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EAN : 9782234092624
120 pages
Stock (09/02/2022)
4.25/5   6 notes
Résumé :
"L'un et l'autre rappelaient aux oublieux ce que le XXe siècle avait de fascinant et de monstrueux. Aller à leur rencontre c'est découvrir les deux visages de l'entre-deux-guerres, qui vit l'avènement des dictatures de tous bords. Le premier, Hô Chi Minh, avait un parcours qui épousait un siècle de guerres. Il avait été l'homme de Dien Bien Phu, le résistant contre l'armée française, puis contre les GI.
Le second, Ossip Mandelstam, assassiné par les sbires de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je ne rate jamais la sortie d'un livre de Linda Lê. Je reconnais, sans détour, en être une admiratrice sans limites.
Cette fois, le titre fait directement allusion à l'un des protagonistes et Linda Lê met en exergue ceci : « Non, de personne jamais je ne fus le contemporain je n'ai que faire d'un tel honneur ». Ossip Mandelstam, le Livre de 1928.
« Chez Nguyên Ai Quôc, on trouve une culture, celle de l'avenir.  Ses gestes nobles et sa voix grave me font penser au futur et à la perspective d'une fraternité mondiale immense comme un océan ». C'est ce qu'a écrit le poète russe Ossip Mandelstam, en 1923, suite à sa rencontre avec le jeune patriote Nguyên Ai Quôc (le pseudonyme du président Hô Chi Minh [Source de lumière] de l'époque).
Le point de départ est donc ce constat de l'autrice : « Hô Chi Minh comme Mandelstam ont tous deux été d'irrémédiables étrangers, inaptes à s'accommoder avec ce qui manque d'intransigeance dans cette existence. »
« Le portrait qu'il fit de Nguyen le Patriote était un travail mi-journalistique, mi-personnel. Peut-être ne voyait-il là que le moyen de grappiller quelques roubles, mais cette rencontre, si surprenante qu'elle pût paraître, mettait au jour tout un pan de la personnalité de Mandelstam. »
C'est donc un double portrait croisé en quelque sorte que propose Linda Lê et qu'elle croque avec subtilité et sensibilité littéraire.
Toujours aussi érudite et documentée, elle fait également preuve d'une très bonne connaissance du Vietnam.
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Livre difficile à lire, sûrement difficile à écrire. Très érudit et bien documenté.
Prenant appui sur un entretien qui eut lieu en 1923 entre Ossip Mandelstam et Hô Chi Minh, alors tous deux sans renommée encore, Linda Lê tente un parallèle entre leurs futures gloires, bien différentes l'une de l'autre.
Aucune comparaison n'est recherchée, sinon la forte conscience que l'un et l'autre ont de leur destinée : « le vacarme de la gloire les rattrapera » (p138).
Peut-être Linda Lê parvient-elle par ce récit à lier deux parts d'elle-même ; la poésie (russe notamment) et le Vietnam dans leur permanence.
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critiques presse (1)
LeMonde
28 février 2022
L’écrivaine construit son œuvre sur ses lectures. « De personne je ne fus le contemporain », qui raconte une entrevue entre Ho Chi Minh et Ossip Mandelstam, est ainsi marqué par le poète russe comme par Claudio Magris et par le philosophe méconnu Carlo Michelstaedter.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Otto Freundlich, exécuté à Sobibor en 1943, avait lui aussi fui devant les nazis. Il conçut durant ses derniers jours la maquette en carton d’un Phare des sept arts. C’était le testament de l’auteur de la mosaïque Hommage aux peuples de couleur : il cherchait à traduire, à travers ce Phare, l’idéal d’un monde qui aurait conservé l’esprit du siècle des Lumières et demandé à des artistes sans compromis d’être les guides de leur époque.
(p. 153)
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Ils se souciaient peu, Hô Chi Minh et Mandelstam, de la réputation qui leur était faite. Le premier, paria, combattant, stratège meneur d’hommes, devint le libérateur auréolé d’une gloire qui, sur le tard, semblait lui peser. Le second, démiurge blessé, traîna sa mauvaise réputation jusqu’à sa mort, jusqu’à ce qu’une fosse commune reçût sa dépouille.
(p. 144)
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Mandelstam ne faisait corps qu’avec la poésie, se transformant au fil des ans en défenseur de la seule liberté qui lui restait, la liberté d’incarner une littérature frondeuse, au risque de payer ce qui était aux yeux des hommes de Staline un crime méritant châtiment. Hô Chi Minh ne faisait corps qu’avec l’obsession de délivrer coûte que coûte son peuple et, au-delà, tous les peuples asservis, des soi-disant civilisateurs. Il ne faisait corps qu’avec une certaine conception du nationalisme : un Vietnam souverain serait, croyait-il, un Vietnam où l’amour de la patrie rimerait avec l’amour de la liberté.
(pp. 113-114)
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Lorsqu’il rencontra le jeune Hô Chi Minh, Mandelstam se doutait-il que les idéaux de ce frère jaune seraient trahis par ses successeurs qui appliqueraient à la lettre les principes de la terreur stalinienne ? Hô Chi Minh avait-il la plus petite idée des épreuves par lesquelles était passé son interlocuteur, loin d’être acquis à ce qu’il découvrait avec un enthousiasme certain : le mirage d’une société prétendument égalitaire mais en réalité impitoyable envers ceux qui, comme lui, ne cachaient pas leur dissidence ?
(p. 131)
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Rien, écrivait Mandelstam alors qu’il était en relégation à Voronej, ne saurait le museler, il continuerait à inscrire ce qu’il avait loisir d’inscrire. L’essentiel, pour lui, était de ne pas entrer totalement en dissidence avec la vie, quand il pouvait encore s’accrocher à ce qui le rendait presque heureux, comme de lire la foule solitaire des étoiles. François Villon était son guide, traduire Dante, ce maître instrumentiste de la poésie, lui permettait d’apprendre l’italien. La langue étrangère, dit-il, était sa coquille : longtemps avant d’oser venir au monde / je fus lettre d’alphabet. Il ajoutait : Je fus le livre dont vous aviez rêvé.
(p. 78)
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