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sur 2444 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jean de la Fontaine ( 1621-1695 ) est un des grands écrivains du XVIIe Siècle . Ce grand auteur doit sa notoriété, et elle très grande, à ses Fables et contes .
Dès son jeune âge , il se nourrit de la lecture de Virgile , d'Horace , Rabelais et Esope , le grand fabuliste grec de l Antiquité Classique . Il dit leurs vérités aux grands du monde de l' époque ou pour décrire la malice , la rouerie des gens, l' hypocrisie ou leur bonté : il faisait parler les
animaux .
Un critique a dit de lui : " Jamais auteur ne s' est mieux peint dans ses livres . Doux, ingénu , naturel ,sincère , crédule ,timide , sans ambition , sans fiel , prenant ,tout en bonne part , il était , dit un homme d' esprit , aussi simple ,
que les héros de ses fables .C' était un véritable enfant ,
mais un enfant sans malice " .
A l' époque de l' auteur , à L' Académie française a éclaté " la querelle des Anciens ( Les Classiques ) et des Modernes .
Les premiers ayant pour chef de fil Boileau et les seconds ont Charles Perrault. Boileau et ses amis prétendaient que la perfection artistique est atteinte avec les Grecs et les Romains .
Charles Perrault soutenaient qu' il n' est rien et soutiennent le mérite des auteurs du siècle de Louis XIV et disent qu' il faut innover que chaque époque lui correspond un contexte dont il faut tenir compte et qu' il décrire tel qu' il est .
Dans cette querelle , La Fontaine s' est rangé aux côtés des Anciens ( des Classiques ) .
La Fontaine un grand écrivain et les Fables une merveille !
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Il y a trois bonnes raisons à ma venue sur Babelio en ce 3 janvier, oui vous avez bien lu, trois, le nombre de Rois Mages. Coïncidence ? Je n'crois pas. Mais voyons ensemble ces trois raisons avant de rentrer dans le vif du sujet :

1. Je n'ai plus que quelques heures pour pondre une critique de mon énième roman brillamment gagné au dernier Masse Critique (ou celui d'avant j'suis perdu m'en fous). Eh oui, je suis à la bourre et fidèle à moi-même, mais c'est à cause de mon fils, il est prenant dirons-nous. Bah quoi ? Les gosses ça sert à avoir des excuses non ?

2. Je sais que je vous manquais donc je vous devais bien un petit détour par ici pour vous faire coucou et accessoirement rigoler un coup. Et vu que vous me demandez oui vous m'avez manqué, mais un tout petit peu.

3. Qui dit nouvelle année dit meilleurs voeux. Pour qui me prenez-vous ? Je suis un gentleman. Bonne année mes mignonnes et mes mignons, j'vous souhaite le meilleur et surtout la santé pour vous et vos proches.

Allez fini de tailler le bout de gras, passons aux choses sérieuses. Aujourd'hui je vais vous parler des Fables de Lafontaine, mais d'une édition en particulier, celle de Tom-Pousse (d'ailleurs je les remercie chaleureusement et leur envoie plein d'amour). Il s'agit d'une version illustrée agrémentée de dessins magnifiques qui subliment une poésie déjà culte, si culte d'ailleurs que je ne reviendrai pas sur la qualité incroyable de ces textes qui n'ont pas pris une ride (comme vous d'ailleurs mes chères amies Babelio, vous êtes ravissantes).

Attendez, faisons pause quelques secondes. Il est vrai que je suis parti du postulat que tout le monde connaissait cette oeuvre majeure mais si jamais il y en avait qui ne savaient pas de quoi nous parlions, soit vous êtes un(e) complotiste survivaliste qui vit reclus(e) dans une grotte perdue au fin fond de l'Auvergne (coucou à mes voisins au passage je n'ai rien contre vous, mais vous êtes simplement moins nombreux que les vaches dans votre coin), soit vous appartenez à la société amish. Sur ce dernier point je vous arrête tout de suite hé ', je n'ai rien contre les barbe j'en porte moi-même une. Bon, finalement et après réflexion, dans tous les cas vous ne pouvez pas lire ma critique. Oublions donc cette digression.

En fin de compte pas besoin d'épiloguer, les fables n'ont pas changé en 30 ans, les dessins d'illustration sont superbes et, en bonus, il y a une version audible qui est jointe et ça, c'est vraiment sympa car oui, ce détail va être un sérieux atout pour les jeunes parents en détresse qui n'en peuvent plus de lire et relire encore et encore à longueur de journée ces *§!+#& de bouquins à leurs enfants. Eh oh, je suis très calme rassurez-vous. Et je suis un père aimant. Si si.

Sur ces belles paroles empreintes d'amour, je vous souhaite (encore) un heureux début d'année 2024. Bisous.

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Jean de la Fontaine, fêté récemment à la grande librairie avec Eric Orsenna et Michel Onfray et des comédiens, était-il poète , moraliste ou philosophe ? C'est finalement Michel Onfray qui avança l'idée qu'il était libertaire et philosophe, et qu'il avait largement usé de poésie pour y glisser une morale, son art de vivre.

C'est peut-être le loup et le chien qui définit le mieux cet homme, qui ne prêtait pas une importance essentielle à sa tenue, mieux sa prestance. Donc le loup est séduit par le discours du chien, félicité, vie facile d'abondance jusqu'au moment où il découvre que celui-ci doit porter un collier : "je ne voudrais pas même à ce prix un trésor, cela dit, Maître Loup s'enfuit et court encore. (page 4)"

Il eut le bon goût de s'attacher les grâces de Fouquet, puis de la duchesse d'Orléans, avant de devenir l'hôte de Mme de la Sablière jusqu'à sa mort, puis l'hôte du couple d'Hervart à Bois-le-Vicomte. Il s'enfuyait comme le loup mais il trouvait refuge. Et Madame de la Sablière de s'écrier « je n'ai gardé que mon chien, mon chat et La Fontaine. »

On ne trouvera donc pas dans sa vie de choses singulières, plutôt un gentilhomme épris de liberté, voire de désordres, et beaucoup de légèreté. On se riait de lui, et il fut pour les moqueurs la fable du quartier. Passé l'âge de 37 ans il était inconnu, ignorant son talent.

Jean de la Fontaine a le goût de la nature et sa charge de Maître des eaux et forêts l'y invite. Fouquet qui le reçu lui demanda : "savez-vous lire et écrire ? En êtes vous sûr ? Je vous inscris comme poète à tout faire"  . Sur ce il recevait de la main du poète une « ode à la paix », « la paix fait nos souhaits, et non point nos soupirs ».

L'on trouve chez Jean de la Fontaine, ce trait qui colore souvent l'ambiance de ses fables, le loisir, le goût de ne rien faire, d'observer la nature.Dans une missive à Jean Racine il avoua ; "le loisir que mes affaires me laissent, ce n'est pas la poésie, c'est la paresse qui l'emporte."
On trouve aussi ce motif , "je le trouvais dormant sur un lit de pavots, les songes l'entouraient sans troubler son repos."

Chez Jean de la Fontaine il y a cette indépendance d'esprit qui va le conduire à réaliser la plus époustouflante création poétique, guidée par sa pétillante intelligence, et sa philosophie libertaire, «  la véritable grandeur est de régner sur soi-même, et le véritable plaisir de jouir de soi ». Sa morale pourrait être synthétisée en quelques mots, éviter les filous et cultiver son champ, prudence et exigence, une morale universelle.



Ajoutons qu'il entretenait dans ses fables un amour charnel pour la nature, "je vis des plantes, je vis des arbres, je vis des cristaux liquides, je vis des animaux et des hommes."


Fallait-il que j'égratigne le poète, qui me semble pour la gent féminine montrer parfois un peu de misogynie ?
Pardonnez moi donc de lever le voile sur deux fables : ainsi, « Deux Coqs »
"Deux coqs  vivaient en paix :
Une poule survint et voilà la guerre allumée.(page 152)"
puis dans « Les femmes et le secret » : 
" Rien ne pèse tant qu'un secret :
Le porter loin est difficile aux dames,
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes... (page 174)"

Malgré ces piquants propos, rien n'est plus délicieux à lire que ces fables, qu'un seul vers, vous soit servi, c'est la suite qui se lève, tant ils ont été sus, comme le laboureur que mon père savourait.
« Travaillez prenez de la peine c'est le fonds qui manque le moins », évoquons « la poule aux oeufs d'or » chère à Luchini, ou le Héron;  "L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours, La commère la carpe y faisait mille tours...(page 148)"

Ainsi convient-il de saluer le créateur de l'esprit français, au style sublime et percutant, lui de conclure par :
L'épitaphe de la Fontaine par lui-même
Quant à son temps, bien sut le dépenser ;
deux parts en fit, dont il voulait passer
l'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.

Lu ces Fables de Jean de la Fontaine
librairie illustrée Jules Tallandier éditeur paris 1906
12 livres 130 fables (BNF)
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Il est bien difficile de parler des Fables de la Fontaine sans parler de soi. Elles rappellent les premières fois où on les a rencontrées, elles réapparaissent, comme des jalons, aux moments importants d'une vie, pour peu qu'on ait affaire à la jeunesse et à la littérature. Elles sont aussi des objets d'études savantes remarquables, parmi lesquelles il suffira de citer les travaux de Marc Fumaroli. Les spécialistes de stylistique, les universitaires, les étudiants, se penchent sur le prodige d'art littéraire qu'elles sont, sous la patine de l'habitude. On les met en scène au théâtre, on les illustre, on les tisse pour décorer les intérieurs, et on les cultive dans les jardins à la française... sous forme de buis ou de statues. Que dire de plus ? Simplement une remarque, ma dernière impression en date de lecture d'une fable : chacune est un poème, à savoir une somme de pensées, de mots, de sons, de rythmes qui concourent au plaisir du lecteur. Paul Valéry définissait le poème comme "une fête de l'intellect" : c'est bien l'effet provoqué par les Fables, effet dont le souvenir demeure quand tout le reste est oublié.
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Les fables où les hommes sont travestis en animaux mettent en relief les relations humaines au sein d'un monde où règne l'injustice, les conflits d'intérêts : la Cour du Roi, où chacun se prend d'ambition comme nous le dit La Fontaine dans « Le berger et le roi ». L'amitié se fait difficilement, lorsque l'orgueil, l'amour-propre, nuit à autrui. « Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose. Rien n'est plus commun que ce nom ; Rien n'est plus rare que la chose. ». La Fontaine, dans la fable XVII du livre IV, « Parole de Socrate » met en scène le philosophe antique et en fait le porte-parole de la sagesse, afin de nous mettre en garde contre les personnes qui se réclament être des amis, sans l'être. La Fontaine nous demande de ne pas nous fier aux apparences, de nous écarter des faux-semblants. Les courtisans, au sein de la Cour de Louis XIV, se présentent comme des amis, alors qu'ils n'agissent le plus souvent que par intérêt. Les amitiés sont souvent feintes ; par conséquent les relations se font et se défont, l'ami peut même devenir un ennemi. Il y a trahison lorsque la relation n'est pas sincère. En effet, l'amitié n'est qu'apparence dans la fable XXII tirée du livre VIII « Le chat et le rat » qui nous présente une relation semblable . La Fontaine, de manière ironique, aux vers 13 et 14 nous rappelle que le chat emprisonné dans les rets, est le « mortel ennemi » du rat. Le chat, pour se tirer d'affaire, appelle le rongeur à l'aide avec cette apostrophe : « Cher ami » ; le chat est au vers 41 qualifié d'hypocrite. La Fontaine insiste sur la perfidie de l'animal qui caresse le rongeur de ses propos afin de l'attirer à lui ; il serait d'ailleurs sans doute prêt à manger son bienfaiteur. Le rat lui apporte son aide, en vue des circonstances mais il s'éloigne cependant, et nous donne la morale de la fable : « S'assure-t-on sur l'alliance Qu'a faite la nécessité ? » L'amitié, l'amour, ne sont pas que des passions, des sentiments, puisque leur analyse permet d'accéder au domaine de la raison. L'amitié sert aussi une réflexion éthique  ; puisqu'il s'agit comme nous le dit Aristote de trouver en quoi l'ami peut se rendre utile ; en quoi il sert à la fois d'agrément, tout en servant la vertu : ainsi décrit-il les différents stades de l'amitié dans l'Éthique à Nicomaque. Les Fables apparaissent comme diverses variations du rapport à l'autre. Il s'interroge sur le statut d'autrui, capable de susciter souffrances et jouissances. Il s'agit d'appeler à la défiance nécessaire à toute relation au sein de la cour ; il apporte aussi une réflexion éthique et politique à travers le cycle des amis et des amants puisqu'il nous propose dans certaines fables la vision d'une société idéale.
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Je profitais d'une visite au Salon du Livre et des Publications Jeunesses de Montreuil pour chercher un cadeau à faire à deux gamins lors d'une soirée Téléthon. J'ai craqué devant Les fablesDe La Fontaine, illustrées par Joann Sfar.

D'abord, Les fables, c'est indémodable. Comme disait Hergé, "ça se lit de 7 à 77 ans" ; j'ajoute "et même plus !". Moi je feuillette toujours mon vieil exemplaire avec plaisir (mais je n'ai pas encore 77 ans !) tout en me remémorant La cigale et la fourmis, le lièvre et la tortue ou le héron (au long bec emmanché d'un long cou...) que j'ai appris à l'école primaire... il y a bien longtemps.

Si on y ajoute le trait et les couleurs pastel de Joann Sfar, ça devient un régal ! Bien meilleur que le fromage que maître Renard finira par dérober au corbeau.

Et comme chez La Fontaine (et Esope), la tortue, qui n'a pas beaucoup d'atouts, réussit quand même à gagner devant le lièvre, comment vouliez-vous que je ne craque pas ?
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Je ne vous ferai pas l'injure de vous demander qui a écrit les "Fables de la Fontaine", ni les "Contes de ma mère l'Oye", ni le "Roman de la momie", chacune de ces oeuvres a bien sûr été écrite par ... son auteur respectif. Pour les "Fables", c'est bien évidemment Jean de la Fontaine, ça coule de source. Depuis notre jeune âge, nous avons été abreuvés de ces petits joyaux animaliers, à la morale limpide, qui ont étanché notre soif de connaissance, de sagesse, d'humour, de finesse, bref, vous êtes au courant.
"Le corbeau et le renard", "La cigale et la fourmi", "Le loup et l'agneau", "Le lièvre et la tortue"... voilà trois siècles et demi que l'Arche de Noé du Père La Fontaine nous accompagne, avec son cortège d'animaux tour à tour malins ou stupides, avec ces images immortalisées par les dessinateurs, Gustave Doré, en particulier, avec cette poésie immédiate, d'une simplicité renversante, qui parle tout de suite à l'esprit et au coeur, avec enfin cette profondeur de vue, qui à travers l'allégorie, révèle au grand jour les petits travers de l'âme humaine...
Si vous le voulez bien, sortons un peu de ce lot de fables ultra connues, que nous avons étudiées à l'école, certainement récitées, parfois ânonnées, et attardons nous un peu sur quelques-unes moins connues, mais tout aussi savoureuses : connaissez-vous "Les femmes et le secret" ? C'est une fable où un homme teste la capacité de sa femme à tenir un secret : il feint d'accoucher d'un oeuf et demande à sa femme de garder le silence. On devine la suite. Et ce n'est pas une fable à l'encontre de nos charmantes compagnes (n'est-ce pas messieurs), puisque l'auteur déclare :
Rien ne pèse tant qu'un secret
Le porter loin est difficile aux dames
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes.

Une de mes préférées est "Le Chat, la belette et le petit lapin" : une belette et un lapin se disputent un terrier. Cherchant un jugement équitable, ils se tournent vers un juge impartial, un chat, qui, nouveau Salomon, les met tous les deux d'accord :

Aussitôt qu'à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre.

Il y a quelque chose de magique, ne trouvez-vous pas, dans cette osmose entre le propos et sa manifestation écrite, entre ce que veut dire ou suggérer le poète, et la façon dont il le dit. on avancera sans doute l'art poétique, qui est certain, la profondeur et la noblesse de l'inspiration (souvent puisée chez les Anciens, mais pas seulement), on mettra en avant un savoir-faire particulier aux beaux esprits de ce siècle (voyez Molière), il reste que pour le lecteur, de quelque époque qu'il soit, une fable De La Fontaine reste un enchantement.

Un dernier mot sur la "morale" qui clôt généralement chaque fable : ce n'est jamais une morale politique, ni religieuse, c'est juste une morale "au coin du bon sens" que chacun peut appréhender sans arrière-pensée. Les petits défauts, les travers que dénonce La Fontaine sont le fait aussi bien des grands que des petits, des bons que des méchants, ils sont le fait d'hommes et de femmes comme nous : La Fontaine est un moraliste certes, mais un moraliste humaniste.

Et un sacré conteur, je ne vous dis que ça...

Tiens, justement, rappelez-moi de vous parler un jour des "Contes en vers" écrits par notre auteur : si subtilement, si délicieusement, si merveilleusement… coquins !
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Comme beaucoup, j'ai découvert les Fables de la Fontaine à l'école, au primaire. Et là quelle surprise de découvrir que non seulement mes parents, mais aussi mes grands-parents avaient appris les mêmes fables quelques décennies plus tôt. Cela a suffi à piquer ma curiosité et à me faire offir le recueil pour que je puisse lire les autres fables et j'ai beaucoup aimé ces courts textes moralisteurs mais drôles.
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C'est toujours avec un sentiment très particulier que je reviens vers les Fables de Jean de la Fontaine. Elles sont inséparables du souvenir de mes premières lectures, du par-coeur qu'écolier on nous imposait pour ensuite les réciter devant la classe, des illustrations qui les accompagnaient… Jamais l'imaginaire de l'enfance ne fut autant sollicité que par ces fables, que par tous ces animaux et cette nature doués de parole et d'action, que par cet univers si particulier.
Si les souvenirs de l'enfance font leur chemin, c'est encore avec une vraie curiosité que je les relis aujourd'hui.

La Fontaine est-il un moraliste ou un poète ? Davantage un poète selon moi. Dans ce qu'il considérait lui-même comme un divertissement, un badinage, un « enjouement », il fait dans ses Fables un usage de la rime et d'un style qui sont proprement poétiques.

Aussi attachantes soient-elles, étrangement, les Fables portent chacune en elles un moment de tension, un jeu de pouvoir, un rapport de force. Deux ou plusieurs protagonistes se rencontrent qui font entendre un désaccord, une rivalité que leur nature, leur position leur imposent. de cet antagonisme, La Fontaine en tire une leçon de morale particulière où triomphent bien plus souvent la force et la ruse, que le bon droit.

La Fontaine est un moraliste sans tout à fait l'être. S'il se sert des fables pour imposer la question morale sur de nombreux thèmes qui touchent aux caractères humains (la vanité, la duperie, la colère, la naïveté, l'imprévoyance, la flagornerie, etc.), il ne répond que sur leurs conséquences, sans jamais les blâmer tout à fait. Ce qu'il faut penser du loup qui menace l'agneau, du renard qui dupe le bouc ou encore de la fourmi impitoyable face à la cigale, etc. La Fontaine n'en dit rien. Il laisse au lecteur la possibilité d'en décider : « En toute chose, il faut considérer la fin. »

« LE RENARD ET LE BUSTE

Grands, pour la plupart, sont masques de théâtre ;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre
L'Ane n'en sait juger que par ce qu'il en voit.
Le Renard au contraire à fond les examine,
Les tourne de tout sens ; et quand il s'aperçoit
Que leur fait n'est que bonne mine,
Il leur applique un mot qu'un Buste de Héros
Lui fit dire fort à propos.
C'était un Buste creux, et plus grand que nature.
Le Renard, en louant l'effort de la sculpture :
Belle tête, dit-il; mais de cervelle point.
Combien de grands Seigneurs sont Bustes en ce point ? »

Un singe et un dauphin, un lion et un âne, un lièvre et une tortue, un loup et une cigogne, un rat et une huître,… Autant de rencontres improbables qui nous rendent les animaux des Fables, tous doués de parole, vraiment fascinants. Si La Fontaine met en scène d'autres personnages, tantôt tirés de la mythologie romaine, tantôt du monde paysan ou de la Cour, chacun d'eux nous parait comme familier. le récit, la fable poétique nous tient cependant comme à distance d'eux, pour que nous puissions mieux les considérer chacun. Une manière pour l'auteur de magnifier tous ses personnages, de les rendre inoubliables, mais aussi de surprendre et d'édifier le lecteur-spectateur. C'est un précieux héritage que nous a laissé Jean de la Fontaine.

« Bornons ici cette carrière.
Les longs Ouvrages me font peur.
Loin d'épuiser une matière,
On n'en doit prendre que la fleur.
Il s'en va temps que je reprenne
Un peu de forces e d'haleine
Pour fournir à d'autres projets.
Amour, ce tyran de ma vie,
Veut que je change de sujets :
Il faut contenter son envie.
(…) »

.
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Juste pour causer...ces fables,je les ai récupérées en sabir,,et je me pisse de rire à chaque fois que je les lis,avec l'accent,et à voix haute!
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