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EAN : 9782070138739
372 pages
Gallimard (22/08/2013)
3.62/5   176 notes
Résumé :
Chaque matin, dans le café où elle prend son petit déjeuner, l'éditrice madrilène María Dolz observe un couple qui, par sa complicité et sa gaieté, irradie d'un tel bonheur qu'elle attend avec impatience, jour après jour, le moment d'assister en secret à ce spectacle rare et réconfortant. Or, l'été passe et, à la rentrée suivante, le couple n'est plus là. María apprend alors qu'un malheur est arrivé. Le mari, Miguel Desvern, riche héritier d'une compagnie de product... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 176 notes
Elle n'est au coeur de rien et pourtant elle est au centre de ce roman qui voit un couple « parfait» se briser sous la lame d'un couteau d'un déséquilibré. Elle c'est Maria Dolz, jeune femme travaillant au sein d'une maison d'édition, trop orgueilleuse et réservée pour interrompre le petit rituel de ce couple qui la fascine et qui se retrouve chaque matin pour partager le petit-déjeuner dans un café, face à elle depuis des années.
Témoin muette de ce bonheur, elle devient une oreille douce et attentive lorsque l'épouse Luisa devient veuve. Une volonté tenace de ne pas s'imposer de manière frontale mais un regard de biais et un sens de l'analyse subtile la conduisent à pénétrer l'intimité et les secrets inavouables de cette mort incompréhensible…


L'auteur Javier Marias offre un roman d'une complexité insoupçonnée. Dans le sillage d'un personnage tel que Maria, immobile, discrète, on tente de tracer des cercles de plus en plus petits autour de ce meurtre pour approcher la vérité car il suffit d'une rencontre avec Diaz-Varela le meilleur ami du défunt pour découvrir que la vérité se dérobe sous le poids de faux-semblants, d'attitudes ambigües ou de discours suspects.

Les doutes, les convictions, les déductions … on progresse lentement, à pas feutré dans ce qui ressemble à une descente lente et minutieuse dans les contorsions de l'âme de cette femme instinctive. Rien n'est gratuit dans ce roman. L'auteur n'expose jamais les faits au grand jour, il ne permet pas au lecteur d'interpréter avec certitude les évènements, les dialogues, les regards. La narration est emplie de zones d'ombre et de jugements silencieux qui élargissent le champ des hypothèses. C'est troublant, de nature à épuiser même la patience du lecteur lorsque l'écriture se fait parfois didactique ou ostentatoire dans l'analyse.
Il faut faire preuve de persévérance pour parvenir au bout de ce roman psychologique. Une fois passée les quelques moments de lassitude face à la prolixité des premiers dialogues et aux réflexions qui s'étirent à l'infini, il demeure étrangement une sensation d'envoûtement. Oui rétrospectivement il reste un univers entêtant car une fois qu'on se laisse guider par l'intuition et le sens de l'observation de Maria, et même berner par les manipulations des personnages, on est fasciné par leurs subtilités. Au-delà de l'histoire elle-même, c'est la part de mystère de ces personnages à l'élégance incorruptible qui suscite l'intérêt et déroule l'intrigue.
On est séduit par leur lucidité froide et leur érudition. La réflexion, la rhétorique, le recours à la littérature classique pour rappeler une certaine universalité leur confère presque une coloration surannée, à contre-courant de la littérature contemporaine.


Une fois le livre refermé on se dit que la plume de Javier Marias appartient à celles qui s'épanouissent dans la littérature de la lenteur et de la sophistication. On garde en mémoire sa faculté à saisir tous les ressorts psychiques de ses personnages, les intonations, les changements de voix, les regards suspicieux. Il excelle dans l'art d'égarer le lecteur dans tout ce qui est feint et artificiel.

Méticuleux, l'auteur espagnol ne laisse rien au hasard. Il signe un roman suffisamment dense, méditatif, sombre, exigeant pour apparaître éblouissant.
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Ce livre ne peut laisser indifférent. Je sais à qui je le conseillerais et pour qui je ne perdrais pas mon temps à essayer de le faire lire.

Si les longues phrases enfermant les méandres de pensées alambiquées vous rebutent, si vous vous sentez frustrés dés que vous n'êtes pas tenus en haleine par un récit vif et tendu, ce livre n'est pas pour vous.
A l'inverse si vous adorez vous laisser bercer par une prose magnifique, que vous avez pour manie de lire et relire une phrase sublime dés que vous en rencontrez une, pour vous en imprégner, peu importe si vous en perdez le fil du récit, et que vous restez souvent coincé entre deux pages, perdu dans vos pensées et réflexions, n'hésitez pas, il est pour vous !
Même si le récit est daté, j'ai cette impression que tout cela n'a aucune importance, que l'histoire est prétexte et comme hors du temps.
Prétexte à soutenir un style d'une beauté à couper le souffle.
Prétexte à poser les jalons d'une réflexion sur les vivants et les morts, sur la force de la littérature et sur l'amour, bien sûr.
L'amour des vivants qui finit toujours à enterrer celui des morts. Et ce temps qui court, efface et modèle nos sentiments et nos pensées... comme les amours.

Qualifier ce livre de roman, c'est laisser de côté toute une ribambelle d'autres étiquettes dont il n'aurait pas à rougir. La lecture est envoutante, par son style - beau, délié et prenant – et par ce cheminement de la réflexion que l'on suit pas à pas, plus que l'histoire elle-même : réf-lecteur et acteur au coeur du récit.

J'ai aimé cette ouverture sur deux chefs-d'oeuvre de notre littérature : « le colonel Chabert » De Balzac et « les trois mousquetaires » de Dumas, preuve s'il en fallait une, de l'importance de la fiction dans notre réalité : Quand la littérature nous aide à décrypter et comprendre nos vies, nous fait accéder à une vérité, claire et nette, plus sûrement que tout grand discours ou vaines explications.

« Ce qui lui arrive est secondaire, et ce qui se passe dans les romans est sans importance, on l'oublie une fois qu'ils sont finis. Ce sont les possibilités et les idées qu'ils nous inoculent et nous apportent à travers leurs cas imaginaires qui sont intéressantes, on s'en souvient plus nettement que des évènements réels et on en tient compte ».

Je me suis vraiment laissée embarquer dés les premières pages, contrairement à d'autres lecteurs, c'est la fin qui pour moi « tirait en longueur » ; j'ai un peu plus « peiné » sur les dernières pages et il me tardait d'en voir la fin. Est-ce que je me suis laissée rattraper par l'histoire et qu'alors, le style devenait trop présent ? Est-ce une sorte de lassitude ? Je ne sais. Mais cela n'a en rien gâché le plaisir que j'ai eu à découvrir cet auteur, dont la singularité est une expérience qui justifie à elle seule cette lecture.
Merci à Pirouette0001 qui a su éveiller mon intérêt par son choix pertinent de citations publiées sur Babelio et ses judicieux conseils.
Un auteur de plus découvert en suivant vos critiques, amis babéliotes ;)
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Le roman commence par l'image d'un couple parfait ou plus exactement par ce que perçoit Maria en regardant un couple. Ce couple, Luisa et Miguel Deverne, a l'habitude de prendre leur petit déjeuner dans un café. Maria aime les regarder, les admirer. À travers ce couple si "parfait", elle y puise son énergie pour la journée. Mais un jour Miguel Deverne disparait et elle apprend qu'il a été assassiné.
Bien que ce roman prenne ainsi la piste d'un policier , l'important n'est pas tant l'intrigue que la façon dont la mort prend place dans la vie. Javier Marias, analyse les pensées, les questionnements qui taraudent Luisa et Maria et met en exergue la complexité des rapports amoureux.
C'est un très bon moment passé avec Javier Marias que j'ai découvert avec ce livre, d'autres vont suivre...
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Madrid, un homme Miguel Desvern tombe sous les coups de couteau d'un SDF déséquilibré. Il laisse une épouse Luisa aimée et aimante et leurs deux enfants. Une femme , sans les connaître est profondément marquée par cette tragédie . Il s'agit de Maria Dolz , éditrice madrilène, qui sans les connaître les observait chaque matin quand ils prenaient leur petit déjeuner dans la même cafétéria . Un matin elle décide de se rapprocher de Luisa et de lui parler . Invitée chez elle elle y fait la connaissance de Javier Diaz-Varela, le meilleur ami de Miguel qui veille sur Luisa ...
Elle sera amenée à rencontrer à nouveau Javier et à au fil de leurs rencontres des zones d'ombre , des interrogations vont venir perturber cette relation.
Si vous aimez les phrases sobres et courtes, un rythme cadencé ,ce texte n'est assurément pas pour vous ! Par contre si vous aimez prendre le temps de lire , voir de relire certaines phrases dont la longueur frisent parfois l'insolence, si vous aimez les joutes verbales , les analyses de l'âme humaine, des motivations de chacun alors vous serez aux anges ! Un roman atypique à l'intrigue certes ténue mais surtout et avant tout une fable morale sur l'amour et la mort . Belle rencontre donc avec un auteur que je ne connaissais pas mais que je me promets bien de fréquenter à nouveau.
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María Dolz est une jeune femme qui déjeune tous les matins dans la même cafétéria. Elle y épie, chaque jour, un couple heureux qui la met de bonne humeur, c'est son petit rituel jusqu'au jour où elle apprend que le mari a été assassiné par un déséquilibré. Un peu par hasard et beaucoup par curiosité, elle va être amenée à découvrir qui se cache derrière ce meurtre.
Voilà un livre dans lequel j'ai eu du mal à entrer. Je trouvais l'écriture fort belle, les idées intéressantes, la narratrice attachante mais l'intrigue, lente et entrecoupée de réflexions, ne m'emballait pas. J'ai failli arrêter. Ce que j'avais fait, pour les mêmes raisons, avec Confiteor. Et puis, je me suis un peu forcée, ne voulant pas cumuler deux abandons de romans déclarés comme magistraux. J'ai été bien inspirée. La puissance de ce livre m'a finalement happée, l'universalité de ses thèmes aussi : l'amour, la mort, l'envie, la justice, la moralité. L'histoire est tragique mais elle reste plausible, réelle, et rien ne tourne au mélodrame.
Javier Marías fait preuve de brio dans la description des émotions, des sentiments, des troubles qui envahissent María et toujours, cela sonne juste. L'auteur nous parle du Colonel Chabert, de la sulfureuse Milady et d'Athos, de Macbeth aussi pour nous rappeler que l'âme humaine connait depuis longtemps les mêmes tourments, que la mort reste un abandon difficile à appréhender et que l'amour nous pousse au-delà de nos limites.
C'est un roman entier, pas facile d'accès au début mais fascinant ensuite. Un vrai coup de maître.
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
13 février 2017
De la place que les morts occupent auprès des vivants, de l’engouement amoureux, seul à même de pouvoir faire barrage à l’indifférence et l’ennui. Brillant de bout en bout.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
23 décembre 2013
Une grandiose porte d'entrée dans l'univers subtil, intelligent et raffiné d'un envoûteur hors pair, né à Madrid en 1951, et devenu sans conteste l'un des meilleurs stylistes espagnols.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
22 octobre 2013
L’amour et la mort au cœur d’une histoire orchestrée avec maestria par l’écrivain espagnol Javier Marías. Où il sonde les méandres de l’âme humaine en tenant son lecteur en haleine avec un suspense étonnant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
02 octobre 2013
Après avoir tourné avec délectation les pages du livre de Javier Marias, la substance du roman s’infiltre doucement dans les tréfonds de la conscience en laissant retomber petit à petit une particule de vérité.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Telerama
18 septembre 2013
Exercice romanesque éblouissant fonctionnant tout ensemble comme un roman à suspense et une fable métaphysique déployant une méditation captivante sur les thèmes forcément mêlés de l'amour, de la mort.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
(...) nous sommes tous des succédanés de gens que nous n'avons presque jamais connus, des gens qui ne s'approchèrent pas ou qui passèrent sans s'arrêter dans la vie de ceux que nous aimons à présent, ou qui s'y arrêtèrent mais se lassèrent finalement et qui disparurent sans laisser de trace ou seulement la poussière que soulèvent leurs pieds dans la fuite, ou qui moururent causant à ceux que nous aimons une mortelle blessure qui presque toujours finit par se refermer. Nous ne pouvons prétendre être les premiers, les préférés, nous sommes tout simplement ce qui est disponible, les laissés-pour-compte, les survivants, ce qui désormais reste, les soldes, et c'est sur des bases aussi peu solides que s'érigent les amours les plus grandes et que se fondent les meilleures familles, nous provenons tous de là, de ce produit de hasard et du conformisme, des rejets, des timidités et des échecs d'autrui, et même dans ces conditions nous donnerions parfois n'importe quoi pour continuer auprès de celui que nous avons un jour récupéré dans un grenier ou une brocante, que par chance nous avons gagné aux cartes ou qui nous ramassa parmi les déchets ; contre toute vraisemblance nous parvenons à nous convaincre de nos engouements hasardeux, et nombreux sont ceux qui croient voir la main du destin dans ce qui n'est autre qu'une tombola de village quand l'été agonise...
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Quand on est amoureux, ou plus précisément quand une femme l’est, surtout dans ces débuts où l’état amoureux possède encore l’attrait de la révélation, nous sommes généralement disposées à prendre à cœur n’importe quel sujet qui intéresse ou dont nous parle celui que nous aimons. Pas seulement feindre l’intérêt pour lui être agréable, le conquérir ou asseoir notre fragile position, cela va de soi, mais à lui prêter une véritable attention et à nous laisser contaminer réellement par tout ce qu’il ressentira et transmettra, enthousiasme, aversion, sympathie, crainte, préoccupation et même obsession. Sans parler de l’accompagner dans ses réflexions improvisées, qui sont celles qui attachent et entraînent le plus parce que nous assistons à leur naissance, que nous les encourageons, que nous les voyons s’éveiller, vaciller et trébucher. (…)
Avec Leopoldo il n’y eut jamais le moindre effort de ce genre, parce qu’il n’y eut pas non plus cet amour obstiné, inconditionnel et naïf ; en revanche, avec Diaz-Varela je me mis en quatre intimement – avec prudence cependant, sans l’accabler, ni presque le laisser voir – tout en sachant bien pourtant qu’il ne pourrait en faire autant, étant lui-même au service de Luisa et qu’il attendrait forcément sa chance depuis longtemps déjà
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« Le temps qui passe exaspère et condense tout orage (…). On ne sait pas ce que le temps fera de nous en superposant ses fines couches indiscernables, en quoi il peut nous convertir. Il avance à la dérobée, jour après jour, heure après heure, et pas à pas empoisonné, il ne se fait pas remarquer dans son labeur subreptice, si respectueux et attentionné que jamais il ne nous bouscule ni ne nous effarouche. Il apparaît chaque matin avec sa figure invariable et apaisante, nous assurant du contraire de ce qui se passe : que tout va bien et que rien ne change, que tout est comme hier – l'équilibre des forces - que rien ne se crée et que rien ne se perd, que notre visage est le même et aussi nos cheveux et notre contour, que ceux qui nous haissaient, nous haissent toujours, et ceux qui nous aimaient, nous aiment toujours. Et c'est tout le contraire, en effet, à ceci près qu'il ne nous permet pas de le percevoir avec ses minutes traitresses et ses secondes sournoises... »
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Nous apprenons au fil du temps que ce qui nous semblait très grave finit un jour par nous paraître neutre, un fait seulement, une simple donnée. Que la personne sans qui nous ne pouvions vivre et pour qui nous ne dormions pas, sans qui nous ne concevions pas notre existence, des paroles et de la présence dont nous dépendions jour après jour, finira pas ne plus occuper une seule de nos pensées (...)
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Parmi tous ces gens nous sommes quelques-uns — chaque jour moins nombreux — qui ressentons, au contraire, une indicible aversion à assumer ce rôle, le rôle de délateur. Et nous poussons si loin cette antipathie qu’il ne nous est pas très facile de la vaincre quand il le faut, pour notre bien et pour celui des autres. Quelque chose nous répugne à composer un numéro de téléphone et à dire sans donner notre nom : « Excusez-moi, mais j’ai vu un terroriste recherché, sa photo est dans les journaux et il vient de rentrer sous ce porche d’immeuble. » Nous le ferions probablement dans un tel cas, néanmoins en pensant davantage aux crimes que nous pourrions ainsi éviter qu'à la punition de ceux qui ont déjà été commis, parce que ceux-là personne ne peut y remédier et l’impunité du monde est si étendue, si ancienne et si longue et si vaste que, jusqu'à un certain point, qu’on y ajoute un millimètre n'y change rien. C'est bizarre, c'est choquant, mais cela peut arriver : nous qui ressentons cette aversion préférons parfois être injustes et qu'une chose reste impunie plutôt que de nous voir en délateurs, nous ne pouvons le supporter — au bout du compte la justice n’est pas notre affaire, nous n’avons pas à agir d'office.
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Javier Marias parle de son livre 'Comme les amours' au festival Passa Porta en 2012.
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