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EAN : 9782702185810
48 pages
Calmann-Lévy (11/01/2023)
3.81/5   464 notes
Résumé :
Depuis l’Antiquité, le mythe de Pygmalion et Galatée n’a de cesse de fasciner et d’inspirer des artistes. Mais ce récit millénaire du sculpteur misanthrope, épris de la statue qu’il vient de réaliser, demeure inachevé : lorsque Galatée est transformée en être vivant par les dieux, elle est réduite au silence par les hommes.
Enfin, il est temps pour elle de devenir la narratrice de sa propre histoire et ainsi de choisir elle-même son destin.
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Critiques, Analyses et Avis (96) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais été emportée par circé... cette très atypique réécriture du mythe de Galatée et Pygmalion ne m'a pas conquise sur le plan littéraire mais elle m'a conquise sur le plan philosophique. Ce que j'ai aimé dans le parti-pris de Madeline Miller, c'est cette réappropriation féministe ferme et assumée du mythe. Refus de la fétichisation de la "pureté sexuelle", de l'objétisation de la femme et de la domination masculine. Refus de voir encensés dans notre littérature classique tous les ferments de la violence sexiste. Galatée, chez Ovide, est un objet parfait, non un sujet. Réceptacle du désir masculin, mutique. Adeline Miller lui redonne voix et conscience, de manière presque politique. L'analyse de l'autrice sur ses motivations d'écriture a emporté mon adhésion. Il y a de l'audace et une provocation très intelligente dans cette version "metoo" du mythe.
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Je suis désarçonnée par ce texte.
J'avais aimé circé et je comprends l'intention de l'auteure de vouloir dénoncer la place attribuée aux femmes ; il faut se taire et obéir aux hommes.
Sauf que pour dénoncer cet état, il faut que le récit soit étoffé ou bien la plume percutante.
Or, c'est un histoire courte, très courte, trop courte et bien abstraite.
J'ai été déçue, la plume ne m'a pas embarquée et malgré la petitesse du texte, j'ai trouvé ma lecture laborieuse.
Ce n'était pas affreux, mais... ce n'était pas bien.
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Mythe revisité
L'auteur Madeline Miller dont j'avais adoré circé revisite le mythe de Pygmalion en une courte nouvelle.
Pygmalion (le nom est passé dans le langage courant) pour ceux qui ne connaissent pas, est un sculpteur qui tombe amoureux de son oeuvre, Galatée. La déesse de l'amour, Aphrodite, accède au voeu de Pygmalion et donne vie à la statue parfaite…
Ici, le point de départ est identique. de pierre, Galatée devient chair. Elle est hospitalisée et gardée sous la surveillance d'infirmière et de médecin qui la droguent pour qu'elle reste docile, et qu'elle attende sagement la visite de son mari qui inlassablement revit l'instant où elle a pris vie… Galatée, femme objet, femme soumise… Pygmalion mari toxique et même plus… Mais la fin est bien différente de celle contée par Ovide.
Dans la postface très intéressante, l'auteure explique le cheminement qui l'a conduite à révisiter l'histoire de Pygmalion et de Galatée, combien elle a été révoltée par le mysoginisme sous jacent qui la ponctue (« le fait qu'une femme ne soit considérée comme digne de ce nom que si elle renonce à elle-même pour plaire à un homme, la fétichisation de la pureté sexuelle féminine, le lien entre l'ivoire « blanc comme neige » et la perfection, l'élévation du fantasme du mâle au-dessus de la réalité de la condition féminine. Dans la version d'Ovide, Galatée ne parle pas du tout. Plus révélateur encore, on ne la nomme même pas : c'est l'un des quelques détails que j'ai empruntés à d'autres sources. Elle apparaît juste comme la femme. Censée être un objet de désir docile et rien de plus. »). Plus encore, elle ose un parallèle avec notre société actuelle où nombre de femmes sont malheureusement victimes de violences, et avec les incels, ces hommes qui considèrent les femmes comme un dû, et qui les haïssent (tout en les désirant) car elles sont, à leurs yeux, impures…
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Dans cette nouvelle qui fait tout au plus une quarantaine de pages, Madeline Miller donne la parole à Galatée, dans cette réécriture du mythe de Pygmalion d'Ovide. Comme l'auteure l'explique dans la postface, elle a travaillé à faire ressortir le caractère profondément misogyne du mythe et c'est très réussi. Elle imagine une femme hospitalisée par son mari, contrainte à l'immobilité par le personnel médical à son service, de façon à ce qu'il puisse rejouer à l'envi son fantasme de possession. Une lecture trop courte pour me faire une bonne idée du style de l'auteure, qui dérange et fait réfléchir sur les rapports de domination.
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Avec mon coup de foudre pour l'univers mythologique et la plume de Madeline Miller qui m'a séduite avec circé puis conquise avec le Chant d'Achille, il m'est impossible de passer à côté de l'un de ses textes traduits en français, et ce même quand celui-ci ne fait pas 50 pages.


Madeline Miller, c'est pour moi la seule autrice actuelle qui parvient à me faire vibrer en écrivant sur la mythologie. Elle y condense tellement d'émotion et y entremêle tellement de ce qui fait les turpitudes de notre monde moderne, que je ne peux jamais y rester indifférente.


Dans ce court texte qu'est Galatée, elle offre une proposition différente du Chant d'Achille, son titre que je préfère. Elle se rapproche en fait un peu plus de circé, texte où elle faisait déjà une critique de la place et la vision de la femme par les hommes. Mais ici, paradoxalement, en moins de pages, elle va plus loin.

J'ai été frappée par la nouvelle vision qu'elle propose du mythe de Pygmalion et Galatée en redonnant vie à cette statue et en interrogeant sur ce que signifient les gestes de son créateur. C'est résolument moderne, percutant et révoltant. Tout en démarrant doucement, insidieusement j'ai senti une nausée monter en mois à travers ce que je comprenais en filigrane de ce qui se jouait. La métaphore sur la femme, l'épouse, soumise aux désirs de son mari est puissante, de même que celle sur la maternité et la paternité. Mais je n'en révélerai pas pas car cela vous ferait perdre tout l'impact de ce court texte qui donne vous aussi vous cueillir comme il m'a percutée.

Sachez juste que si vous avez aimé les textes de l'autrice, vous retrouverez la même poésie âpre mais en condensé ici. Vous retrouverez la même justesse d'émotion qui vous fait vous mettre à la place du personnage et ressentir ses peines et ses souffrances avec lui, en vous donnant envie de vous rouler en boule. Vous retrouverez le même sens de la mise en scène s'appuyant sur les tragédies grecques. Bref, vous éprouverez le même bonheur !

Et que dire de cette couverture aussi percutante qu'effrayante qui résume si bien l'oeuvre. Elle est très bien trouvée !

Cette courte nouvelle, bien qu'étant sortie à un tarif un poil cher au vue de son épaisseur, mérite tout à fait sa place sur vos étagères qui vous soyez amateur de récits mythologiques, de portraits de femmes, de récits engagés ou d'analyse de notre société. Il est vif, percutant et bouleversant. Madeline Miller prouve s'il le fallait que c'est une très belle et grande conteuse qui a définitivement un message à nous faire passer sur notre société patriarcale et hétérocentrée. Une nouvelle puissante et marquante.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
09 mai 2023
Mais c’est bien le mordant de Galatée qui donne toute sa saveur au texte et c’est un plaisir de voir cette création s’animer, dotée de ses propres souffle, allant, ferveur.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Le fond de l’océan sablonneux avait la douceur d’un oreiller. Je m’y suis blottie, et j’ai dormi.
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C’était presque touchant, cette façon qu’ils avaient de s’inquiéter pour moi.
« Vous êtes si pâle, a annoncé la garde-malade. Il faut rester tranquille jusqu’à ce que vous ayez repris des couleurs.
— Je suis toujours de cette couleur-là, ai-je répondu. Parce que autrefois, j’étais en pierre. »
La femme a esquissé un sourire en remontant ma couverture. Mon époux l’avait prévenue que j’étais fantasque, que ma maladie me faisait dire des choses qu’elle trouverait étranges.
« Rallongez-vous tout simplement, et je vous apporterai à manger », a-t-elle lancé.
Elle avait un grain de beauté au coin de la lèvre, et j’aimais bien l’observer pendant qu’elle parlait. Certains d’entre eux ont une beauté originale, comme la robe d’un cheval pommelé. Mais d’autres sont piquetés de poils et ont l’aspect pulpeux des vers de terre ; le sien était de cette sorte-là.
Elle a répété « Rallongez-vous », puisque je n’avais pas obéi, et j’ai alors proposé : « Vous savez ce qui me rendrait mes couleurs ? Une promenade.
— Oh, non. Pas tant que vous n’allez pas mieux. Vous sentez à quel point vos mains sont glacées ?
— C’est la pierre, comme je vous l’ai expliqué. Je ne peux pas me réchauffer sans soleil. Vous n’avez jamais touché de statue ?

(INCIPIT)
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Je suis tombée enceinte la toute première fois, peu après ma naissance. Et bien que j’aie été en pierre et créée par la déesse, ma grossesse était très réelle, j’étais fatiguée et nauséeuse, et mes pieds trop gonflés pour les délicates sandales dorées dont il aimait les voir chaussés. Mon état le mettait en colère, sans pour autant l’empêcher de me pousser sur le lit ou contre le mur, et de ce fait, je craignais de ne pas avoir un enfant, mais toute une portée, comme les chats errants.
Ma fille était magnifique et d’une pâleur minérale, née durant un été à la chaleur si impitoyable que les veaux mouraient dans les champs. Cependant, nous restions toujours parfaitement fraîches, elle et moi, quand nous nous balancions ensemble dans notre siège.
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Certains autres y ont vu une métaphore sur la manière dont les artistes tombent amoureux de leurs créations.
D'autres encore (moi comprise) ont été dérangés par les implications profondément misogynes de ce récit. La fin de « Pygmalion » n'est heureuse que si l'on accepte un certain nombre d'idées répugnantes : le fait qu'une femme ne soit considérée comme digne de ce nom que si elle renonce à elle-même pour plaire à un homme, la fétichisation de la pureté sexuelle féminine, le lien entre l’ivoire « blanc comme neige » et la perfection, l'élévation du fantasme du mâle au-dessus de la réalité de la condition féminine. […]
Quant à Pygmalion, je l'ai accepté exactement tel qu'Ovide l'avait créé. Si le terme d'incel ne circulait pas autant lorsque j'ai écrit ce texte, Pygmalion en est bel et bien un exemple type.
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«La fin de Pygmalion n'est heureuse que si l'on accepte un certain nombre d'idées répugnantes : le fait qu'une femme ne soit considérée comme digne de ce nom que si elle renonce à elle-même pour plaire à un homme, la fétichisation de la pureté sexuelle féminine, le lien entre l'ivoire «blanc comme neige» et la perfection, l'élévation du fantasme du mâle au-dessus de la réalité de la condition féminine. Dans la version d'Ovide, Galatée ne parle pas du tout. Plus révélateur encore, on ne la nomme même pas : c'est l'un des quelques détails que j'ai empruntés à d'autres sources. Elle apparaît juste comme la femme. Censée être un objet de désir docile et rien de plus.»

Dans la postface par Madeline Miller
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