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EAN : 9782894060483
185 pages
Bibliothèque Québécoise (30/11/-1)
3.65/5   27 notes
Résumé :

"J'ai peut-être ben la face nouère pis la peau craquée, ben j'ai les mains blanches, Monsieur!" Ainsi parle la Sagouine depuis un quart de siècle - sans contredit la plus célèbre créature née de l'imagination d'Antonine Maillet. Mais la Sagouine n'est pas un rêve; elle est un être de chair et de sang, une pauvresse née près de la mer, qui ne sait ni lire ni écrire et passe ses journées ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Si la musique des langues régionales vous enchante, la pittoresque Sagouine vous ravira.

La Sagouine c'est une pièce de théâtre, le monologue d'une femme de ménage acadienne, une pauvre vieille qui n'a pas beaucoup d'instruction, mais beaucoup de sagesse.

Dans son langage particulier, la première personne du pluriel sert à toutes les conjugaisons : « je pouvons », « il pouvont ». de plus, le texte étant destiné à la scène, son écriture comprend tous les sons de l'accent ou des mots déformés : noir devient « nouère », plus devient « plusse ». Il faut parfois lire à voix haute pour en comprendre le sens.

Pour les savoureuses expressions locales, un lexique est heureusement fourni à la fin du livre, ce qui permet d'apprendre ce qu'est un « frolic », une fête, ou la « flatacoune », une bière de fabrication domestique.

Les Acadiens d'aujourd'hui ne parlent pas vraiment le langage caricatural de la Sagouine, mais on y reconnaît le même accent. Il se métisse aussi de chiac, mélange de français et d'anglais.

La Sagouine a connu une grande popularité au Canada, elle a fait l'objet d'une série télévisée et de très nombreuses parodies. Dans son Acadie natale, il y a même le « Pays de la Sagouine », une reconstitution historique destinée aux touristes.

L'ouvrage est devenu un classique, la femme de ménage est devenue une grande vedette, mais n'a rien perdu de son charme…
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J'étais à l'Université de Montréal et nous avions reçu une invitation pour le lancement d'un livre ou le début d'une pièce de théâtre.

C'était un événement mondain et nous discutions une coupe de vin dans la main lorsque...

Lorsqu'une femme de ménage entra dans la salle avec son seau et sa moppe et commença à débiter un monologue que personne ne comprenait.

Notre première réaction a été de nous tourner vers la porte, nous attendant à voir entrer la sécurité pour demander à cette ménagère de sortir.

Il n'en fut rien. Viola Léger continua son monologue. Peu à peu on s'est habitué à son accent et on a commencé à comprendre quelques mots.

J'ai acheté le livre, et à l'aide du lexique fourni à la fin du livre, j'ai commencé à déchiffrer ce que La Sagouine nous racontait.

J'ai relu le livre une deuxième et troisième fois. Non pas pour déchiffrer ce qu'elle disait mais pour découvrir de plus en plus la sagesse de cette femme.

Ce n'est pas parce qu'une personne "parle mal" qu'elle est une demeurée. Dans le cas de la Sagouine, j'en ai beaucoup appris sur sa vie, sur son entourage et sur la vie.
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Je dois dire, c'est difficile de juger la qualité de cette oeuvre. D'un point de vue technique, c'est un exploit; le dialogue acadien est authentique et parfaitement conservé sans non plus être incompréhensible ou gênant. La prose est bonne, fluide et, reflétant la pensée de la Sagouine, sait être extrêmement ingénieuse quand vient le moment pour l'être.

Non, mon malaise vient du fait du contexte. Pour qui et pour quoi a été écrit ce livre? Pour les Acadiens? Oui, on peut se le dire. Mais pour qui d'autre? Et pour quel raison a-t-il été écrit? Je sais que la Sagouine est basée sur une vraie personne, et jugeant par le contenu, je peux dire avec assurance qu'il doit s'agir d'un bel et humble hommage à cette dame. Mais quel est le vrai mérite de ce livre? Il est vrai qu'il y a des pépites de sagesse ici et là, des phrases bien tournées, des moments drôles, des moments touchants, mais le tout est moins grand que la somme de ses parties.

Je ne dis pas que je regrette ma lecture, loin de là, c'était inoffensif et pas déplaisant du tout. Mais je ne dis pas non plus que je le recommanderais à un ami, ou à la famille, ou à n'importe qui, d'ailleurs. Ce n'est pas un livre qu'on lit pour lire, si ça fait du sens. C'est le genre de livre qu'on doit activement rechercher et qu'on doit faire un effort conscient pour acquérir. le personnage a déjà été très populaire, mais je n'ai plus l'impression qu'on en entend très parler. Je ne sais pas si ça témoigne d'un intérêt en déclin ou de l'oeuvre qui n'est pas aussi intemporelle qu'on l'aurait jadis crue.

Il faut aussi se rappeler que, dans son effort pour être authentique, Maillet s'est dédiée à 101% et, ce faisant, a conservé des choses qui ne sont pas si savoureuses. le radotage incessant sur le Bon Djeu en est une, et le radotage en général, d'ailleurs, car le livre entier reste une série de monologues (limite diatribes). Et c'est à travers ces monologues qu'on discerne les pépites de sagesse, les blagues et les moments brillants, mais je me demande si ça vaut vraiment l'effort de patauger dans ces eaux tumultueuses et « malaisées » juste pour avoir ces quelques moments brillants. Je ne regrette pas d'avoir pataugé dans ces eaux, mais je ne trouve pas non plus que ça en valait particulièrement la peine – et ça, ça vient de quelqu'un qui voulait vraiment lire ce livre, qui voulait être éduqué et diverti. J'ai été éduqué, un peu, du moins, sur la vie des Acadiens de l'époque, mais le divertissement était dilué, et le tout, comme je l'ai dit, pèse moins que la somme de ses parties.

J'apprécie l'effort, l'honnêteté et l'approche directe de Maillet; elle a réussi à capturer avec brio l'époque, l'ambiance, le personnage et sa vie juste avec des monologues. C'est très bien réalisé, je me sens vraiment dans la cabane de la Sagouine, comme si je vivais avec elle. le problème, c'est que j'ai eu droit au positif et au négatif de tout ce que ça implique. Autrement dit, j'écoutais non seulement la Sagouine me faire la discussion, j'appréciais ce qu'elle me racontait, mais en même temps, je sentais ses poubelles, j'étais assis sur sa vieille chaise qui tangue et je grelottais dans sa maison mal isolée.

Mais la Sagouine s'assume et sait exactement ce qu'elle est. Maillet avait une idée claire en tête et elle a parfaitement mise sur papier cette idée, et pour ça, et en tant qu'écrivain moi aussi, je ne peux que l'admirer et l'applaudir, ce pourquoi je lui donne trois étoiles et demie. Elle a mon respect le plus total, rares sont les écrivains capables d'aller à 101% avec leur vision initiale, et encore plus rares sont ceux capables de tout capturer l'essence d'une époque et d'un peuple. Mais je crains que son dévouement total à la tâche soit aussi la raison qui m'empêche de la coter plus haute.

C'est le même problème que j'ai eu avec Un Coeur simple de Flaubert, et le même problème que Maupassant a adroitement évité avec Histoire d'une fille de ferme; le réalisme au dépens du reste, (le reste étant ce qui constitue un livre que la plupart des gens désirent lire).

Mais n'empêche, chapeau à Maillet, elle a énormément de talent, d'adresse, de finesse et de visou.
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Tout d'abord, il faut avertir le lecteur ou la lectrice que la narration ne se fait pas dans un "français de France". Ce long monologue est sciemment écrit dans la langue locale, idiomatique et populaire du Québec.
S'il convient d'accepter ce postulat dès le départ, les lecteurs français s'habituent petit à petit en retrouvant un écho lointain d'une langue commune et que l'écrivaine fait vivre avec succès dans son contexte. le décor et le personnage sont ainsi mis en place dans leur authenticité. En fin de compte, et grâce tout de même au lexique judicieusement fourni, le français de France arrive à suivre la pensée du personnage.
La Sagouine n'est pas un roman moralisateur mais une « pièce pour une femme seule ». Ce sous-titre original définit sans ambiguïté le défi d'Antonine Maillet.
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/11/09/antonine-maillet-la-sagouine/
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J'ai lu ce livre jusqu'au bout, mais avec beaucoup de difficulté, car il est écrit en patois, qu'on peut arriver à comprendre à force de persévérance, et grâce à des similitudes avec les patois de nos régions. Témoignage intéressant d'une femme qui raconte la dure vie qui fut la sienne dans une région francophone du Canada (Québec) au début du 20e siècle. Description d'une misère qu'on a du mal à imaginer et que la narratrice assume sans fausse pudeur
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Parsoune s'en vient non plus laver nos hardes. Ni coudre, ni raccommoder. Ils pouvont, ben nous trouver guénilloux : je portons les capots usés qu'ils nous avont baillés pour l'amour de Jésus-Christ. Par chance qu'ils avont de la religion : ils pensont des fois à nous douner par charité leux vieilles affaires. Leux vieilles affaires et leux vieilles hardes qu'étiont neuves un jour que ça nous faisait rêver d'en aouère des pareilles. Je finissons par les receouère pour nous payer nos journées d'ouvrage, mais quand c'est que j'en avons pus envie. Quand c'est que t'as vu dix ans de temps un chapeau de velours sus la tête d'une femme, au coumencement tu le trouves ben beau et tu voudrais ben l'aouère. Pis il coumence à cobir pis finit pas ressembler une crêpe de boqouite. C'est ce temps-là qui te le dounont. Ils te dounont des châles itou quand c'est qu'ils se portont pus, et des bottines quand c'est la mode des souliers. Ça arrive même qu'ils te dounont deux claques du même pied, ou ben un manteau trop petit où c'est qu'ils avont louté les boutons. Ils pou vont ben trouver que je sons mal attifés.

Lexique :
Bailler : donner
Cobir : bosseler
Capot : veste ou manteau
Boqouite : sarqazin
Guénillou : en guénille
Hardes : vêtements
Louter : ôter
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Pis vient un temps que tu jongles plusse parce que t’es pus aussi jeune que t’avais accoutume. Ça vient avec les années, ça la jonglerie. C’est peut-être parce que quand c’est que tu viellzis, t’as plusse de temps pour jongler… C’est malaisé à saouère.(p.55)

* jongler : réfléchir
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Les mauvais temps, ça finit tout le temps par passer… La meilleure chose, c’est de farmer les yeux et d’espèrer que les temps veniont bons.
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Il dit [Gapi] qu'il peut peut pas aouère d'enfer pour le pauvre monde, parce qu'ils l'avons eu sus terre, leur enfer.
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Mais il en demande trop, Gapi, c'est ce que j'y dis. Faut se contenter du sort que le Bon Djeu nous a fait. Et une parsoune peut pas tout aouère.
Gapi, lui, il dit...mais faut pas écouter Gapi"
Gapi, lui, il a pour dire que si le Bon Djeu est bon... Mais je le fais taire, Gapi...
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