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EAN : 9782809702422
448 pages
Editions Philippe Picquier (10/02/2011)
4.18/5   89 notes
Résumé :
Un jeune informaticien, Itô, se réveille un beau matin sur une île inconnue. Une île qui s'est refermée sur elle-même, il y a cent cinquante ans, au moment précis où le reste du Japon s'ouvrait au monde. Accompagné d'un étrange guide, il part à la découverte de l'île et de ses habitants, insolites et attachants : un peintre qui ment comme il respire, une fillette à l'écoute des battements de son cœur, un justicier poète amoureux des fleurs et, surtout, un épouvantai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Attention, voici une perle venue tout droit du Pays du soleil levant, lyrique et poétique, d'un irisé éblouissant...Coup de coeur !

Quel bonheur ce livre ! J'ai été totalement subjuguée. C'est une histoire inclassable que nous offre Kotaro Isaka, tel un conte qui oscillerait sans vraiment se décider, entre le fantastique, et ce livre fait penser un peu à un Alice au pays des merveilles nippon ; l'onirisme, impossible de ne pas penser à Murakami, un Murakami cependant plus punchy, avec davantage de rebondissements ; l'historique, car les soubresauts de l'histoire du Japon y sont bien relatés ; le policier, de multiples enquêtes étant menées tenant le lecteur en haleine ; la romance aussi, plusieurs histoires d'amour ponctuant le récit ; le philosophique surtout, derrière l'apparence d'un récit léger et loufoque, une multitude de messages dans notre façon d'appréhender la vie nous guident et nous font réfléchir.

« Lequel de ces deux axiomes était la vérité ? Nul ne le sait.
Les deux étaient vrais, mais un paysage change selon l'angle de vue. Même le croissant de lune que nous étions en train de contempler tous les deux, vu latéralement, se réduisait à une simple ligne ».

Le titre (ainsi que la couverture du livre avec ce beau flamand rose) évoque Jean-Jacques Audubon, un ornithologue, naturaliste et peintre américain d'origine française, naturalisé en 1812, devenant alors John James Audubon, considéré comme le premier ornithologue du Nouveau Monde. Il a écrit le grand livre des oiseaux, donnant à voir sur plus de 700 pages un festin de couleurs, de poses gracieuses. Son obsession, notamment, était de dessiner les oiseaux en voie d'extinction, des dessins grandeur nature, d'une précision éblouissante, d'où l'on sent émaner une certaine chaleur. Ce livre du japonais Kotaro Isaka fait explicitement référence à l'ornithologue américain. de nombreux passages du roman évoquent son travail et plus généralement sa vie, même s'ils ne sont pas centraux. C'est davantage le message qui est derrière le travail d'Audubon qui à mon sens transparait dans ce livre, et ce de deux manières.
Première chose, assez cynique convenons-en, pour dessiner ou peindre les oiseaux, l'ornithologue devait, parait-il, les abattre avec du petit plomb pour ne pas les déchiqueter. Il utilisait ensuite du fil de fer pour les maintenir et leur donner une position naturelle au sein même de leur habitat naturel. Pour son art, Audubon dit « Je dis qu'il y a peu d'oiseaux quand j'en abats moins de cent par jour ». Et plus l'oiseau était rare, plus il le poursuivait inlassablement sans s'inquiéter que sa passion créatrice puisse précipiter l'extinction de son espèce. Or, il les peignait précisément pour ne jamais oublier les espèces menacées d'extinction…totalement contradictoire n'est-ce pas ? Je trouve que cette contradiction inhérente à l'espèce humaine est nichée imperceptiblement dans ce récit. le roman ne cesse de nous avertir que l'habit ne fait pas le moine, derrière le policier se cache un serial killer, derrière le justicier solitaire un véritable poète. Il ne faut pas se fier aux apparences…
Interprétation bien personnelle, car la deuxième chose, sans doute plus évidente et plus politiquement correct, est que ce livre met tout simplement en évidence la noirceur humaine et ses instincts de destruction comme le pressentait l'ornithologique d'où ces peintures, pour les figer dans la mémoire collective…Et sur cette île précisément, coupée du reste du monde, ignorée de tous, des pigeons migrateurs qui ont disparus du reste du globe depuis plusieurs décennies, sont bel et bien là, les derniers de leur espèce vivent sur cette île. Comme si la prière d'Audubon, qui a mis dans son dessin tout son amour pour les pigeons migrateurs, avait été exaucée…


Ce livre raconte la fabuleuse histoire d'Ito. Jeune homme informaticien de Sendai qui a vécu tour à tour deux moments très difficiles : tout d'abord la mort de sa grand-mère dont il était très proche, ses parents étant morts alors qu'il était encore enfant. C'est elle qui l'a élevé et abreuvé de conseils et de maximes auxquels il pense tout au long du roman. Ensuite, la rupture avec sa petite amie Shikuza, une fille ambitieuse et narcissique qui devait trouver qu'elle perdait son temps avec lui. Il a d'abord démissionné de son travail puis, par désespoir, l'idée farfelue d'aller braquer une superette l'a pris. C'était sans compter le zèle du policier Shiroyama qui s'avère être un ancien camarade de collège, véritable sadique, voire psychopathe dont le seul plaisir dans la vie est de souiller la beauté. Itô, suite à un accident de la circulation, terrorisé par ce qui va lui arriver aux mains du pervers Shiroyama, arrivera à s'extraire de la voiture de police et à s'enfuir. Il est alors pris en charge par un étrange homme qui le ramène à bord de son bateau, sur une île.

Et quelle étrange île! Ito va y découvrir une société en totale autarcie, fermée au monde entier depuis 150 ans. Seul un homme de l'île, ce fameux Todoroki dont je viens de parler, est autorisé à aller à l'étranger et à ramener des objets dont ont besoin les autres. C'est un monde très étrange qui s'ouvre à Ito où, un épouvantail dénommé Yugô, écouté respectueusement par les habitants de l'île, parle et prédit l'avenir, où on peut écouter en collant son oreille par terre les battements de son coeur, où l'on dit la vérité en disant son exact contraire, où un justicier poète du nom de Cerisier, à la beauté fascinante, fait la loi et tue tous ceux qui le méritent, où une femme de 300 kilos ne peut plus se déplacer au point de vivre, dormir, manger, travailler toujours au même endroit…

« Sérieusement, comment croire une fantaisie aussi échevelée ? Ton sens des réalités, où est-il passé, ton fameux sens des réalités ? Ce n'est pas possible, tu ne peux pas te trouver sur une ile complètement isolée du reste du monde où court une route recouverte d'une matière inorganique comme l'asphalte !
J'ai secoué la tête de nouveau. Et alors ? Disait un autre moi-même en levant les mains dans un geste fataliste. Tu peux bien t'avouer battu, pour une fois. Même si ce n'est pas la réalité, quelle importance ? ».

L'île est mystérieuse, nous avons l'impression de la voir en rêve avec son unique route asphaltée qui serpente sans fin, encerclée de rizières et de collines à perte de vue. La temporalité semble déformée, à la fois lente et condensée…Un paysage digne d'une jaquette de disque des Pink Floyd, vous ne trouvez pas, cette douce torpeur, comme si, en parcourant ce paysage nous étions agréablement engourdis…Confortably numb, voilà un titre qui ferait corps avec ce texte et ce paysage onirique, n'hésitez pas à associer les deux, à écouter le titre tout en lisant ce livre, effet garanti d'une musique poétique sur un texte onirique…

Bon, plus sérieusement, ce livre pose également la question du repli sur soi et montre comment l'arrivée de deux intrus sur l'île, Itô mais aussi un autre étranger aux intentions malveillantes, va suffire à faire effondrer l'unité psychologique de ce groupe d'habitants. Je me suis posée la question de savoir si ce texte était nationaliste, s'il prônait la fermeture des frontière de manière symbolique. Mais par ailleurs, la question de l'épouvantail que tous les habitants écoutent avec respect et qui a permis cette autarcie, ne pose-t-elle pas plutôt la question de la secte avec son lavage de cerveau quotidien ? Et les deux intrus viennent justement apporter un regard différent et les secouer dans leur croyance aveugle. D'ailleurs la légende dit qu'un étranger arrivera un jour sur l'île pour apporter à la communauté quelque chose qui manque sur l'île. Cette chose qui manque n'est-elle pas la liberté de penser ? Quelle est la bonne piste de lecture, je ne saurais le dire, peut-être les deux, et je serais curieuse de savoir comment l'appréhendent les autres lecteurs…Et entre nous, ce qui manque à l'île, cette énigme sera résolue à la fin et ce n'est pas vraiment la liberté de pensée…La fin est d'ailleurs magistralement orchestrée.

« Un homme qui observe une fourmilière voit bien mieux ce qui se passe à l'intérieur que les fourmis qui y vivent ».

Shiroyama arrivera-t-il à retrouver Itô et par ailleurs, sur l'île, qui a donc démembré l'épouvantail qui structure la société ilienne depuis près de 150 ans ? Telles sont les enquêtes qui traversent le récit, donnant une dimension haletante au récit à côté de sa facette très contemplative. Les deux dimensions coexistent de sorte que le lecteur est à la fois touché par la beauté des paysages, happé par la réflexion des messages philosophiques et divertis, voire effrayé tant c'est violent, par les enquêtes qui se trament en ligne de fond. Tel est le secret de ce livre hors norme lyrique et poétique, de savoir associer le suspense, le mouvement, à la contemplation et où le fantastique et l'humour sombrent de violence. Où la réalité n'est pas toujours là où on croit la trouver. Un livre magistral !

"Tant que manquera sur cette île la chose fondamentale qui ne s'y est jamais trouvée, les habitants demeureront vides."
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Oh, quel roman étrange…
J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'une sorte de rêve éveillé mais en fait, pas du tout, le héros se retrouve bel et bien sur une île isolée sans qu'il sache comment il est arrivé là, mais tout est réel et des explications nous serons données.
Itô, le personnage principal va découvrir une île qui est totalement coupée du reste du Japon.
Personne ne la quitte jamais et, en 150 ans, il n'y a que deux personnes, dont lui, qui ont pu y poser le pied.
Les habitants n'y sont pas ordinaires : entre le justicier qui n'aime pas le bruit, la petite fille qui passe son temps couchée au sol à écouter les battements de son coeur, le peintre fou et l'épouvantail local qui parle, on croise des personnages hors du commun au fil des pages de ce récit à la limite du fantastique.
L'intrigue quant à elle m'a beaucoup plus, entre un roman policier et un conte à la fois mystérieux et fascinant, un peu à la façon des romans d'Edward Carey.
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Une lecture surprenante et inclassable. Il y a bien une sorte d'enquête mais ce n'est pas vraiment un polar. Cela commence par un rêve et le réveil d'Itô. Première impression : l'auteur n'aurait-il pas pioché des mots en ouvrant un dictionnaire au hasard pour écrire la première phrase («Un briquet enserré entre les deux globes de sa poitrine, une Playmate courait devant moi.») ? Deuxième impression : la suite du récit n'est-elle pas effectivement un rêve comme l'a d'abord cru Itô. L'histoire elle-même avance assez lentement au début, le temps qu'Itô fasse connaissance avec bon nombre d'habitants de l'île d'Ogishima. Car il y a un grand nombre de personnages, stylisés certes, ce qui permet de s'y retrouver, mais en même temps tous ces personnages ont un petit côté figé, un peu comme des marionnettes. Il y a un peintre devenu fou et menteur, un poète justicier, une fillette qui écoute battre son coeur, une marchande obèse qui ne quitte plus son étal, … et bien sûr il y a Yugô, l'«épouvantail. Leur côté stéréotypé m'a un peu gêné, je trouve que c'est un peu dommage car cela casse ce que ce récit pourrait avoir de poétique. Car l'univers de ce livre est totalement surréaliste, digne d'Haruki Murakami. Ce genre d'univers serait-il une spécialité japonaise ? Et malgré tout, l'auteur ancre son récit dans le réel avec des éléments historiques authentiques (shogunat puis arrivée du commodore Perry et ouverture du Japon) et des détails réalistes. Jean-Jacques Audubon est un personnage bien réel aussi (et d'ailleurs la couverture du roman est tirée d'une planche ornithologique d'Audubon) et l'histoire de l'extinction du pigeon migrateur est hélas bien authentique. le rythme s'accélère à partir du moment où est assassiné Yugô, épouvantail doué de la pensée et de la parole plus que centenaire, qui connaît l'avenir mais se refuse à le révéler. D'autres morts s'ensuivent et Itô essaie tant bien que mal de comprendre ce qui l'entoure et d'élucider ces meurtres. Les événements les plus invraisemblables trouveront des explications étonnantes et logiques dans le cadre improbable de cet univers digne du chapelier fou d'Alice au pays des merveilles. Au final c'est un livre dans lequel je suis entrée assez lentement mais qui s'est révélé de plus en plus passionnant au fil des pages, et contre toute attente, facile à lire.
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Voilà un livre qui m'a franchement emballée!

Nous partons à la découverte avec le narrateur d'une île inconnue de l'archipel nippon. Cette île mystérieuse semble fonctionner à l'envers du Japon. Tant que le gouvernement Tokugawa maintient la fermeture du pays aux influences occidentales, cette île cohabite sans problème avec les Européens. Quand le Commodore Perry force l'ouverture dans la seconde moitié du XIXème siècle, cette île se referme sur elle-même.
Plus ou moins coupée de toute influence depuis les années 1850, l'île développe un système qui lui propre, axé sur Yûgo l'épouvantail omniscient.

Défilent sous les yeux souvent ébahis du narrateur toute une galerie de surprenants personnages: Sakura, le justicier ténébreux amateur de fleurs et de poésie dont le nom-même est paradoxal à son action (Cerisier en japonais), Madame "Usagi", jeune femme handicapée par son obésité mais débordante de chaleur et de sympathie, le peintre veuf qui dit toujours le contraire, ...

A la suite du "meurtre" de Yûgo, l'intrigue policière se joint au fantastique et l'on découvre tout un subtil engrenage où chaque élément joue parfaitement son rôle.

Le vrai "méchant" de l'histoire est le policier psychopathe qui sévit à Sendai, une manière pour l'auteur de dire que le Mal ne vient pas d'un autre monde mais réside dans notre réalité.

Sans atteindre à la profondeur d'écriture d'auteurs tels que Murakami Haruki ou Ogawa Yoko, Isaka Kôtaro n'en reste pas moins divertissant.
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Une île "coupée du reste du monde", "repliée sur elle même". Une île japonaise, où Îto, un informaticien de 26 ans, suite à sa démission du "monde des logiciels" et une tentative de cambriolage de supérette, fuit pour échapper à un policier sadique bien décidé à avoir sa peau.
C'est sur cette île d'Ogishima,une "île sans divertissements", qu'Isaka Kôtarô (auteur de mangas (qui a écrit le prince des ténèbres) et romancier au style fantastique tel Haruki Murakami avec Kafka sur le rivage) campe son décor mi-fantastique, mi-thriller.
Mi-fantastique car les personnages croisés sont farfelus, bizarres comme dans Alice au pays des merveilles.Hibino, qui ressemble à un chien, Todoroki "un vrai ours", Wakaba, une fillette qui écoute son coeur, un conseiller fiscal qui brutalise sa femme, Yuri qui accompagne les mourants... toute une société bien hiérarchisée, mais ici "Usagi", littérallement Petit lapin, est une obèse de 300 kilos et le sage Yûgo est "un épouvantail qui parle" et sait tout sur tout de par ses dons de voyance. Véritable traversée du miroir, La prière d'Audubon, transporte le lecteur dans le monde de l'absurde (ex:le peintre Sonoyama "un peu dérangé là dedans" suite à l'assassinat de sa femme dit l'inverse de ce qu'il pense, donc chacune de ses paroles sont à traduire en sens inverse). Comme Lewis Caroll, Isaka Kôtarô, perd la notion de temps, la logique n'est plus logique et tout se dérègle de par ses excés. Même la loi est hors la loi puisque le justicier (et poète) Sakura élimine tous les fauteurs de troubles (du simple larcin au meurtre sans distinction). Se greffent sur cet univers étrange des meurtres à élucider dont celui de l'épouvantail, une énigme à résoudre (le manque de l'île),la remontée de l'histoire de l'île au temps des samouraïs,les liens entre la fermeture de l'île et l'ouverture actuelle du Japon moderne,la légende de la prière d'Audubon liée aux oiseaux migrateurs et les changements qui s'opèrent en Îto (honteux de ne pas avoir été présent lors de la mort de sa grand-mère).
Bref, malgré la multitude de personnages (où l'on se perd parfois), ce roman inclassable, de par la diversité des thèmes (fantastique, policier, philosophique, protection de l'espèce..),agréable à lire et original a valu à son auteur le prix Shincho mystery club.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
— Comment tu fixes la limite entre les animaux que tu manges et ceux que tu ne manges pas ? » Je me suis creusé la cervelle pour lui répondre. Peut-être que je ne mangeais pas d’animaux au-delà d’une certaine taille ? Non, ce n’était pas ça, puisqu’un bœuf est plus gros qu’un chien. Et peut-être que j’aurais pu manger de l’éléphant. Mais je ne pouvais pas manger mon animal de compagnie. Après avoir mûrement réfléchi, j’ai répondu ceci :
« Ça dépend s’ils sont mes amis ou pas. Je ne peux pas manger de chien, de chat, ni de poisson rouge, parce que ce sont des animaux amis. —
Chez les humains aussi, il y en a qui sont tes amis et d’autres pas. Tu mangerais ceux qui ne sont pas tes amis ? »
J’étais incapable de répondre. Il me paraissait normal que les humains mangent des animaux pour assurer leur survie, mais je n’avais jamais réfléchi aux critères de discrimination.
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L’épouvantail parlait avec le plus grand naturel de choses qui dépassaient l’entendement. A vrai dire, le fait qu’il puisse parler dépassait déjà en soi l’entendement, mais ce n’était peut-être qu’une question de définition de l’entendement et des limites du mien (...) La « réalité », pour moi, c’était la sensation concrète que j’avais de me trouver en ce moment sur cette île, et je commençais à me faire à l’idée que je devais tout simplement suivre cette sensation. Folie et acceptation. Devenir fou et accepter la situation, cela se ressemblait.
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Un briquet enserré entre les deux globes de sa poitrine, une Playmate courait devant moi. Lancé à sa poursuite, je finissais par me retrouver dans un pays inconnu : voilà ce que j’étais en train de rêver quand je me suis réveillé.
Ce n’était pas un cauchemar. Et surtout, Shiroyama n’apparaissait à aucun moment, ce qui rendait déjà le rêve plutôt agréable.
Je soulève la tête de l’oreiller, la tourne sur le côté. Le soleil perce entre les rideaux bleu marine, un rai de lumière blanc s’allonge sur la moquette, bleue elle aussi. Je redresse le torse, m’appuie contre le montant de bois du lit. Un léger grincement s’élève.
(Incipit)
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« – Tout de même c’est curieux, dit Usagi. Yûgo est un épouvantail mais tout le monde le traite comme un être humain.
– En effet, c’est curieux.
– Depuis quelques temps, je me demandais si Yûgo ne nous préférait pas d’autres êtres.
– D’autres êtres ?
– Par exemple, les chiens , les chats. Est-ce que vous savez ça ? Il paraît que les chats, quand ils sentent qu’ils vont mourir, vont se mettre à l’écart des humains.
J’ai hoché la tête :
– Je l’ai déjà entendu dire.
– Eh bien, autour de Yûgo, on trouvait souvent des cadavres de chats.
– Comment ça ?
– Le matin, on trouvait parfois plusieurs chats morts au pied de l’épouvantail. Je crois que les chats savent qu’ils vont mourir. Même s’ils ne comprennent pas ce que signifie » mourir » concrètement, ils savent intuitivement que leur fin approche. Et dans ces moments là, peut être se sentent-ils rassurées à côté de Yûgo. »
Autrement dit, elle était en train de me dire que les chats agonisants se faisaient accompagner par Yûgo, et que ce dernier souhaitait lui aussi les accompagner dans leur derniers moments.
« Voilà pourquoi je me dis que Yûgo préférait peut-être la compagnie des chiens ou des chats à celle des humains comme nous.
– Mais un épouvantail, normalement, ça sert à protéger les récoltes des oiseaux, j’ai dit.
– Ah oui, il parait. C’est aussi ce que dit le père Todoroki. Usagi s’est mise à rire et a ajouté : « c’est bizarre.
– Yûgo, il ne faisait pas fuir les oiseaux ?
– C’était un épouvantail mais il chouchoutait les oiseaux », a dit Usagi que cela paraissait amuser.
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Vous êtes bien sûr cette île, il faut y rester.Il n'y a rien d'intéressant ailleurs: voilà le message que transmettait l'épouvantail,avec ses deux bras étendus en ligne droite .C'est pour cela qu'inconsciemment, les habitants décidaient de passer toute leur vie ici.C'etait peut-être bien ça. En un sens ,ça ressemblait au lavage de cerveau dans les sectes.Il ne faut pas quitter l'île. Hors de l'île , le monde est un endroit effrayant.Des messages de peur se gravaient inconsciemment dans les esprits,contrôlaient les actes : ça ressemblait à s'y méprendre aux méthodes douteuses appliquées dans les sectes .Les sectes qui pratiquaient le lavage de cerveau enfermaient leurs adeptes dans des pièces exigües,où dans des endroits privés de musique,pour leur enfoncer le message dans le crâne. Ils se servaient d'images terrifiantes,où de l'extase procurée par les stupéfiants ,pour fourrer dans la tête des gens une vérité unique.
Dans le cas d'Ogishima, cela faisait cent cinquante ans qu'on se répétait ça de génération en génération. On pouvait presque parler d'un lavage de cerveau quotidien .
Une fois parvenu à ce point de mon raisonnement,j'ai entendu mon ventre gargouiller,Todoroki m'a regardé ; j'ai regardé mon ventre,puis j'ai lancé cette question:
" Pourquoi Yûgo n'a -t-il pas pu prévoir qu'il allait être assassiné ?
--Nous autres ,on ne pas savoir ce que pense un épouvantail" à répondu Todoroki.
Logique ,en effet.( Page 220/221).
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