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EAN : 9782226245199
304 pages
Albin Michel (03/01/2013)
3.45/5   47 notes
Résumé :
En juillet 1923, Franz Kafka séjourne avec sa soeur à Müritz, petite station balnéaire de la Baltique. C'est là qu'il rencontre Dora Diamant. Il vient d'avoir quarante ans et il est gravement malade ; elle en a vingt-cinq, et elle est la vie même. Elle sera son dernier amour, probablement le plus accompli, certainement le plus poignant.
Michael Kumpfmüller s'est imprégné des journaux, de la correspondance et des carnets au point de se fondre dans l'âme et dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Franz Kafka n'a pas eu une vie facile et n'était probablement pas un auteur heureux ou comblé, d'ailleurs, sa reconnaissance n'est arrivée que sur le tard, presque de façon posthume. À quoi alors ont dû ressembler ses dernières années ? C'est à ce questionnement que s'est attaqué récemment Michael Kumpfmüller. La réponse ? Dans la maladie et les problèmes financiers, comme bon nombre de grands auteurs et artistes, déterrés et portés aux nues un peu trop tard. Mais aussi et surtout dans l'amour. C'est La Splendeur de la vie.

Dans la dernière année de sa vie, Kafka se sentait vieux et affaibli. Pourtant, il venait seulement d'atteindre la quarantaine ! Lors d'un séjour dans une petite station balnéaire, il rencontre Dora Diamant, une jeune juive polonaise de vingt-cinq sans situation. Apparemment, c'est le coup de foudre pour les deux. Dora devient la compagne de Kafka et les deux s'établissement à Berlin. Mais les ennuis financiers et les problèmes de santé (un relent de tuberculose, l'insomnie, les migraines, etc.) sont autant d'obstacles que la famille-même de l'écrivain. Finalement, après quelques déménagements, Kafka est envoyé dans un sanatorium par ses proches, qui rendent la vie difficile Dora (horreur, une Juive de l'Est !), l'écartant dans les derniers moments…

Tout cela, c'est ce que révèle la correspondance de Kafka, sur laquelle s'est appuyé Michael Kumpfmüller pour écrire ce roman. Je dois admettre ques le début ne m'a pas emballé : ce n'est pas mon genre de lecture, les amours improbables d'un vieil homme amoindri avec une jeune femme de presque la moitié de son âge. Assez hors normes ! Même si je n'y croyais pas, je m'y suis accroché et, finalement, les preuves d'amour de Dora, indéniables, m'ont convaincu. Pourtant, et à cause de cela, c'était une lecture parfois lourde. Voir décrit en long et en large les dépressions, la faiblesse, la maladie, c'était ennuyeux. Il faut admettre que le récit d'un homme malade n'est pas particulièrement palpitant. Ou bien c'était la plume de l'auteur ? Difficile à dire, je n'ai encore rien lu d'autre de lui. Alors, j'essayais de me rappeler qu'il s'agissait du grand Kafka, après tout ! Et en espérant quelques moments gais.

Au final, je suis tout de même content d'avoir lu La splendeur de la vie. C'est une belle et triste histoire d'amour. Aussi, un destin tragique, un vibrant hommage de la part de Kumpfmüller. Et cette famille qui rejetait Dora, eh bien, elle a péri dans les camps de concentration. Assez ironique, non ? Cette époque n'était pas que crise financière à Berlin et effervescence culturelle à Vienne ! L'antisémitisme flagrant se pointe à l'horizon… Mais ça, c'est une autre histoire.
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Comme l'indique le bandeau, Michael Kumpfmüller évoque dans La splendeur de la vie le dernier amour de Kafka. de ses amours, on connaît surtout l'incroyable passion qui le lia à Miléna Jesenska et qui laissa une correspondance reprise dans Lettres à Milena. Pourtant, onze mois avant son décès, l'auteur du Procès connut une dernière et bouleversante histoire d'amour avec une jeune femme de 15 ans sa cadette...

Été 1923 à Müritz, sur les bords de la Baltique. Dora Diamant, jeune femme polonaise de 25 ans monitrice dans un foyer pour enfants juifs, rencontre sur la plage un homme étrange, frêle, intriguant. Cet homme, c'est Franz Kafka, venu rejoindre sa soeur Elli dans sa maison de vacances pour quelques semaines. Il a 40 ans et souffre de tuberculose depuis plusieurs années. Une attirance subtile va tout de suite les rapprocher. Attirance qui se transforme bien vite en un amour sincère et profond. Si Franz n'en est plus à sa première relation sentimentale, Dora est une jeune femme encore préservée des déceptions et rudesses de l'amour. Pleine de vie et de projets, l'enthousiasme de Dora est communicatif et, bien que conscient de son état de santé plus que précaire, Kafka décide de la rejoindre à Berlin où ils entreprendront leur vie commune. Mais la réalité se révèle bien différente du rêve espéré. La République de Weimar est alors ébranlée par une crise économique et politique sans précédent, les idées nazies progressent. Or, Dora et Franz sont juifs tous les deux. Mais ils sont heureux et tout remplis de la "splendeur de la vie". Pourtant on le sait, la maladie aura le dernier mot.

Version romanesque de l'histoire entre Franz et Dora, La splendeur de la vie plonge dans l'intimité de ce couple hors norme, fragile et pourtant profondément lié. Sans rien masquer du caractère étrange et invivable de Kafka, Kumpfmüller réussit, en s'imprégnant des correspondances, des carnets et journaux de Kafka, à aller au-delà du mythe que représente l'auteur de la métamorphose et à les rendre tous deux bellement, tragiquement proches. Il les rend tellement réels qu'on semble vivre avec eux. Nous découvrons aussi les difficultés de la vie à Berlin, l'inflation galopante, les premières menaces contre les juifs, le rêve de partir vers la terre promise, l'effervescence culturelle de Vienne. Mais ce qui domine tout le livre c'est cet amour intense et cette lucidité rare qui fait que le temps, la maladie et finalement la mort n'ont pas de prise sur eux.

Un beau roman, qui révèle un visage de Franz Kafka que nous ne connaissions pas mais qui surtout rend un hommage à cette femme éblouissante qui aimera et soutiendra Kafka jusqu'au bout. Un roman à la fois lumineux et tragique, une ode à la beauté et la puissance de l'amour. Que l'on aime ou pas Kafka, on ne sortira pas indemne de ce vibrant récit.





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J'ai ressenti une impression étrange en lisant ce roman qui relate les derniers mois de la vie de Franz Kafka et sa rencontre avec Dora, jeune polonaise juive exilée .
Nous pénétrons dans l'intimité de l'écrivain, nous suivons son combat vain contre la tuberculose, l'urgence qu'il a dans sa manière d'écrire et ses relations dépendantes vis à vis de ses parents et de ses soeurs, comme s'il était un jeune enfant qu'il faut protéger.
Puis il rencontre Dora.
Il s'installe avec elle à Berlin,ce sera une belle mais brève parenthèse entre deux séjours en sanatorium et loin de sa famille si accaparante.
La crise à Berlin , la montée de l'antisémitisme, le rêve d'aller s'installer en Palestine sont également évoqués.
Le personnage de Franz Kafka est difficile à saisir, sans doute comme il était vraiment et comme on peut l'appréhender dans ses oeuvres.
La part belle revient à Dora qui se dévoue corps et âme et aime profondément et passionnément Kafka .
Même si j'ai un avis assez mitigé sur ce roman cela m'a donné envie de me (re)plonger dans son oeuvre et de découvrir en particulier la dernière nouvelle qui est évoquée ici: le Terrier .
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Récompensé par le prix Jean Monnet remis à Cognac en novembre dernier, ce roman est l'évocation intimiste et au jour le jour des onze derniers mois de Kafka. Kafka, le sombre, le mystique, l'écrivain juif aux idées fantasmatiques et à l'univers énigmatique, subitement nous devient accessible par les yeux et la grâce d'une femme de vingt-cinq ans, Dora Diamant. Elle est juive, originaire de l'Europe de l'Est, cultive la tradition yiddish et la langue aussi, qu'elle apprend à l'homme dont elle est tombée éperdument amoureuse un soir de 1923 sur une plage de la Baltique. La famille juive de l'écrivain, originaire de Prague, n'acceptera jamais cette liaison, le père de Kafka voit en « ces juives de l'Est » orthodoxes des femmes méprisables, arriérées. Prague, ville maudite. Il faudra que Frantz meure pour qu'enfin le Père accueille sa « presque  belle-fille », dans le chagrin et le désarroi. Quant au père de Dora, lui non plus ne donnera pas son accord au mariage, la mort était pourtant au rendez-vous, elle et allait frapper incessamment.

C'est une histoire belle et triste, douloureuse et longue comme la maladie qui ronge Frantz, cette tuberculose qu'on soigne avec de l'atropine pour calmer la toux et des injections d'alcool dans le sang (???). le couple déménage plusieurs fois, lui à chaque fois plus exténué et désolé, plus faible, plus maigre, il descend au-dessous de cinquante kilos, sa gorge est prise par la maladie aussi et il ne communique plus que par billets. Ce qui pourrait être une Dame aux Camélias au masculin se transforme en long poème tendre et doux, où les coeurs et les corps se répondent sans avoir besoin de beaucoup plus qu'une présence. Dora aura accompagné son amour vers la mort, elle lui aura insufflé la force et la joie de sa jeunesse, sans rien s'épargner, sans espoir non plus d'être un jour « reconnue » comme la femme de Kafka. Elle a été la dernière de ses amantes, après la fiancée Felice, abandonnée dès la découverte de la maladie, après Milena, l'amante tchèque à qui il écrira de nombreuses lettres (publiées). Dora, l'ultime secours, celle qui l'aide dans cette République de Weimar de 1923 où l'inflation galope (on le paie de ses nouvelles le jour J, le lendemain le montant de sa rémunération chute invraisemblablement, il faut des millions pour acheter du charbon, des milliards pour se loger!), qui résiste devant les réticences des soignants et logeuses parce qu'ils ne sont pas mariés, Dora, le dernier recours qui ramène sa dépouille à Prague.
Dora, qui vit et meurt seule à Londres en 1952, pauvre et oubliée.

Pour compléter et chercher un autre regard, il faudrait lire la biographie de Dora Diamant faite par son homonyme Kathi Diamant en 2004, livre couronné d'un prix lui aussi mais que Kumpfmüller ne cite pas, pas plus qu'il n'indique clairement ses sources, ce qui est dommage.
Je regrette qu'il ait si mal vécu sa présence à Cognac (cf article de Sud Ouest publié le 9/12/2013) et se soit montré très susceptible quant à l'accueil qui lui a été réservé. Son livre est un beau livre qui laisse une impression à la fois d'une grande douceur et d'une insurmontable tristesse. On est sensible aussi à l'écriture (et à la traduction) (la presse parle d'écriture « photographique »), sans emphase, comme une voix blanche qui simplement énonce et décrit faits et situations.
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La splendeur de la vie raconte l'histoire d'amour entre Kafka et son dernier amour : Dora Diamant. Il a 40 ans, elle a 25 ans …Il est malade, souffrant de la tuberculose, elle est pleine de vie. L'attirance est présente dès leur rencontre, et se transforme en amour profond au fil des conversations. On vit ici les dernières années de Kafka, l'alternance des points de vue permet de mieux comprendre ce que chacun ressentait et surtout de voir à quel point Dora comprenait bien Franz. A travers la narration, on redécouvre aussi le Belin des années 20-30, avec la crise financière et les soucis que cela engendre. On assiste également à la montée du nazisme, qui préoccupe particulièrement Dora et Kafka, tous les deux juifs. Ils envisagent d'ailleurs l'émigration en Palestine.

La vie avec Kafka n'est pas idéalisée et si Dora l'aime, elle se rend compte malgré tout que la vie de couple n'est pas conforme à ce qu'elle avait pu imaginer, même si ce n'est pas forcément négatif. Cependant la vie est difficile, Kafka est très malade et Dora doit endosser le rôle d'infirmière pour le soulager, l'aider, ce qu'elle fait avec une abnégation remarquable. Les proches de Kafka seront d'ailleurs étonnés de voir qu'il a réussi à trouver une compagne aussi exceptionnelle.

Ce livre m'a fait de l'oeil dès que j'ai vu qu'il allait parler de Kafka, écrivain que j'adore et de ses dernières années aux côtés de son dernier amour. Je voulais le lire, découvrir, et je n'ai vraiment pas été déçue !

Ce roman célèbre donc les passages heureux de la fin de vie de cet écrivain tout en rendant un hommage vibrant à Dora Diamant. Même si l'on connaît la fin avant de lire l'histoire, on est touchés, émus à la lecture de cette fin tragique, de cet amour, du dévouement …

A découvrir …
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critiques presse (2)
Lexpress
22 janvier 2013
Michael Kumpfmüller parle du désir et de la pudeur, de la pureté et du doute avec grâce et finesse. Roman vibrant et d'une rare beauté, La Splendeur de la vie évoque une rencontre qui tient du miracle.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
14 janvier 2013
Tout l'art de Kumpfmüller consiste à arrimer son récit à ces détails concrets qui donnent plus à voir qu'à comprendre. La Splendeur de la vie tient tout entier dans l'accumulation de ces gestes dénués de toute psychologie, de ces postures presque impersonnelles des corps, montrant sans l'expliquer la force irrépressible d'un amour "qui se passe de mots"
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Si elle devait raconter sa vie, elle ne noterait que des petits riens car le bonheur, estime-t-elle est le plus grand quand il est fait de toutes petits choses, elle est heureuse quand il lace ses chaussures, quand il dort, quand il lui passe la main dans ses cheveux.
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Si l'on peut mourir de bonheur, cela m'arrivera sans nul doute, et si le bonheur peut maintenir en vie, alors je resterai en vie.
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On peut écrire une histoire sur des animaux alors qu’il n’est en réalité pas du tout question d’animaux, ils ne sont qu’un exemple, de même que le je n’est qu’un exemple, et cette fois, dans un certain sens, il écrit sur lui-même. La cantatrice ne joue qu’un rôle secondaire. Il s’intéresse davantage au regard de la foule, au public qui se laisse séduire par ses artifices tout en sachant qu’ils n’ont qu’une signification très restreinte, et qu’ils n’en auront pas davantage après sa mort, car le jour viendra où le chant de Joséphine s’éteindra de lui-même.
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Rien n’est plus beau, que d’être seule avec lui dans la chambre, chacun occupé à sa propre tâche, car cela lui rappelle Berlin, les soirs où il écrivait en sa présence. Il y avait une sorte d’intensité dans le silence, quelque chose de religieux et de léger à la fois tandis qu’il écrivait, penché sur la table, les premières semaines, quand elle avait encore presque peur de ce qu’il faisait, de son travail.
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Il ne va pas bien, pourtant il écrit sans relâche depuis quelques jours, une histoire sur le chant ou plutôt sur le sifflement, car il s'agit d'une histoire de souris. Et c'est presque le bonheur retrouvé, là, dans cette chambre avec Dora, qui est assise sur le canapé et le laisse dans sa bulle, peut-être que c'est la dernière fois, en ce moment tout a un parfum de dernière fois.
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