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EAN : 9782754113335
208 pages
Fernand Hazan (18/10/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
Peintre, pastelliste et aquarelliste virtuose, Berthe Morisot (1841-1845) est aussi l’une des cofondatrices de l’impressionnisme. Au sein du groupe impressionniste, elle a immédiatement été reconnue comme une artistes des plus remarquables qui suscite l’admiration et le respect de ses pairs, Claude Monet, Edgar Degas et Pierre Auguste Renoir.

Demeurée dans l’ombre de ses collègues masculins jusqu'à un passé récent, Morisot est dorénavant considérée co... >Voir plus
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« Mme Berthe Morisot est française par la distinction, l'élégance, la gaieté, l'insouciance ; elle aime la peinture réjouissante et remuante ; elle broie sur sa palette des pétales de fleurs, pour les étaler ensuite sur la toile en touches spirituelles, soufflées, jetées un peu au hasard, qui s'accordent, se combinent et finissent par produire quelque chose de fin, de vif et de charmant ». - Charles Ephrussi, critique d'art,1880

Une nouvelle fois après la rétrospective de 2012, le musée Marmottan Monet, ravissant musée bordant le bois de Boulogne parisien, nous fait découvrir une exposition consacrée à Berthe Morisot et à son lien avec les artistes du siècle précédent, le 18e. Ce musée est d'ailleurs l'institution publique possédant le plus grand nombre des oeuvres de Berthe.

Autant le dire tout de suite, le catalogue de l'exposition se terminant le 4 mars prochain, que ma fille m'a offert à Noël, est exceptionnel par sa qualité. Mais quelle déception ! pour des raisons certaines d'économies, les catalogues des grandes expositions ne sont plus guère présentés sur papier glacé ce qui nuit à la qualité de l'importante iconographie dont les couleurs sont dénaturées. Je prendrais comme exemple la superbe « Jeune femme en toilette de bal » des premières pages dont les teintes fades, surtout dans le vert des feuillages derrière elle, le jeu des contrastes, n'ont plus rien à voir avec le portrait originel.

Les peintres féminines de nos jours ne peuvent s'imaginer le courage qu'il fallut à Berthe Morisot lors de la première exposition des futurs impressionnistes de 1874 se tenant chez Nadar à Paris, pour oser présenter, seule femme, cinq toiles. Les autres avant-gardistes, un peu fous, disaient le public et les critiques, étaient des hommes, tous des amis. Ils l'accueillaient avec un grand respect et l'admiraient. Berthe leur apportait une sensibilité féminine, une touche de charme. « La seule femme peintre qui ait su suggérer la saveur de l'incomplet et du joliment inachevé » dira Jacques-Émile Blanche.

Les signes avant-coureurs de l'impressionnisme venaient du siècle dernier, le 18e : je pense à Watteau cherchant à rendre la sensation, la fugacité des choses, dont Renoir et Monet admiraient les scènes galantes.
Une femme pastelliste, une Vénitienne, Rosalba Carriera, va marquer son séjour en France en 1720 et lancer la mode du pastel. La qualité de son travail devient un modèle pour de nombreux pastellistes français, dont Watteau et Boucher qu'elle peint. Maurice Quentin de la Tour, admiratif, abandonnera la peinture à l'huile pour le pastel : cette technique chatoyante, colorée, spontanée et fragile sera très recherchée tout au long du 18e siècle.
Berthe Morisot, grande pastelliste, va devenir la figure de proue de ce lien unissant l'impressionnisme aux principaux peintres français du 18e : « Cette légèreté fugitive, cette vivacité aimable, pétillante et frivole, rappelle Fragonard ». Ses toiles d'après Boucher sont reconnues comme un art qui conjugue « une pointe de 18e siècle exaltée de présent ».
Les deux plus importants pastellistes du siècle de Louis XV sont incontestablement Jean-Baptiste Perronneau et Maurice Quentin de la Tour. La toile « Marie-Anne Huquier tenant un petit chat » de Perronneau, délicieuse demoiselle peinte en train de caresser son chat avec grâce, remarquable de préciosité et de raffinement, rappelle les nombreux portraits faits par Berthe de sa fille Julie. Son superbe pastel : « Fillette au jersey bleu », par des traits rapides et hachurés, allie l'effet impressionniste à un graphisme nouveau d'une belle virtuosité.

Le seul homme peint par Berthe Morisot est son mari Eugène Manet. Au cours de leur lune de miel en Angleterre, elle le montre devant une fenêtre face à la mer. L'Angleterre lui plait, elle fait des aquarelles en plein air. Son désir : « fixer quelque chose de ce qui passe ». Elle en profite pour découvrir la peinture anglaise du 18e siècle, plus particulièrement Turner, Gainsborough, Reynolds, Romney qui, comme elle, excellaient dans la représentation de femmes et d'enfants. Elle saura entretenir un lien avec cette peinture anglaise.

Dans les années 1880, l'oeuvre de Berthe Morisot est au faîte de l'impressionnisme. Paul Valéry la décrit : « Sa brosse frotte à peine le tissu. La promptitude de cet effleurement a le grand don de réduire à l'essentiel, d'alléger à l'extrême la matière ». Elle s'inspire du superbe portrait de Madame de Pompadour du Louvre par Quentin de la Tour et présente une « Femme à sa toilette » se coiffant devant sa psyché où elle se reflète. Il s'agit de ma toile préférée de l'artiste peinte dans des tons rose, gris, bleu, lavande. L'arrière-plan est flou et se fond avec le dos joliment modelé laissant tomber la robe sur l'épaule gauche. Émile Zola s'exclame : « Berthe a l'art de faire vibrer le blanc dans toute sa pureté en le posant sur des gris légers ».

Berthe est l'impressionnisme par excellence. Elle multiplie les études de paysage au pastel et les retranscrit à l'huile. En 1879, la toile « Jour d'été » est, à mes yeux, représentative de son art : grimpée agilement sur une embarcation, elle montre deux femmes peintes en plein air. le lac et les modèles sont unis de la même manière toute en zigzags et vibrations lumineuses.

« Les vrais peintres s'entendent le pinceau à la main… Que fait-on avec les règles ? Rien qui vaille. Ce qu'il faut, c'est des sensations nouvelles, personnelles, où apprendre cela ? », dit Berthe avant son décès en 1895.
Elle a laissé l'oeuvre originale et singulière qu'elle avait toujours souhaité obtenir.

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