Ce sixième tome de la saga des émigrants est assez différent des autres de la série, et c'est une bonne chose. le précédent se terminait sur le retour inespéré Robert Nilsson. On se rappelle que, las de la vie de valet de ferme, de la vie de crève-faim que lui réservait l'agriculture, il était parti à l'aventure, vers l'Ouest, la Californie. Là, ce grand garçon s'apprête à raconter son histoire à son frère, et toute une histoire ! Il faut dire que l'existence d'un vagabond, d'un prospecteur d'or est plus trépidante que celle d'un agriculteur, et qu'il risque de faire des rencontres plus intéressantes que celle du pasteur local… En effet, il croise plusieurs énergumènes qui ont chacun leur histoire. Puis, s'il advient qu'elle est ordinaire, il aura au moins une ou deux anecdotes à raconter, même si elles sont arrivées à de tierces personnes.
On apprend que Robert a d'abord voyagé avec son ami suédois Arvid. (On a droit à plus d'une version sur le sort qui lui est réservé, ce qui laisse un certain doute, surtout quant à la responsabilité
De Robert !) Puis, il a roulé sa bosse seul sur les routes de l'Ouest, même dans le désert, à chercher de l'or puis de l'eau. Il a fait quelques rencontres avec des Mormons puis des types peu recommandables mais il a fini par s'en tirer puisqu'il revient à la maison avec beaucoup d'argent, 4000$ qu'il s'empresse de remettre à son frère. Tout cela semble suspicieux...
Dans ce tome, la conivence qui existait entre les frères semble disparue, à tout le moins grandement compromise. Ils font maintenant partie de deux mondes différents. C'est compréhensible mais dommage. Où est passé le jeune homme, espiègle et sympathique, épris de liberté ? On a droit à un adulte au regard trouble. Remarquez, c'est sans doute assez réaliste, loin de la vie édulcorée et idéalisée que se faisaient les Suédois qui aspiraient à devenir colons dans l'Ouest américain.
Au final, L'or et l'eau est un tome plus sombre mais ô combien nécessaire à cette série de
Vilhelm Moberg qui, selon moi, commençait à s'essoufler un peu. Je ne continuais à la lire que parce que je m'étais attaché aux personnages et je suis content d'avoir été un peu surpris, pris de cours, par des événements que je n'avais pas vu venir. C'était le petit coup nécessaire pour me donner le courage de terminer la série. Plus que deux tomes !