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EAN : 9782843350641
224 pages
Verticales (16/09/2000)
3.47/5   19 notes
Résumé :
Antoine Dezergues, le narrateur, est un jeune homme essoufflé qui erre le cœur vide dans une totale absence de projet comme de désir. Une panne de voiture le fait échouer à Ribérac, une petite bourgade du Sud-Ouest, peuplée d’âmes solitaires. Là, il s’enlise peu à peu dans une déambulation infinie qui n’a d’autre objet, entre parties de pêche et longueurs en piscine, que de se livrer - sans aucune complaisance - à l’examen de son existence dissoute. Deux personnages... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'échoue dans ce petit village de campagne, la voiture sur le bas-côté. Fin du voyage, fin d'une vie. S'abandonner ici, que certains qualifieront de trou perdu. Se lever avant le soleil, faire quelques longueurs dans l'eau froide de la rivière, et se fondre dans la nature sauvage de cette forêt sombre. L'esprit vide par ce sentiment de sérénité qui accompagne la langueur de mes mouvements de brasse, je sors de l'eau, l'orage gronde éclaboussant de sa fulgurance le silence de ce décor champêtre. de grosses gouttes se fracassent contre le calme de la rivière, juste le temps de sentir l'odeur de fougère qui s'évapore avec la venue des premiers rayons de soleil perçant l'horizon nébuleux. Je marche sous un ciel de traîne jusqu'au moulin, là où j'ai laissé mes cannes à pêche.

Sur la place du village, il y a cette librairie qui périclite au fil des jours et des saisons qui défilent dans cet arrière-pays. Il y a Armand, un autre vieux solitaire, qui tient encore tête aux banquiers et à leurs créances, question de survie d'un certain mode de vie. Il y a surtout Claire, sa nièce venue s'échouer également dans ce village. Elle a l'air éteinte, le regard presque triste. Ce coin perdu semble être celui des âmes échouées, des âmes solitaires qui ont perdus le sens de la vie, la motivation de l'envie.

Je m'assois en terrasse au « Café des Colonnes » et bois toujours sous le regard menaçant de ce ciel de traîne ma pinte de bière. Une blonde rafraîchissante et j'observe Claire, qui reprend vie dans ce pays lointain. Elle garde son mystère mais retrouve des couleurs, un sourire. L'air de la campagne, probablement. Je m'approche d'elle, comme attiré par une attraction mystique, défait sa robe, descend sa culotte, approche ma main, comme guidée par une attirance mystique.

Des musiciens amateurs jouent sur la place, pendant que jeunes et vieux se retrouvent aux « Colonnes », autour d'une bière ou d'une mauresque. Des airs de jazz illuminent la nuit, pendant que ce triangle solitaire tente de (sur)vivre mélancoliquement. Spleen d'un soir où je marche sous un ciel de traîne, sous les odeurs de fougères et les rayons d'une lune qui a abandonné son bleuté pour un voile de nuage. Les dernières gorgées d'une bière en terrasse, les derniers riffs d'une guitare, les dernières pages d'un premier roman, pas encore tout à fait le style si particulier de Maylis de Kerangal, mais un monde que je comprends, de par sa lumière, de par ses odeurs, de par sa tristesse. Et à la fin le secret bien gardé d'une période démarquée.
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Pas mal, l'ambiance l'ecriture, par contre on a l'habitude d'un deroulé plus percutant de la part de l'auteur. Les personnages ont des personnalités bien marquée, les echanges, sentiments et pensées sont bien décrit. Une revelation à la fin qui dénoue tout. Laissez vous tenter pour une decouverte d'une autre facette de l'auteur.
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Une jolie découverte. Premier livre que je lis de M. de Kerangal. L'intrigue et le dénouement n'ont rien de palpitant mais c'est l'écriture, le style qui m'ont fait entrer dans cette histoire d'amitié, d'amour, de mensonges, de doutes, d'attentes, bref de sentiments et de vie.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Nos corps se sont cherchés doucement dans le noir, ébauchant des gestes malhabiles. Et puis, les bras de Claire, souples et immenses, se sont noués et dénoués autour de moi, un rythme incertain de notre balancement. Son ventre est venu trembler contre le mien et soudain, subitement affamés, nos corps se sont rejoints là où tout est aboli, suspendu. Nous avons baisé en silence dans la pénombre, sans nous déshabiller totalement, renversés sur des piles de vieux journaux, dans cette pièce froide, abandonnée, encombrée de cartons et de vieux meubles. Cette pièce morte où nous avons approché la mort et l’immédiate solitude.
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Saison morte. Rien ne bouge. Pas un souffle sur le sol, pas une ride sur l’eau. Une vie à part, sans épaisseur, qui se laisse juste voir, jamais sentir ou étreindre. Une vie étrangère à mon cœur, absente à mon corps. Une vie qui remonte lentement des entrailles de la terre et s’étalerait là, devant moi, comme une pauvre femme essoufflée.
Une vie qui, lorsque je me penche de toutes mes forces pour y basculer, se dérobe. Cette vie, la mienne, anticipe déjà ma mort.
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Je me suis engagé dans le chemin alors qu'une nuit d'encre avait fondu sur le paysage. Les phares de la voiture blanchissaient le tronc des arbres et, dans leurs rais poudreux, les insectes dansaient à l'horizontale. Les écorces gardaient des traces de phosphorescences une fois la voiture passée, comme l'écume retient la lumière, la nuit, à la crête des vagues.
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Claire était venue s’asseoir près de moi. Elle sentait la fougère et le soir qui descend sous les arbres. Une odeur qui m’était devenue familière. Comme l’étaient à présent la douceur au bout de ses doigts, la chaleur de son ventre, ses yeux écartés et son cou de roseau.
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Ce soir-là, en écoutant Tabasque, je compris que s'il aimait raconter des histoires, jouer avec les silences et les temps du passé, sa différence ne résidait pas dans ses talents de conteur. Il m'aurait finalement semblé ennuyeux. Non, c'était dans sa passion pour le genre humain qu'il me fascinait, dans sa capacité à traduire en un destin n'importe quelle biographie, si banale fut-elle, brassant alors dans ses somnolences alcoolisées toute une humanité sans porte-parole. Dans ces moments-là, Tabasque était tous les humains à la fois.
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Videos de Maylis de Kerangal (95) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maylis de Kerangal
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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