image de (pardonnez-moi de ces mots), l'idiotie de Bégaudeau qui préconise tout simplement la fin de l'éducation obligatoire. Bien entendu, une personne censée ne comprendrait pas ses propos. Mais qui a dit que les politiciens étaient censés ?

Pour conclure... je vous recommande très fortement ce livre, il est très prenant. J'ai adoré le lire, un très bon compagnon dans les transports en commun, qui ouvre à la réflexion, à la discussion. Lisez-le !
Lien : http://brain-shadows.blogspo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La voix (à la radio) filait le discours prévisible, énumérait tout ce dont il ne faut pas parler, parce que ce n'est pas bien, le rayonnement de la France, patin-couffin. On a beau ne pas être nationaliste pour un sou, on se sent gêné par cette espèce de cahier des charges qui vous fait dire ce genre de choses pour être un intellectuel comme il faut et comme les autres.
Et puis on a mis un nom sur la voix.
ça n'était pas un journaliste, ça n'était pas un ministre, ça n'était pas un fonctionnaire européen.
Jean-Marie Gustave Le Clézio.
Et zut.
Le Clézio himself.
J'ai réalisé à ce moment que je n'aurais pas dû penser ce que j'avais pensé. (...) Sincèrement, je me suis presque détesté de concevoir des choses pareilles d'un type si bien.
J'ai réalisé tout ce qu'il y a de magnifique dans on parcours (...). En plus, il a vraiment l'air sympathique.
Oui, mais je les ai pensées, ces choses. Sans savoir que c'était lui.
Et je me suis souvenu de mes lectures de Le Clézio. C'était une expérience bizarre. Je le lisais en me disant que je devais aimer ça. Et je me surprenais à penser des choses que je ne voulais pas penser. Des mots me traversaient : platitudes, gentillesse, ennui distingué. Je les écartais. Je ne pouvais pas avoir raison, contre l'assentiment universel, la stature du grand écrivain. Contre ce que je désirais éprouver, et que je n'arrivais pourtant pas à éprouver.

p. 170
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Videos de Pierre Jourde (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Jourde
Une version scénique et inédite de « Bookmakers », par Richard Gaitet, Samuel Hirsch & Charlie Marcelet
Avec Télérama et Longueur d'ondes
En dialoguant avec 16 auteurs contemporains qui livrent les secrets de leur ecriture, decrivent la naissance de leur vocation, leurs influences majeures et leurs rituels, Richard Gaitet deconstruit le mythe de l'inspiration et offre un show litteraire et musical.
Avec les voix de Bruno Bayon, Alain Damasio, Chloe Delaume, Marie Desplechin, Sophie Divry, Tristan Garcia, Philippe Jaenada, Pierre Jourde, Dany Laferriere, Lola Lafon, Herve le Tellier, Nicolas Mathieu, Sylvain Prudhomme, Lydie Salvayre, Delphine de Vigan et Alice Zeniter.
En partenariat avec Télérama et le Festival « Longueur d'ondes »
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