Clous est un recueil de poèmes en deux parties:
la première, la plus importante, regroupe les poèmes qu'
Agota Kristof avait écrit avant de s'exiler en Suisse, donc des poèmes de jeunesse datant des années 50-60 qu'elle a perdu en quittant la Hongrie et qu'elle a fini par réécrire de mémoire des années plus tard.
La deuxième regroupe quelques poèmes écrits en Suisse, certains dans sa langue natale et les derniers directement en français une fois qu'elle a commencé à suffisamment maîtriser la langue pour l'utiliser à l'écrit.
La première partie, qui donne son titre au recueil, évoque implicitement la guerre, la mort, le deuil, l'exil, avec un lyrisme qu'elle évitera plus tard. J'ai aimé le côté onirique voire réalisme magique de certains des poèmes qui sont tous, sans exception, empreints de douleur et de détresse. le blanc et le noir sont deux couleurs dominantes, je ne sais plus où j'avais lu que le blanc est la couleur de la dépression... rien d'étonnant quand on connait l'histoire d'
Agota Kristof, obligée de fuir son pays pour se retrouver ouvrière en Suisse, d'oublier sa langue pour en apprendre une autre. Ses poèmes pourraient être un accompagnement en filigrane de son autobiographie Analphabète, que je recommande vivement à celles et ceux qui s'intéressent à cette auteure.
Le style de ses poèmes se retrouve dans ses romans, d'ailleurs d'après la postface de
Marlyse Pietri, certains des vers se retrouvent dans ses écrits ultérieurs, que j'ai lu il y a bien trop longtemps pour m'en rendre compte.
Agota Kristof a vraiment un style personnel qui sort des tripes, du coeur, ça se sent tout de suite. C'est déprimant, oui, mais c'est d'une sincérité émouvante.