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EAN : 9782709642422
420 pages
J.-C. Lattès (01/02/2017)
3.58/5   12 notes
Résumé :
Commençant dans les tunnels sous Leningrad pour se conclure dans les confins du système solaire, le Tsar de l'Amour et de la Techno parcourt un siècle d'Histoire, tout un continent, et dépeint une galerie de personnages dont le destin est lié par un obscur tableau du XIXe siècle. Dans les années 1930, un peintre inconnu est enrôlé par la censure soviétique pour effacer les dissidents figurant sur les images officielles et les ?uvres d'art ? dont son frère. Quand arr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Proche du coup de coeur ce livre m'a emballé du début à la fin ! Si je ne lui ai pas donné la note maximale, c'est simplement dû au fait que je me suis attachée à certains personnages plus qu'à d'autres et que certaines histoires m'ont intéressées plus que d'autres… mais j'ai beaucoup aimé la construction du récit, les personnages, la capacité de l'auteur à nous prendre par surprise, à nous émouvoir et à nous amuser. Ce livre est construit comme un puzzle, chaque nouvelle venant s'imbriquer dans le récit pour finalement former un tout cohérent qui donne toute sa dimension au récit. Neuf nouvelles pour décrire l'absurdité d'une dictature prête à effacer les visages de ses dissidents au propre comme au figuré, pour illustrer la désespérance d'une guerre perdue d'avance pour ceux qui la font, pour raconter la difficulté de la liberté retrouvée, du retour aux origines et de l'incapacité à oublier d'où l'on vient !

Anthony Marra a cette incroyable capacité à décrire l'horreur au détour d'une simple phrase avec l'air de ne pas y toucher, presque de façon anecdotique "Vera grimpa sur le tabouret sur lequel son père s'était juché avant d'en sauter, trente-sept ans plus tôt, avec une corde au cou. Elle fouilla dans le placard – une prestation purement symbolique puisque le gâteau était sous son nez sur une étagère vide ; mais elle voulait que l'homme croie que son placard débordait tant de victuailles qu'un gâteau entier pouvait s'y perdre". Toutes les nouvelles sont bouleversantes à leur façon, aucune ne laissent le lecteur insensible, tant elles touchent à notre humanité, à notre capacité à chercher le meilleur dans chacun des personnages. Ces derniers sont particulièrement bien travaillés de façon à représenter la clef de voute de chacune des nouvelles. Des nouvelles qui représentent les petites gens, les laissés pour compte, les petits employés invisibles au service de la bureaucratie et du système, la chair à canon, les filles perdues et les parents terribles. Des nouvelles liées entre elles par un personnage ou un objet, qui les relie entre elles mais qui les intègre aussi à l'univers au sens large du terme.

Rythmé par de nombreux dialogues qui donnent une vraie dynamique au récit, ce livre se lit très facilement, le style très imagé donne vie au texte et l'humour et le sens de l'absurde d'Anthony Marra permettent au lecteur de ne pas s'ennuyer. Chaque nouvelle a son propre charme, sa propre identité et sa propre émotion mais la cohérence de l'ensemble nous donne le sentiment d'être dans un roman plutôt que dans un recueil de nouvelles. J'ai beaucoup aimé ce parti pris dans la construction du récit. Je conseille ce livre à tous ceux qui aiment être surpris !

Un grand merci à Babelio aux éditions JC Lattès pour cette belle découverte. Il me reste maintenant à lire Une constellation de phénomènes vitaux du même auteur.
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Je ne connaissais pas du tout Anthony Marra, l'auteur de ce roman dont le résumé m'a intrigué :

Commençant dans les tunnels sous Leningrad pour se conclure dans les confins du système solaire, le Tsar de l'Amour et de la Techno parcourt un siècle d'Histoire, tout un continent, et dépeint une galerie de personnages dont le destin est lié par un obscur tableau du XIXe siècle.

Dans les années 1930, un peintre inconnu est enrôlé par la censure soviétique pour effacer les dissidents figurant sur les images officielles et les oeuvres d'art – dont son frère. Quand arrive sur son bureau un ancien tableau représentant une datcha sur une colline, il commence à peindre son frère sur toutes les images qu'il doit falsifier. Cette décision a des répercussions pendant des décennies, influant sur les vies de nombreuses personnes : une ballerine du Kirov et sa petite fille ; une restauratrice de tableau aveugle ; un ancien trafiquant de drogue ; un veuf qui a vu, pour la dernière fois, sa femme et son fils dans cette datcha ; un soldat prisonnier dans le puits derrière la maison, qui a dans sa poche une cassette contenant les derniers messages que lui ont adressé sa famille.
J'ai été rapidement tenté par ce livre dont le résumé proposait de parcourir un siècle d'Histoire de la Russie à travers des personnages dont on a du mal à voir le lien qui les pourra les unir dans le récit.


Le début m'a tout de suite plu : on plonge directement dans la Russie des années 1930, où un peintre sans gloire devient l'instrument de la censure soviétique en effaçant les visages des ennemis du pouvoir central sur les photos officielles et sur les peintures. Lorsque son propre frère devient la cible de cette censure, il décide de résister à sa façon en peignant le visage de son frère sur toutes les oeuvres qu'il doit ensuite censurer. Ces signes invisibles de résistance parcourent ensuite le siècle, et ce qui nous amène aux événements plus récents du roman.

La particularité du roman est en effet de parcourir l'Union Soviétique et la Fédération de Russie dans le temps et dans l'espace, de la Sibérie jusqu'à la Tchétchénie, des années 1930 jusqu'à la période contemporaine, en passant par la chute de l'URSS au début des années 1990, ou les années 2000 et la guerre de Poutine en Tchétchénie.

Ce parcours n'est pas toujours facile à suivre ; j'ai parfois eu du mal à m'y retrouver parmi les personnages, découvrant tardivement les liens entre eux ou l'identité commune de certains personnages qui ne sont pas toujours nommés dans le récit. C'est peut-être à cause de cela que le milieu du roman m'a semblé confus et moins intéressant que le début.

Quant à la fin, elle m'a beaucoup plu. J'ai lu les dernières pages avec une certaine émotion et la satisfaction de voir que l'auteur a su fermer la boucle temporelle efficacement et avec style.

Je ne sais pas si je pourrais facilement conseiller ce roman à n'importe quel lecteur. Il faut accepter de s'attaquer à un livre parfois décousu, profondément politique, et qui ne trouve son réel intérêt qu'à la toute fin. Cela ne m'a pas dérangé, car j'ai tenu à achever ma lecture, mais les lecteurs qui ont besoin d'être emporté par un livre du début à la fin risquent d'abandonner en cours de route et d'être déçus. Quoi qu'il en soit, vous êtes prévenus ;-)
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Dans son premier roman, "Une constellation de phénomènes vitaux", Anthony Marra entraînait le lecteur en Russie et en Tchétchénie, contrées qui semblent le hanter puisqu'il nous y embarque à nouveau dans cet intéressant roman. L'auteur conte les destins tragiques d'hommes et de femmes meurtris par l'histoire de la Russie et de l'URSS, de 1937 à 2013. le premier portrait est celui d'un artiste chargé d'effacer les visages des dissidents sur les photographies officielles et les oeuvres d'art, dans les années 1930. Son frère ayant été arrêté et condamné à mort, il se met à le représenter, de l'enfance à la vieillesse, sur toutes les images qu'il doit retoucher. C'est l'un de ses tableaux qui constitue le lien invisible entre tous les personnages qui apparaissent ensuite dans ce roman bien mené, de la ballerine du Kirov envoyée en Sibérie à sa petite-fille, Miss Sibérie et star éphémère, d'une restauratrice de tableau aveugle et défigurée par un incendie jusqu'au portrait saisissant de Kolia, envoyé faire la guerre en Tchétchénie, revenu sans avenir si ce n'est le trafic et le crime.

L'écriture (ou la traduction?) est un eu décevante, elle n'est ni poétique ni d'une grande richesse stylistique, elle manque parfois de fluidité. le récit est cependant très rapidement captivant, à la fois dur et poignant, il tient le lecteur en haleine. Il se charge progressivement de force et d'émotion, montrant sans détour des vies brisées, petites histoires personnelles écrasées par la grande histoire.

Le premier chapitre, « Le léopard », rappelle mais n'égale pas le zéro et l'infini d'Arthur Koestle, roman paru en 1945, critique du Stalinisme, du totalitarisme, des procès et des grandes purges, restituant l'arrestation, les interrogatoires et la mort d'un ancien membre du parti ayant participé activement à la Révolution russe. Mais chez Anthony Marra, le motif du peintre secrètement subversif et de ses tableaux à énigme est original et vivifiant, apportant une pincée de mystère à ce roman encré dans un réalisme violent, criant de solitude, de misère sociale et économique, de perte de sens.

On apprécie également la description documentée de ces territoires, des villes sinistrées de Grosny en Tchétchénie, détruite par la guerre, ou de Kirovsk, ancien camp de travail forcé en Sibérie, avec sa forêt artificielle d'arbres en métal et de feuilles en plastique, ses hauts-fourneaux crachant des nuages toxiques, son lac de déchets industriels, son taux de pollution inégalable.

Jeunesses brisées par le totalitarisme, par les effets meurtriers de la pollution ou par la guerre de Tchétchénie, jeunesses désabusées malgré l'apparente liberté se succèdent à travers presque un siècle, chacune affrontant ses épreuves et ses drames, interrogeant le poids de l'héritage, des non-dits et des secrets de famille, ouvrant à des questionnements infinis sur la liberté des individus, le désenchantement et la guerre.
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Qu'ont en commun ces différents personnages ? Nadia ? Serguei ? Galina ? Un censeur sous Staline. Un censeur qui a non seulement fait disparaître des personnalités ou ajouter des personnalités sur des tableaux mais également fait apparaître un autre personnage : son frère, son frère qui vieillissait au fur et à mesure des oeuvres falsifiées. Comment il falsifiait ? Des pièces d'argent au début puis il a excellait dans cet art jusqu'à son arrestation, sa détention, son procès grotesque et son exécution. Pourquoi ? Parce qu'il avait fait disparaitre son frère sur les photographies ? Parce qu'il avait emporté une photographie de la danseuse chez lui parce qu'il n'avait pas envie de la retoucher, parce qu'elle était belle ? Non.
Mais les oeuvres restent, ces oeuvres restent et une oeuvre en particulier : un tableau représentant une datcha sur une colline aura des conséquences sur la vie de plein de personnes : une ballerine de Kirov qui voit son premier amour mourir dans le paysage de ce tableau, une restauratrice de tableau aveugle qui après avoir recouvrée la vue fera sa thèse sur ce censeur, un veuf qui a vu pour la dernière fois sa femme et sa fille dans ce paysage, l'oncle du censeur….Tous ses personnages se mêlent et s'entremêlent dans ce roman qui contemplent l'aspect de la Russie, de la Tchétchénie d'aujourd'hui et d'hier. Les espoirs des uns, les désespoirs des autres. Un roman très agréable, parfois drôle, parfois très émouvant.
Un petit bijou de littérature que j'ai découvert grâce à l'opération Masse Critique de Babelio. La couverture n'était pas prometteuse ni le résumé d'ailleurs. Mais dès le début, je me suis plongée dans ce roman, j'ai apprécié ses différentes histoires, ses personnages avec leurs doutes, leur passé, leurs actions parfois dénonciatrices. Mais tous ont un seul espoir : retrouver leurs âmes et leur raison de vivre.
J'ai l'intention de prêter ce livre et je pense à cette personne en écrivant cette critique. Jean-Michel ce livre est pour toi, je crois que tu apprécieras !
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Anthony Marra compose une galerie de personnages drôles et tragiques à la fois. de nombreux passages frôlent l'absurde, mais est-ce lié au roman ou aux périodes dont il est question ?

Chaque personnages a sa vie , son indépendance (il s'agit en fait de 9 nouvelles), mais c'est toutes assemblées par la fine toile tissée par l'auteur qu'elles prennent une autre dimension. Apportant un point de vue différent, un complément d'information... On navigue entre 1937 et 2013, entre la Russie et la Tchétchénie, avec peu de points de repère et pourtant tout semble clair.

Une lecture dont je me souviendrai longtemps !
(et que je vous recommande chaudement, en vous rappelant qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Littéralement.)
Lien : http://wp.me/p4a3IW-Ku
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il se déplaça le long du mur a pas lents,comme dans une procession funéraire, d,appuyant aubras de Sergui.Les photographies et les peintures étaient rangées par ordre chronologique-non par date de création ou d'altération, mais par âge du personnage qu'avait inséré Roman Markine. Son père,tout jeune,montant a nbotd d'un tracteur.
Son pere en adolescent révolutionnaire, dans une veste marron trop grande pour lui,courant dans les rues pendant la révolution d'Octobre,une fourche a la main.
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Video de Anthony Marra (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anthony Marra
Présentation du premier roman d'Anthony Marra - Rentrée littéraire 2014 A l'occasion de la rentrée littéraire 2014, Isabelle Laffont a présenté, devant les libraires, le premier roman d'Anthony Marra "Une constellation de phénomènes vitaux" (JC Lattès).
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