AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246819431
160 pages
Grasset (07/04/2021)
3.99/5   35 notes
Résumé :
Nous sommes en février 1959. La chalutier Mafur vient de terminer sa campagne de pêche au large de Terre-Neuve-et-Labrador. Les cales sont chargées de sébaste et les trente-deux marins présents à bord pensent déjà à rentrer au port, à Reykjavik, lorsque la météo change drastiquement. La température chute, les vents se déchaînent. Toutefois, le plus grand danger ne vient pas de la houle et des vagues qui déferlent impitoyablement sur le bateau, mais de la glace qui s... >Voir plus
Que lire après Oiseaux de tempêteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Février 1959. Parti rejoindre les zones de pêche de Terre-Neuve en mer du Labrador, le chalutier islandais Mafur s'apprête à rentrer les cales pleines, quand une soudaine et violente tempête le surprend. Aux déferlantes et aux creux de vingt mètres, s'ajoute un froid polaire qui pétrifie les paquets de mer en une carapace de glace de plus en plus épaisse, alourdissant et déséquilibrant le bateau jusqu'à menacer de l'envoyer par le fond. Pour les trente-deux hommes à bord commence un terrible combat, aussi périlleux qu'harassant. Il leur faut coûte que coûte délester le navire, quitte à sacrifier chaloupes et bossoirs, mais surtout en brisant sans répit cette glace qui se reforme aussitôt. Les jours passent sans accalmie. Les appels de détresse des autres chalutiers présents sur la zone se taisent les uns après les autres. L'épuisement et la folie du désespoir commencent à gagner les hommes du Mafur…


C'est avec une précision quasi documentaire qu'Einar Karason évoque cette dantesque aventure du Mafur et de ses hommes, directement inspirée de ce que vécurent plusieurs chalutiers islandais lors de la tempête historique qui balaya Terre-Neuve en février 1959. le plus grand réalisme préside au récit, et l'on y parvient sans peine à réaliser les dures conditions de ces grandes campagnes de pêche, avant de se retrouver plongé dans l'écume, la glace et l'épouvante d'une tempête infernale. La description sidère d'autant plus qu'elle se déroule implacablement, sans la moindre trace de lyrisme ni d'émotion, immergeant le lecteur dans un irrésistible maelström d'où n'émerge bientôt plus que la terrifiante perception de l'insignifiance humaine face à la toute puissance des éléments et de la nature.


Pourtant, dans cet incontrôlable déchaînement, si certains des hommes craquent, la majorité fait face avec le courage et l'énergie du désespoir. Là encore, la sobriété du récit fait ressortir avec d'autant plus de netteté le caractère de chacun. Entre la jeune recrue qui entreprend ici sa première et dernière navigation, le maître d'équipage dont la vie à terre est un désastre mais le comportement à bord absolument héroïque, le capitaine incapable de prendre le moindre repos tant que dure le danger, et le coq imperturbablement concentré sur l'indispensable continuité de ses services, c'est une galerie de portraits d'une formidable présence et d'une convaincante humanité qui prend vie sous la plume d'Einar Karason, dans un magnifique hommage à ces hommes de la mer.


Le puissant réalisme de ce roman court, sobre et intense, en fait un témoignage saisissant des conditions vécues par les terre-neuvas. Il se lit d'un trait, pour une immersion totale et spectaculaire dans une histoire de mer et d'aventure extrême d'une grande authenticité.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          810
Voilà un roman qui n'est sûrement pas sponsorisé par des croisièristes!
Oiseaux de tempête est un court récit, qui se lit vite, d'autant que l'action est intense, limitant les risques de perdre son lecteur en pleine mer.

Inspiré d'un événement réel, l'écrivain islandais Einar Kárason nous plonge dans une tempête de l'hiver 1959, qui surprend plusieurs chalutiers au large de Terre-Neuve-et-Labrador. Parmi ces embarcations en pleine campagne de pêche du sébaste (un poisson du grand Nord), le Máfur, chalut islandais dont les cales sont enfin pleines, et qui s'apprête à rentrer au port, à Reykjavik.

C'est sans compter sur une tempête qui non seulement déchaîne l'océan, mais surtout fait chuter les températures, au point que les paquets d'eau déversés sur le bateau gèlent immédiatement, compromettant la flottaison du navire. Les trente-deux marins présents à bord vont devoir se battre sans aucun répit, jusqu'au bout de leur résistance physiques, buvant leur peur jusqu'à la lie et flirtant pour certains avec la folie. Les pics à glace ne sont pas en nombre suffisant pour permettre à plusieurs hommes de dégager les éléments du bateau des gangues de glaces les emprisonnant; il faut se résoudre à jeter à l'eau les canots de sauvetage et se délester au maximum; des lames meurtrières s'abattent sur les courageux luttant sur le pont, les projetant et les écrasant ; il n'y a plus ni nuit ni jour, juste une lutte constante pour s'arracher à cette étreinte macabre.
L'auteur a choisi de rester sur le ton du quasi documentaire, heure après heure, avec quelques retours narratifs d'un jeune marin, Lárus, personnage fictif apportant l'éclairage humain à cet événement très techniquement détaillée. Car pour les non -initiés comme moi, le récit regorge d'informations et de vocabulaire propres au monde de la navigation maritime, qui auraient pu plomber le récit de façon rébarbative. Il n'en est rien grâce à l'introduction du personnage de Lárus, qui nous fait partager peur, terreur, fatigue, courage et découragement, résignation devant un probable naufrage, puis espoir d'en réchapper.

Outre un récit d'aventure maritime nous plongeant en apnée dans ce déchaînement glacé, "Oiseaux de tempête" parvient à rester un récit humain sur ce qu'ont traversé les marins d'alors. Malgré tout, il ne s'agit pas d'un roman "à la Herman Melville", les descriptions restent succinctes, pas d'introspection de l'âme humaine ou de leçon grandiloquente sur le courage comme rempart à une nature impérieuse et destructrice. Juste un récit sans ambages d'une lutte pied à pied pour sa survie en plein océan.
Commenter  J’apprécie          275
🌊 Des creux vertigineux, des déferlantes qui balaient tout sur leur passage, de la glace, de la neige, la vareuse trempée, le maigre réconfort d'un café chaud ou d'une cigarette, la peur et la volonté de survivre, Oiseaux de tempête m'a offert toutes ses sensations alors je voulais vous en dire deux mots.

Ces chalutiers islandais qui partaient loin, par tous temps, dans les années 50, au large des côtes de terre neuve car la pêche y était miraculeuse, ils ont existé et les naufrages ont été nombreux.

🌊 A lire pour retrouver ou découvrir les formidables traductions d' 'Eric Boury (sur un vocabulaire aussi pointu que celui de la navigation maritime je suis encore plus admirative), parce qu'une fois embarqué, vous aurez forcément envie de savoir comment cela finit !

🌊Vous l'aimerez encore plus si vous aimez les auteurs islandais (même en pleine tempête, les livres sont présents à bord)
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          260
En février 1959, plusieurs chalutiers se trouvèrent pris dans une tempête hors-norme, pendant plusieurs jours, au large de Terre-Neuve. Certains en revinrent, d'autres non. C'est à partir de ce fait réel que Einar Kárason a imaginé…
À bord du Mafur, le commandant et une trentaine de marins remplissent d'abord les cales de sébastes, qui abondent dans ces parages, lorsqu'un froid glacial commence à recouvrir le bateau d'une gangue de glace qui l'alourdit dangereusement. Puis viennent les vagues énormes qui obligent à maintenir le chalutier face à elles coûte que coûte, sous peine de chavirer irrémédiablement. Pendant les rares moments où ils reprennent des forces, chacun des hommes pensent à celles et ceux qu'il a laissés à terre…

Décidément, ce voyage littéraire en mer nous fait faire de belles découvertes ! Il s'agit ici tout simplement du récit d'une tempête, récit imaginaire mais nourri, je l'imagine, de tradition orale, de documents, d'enquêtes… de nombreux extraits pourraient donner une idée de la puissance du texte, mais autant le découvrir par vous-même.
Malgré ou grâce à une chronologie un peu bousculée et des sortes d'apartés concernant l'un ou l'autre des marins, le texte se tient bien et ne lasse à aucun moment. Il permet d'assister à des scènes rares : le relevage d'un chalut plein à craquer, les lits de glace empilés alternativement avec les poissons, le remaillage des filets, le mouvement et le bruit incessants dans la couchette du jeune Larus, la fréquentation de la bibliothèque de bord, l'élimination par l'équipage de couches de glace qui se reforment aussitôt sur chaque partie du pont, et la tempête, bien sûr. Celle-ci génère des scènes puissantes, où tous les hommes se bagarrent avec les éléments sans prendre une minute de repos, où même le coq participe en cuisinant des quantités de viande réconfortante au plein coeur de la tourmente (au four, parce que les marmites se renversent !).
Ce qui change par rapport à d'autres récits marins c'est que l'entraide et la camaraderie ne sont pas des vains mots sur ce chalutier, et cela fait plutôt plaisir.
Il n'y a pas un mot de trop dans ce texte qui allie aventure humaine et belle écriture. Je n'oublie pas la traduction d'Eric Boury qui semble parfaite en tous points.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          130
Le thème de Oiseaux de tempête, très court roman d'Einar Karason, est très simple : il s'agit du combat de 32 marins contre une terrible tempête au large de Terre-Neuve-et-Labrador, en février 1959. Autant qu'une description très précise des événements, avec des éléments déchaînés dans le froid, la houle et les vagues monstrueuses, c'est un hommage vibrant au courage de pêcheurs islandais, loin de leur base, sur un chalutier qui parait bien fragile dans ces circonstances. Trouver son chalut dans la fuite, c'est quasi mission impossible quand vous êtes au milieu d'un environnement aussi hostile où survivre tient de l'absolu miracle. le livre est quasi documentaire, avec beaucoup de termes très techniques de navigation à la clé et l'on peut sans doute regretter que l'auteur n'ait pas davantage donné de place à certains des protagonistes du livre dont les portraits restent succincts et quelque peu frustrants. Mais il s'agissait avant tout pour Karason de nous plonger corps et âme dans une lutte à la vie, à la mort, contre les forces enragées de la nature. Et pour ce qui est de cet aspect d'immersion totale, Oiseaux de tempête est manifestement réussi et impressionnant de maîtrise.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          130

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le pire cauchemar d’un capitaine, c’était qu’il arrive quelque chose à ses hommes. Rien n’était plus agréable que d’entendre un vieux loup de mer qui avait passé sa vie aux commandes raconter que jamais il n’avait perdu ne serait-ce que le petit doigt d’un de ses membres d’équipage.
Commenter  J’apprécie          10
De telles contrariétés mettaient votre patience à rude épreuve, les matelots juraient sur le pont, ils maudissaient le chalut, maudissaient la mer et maudissaient le froid. Pourtant, il ne faisait que moins quatre ou moins cinq degrés, l’air était à peine plus froid que l’eau, mais peut-être que proférer jurons et imprécations leur réchauffait le corps. Dans la passerelle régnait une douce chaleur, le commandant ou le second qui étaient de quart avec le matelot à la barre ne juraient pas, ils se contentaient de donner des ordres et des consignes, le visage figé : on file, on laisse aller, on relève, on hisse, on vire. Puis la situation s’est améliorée, grandement, énormément : il suffisait de tracter le chalut entre dix et douze minutes pour qu’il remonte d’un coup à la surface où il jaillissait, comme gorgé d’air. C’était d’ailleurs le cas ; les prises écarlates enflaient lorsqu’elles étaient libérées de la pression des grands fonds, elles atteignaient la surface boursouflées, vomissaient leurs ouïes roses par la gueule comme si elles s’étaient époumonées à gonfler un ballon de baudruche ou à faire une bulle avec un gros chewing-gum. Chacun sait que le sébaste atlantique est d’un beau rouge vif, il ne se contente pas du bleu, du gris clair ou de simples taches jaunes contrairement aux autres poissons. Mais il est également redoutable : ses arêtes dorsales rigides sont suffisamment acérées pour traverser les gants en plastique et l’épaisseur des bottes. Heureusement, il ne nécessite que peu de manipulations, nul besoin de l’ouvrir ou de le vider, on le met tout en entier dans la cale. Nous l’attrapions à l’aide d’un crochet dans le bac rempli d’eau de mer où il était rincé, nous le déposions dans des paniers que nous vidions dans les rigoles inclinées descendant directement à la cale où une partie de l’équipage le réceptionnait. Lorsque le poisson arrivait, il fallait le mélanger avec la quantité de glace pilée adéquate. Livrée avant le départ, cette glace s’était transformée en un gros amas qui ressemblait maintenant à un glaçon. Un matelot équipé d’un pic la réduisait en morceaux, d’autres avaient des fourches avec lesquelles ils envoyaient le poisson dans les bennes, d’autres encore pelletaient une couche de glace sur chaque couche de sébaste, et ainsi de suite. Au fur et à mesure que le tas gagnait en hauteur, on ajoutait des montants de bois à la benne qui se fermait alors d’elle-même puisqu’elle atteignait le sommet de la cale. À la fin, ce n’était pas facile d’y pelleter le poisson, les marins devaient lever leur pelle ou leur fourche au-dessus de leur tête. Mais c’était simplement ainsi et il était inutile de se plaindre, on avait cependant le droit de maudire ce satané sébaste quand on se piquait sur ses arêtes dorsales, alors les jurons vous sortaient de la bouche, accompagnés d’un épais nuage de vapeur.
Commenter  J’apprécie          160
L'homme à la barre était le matelot le plus âgé à bord, il allait sur ses soixante-dix ans. Plus tard au cours de cette campagne de pêche, Lárus lui demanderait pourquoi il ne mettait pas un terme à cette vie d'esclavage. Le vieux répondrait alors : "Je ne connais rien d'autre". (P.67)
Commenter  J’apprécie          100
Son père avait assuré que la zone de pêche à l’ouest de Terre-Neuve était connue pour son calme et ses vents modérés. En outre, les eaux étaient si poissonneuses que les chalutiers emplissaient leurs cales en l’espace de quelques jours puis prenaient aussitôt le chemin du retour. Afin d’apaiser le mauvais pressentiment de la mère de Lárus, lui et son père l’avaient convaincue de descendre de voiture pour admirer ce solide navire diesel sur lequel son petit allait embarquer. Elle ne protestait plus, elle s’était contentée de l’embrasser et de le serrer contre elle en priant Dieu et la bonne fortune de l’accompagner, sans plus mentionner son inquiétude. Il n’était pas de mise de jouer les Cassandre face à une personne qui part en voyage. D’ailleurs, que savait-elle de la mer et de ses périls, jamais elle n’avait navigué, même si l’océan lui avait enlevé son père, son frère et son grand-père. Être marin en Islande, c’est être soldat en temps de guerre.
Commenter  J’apprécie          10
Afin d'apaiser le mauvais pressentiment de la mère de Larus, lui et son père l'avait convaincue de descendre de voiture pour admirer ce solide navire diesel sur lequel son petit allait embarquer. Elle ne protestait plus, elle s'était contentée de l'embrasser et de le serrer contre elle en priant Dieu et la bonne fortune de l'accompagner, sans plus mentionner son inquiétude. Il n'était pas de mise de jouer les Cassandre face à une personne qui part en voyage. D'ailleurs, que savait-elle de la mer et de ses périls, jamais elle n'avait navigué, même si l'océan lui avait enlevé son père, son frère et son grand-père. Etre marin en Islande, c'est être soldat en temps de guerre.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Einar Karason (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Einar Karason
C'est Hélène d'Atout Livre qui délivre ses bons conseils : "Un jour viendra (https://www.librest.com/livres/un-jour-viendra-giulia-caminito_0-7139196_9782351782484.html?ctx=1d2df4a2f14f675bf8f98c1d2cb7fe27)" de Giulia Caminito chez Gallmeister - "Oiseaux de tempête (https://www.librest.com/livres/oiseaux-de-tempete-einar-karason_0-6594361_9782246819431.html)" de Einar Karason chez Grasset - "Un vagabond dans la langue" (https://www.librest.com/livres/un-vagabond-dans-la-langue-matthieu-mevel_0-6485962_9782072858659.html) de Matthieu Mével chez Gallimard - "Confessions d'un rebelle irlandais" (https://www.librest.com/livres/confessions-d-un-rebelle-irlandais-brendan-behan_0-7324112_9782373090871.html) de Brendan Behan chez l'Echappée. A retrouver sur librest.com (https://www.librest.com/)
+ Lire la suite
autres livres classés : chalutierVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (93) Voir plus



Quiz Voir plus

Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

Herbjørg Wassmo
Jens Christian Grondhal
Sofi Oksanen
Jostein Gaarder

15 questions
149 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..