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EAN : 9782070451791
128 pages
Gallimard (05/04/2013)
3.72/5   86 notes
Résumé :
La peau sur les os, mais une peau de pêche et de café, et ça suffit pour faire une femme, une "Tristessa" - bien nommée, il faut le dire, entre cauchemar et veille - une Aztèque des faubourgs aux yeux athées, douloureuse comme le Mexique où se tapit, dans des ruelles sombres encombrées d'odeurs, l'autre côté du rêve américain, ce miroir sans tain.

Et ça suffit pour faire un livre qui "change la langue", rempli d'anamorphoses extravagantes, phrases in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Tristessa est une nouvelle un peu intrigante qui nous livre des réflexions de Kerouac sur plusieurs sujets :

1) L'amour, d'une part, qu'il éprouve pour cette frêle mexicaine et qu'il refuse de rendre physique pour ne pas le dénaturer.

2) La mort, d'autre part, la sienne, celle de Tristessa ou celle de n'importe quel autre toxicomane dont l'oeuvre est truffée et que l'on sent toujours prête à surgir et à abréger les souffrances de tous ces drogués.

3) le temps, ensuite, dilaté ou réduit par l'amnésie (due aux drogues essentiellement) à la notion d'instant à saisir ou à laisser filer car après il sera trop tard. le temps est aussi lié à la notion de déchéance et de mort.

4) Et enfin, la solitude, grande et implacable dans laquelle évolue l'auteur malgré les foules qui l'entourent, source fréquente de chute dans les abysses de la défonce par l'alcool ou les stupéfiants divers. En ce sens (je parle du poids du temps et de la solitude), Kerouac est, d'après moi, tout à fait dans la même veine littéraire que Maupassant.

Oeuvre assez mélancolique à mon goût mais où la poésie de Kerouac s'exprime plus qu'ailleurs, le verbe est beau et les images touchantes. Une sorte de plongée dans le bleu profond des abysses, dont on retiendra soit l'esthétique, soit la mort, ou un peu des deux selon qu'on aura choisi de remonter à la surface pour respirer ou de descendre toujours plus vers le bleu nuit.

Kerouac nous avait habitué à des pérégrinations d'Est en Ouest avec Sur la route, ici, il s'engage timidement dans une translation Nord-Sud, et l'on sent que s'il avait poursuivi encore plus loin vers le Sud, il aurait pu être amené à des réflexions proches de celles d'un autre grand voyageur dans "Voyage à motocyclette : Latinoamericana".

Voilà, je vous ai donné mon triste avis, un parmi tant d'autres, à vous de me donner le vôtre...
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🔥  « À un moment Tristessa m'embrasse légèrement sur les lèvres, c'est le baiser le plus doux, le plus juste du monde - Je suis émerveillé - J'ai décidé de rester avec elle et de dormir où elle dormira, même dans une poubelle ou une cellule de pierre au milieu des rats - Mais je continue à frissonner, cela ne sert à rien de m'emmitoufler (...) »

🔥 D'abord il y avait l'amour incandescent, brûlant et ravageur, il y avait Tristessa, feu ardent, et il y avait M, les doses de M, et les deux ensemble faisaient qu'il les aimait encore plus, elle et son corps frêle, cette peau délicate et ce caractère, elle qui n'a jamais voulu se donner à lui et lui qui n'a jamais dit qu'il l'aime - mais il l'aime ou il la hait - quelle différence, le temps s'accélère et tout va plus vite et plus fort, et plus elle part et plus M prend sa place, mais M est indissociable de Tristessa... Insaisissable, on ne la possède pas, mais ils la veulent tous, et ils savent qu'elle aime M... M comme un appât...

🔥 Après « l'amor » il y eut la mort, le déclin, progressif, se taire ou se dire il fallait choisir, il fallait oser, il ne l'a pas fait et maintenant le voilà la mort dans l'âme, en quête d'un amour perdu, et ce baiser qui continue de brûler en lui, ce seul baiser qui à lui seul porte une promesse éternelle - et le temps va piano, les journées sont longues et les nuits sans fin - mais pourtant vaine et inutile, Tristessa ne sera jamais sienne, alors M... M comme une consolation...

🔥 Enfin il y eut la solitude, naturelle et inévitable, Tristessa qui échappe à elle-même et lui échappe à lui, elle est imperceptible, elle est en vie mais à quel prix ? L'horizon devient une mer calme, berceau de solitude et de souvenirs, et sous la surface s'agitent les élans d'un amour en suspens ...


🔥 Empreint d'une frénésie et d'une transe angoissantes, ce roman m'a tout simplement coupé le souffle.
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Jack Kerouac nous invite à une plongée un peu angoissante dans le monde des junkies de Mexico, des personnages pour qui la vie se résume presque à la recherche de la prochaine dose et à l'interminable manque, des personnages que l'on voit se détruire progressivement. Pourtant, Kerouac, avec ce regard de poète qui caractérise tous ses textes, voit plus loin que la laideur et l'horreur et n'hésite pas à plonger lui-même dans la drogue pour mieux aimer ses esclaves. Là où un Bukowski verrait un vieux dégueulasse, une putain et un truand, Kerouac sublime des amis par l'amour et la poésie. Les histoires de Kerouac sont très souvent tragiques (comment pourrait-il en être autrement ?) mais il en ressort toujours de l'espoir pour les personnages qui existent par leurs actes, qu'ils soient des poèmes ou des coups de folie, et pour le lecteur qui est libre d'exister par ses actes et de créer à son tour. Sans atteindre l'intensité rencontrée dans Les clochard célestes, Kerouac nous emmène cette fois-ci sur les chemins de l'émotion. Je l'aurais suivi quel que fût le chemin d'ailleurs tant son écriture est envoûtante.
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Jack Kerouac figure dans le top ten de mes auteurs préférés. Comment je l'ai découvert ? Musicalement, je suis fan de Bob Dylan, et j'ai appris que Bob Dylan adorait cet auteur. Par curiosité j'ai donc voulu m'y mettre. Belle surprise !

Dans ce roman, Jack Kerouac nous raconte son histoire d'amour à sens unique avec Tristessa, une prostituée mexicaine complètement droguée.

En effet, s'il n'a d'yeux que pour sa belle, Tristessa n'a d'yeux que pour la morphine, et s'enferme dans son monde de junkie entourée de Cruz & Old Bull, ses compagnons de galère.

Ceux qui ont déjà lu du Kerouac savent que ses histoires sont plutôt barrées et son écriture démente. Des phrases à rallonge, des digressions à n'en plus finir, si bien qu'il perd souvent son lecteur mais c'est pour mieux le récupérer dans le paragraphe suivant.

Ce livre se divise en deux parties. Dans la première, l'auteur nous raconte une scène de beuverie où il se retrouve avec Tristessa et ses comparses, ainsi que plein de petits animaux dans une chambre miteuse. Il finit par prendre de la drogue avec eux et ce chapitre est une longue description d'un saynète vue au ralenti, comme si le lecteur été lui-même victime de la drogue.


Dans la deuxième partie, l'auteur se penche plus sur une description de la ville, son départ, et son retour par amour pour sa junkie. Retour tardif, puisque lorsqu'il revient, Tristessa n'est plus la même, elle est tombée au fond du trou et il est trop tard pour lui avouer son amour.

Ce roman est court, un peu plus d'une centaine de pages, et donne l'impression de décrire tout au plus trois scènes, du point de vue d'un homme lâché dans un monde de débauche. On imagine facilement quelqu'un qui se tient droit, sa bouteille de whisky en main, pendant que les images autour de lui défilent tour à tour en accéléré ou au ralenti.


Un récit sur le sens de la vie, de l'amour, et le fléau de la drogue. Mais dans les yeux de Kerouac, sûrement simplement un récit sur Tristessa. Parfois il ne faut pas chercher plus loin.
Lien : http://www.chroniques-livres..
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Tristessa - Jack Kerouac

Je commence à le connaître par coeur, Jack Kerouac, et toujours, je suis saisie par la grâce.
Ce petit livre-Tristessa- un petit livre à l'aura tremblante, nous plonge dans un univers aux couleurs et ambiances bien particulières, dorures, rose et bleu pâle, brillances et voiles de brumes, drapés de la Vierge Marie adorée dans le fin fond d'un Mexique aussi pieux que troublé par la drogue et la débauche. Kerouac nous parle de sa Tristessa, une indienne frêle au « corps absent », maladive, triste et sensuelle, sombre, accro à la morphine et femme adorée dont les « yeux mauves » transmettent si bien le sens du sacré.
Tout un univers, oui, que Kerouac cherche à saisir au plus profond de son être, en le frôlant dans la posture de l'observateur amoureux et désemparé, en pointant les détails les plus infimes d'un Mexique aussi nauséeux que source de visions profondément mystiques. Un livre unique, dont on boit le rythme et sursaute quand la Beauté ( presque insoutenable) frémit dans les mots- mots libérés d'un coeur en branle et d'une main sûre.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ô, Éternité Dorée, comme je le sais, que la mort c'est ce qu'il y a de meilleur mais : "Non, je t'aime, ne meurs pas, ne ma laisse pas... Je t'aime trop" — "Que je t'aime, n'est pas une raison suffisante pour essayer de vivre ?" Oh, affreuse destinée de nous autres mortels, chacun de nous à son heure terrible doit mourir et épouvanter ceux qui nous aiment et pourrir le monde — et déchirer le monde — et tous les héroïnomanes dans les cités jaunes et les déserts de sable s'en fichent — et ils mourront aussi —
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De temps en temps,, le pigeon se rengorge et bat des ailes sur place, au lieu de s’envoler à travers le morne espace il attend la pureté parfaite de la mort dans son coin doré de l’univers, le Pigeon tombe dans la tombe sombre— il n’est plus cette lumière blanche qui rayonne à travers les dix voies de l’Éternité—Pauvre pigeon, pauvres yeux— gorge de neige, gorge de lait, il a pitié de moi, son regard sur moi est doux depuis les hauteurs rosées de son perchoir et les Cieux Ouverts du Monde de l’Esprit- ange blond et rose de ma finitude, je ne peux pas le toucher, jamais je n’oserais grimper dans son coin, son rictus malin, humain, se graverait dans mon cœur taché de sang— de son sang.
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À un moment Tristessa m’embrasse légèrement sur les lèvres, c’est le baiser le plus doux, le plus juste du monde - Je suis émerveillé - J’ai décidé de rester avec elle et de dormir où elle dormira, même dans une poubelle ou une cellule de pierre au milieu des rats - Mais je continue à frissonner, cela ne sert à rien de m’emmitoufler (...) 
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Le whisky et la morphine m'ont rendu insensible à la douleur de mon coeur empoisonné (p.48)
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and but she knows I love unlovable Tristessa—so she's sistered me and I liked it—some people have vibrations that come straight from the vibrating heart of the sun, unjaded ...
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En 1959, Jack Kerouac parle de littérature et de la «Beat Generation»
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