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EAN : 9782864246312
269 pages
Editions Métailié (30/11/-1)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Il est difficile de se construire à seize ans, on en meurt parfois.
Laure et Olivier sont partis sur la route, en stop, pour échapper à la violence de leur vie familiale, ils ont fui l’enfer. Max les a suivis mais lui, ses parents l’aiment, ce sont juste des parents ordinaires, une vie ordinaire. Jetés dans un monde ennemi, ils connaissent la misère des squats, la saleté, la promiscuité, et parfois ils rencontrent l’horreur, l’indicible.
Anna, elle, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pourquoi cet emprunt? D'abord Métailié, gage de qualité, et ensuite David le Breton, mieux connu par ses livres non fiction sur la marche et autres thèmes ( Eclats de voix Marcher / Eloge de la marche ). Un polar, pourquoi pas, allons-voir...

Qu'ont en commun Thomas, professeur de sociologie à Strasbourg, en congé pour se remettre d'un divorce et d'enquêtes sur les guerres de Bosnie et Rwanda, Laure, jeune fugueuse en squat et Ana forcée de se prostituer? Plus qu'on ne croit, à l'aide de coïncidences parfois un poil trop nombreuses. Ana en effet vient de l'ex-Yougoslavie, et est tombée sous la coupe d'un proxénète ancien chef de guerre. Laure a aidé Thomas après une agression et l'a hébergé dans son squat; lorsqu'elle disparaît, Thomas se lance à sa recherche, pensant que sa disparition est liée à celles de Leïla et d'autres jeunes de même profil, sans foyer, en squat, en errance peu prévisible, des proies rêvées pour qui ne veut pas avoir la police à ses basques. Il va découvrir tout un monde de crimes.

Vous l'avez compris, c'est une ambiance très noire et avec peu d'espoir a priori, même si nos trois héros s'en sortent après avoir frôlé la mort. L'écriture est assez froide, des détails difficiles sont donnés, mais heureusement sans trop appuyer (et c'est bien suffisant!). L'ambiance des squats, des cafés, est bien rendue, on sent un vrai fond de documentation sur les événements dans les Balkans, le monde des squats, des jeunes abusés dans leur enfance, en rupture familiale. Finalement je pense que c'est sur tout cet univers fort éloigné du mien que j'ai aimé en apprendre un peu plus, j'y ai senti une justesse de ton.

Pour chipoter, je dirai que l'identité du responsable premier des crimes m'a étonnée, son nom (en a t-il changé?) les circonstances où il a reçu sa cicatrice (est-il revenu sur le terrain de la guerre à ce moment-là?) et bien des liens entre Ana et Thomas, par exemple. Fallait-il se centrer sur les jeunes disparus? J'ai aussi trouvé que Thomas décelait un peu vite la raison pour laquelle les jeunes étaient attirés, alors qu'une histoire entendue plus tard dans ses recherches aurait suffi à le mettre sur la piste.

" Les livres étaient un refuge. Il lui arrivait de se demander pour combien de temps encore. Dans l'univers de Melville, en ce moment, il reprenait ses marques. Et des milliers d'autres livres pourraient encore pour un temps alimenter cette mise à distance. Non pour déserter le monde mais pour y retourner plus fort. On revenait plus solide au coeur de la tempête. Ils étaient une sorte d'oeil du cyclone."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Laure et Olivier, 16 ans, n'ont pas d'attache, un centre de gravité, tout au plus, en la ville de Strasbourg. Ils errent de squats en squats, leur horizon temporel s'arrêtant à l'immédiateté des besoins du présent. Ana, quant à elle, a fui la misère et la violence des Balkans. Mais en France, elle est confrontée à cette même déshérence avec la prostitution. de son côté, Thomas ne parvient pas à oublier les atrocités auxquelles il a assisté, impuissant, dans les pays de l'est. Insidieusement, leurs chemins vont se rencontrer, à la faveur de disparitions soudaines de jeunes squatteuses. le monde des sans attache est un réseau interlope dans lequel oeuvrent des âmes malfaisantes et sans scrupule.

« Mort sur la route » est le premier roman de David le Breton, professeur à l'Université de Strasbourg et docteur en sociologie. Ses thématiques de recherche portent, entre autres, sur la sociologie du corps et la dimension symbolique de la relation que l'homme entretient à son corps. Il a exploré également la question des conduites à risque, de la douleur. Son roman a reçu le prix Polar Michel Lebrun.
L'intrigue oscille entre deux versants, celui d'une noirceur qui nimbe l'ensemble d'une brume opaque, mais aussi celui d'une quête effrénée d'un ailleurs, d'un au-delà, d'une rédemption, qui apporte quelques lueurs dans la grisaille. L'auteur sait tenir habilement cet équilibre délicat malgré les nombreuses stagnations de l'enquête conduite par Thomas. L'histoire est captivante, maintient en haleine, en croisant trois trames, vouées à une rencontre détonante.
Dans ce roman noir, l'auteur vient mettre en scène et en fiction les thématiques de recherche qu'il mène et qui le portent. En ce sens, il me semble que la distance entre ces deux champs – fiction et recherche – reste trop ténue, ce qui se ressent dans le style : les interprétations des faits sont parfois trop appuyées, là où l'ellipse, l'implicite auraient été préférables. Plus globalement, l'écriture reste assez conventionnelle, les métaphores souvent convenues.
Pour autant, « Mort sur la route » reste un roman noir captivant qui présente la peinture d'une adolescence en souffrance, marquée par la quête de soi et la douleur de grandir dans un monde hostile.
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J'ai emprunté ce roman par hasard (je cherchais un autre livre de ce Monsieur) à la bibliothèque médicale de Bourg-en-Bresse. Et comme souvent avec ce genre de livres piochés « à l'aveuglette » dans un rayon, celui-ci fut une excellente surprise.

Pour moi, il se rapproche plus d'un récit ou d'une étude sociologique que d'une simple fiction. Et c'est justement toute sa force de profondeur. C'est un roman sobre et précis à la fois.

Si vous vous attendez à sursauter dès la première ligne, à vivre par procuration romanesque une aventure époustouflante d'irréalisme, vous pourrez passer votre chemin. Sauf si, en plus d'un bon divertissement, vous cherchez à nourrir votre curiosité du monde qui vous entoure.
Alors, vous vous glisserez, douillettement installé dans votre fauteuil, dans la peau de gens comme il en existe tant. Ces personnes rongées par le monde, par le rejet, par la mise au ban de la société, par la culpabilité d'avoir eu plus de chance que tant d'autres...
Vous ferez un voyage touristique dans ces « non-lieux », ces « non-existences », ces « à côté de vous » en suivant des lignes de chemins délicatement tissées, entremêlées, enchevêtrées. Tous ces fils déroulés tout au long de ce roman, très ancré dans les réalités historiques et sociétales, se rejoignent dans un final digne d'un bon petit thriller. le lecteur est tenu en haleine jusqu'à la dernière page.

Ainsi, mes premières impressions quant au manque de suspense se sont vite invalidées, et j'ai fini par adorer ce mélange « délicat » (ironie) de réalité et de fiction. Tout comme les courses poursuites et les courses contre la montre dans les rues strasbourgeoises. Comme quoi, il n'est point besoin d'être un auteur de polars pour en réussir un. Il suffit juste d'être un fin observateur de la société, DES sociétés qui nous entourent, du monde et de ses lois.
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Fiction typique d'un chercheur ou spécialiste de tout poil qui s'essaie au polar. On les comprend bien tant l'exercice est séduisant. Il faut cependant dire que le résultat varie bien souvent sans que la qualité intrinsèque dudit auteur soit remise en cause. On peut être un excellent journaliste/médecin/flic mais pas forcément un bon auteur. L'inverse est certainement encore plus vrai.
David le Breton, éminent professeur-chercheur, sociologue dans le domaine des représentations du corps, met en scène à Strasbourg, sa ville d'adoption, une kyrielle de disparitions inquiétantes de jeunes sdf, une terrifiante mafia venue des Balkans et ce que l'on croit être son alias, un brave professeur en disponibilité qui soigne comme il le peut un stress post traumatique de missions sur site de guerre.
Autant le dire, je n'ai pas accroché à l'intrigue cousue de fil blanc et je me suis vite ennuyée, emportée par le doux ronronnement provoqué par une structure littéraire mécanique par trop répétitive et attendue. Bien que construits sur des observations de terrain, les personnages ont du mal à exister. Quand il y a peu de tension dans un polar, pas beaucoup de rythme, une atmosphère inexistante et des personnages désincarnés, il ne reste plus grand-chose. Seule, la déambulation dans Strasbourg m'a retenue jusqu'au bout.
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Plus docu-fiction que roman, ce récit du socio-anthropologue David le Breton nous livre une enquête très dure sur le monde des squats où se perdent des nombreux jeunes en rupture familiale mais également un éclairage sur les réseaux mafieux en lien avec les nationalistes d'Europe de l'Est et des Balkans. Récit sombre avec des scènes de violence qui sont néanmoins relatées avec mesure pour rester soutenables au niveau de la lecture. Une mise en lumière des pires exactions commises sur des jeunes, qui font froid dans le dos.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Le reste du temps il disposait de la clé de la maison et du frigidaire pour se débrouiller. Il ne manquait de rien, comme lui avait dit une fois sa mère qui lui trouvait l’air un peu triste et le rabrouait à ce propos.
– On t’a toujours tout donné.
Ce jour-là il eut envie de lui répondre que ce n’était pas cela qu’il attendait, mais il s’était arrêté ne sachant pas vraiment ce qu’il attendait d’eux.
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Les livres étaient un refuge. Il lui arrivait de se demander pour combien de temps encore. Dans l'univers de Melville, en ce moment, il reprenait ses marques. Et des milliers d'autres livres pourraient encore pour un temps alimenter cette mise à distance. Non pour déserter le monde mais pour y retourner plus fort. On revenait plus solide au cœur de la tempête. Ils étaient une sorte d'oeil du cyclone.
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p. 219 il y avait cette contradiction insupportable entre la beauté du monde et l’âpreté des relations entre les hommes. Difficile de s’abandonner en toute confiance à l’apaisement.
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Ailleurs, certains journaux, au Brésil, en Grande-Bretagne, auraient publié les photos les plus sordides du meurtre, éventuellement un gros plan montrant l'impact de la balle, ils auraient saisi le visage de l'homme emporté dans la mort et affiché à la une les images des proches effondrés.
La sobriété de la photographie montrait seulement l'absence et elle était terrible. Elle ne donnait pas un visage à la mort, elle la laissait planer sur les tables vides et les tasses abandonnées. Elle ne saisissait pas le crime mais un lieu où le crime se dissimulait, c'est-à-dire partout, sur n'importe quelle terrasse de café, là où n'importe quel lecteur pouvait s'asseoir pour lire son journal.
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Il est difficile de trouver l'origine d'une histoire, les événements viennent de loin. Ils contraignent à l'humilité. Chaque homme y ajoute son grain de sable. Des milliers de fils se croisent en s'ignorant les uns les autres, et puis un jour ils se nouent ensemble et constituent une histoire si quelqu'un la raconte.
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Vidéo de David Le Breton
Emois et résonances de la première toilette des élèves aides-soignants
Avec la participation de Éric FIAT, David LE BRETON, Pascale MOLINIER, Patricia PAPERMAN Voir plus [+]
La combinaison de récits de toilettes par des apprenants aides-soignants et d'articles réflexifs par des universitaires reconnus rend cet ouvrage innovant et incontournable pour comprendre les enjeux du respect de la pudeur dans le soin de la toilette aussi bien du côté du patient que de celui du soignant.

La première toilette constitue un rite initiatique à l'issue duquel on devient soignant. Si le respect de la pudeur des patients représente un enjeu majeur de l'enseignement du soin, qu'en est-il de la pudeur des soignants ? Cette thématique inédite est au coeur de cet ouvrage où, grâce au travail du récit, chaque fois unique et singulier, des élèves engagent leurs mots et représentations dans la confrontation de leur propre pudeur avec celle de l'autre. Ils et elles participent à l'émergence d'une voix, d'une culture, d'un discours sur le soin qui contribue à la reconnaissance de leur métier et de sa complexité psychique.
Ces savoirs expérientiels combinés à des savoirs d'experts reconnus en sciences humaines révèlent les dimensions aussi bien éthiques qu'existentielles présentes dans la pratique du soin de la toilette. Loin d'être une tâche simple aux techniques vite apprises et acquises, celle-ci participe à ce geste éthique majeur : le respect de la dignité humaine.
Avec la participation des élèves de l'IFAS.
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