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EAN : 9782259278560
256 pages
Plon (27/08/2020)
3.14/5   105 notes
Résumé :
Pour la première fois, j’ouvre les portes de mon Amérique, celles de la Californie où je vis depuis une quinzaine d’années, où j’enseigne la littérature française, mais aussi où j’écris tous mes romans. L’opulence de Santa Monica, l’âpre condition des minorités de Los Angeles, le désespoir des agglomérations environnantes, mais également l’enthousiasme d’une population qui porte encore en elle le rêve américain, c’est aussi mon histoire aujourd’hui.
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Alain Mabanckou écrivain congolais vit aux Etats-Unis depuis 2002 . Aprés quatre ans passé à se geler les c....... au Michigan, en 2006 il arrive en Californie, engagé comme professeur de littérature de langue française à UCLA. Il commencera par habiter dans la jolie ville côtière de Santa Monica, pour la quitter finalement pour le centre ville de Los Angeles.
Vu ce qui se passe depuis un mois dans ce pays, ce livre tombe dans le vif du sujet: le racisme. Outre ce sujet brûlant de par tous les temps, Mabanckou, nous donne un bref aperçu des Angelinos ( habitants de Los Angeles ), fana du bien manger, du mieux vivre, et culte du corps. Comme toujours chez les américains tout ou rien, fast-food ou l'autre extrême d'une diversité surprenante, végétaliens avec graines, algues et champignons à la carte, des lacto-ovo-végétariens qui acceptent oeufs et lait, des vegans qui refusent même de porter des chaussures en cuir.... une liste sans fin , trop compliquée pour moi 😆 !
Un regard aussi sur la ville multiculturelle , avec son quartier "Little Éthiopie" et ses nombreux restaurants dont la plupart, éthiopiens ou érythréens, Koreatown, le coréen étant une des langues les plus parlées dans le centre de Los Angeles......
L'auteur agrémente le tout d'anecdotes intéressantes et divertissantes de son propre vécu, dont celle de son livre « Lettre à Jimmy », classé dans la section « Gay Literature » dans une librairie du centre-ville. Pourquoi ? Tout simplement parce que ca parle de James Baldwin.......au cas où vous auriez envie de l'acheter en anglais à L.A. 😊...
J'y ai aussi approfondi mes connaissances sur “La société des ambianceurs et des personnes élégantes”, plus connu sous l'acronyme SAPE, croisée à une exposition de la Fondation Cartier en 2015 à Paris. Ce mouvement culturel et de société originaire des Congos (République du Congo et République démocratique du Congo), dont fait partie Mabanckou, est un courant comparé au dandysme, et ses adeptes appelés les sapeurs s'habillent chez les grands couturiers, et pratiquent la sapologie. Ces « Parisiens » vivent des mois avec qu'une seule idée en tête: accumuler tenues et chaussures pour la « Descente »😎, la descente au pays ! Incroyable, quasi une religion ! le reste je vous laisse découvrir.
Noir, adjectif en voie de devenir tabou, négritude, frustration d'avoir la peau noir.....sont les thèmes récurrents de ce livre que l'auteur aborde avec légèreté et impartialité à travers le prisme des afro-américains, des congolais, des franco-congolais. Pour en finir , on y croise un sujet encore plus actuel, le coronamachin, vu que le livre est tout récent.
J'ai passé un excellent moment avec ces rumeurs d'Amérique, qui me prouve encore une fois la singularité de ce pays de fiction , je vous en souhaite de même !

“Le seul mérite des bagnoles américaines, c'est qu'on peut transporter des cadavres dans leur coffre sans avoir à en replier les jambes. "
Frédéric Dard ( San Antonio )

Grand merci pour l'envoie de ce livre aux Éditions Plon et NetGalleyFrance
#rentreelitteraire2020#NetGalleyFrance
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L'auteur, depuis son balcon d'un quartier de Los Angeles qu'il habite depuis peu, ayant passé plus d'une dizaine d'année à Santa Monica, ville qu'il adore mais qui sans doute manque de métissage, écrit sur son Amérique.

Dans ce livre, je me suis sentie comme une abeille qui butine ici ou là ou une poule qui picore par ci par là. Je me suis promenée dans l'Amérique de Mabanckou. Au gré des chapitres, on croise, entre autre, le boxeur Mohamed Ali, les écrivains James Baldwin et Ernest J. Gaine, le basketteur Kobe Bryant, ou encore des rappeurs. Un chapitre est consacré à une discussion qu'il a avec son fils Boris autour du rap. Un autre nous fait rencontrer son amie Pia Petersen, écrivaine danoise et un peu plus loin, ce sera Rokaya Diallo qui lui rend visite et dont il retranscrit certains souvenirs.
Beaucoup de sujets sont abordés, notamment l'alimentation, la politique, la condition physique, Hallowen (qu'il déteste), le Boston terrier, la mode vestimentaire et les Sapeurs, le rap, le sport où à défaut de suivre les matchs de football non retransmis aux Etats-Unis, il s'est rabattu sur le basket et supporte ardemment l'équipe des Lakers. Puis à la fin, le coronavirus fait son entrée, of course, ainsi que Dany Laferrière, qui clôt ce roman, non, ces rumeurs (dixit l'auteur).

Souvent, j'ai eu l'impression qu'Alain Mabanckou cherchait à rééquilibrer la balance raciale qui penche encore significativement du côté blanc en mentionnant et mettant en exergue un grand nombre de personnalités noires, connues ou non. Il évoque également les rapports quelquefois nuageux entre les Noirs Américains et les Noirs Africains, comme en témoigne cette phrase prononcée par le père d'une ex petite amie "Non seulement ils nous ont vendus, mais en plus ils veulent épouser nos filles !".

Au final, j'ai passé un agréable moment de lecture en compagnie de Mabanckou qui au fil de courts chapitres et avec un regard quelque peu décalé, son regard, m'a fait pénétrer, sur la pointe des pieds, son Amérique tantôt à travers des anecdotes privées, tantôt au travers de l'actualité du moment ou d'évènements passés. Un patchwork de situations oscillant entre le sérieux, le futile et la légèreté, toujours avec élégance. Merci à Babelio et aux éditions Plon pour ces rumeurs reçues dans le cadre d'une opération masse critique.
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Alain Mabanckou, écrivain d'origine congolaise, vit en Californie depuis 15 ans (Santa Monica d'abord, Los Angeles ensuite) et enseigne dans cet état. Dans ce texte, il revient sur ses quinze ans en Californie, tout en nous parlant de l'actualité : la Covid, le confinement en France, les proches, touchés par la maladie. Actualité américaine aussi, avec Trump, son élection, et les réactions qu'elle a pu susciter, la sécheresse en Californie, et le travail des gouverneurs successifs pour gérer au mieux tous les problèmes.
Sujet brûlant entre tous : le racisme. Il est question de la violence faite aux Afro-américains, de la peur, qui est toujours là quand une intervention policière est en cours, de la place des SDF dans la ville, à la périphérie de la ville, de ses personnes (les chiffres sont effarants) qui vivent quasiment dans des campements de fortune : l'autre visage de l'Amérique, celui que l'on ne voit jamais.
Alain Mabanckou est professeur, et s'il nous parle de son enseignement, il nous parle aussi de culture dans ce livre. Il nous parle des écrivains américains, ceux qui parlent de ce sont on n'a jamais parlé avant eux, je pense à James Baldwin, à Ernest J. Gaines, des auteurs qui ne sont pas là pour être plaisants, mais pour dire. Il nous parle aussi des écrivains contemporains, comme Pia Petersen, et des personnalités engagées de notre temps. La culture, c'est aussi le rap, et le sort violent qui est souvent celui des rappeurs (agression, prison, mort parfois). Il nous parle du basket ball, de LeBron James et de Kobe Bryant, élégant jusqu'au bout envers celui qui a dépassé son propre record – Kobe Bryant et sa fille, à qui hommage est rendu aussi.
La culture, c'est aussi pour moi la bien-nommée SAPE (La société des ambianceurs et des personnes élégantes), cette passion pour les vêtements et l'élégance, les codes qui la régissent, ce sujet est d'autant plus intéressant que l'on n'en parle pas souvent.
Ces « rumeurs » furent très agréables à lire, par leur richesse, leur variété, leur questionnement aussi, entre sujets graves et le fameux « culte du corps » des californiens, sans oublier les restaurants et les cafés qui ne sont pas toujours des modèles d'équilibre diététique. Paradoxe californien ? Oui, un peu.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Alain Mabanckou a publié son roman Rumeurs d'Amérique lors de la rentrée littéraire 2020. Roman disons-nous ? Ce n'est peut-être pas le meilleur qualificatif puisqu'il s'agit en réalité d'une suite d'anecdotes vécues dans son quotidien américain. À travers ce récit, la petite histoire se mêle à la grande et il profite de ces quelques pages pour partager sa connaissance et son regard sur la culture de son nouveau pays au regard de ce qu'il connaît déjà : le Congo et la France.

RUMEURS D'AMÉRIQUE EN QUELQUES MOTS
Les anecdotes sont déposées là, au regard du lecteur qui reçoit des bribes d'une culture américaine mêlée aux croyances africaines et à la culture française. Il raconte, à travers des anecdotes courtes, ce qu'il appelle ses rumeurs d'Amériques. Elles portent sur différents sujets tels que la vie menée par les Américains et leur culte du corps et de l'alimentation. Il explique alors les heures passées dans les salles de sport et la multiplication des restaurants végétariens, vegan, etc. Il raconte aussi des anecdotes sur le rappeur américain que son fils adore et le concours entre eux de celui qui sera informé le premier de ce qu'il se passe dans le pays de l'autre. Outre ses sujets, il parle de son chien, de ses amis, de ses balades et surtout de son appartement, à Santa Monica puis à Los Angeles où il adore écrire. Et il parle de style, de ses vêtements et de la Sape qu'il arbore fièrement.

L'auteur nous fait découvrir un monde des vivants bien réglé et celui des morts, plus sombre qu'il n'y paraît. Ainsi, il n'est pas rare de passer d'un chapitre sur les suicidés et "la peur des ponts des morts" à une anecdote sur la demande intéressée de celui qu'il appelle "son neveu", selon les conventions de sa culture mais sans conviction. Ou alors, nous passons de la mort d'un de ses amis ou d'une de ses conquêtes amoureuses à la visite d'une amie de longue date.

DESCRIPTION ET HISTOIRE D'UNE AMÉRIQUE PERSONNELLE
Ce roman exploite donc des tranches de vie de l'auteur pour nous décrire le climat américain tel qu'il est perçu par Alain Mabanckou. Il s'agit d'ailleurs probablement plus des rumeurs d'une Amérique que de l'Amérique. C'est probablement pour cette raison que la transmission de ce récit reste des rumeurs, celles d'un américain non-natif qui traverse l'histoire de ce pays à travers le filtre de la culture congolaise et française.

Cette vision personnelle de l'Amérique est accentuée par la couleur de peau de l'auteur : en tant que noir d'Afrique, il n'est pas accepté par les noirs d'Amérique et les blancs n'hésitent pas à avoir des préjugés sur lui, très vite oubliés grâce à son style vestimentaire si particulier et son métier : enseignant à l'Université.

C'est donc l'histoire de l'Amérique noire qui est retracée, avec ses figures phares oubliées ou peu connues. Ce roman a au moins le pouvoir de ramener sur le devant de la scène les auteurs et artistes de la culture noire effacée par la société. En effet, Alain Mabanckou n'hésite pas à montrer comment les monuments réservés à son ethnie disparaissent sous l'amas de bâtiments touristiques sans valeur historique.

UN AUTEUR QUI PASSE D'UN EXTRÊME À L'AUTRE : RICHESSE ET PAUVRETÉ DANS UN CONTRASTE DÉRANGEANT
Alain Mabanckou fait sans nul doute possible parti de la bourgeoisie américaine. Il côtoie à la fois la riche société et les rues pleines de sans-abri. Alors, il peint d'un chapitre à l'autre cette société luxueuse pleine de préjugés racistes, se réconfortant en apercevant un Africain intellectuel bien habillé et la pauvreté absolue, dont les victimes sans le sou restent valeureuses. Toutefois, l'argent amène aux dérives du culte du corps et de l'alimentaire tout comme la valeur morale des sans-abri conduit parfois à des comportements dangereux dans le but de défendre et sécuriser sa "zone".
[...]

DES ANECDOTES QUI NE RESTENT QUE DES RUMEURS
Globalement, je n'ai pas ressenti grand-chose à la lecture de ce roman. Au début il ne me déplaisait pas sans que j'y trouve un grand intérêt. Toutefois, au fil des pages, de plus en plus de chapitres un peu prétentieux m'ont dérangé. J'attendais peut-être plus de ce récit qui n'exploite pas du tout l'anecdote à sa juste valeur. En effet, l'anecdote demeure un superbe tremplin pour transmettre une connaissance, une image ou un contenu quel qu'il soit. Seulement, dans ce roman, les anecdotes n'apportent rien, elles participent à créer ce que l'auteur appelle ses rumeurs. Derrière, il n'y a ni analyse, ni outil de critique, ni rien à dire en soi.

En effet, il parle de son chien Moki pour écrire un billet sur le fait que la race de celui-ci soit typiquement américaine, il parle des morts et de la fascination pour Halloween des Américains pour faire ressortir que ceci n'est pas dans sa culture congolaise. Il exploite le manque de tolérance de certains Américains pour faire comprendre qu'il reste mieux intégré que la plupart des gens car il est bien habillé et qu'il s'agit d'un intellectuel. Ces rumeurs ne sont peut-être pas celle de l'Amérique, mais plutôt de ce que veut bien transmettre l'auteur sur sa propre personne.

Je regrette donc qu'il n'utilise pas ses anecdotes et rumeurs pour en faire quelque chose de plus transcendant qu'un portrait personnel de ce qu'il est devenu en tant qu'américain. Il me manque une critique plus acerbe de ce qu'il vit au quotidien. Il existe parfois quelques phrases ironiques montrant un début d'avis sur les sujets qu'il aborde, mais ils sont effacés et trop neutres. Alors, où est le sel de l'Américain qui exprime haut et fort son avis ? En tout cas, il ne se trouve pas sur la plage où il s'est baladé avec bonheur en pensant rapidement que des migrants y vivaient un enfer…
Lien : https://culturelivresque.fr/..
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Découverte de cet auteur grâce à #NetGalley et aux éditions Plon, que je remercie.
Écrivain congolais, Alan Mabanckou a également vécu en France et est maintenant installé aux États-Unis, où il partage sa vie entre enseignement et écriture.
Il nous fait découvrir sa vision de l'Amérique avec de courtes anecdotes sur les parcs qu'il visite, le rap et les fusillades habituelles des règlements de compte, le régime alimentaire spécifique de Los Angeles.
Il glisse aussi ses pensées : des souvenirs de la culture congolaise lui reviennent lorsqu'il est confronté aux ponts ou à Halloween mais aussi son amour de la Sape.
Il nous parle des écrivains rencontrés, de la perception des Africains par les Afro-américains ("ils nous ont vendus!"), de la pandémie ou encore de son statut de "star" pour sa famille restée en Afrique.
Un rideau se lève sur cet homme que je vais maintenant découvrir à travers ses romans.
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critiques presse (1)
LeMonde
05 octobre 2020
L’écrivain congolais, qui enseigne à Los Angeles, refuse d’être cantonné à la dénonciation du racisme ou du colonialisme. Son nouveau et optimiste livre, en témoigne.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Los Angeles affiche partout le rêve du bien manger et du mieux vivre, comme en témoignent les publicités qui mettent en scène des stars glorifiant tel ou tel régime alimentaire, mais surtout elle a fait des substituts et des compléments alimentaires une des inventions les plus lucratives de notre époque. Ici, c’est l’empire des végétariens, des végétaliens avec graines, algues et champignons à la carte, des lacto-ovo-végétariens qui acceptent œufs et lait, des vegan qui refusent même de porter des chaussures en cuir, et la liste ne fait que croître avec les restaurants spécialisés qui ouvrent à tous les coins de rue. Sur Colorado Boulevard, Organix offre un menu complètement végétarien, vegan et, faut-il le préciser, sans gluten pour les clients souffrant du diabète........Face à cet enthousiasme pour la diététique, Humberto me dit : « Mais pourquoi n’arrêtent-ils pas tout simplement de manger au lieu de nous casser les pieds ? Parce qu’ils croient que les végétaux ne souhaitent pas vivre comme nous et qu’ils n’ont pas une âme ? »
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.....un petit dialogue datant des années 1950 entre un journaliste britannique et Jimmy. Le premier avait demandé à celui qu’on considérait déjà comme l’un des intellectuels et des écrivains les plus charismatiques du mouvement afro-américain :
 "À vos débuts d’écrivain, en tant qu’homme noir, pauvre et homosexuel, vous deviez vous dire : Mon Dieu, est-il possible d’être plus défavorisé ! "
Avec la finesse d’esprit qui le caractérisait, Baldwin* répondit, tout souriant : « Non. Je me suis dit que j’avais remporté la cagnotte. C’était si choquant qu’il était impossible d’envisager pire sort. Je devais donc trouver le moyen d’en tirer profit. »
*James Baldwin
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Mais rien n’y fait, en Amérique, je suis un Africain. Et je n’ignore pas davantage les nuages qui assombrissent mes rapports avec les Africains-Américains. J’ai entendu ici et là que, parmi ces derniers, certains nous reprochent, à nous autres venus d’Afrique, d’avoir eu des accointances avec les négriers qui avaient déporté leurs ancêtres. Nous serions par conséquent frappés éternellement du sceau de la complicité.
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Les amateurs d’Alain Mabanckou retrouverons avec plaisir l'élégant sapeur congolais suscitant à coup sûr l’admiration des assemblées devant lesquelles il se produit volontiers, à Kinshasa, à Brazzaville, au Collège de France, à l'Université de Californie (UCLA) ou sur les plateaux de télévision. L'analyse qu’il livre des codes de la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes est toujours aussi instructive et brillante, même si, à la réflexion, elle peut paraître un peu dépourvue d’esprit critique. Qui ne voit aussi dans cet exhibitionnisme vestimentaire ruineux la séquelle d’une fascination coloniale rémanente, avec sa dangereuse décoloration de la peau, devenue “jaune banane”, pathétiquement symétrique de la “black face” justement vilipendée outre atlantique ?. Qu’en eût pensé le Frantz Fanon de “Peau noire, masques blancs” auquel aime se référer Alain Mabanckou?
La science du professeur est distillée au fil de ces billets et du “name dropping” des auteurs francophones dont Mabanckou enseigne les oeuvres. Mais l’anthologie, bienvenue pour un public trop ignorant de cette littérature, tourne un peu à la notice wikipédia, ce qui n’est pas péjoratif pour l’encyclopédie, mais déceptif pour ce qui relève d’un écrivain, professeur et romancier.
On aurait pourtant tout lieu d’être séduit par son propos minimaliste d’une succession de billets d'humeur, rapportant des événements minuscules de sa vie, avec le dessein de réaliser un autoportrait familier et pointilliste, de lui comme du pays où il vit. Le lecteur peut ainsi, mêlé à une succession de notations familières, rentrer dans son intimité, dans ses appartements, se mêler à ses amis. Le philosophe Alain élevait le fait divers au niveau de la métaphysique. Mais notre Alain peine à le faire décoller de la banalité du quotidien, bien loin des “rumeurs d’Amérique” espérées.
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Dans la culture et la croyance populaire africaines, faire la charité à ces " déchets humains " apporte chance, santé et prospérité. En Afrique de l'Ouest, les mendiants bénéficient d'une sorte de " statut social ", encadré par les coutumes et les traditions. Ces hommes n'inspirent pas la pitié, mais le respect qu'on doit à ceux qu'on estime être les médiateurs avec nos ancêtres et nos dieux.
Malgré le déracinement, Babacar avait conservé de son pays natal un sens de la dignité qu'il poussait à l'extrême : il ne fumait pas, ne buvait pas, ne se droguait pas. Toujours équipé de sa bouteille d'eau, il s'empressait de remonter le boulevard, sitôt un billet en poche, pour entrer dans le Subway voisin et s'acheter un sandwich. Un clochard vertueux.
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