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EAN : 9782070425389
176 pages
Gallimard (13/11/2002)
3.6/5   428 notes
Résumé :

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Que lire après La petite BijouVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 428 notes
Du Modiano pur jus, et comme j'en suis friand, « La petite bijou » en est une nouvelle fois un bel exemple. On retrouve la petite musique qui fait qu'on adhère ou pas au style Modianesque. Entre la quête des souvenirs, l'enquête sur cette femme croisée à la sortie du métro, Modiano déroule la même pelote livre après livre. Après question de sensibilité ou pas, on reste hermétique ou on se promène dans ses pas dans ce Paris qu'il décrit si bien. Modiano me touche, sa sensibilité, sa pudeur, ses blessures sont autant d'atouts dans son univers. Sa mélancolie, servie par une écriture d'une grande justesse rajoute au plaisir de suivre cet énigmatique auteur. Et comme dirait Nastasia-Buergo (petit clin d'oeil amical) cela n'est que mon humble avis, c'est-à-dire peu de chose.
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Lorsque Patrick Modiano a eu son Nobel, j'ai dû reconnaître mon incurie. Je le connaissais de nom, je pouvais citer sans doute un titre et même préciser que dans "La femme au carnet rouge" d'Antoine Laurain, il est question de lui mais à part ça, rien. Maigre constat, ignorance crasse. Bon, je ne suis peut être pas la seule. Mais c'est un de mes principes de lectrice, j'accorde de l'importance aux prix littéraires, surtout le Nobel de littérature car il consacre une oeuvre entière et non un livre en particulier.
Me voilà donc embarquée dans un parcours Modiano et force est de constater, après la lecture de "La Petite Bijou" qui suit celle de "Dimanches d'août", que "j'aime lire du Modiano". Je sais bien que je n'atteins pas un summum dans la pertinence de mon analyse en disant "j'aime lire du Modiano". Certes, mais premier constat tout de même. Qu'est-ce qui me plait dans les histoires de Modiano ? Bon d'accord, je n'en ai lu que deux et je n'aurai donc pas la prétention de convaincre les réfractaires mais je voudrais juste apporter mon modeste éclairage. Elles sont d'apparence simple, pourraient se résumer facilement sur le plan de l'intrigue et pourtant, elles contiennent beaucoup. D'apparence peu mais tout en fait : il faut s'être coltiné l'inverse dans certains romans pour apprécier. Tout doucement, dans un style à la fois lent (que d'aucuns qualifieraient d'ennuyeux) et fluide, Modiano aborde des questions fondamentales mais sans appuyer, sans insister. Je crois qu'il fait confiance à l'intelligence du lecteur pour s'en emparer. Merci Monsieur Modiano.
Dans La Petite Bijou, une toute jeune femme, Thérèse Cardères croît reconnaître, dans le métro, sa mère dont on lui a annoncé qu'elle était décédée au Maroc douze ans plus tôt. Elle la suit et découvre que cette femme vit en banlieue, seule, et qu'elle n'est plus en mesure de payer son loyer. Mais qui était cette mère ? Est-elle Suzanne, selon son état civil ou la comtesse O'Dauyé ? Une danseuse aux chevilles brisées, une sorte d'ange déchu qui ne sait que faire de la petite fille qui vit à ses côtés et qui reporte par moment ses désirs de gloire sur celle qu'elle a surnommé "La Petite Bijou". Livrée à elle-même dans un grand appartement parisien, soumise aux absences ou aux crises de sa mère, confiée le jeudi (nous sommes en 1967) aux bons soins d'un oncle supposé, la Petite Bijou sent que son sort pourrait ressembler à celui du petit caniche noir, son seul compagnon, perdu ou plutôt abandonné au cours d'une promenade. Et, de fait, c'est ce que sa mère finira par faire, ne revenant jamais la chercher après un séjour de vacances à la pension de Fossombronne-la-forêt.
C'est toute cette enfance délaissée qui revient de manière obsédante à la mémoire de Thérèse, devenue adulte, d'autant plus que son travail de garde d'enfants, l'amène à côtoyer un couple énigmatique, presque évanescent, les Valadier, bien "encombrés" de leur petite fille. Une petite fille jamais nommée, comme une négation de son importance, de son existence. Une situation qui entre en résonance avec le passé de Thérèse et en amplifie la souffrance.
Pourtant Thérèse trouve du réconfort auprès d'un certain Moreau-Badmaev, traducteur de langues rares ("le persan des prairies" !) et d'une pharmacienne parisienne (là, j'ai eu du mal à comprendre l'intérêt, le sens du personnage, si ce n'est par rapport aux médicaments...) mais rien n'y fait, Thérèse revient sans cesse à sa boîte à souvenirs, le passé n'est pas soldé.
Elle finit par errer dans les rues de Paris, cherchant ses repères d'enfance, évanouis, insaisissables mais la nostalgie l'étreint, la nostalgie au sens étymologique, comme l'explique si bien Kundera dans "L'ignorance", cette souffrance de l'impossible retour.

Errances et nostalgie, symptômes de l'impossible quête des origines et de soi, l'enfance comme du sable qui empêche tout ancrage, quelle belle part vous nous livrez là, Monsieur Modiano.

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Thérèse est une jeune femme de 19 ans qui, en arpentant les couloirs du métro parisien, tombe par hasard sur une femme au manteau jadis jaune qui ressemble de façon troublante à sa mère.
Or sa mère est censée être morte des années plus tôt au Maroc.
Elle suit cette femme pendant des jours, cherchant à l'approcher mais ne franchissant jamais le pas. Est-ce sa mère ?
Suzanne Cardères, alias la comtesse Sonia O' Dauyé alias La Boche, alias Trompe-la mort, alias Mme Boré a surnommé sa fille « la petite bijou » quand frustrée d'une carrière de danseuse avortée elle rêve de se convertir comme comédienne avec la fillette comme partenaire. On pourrait penser que ce diminutif est affectueux mais pas du tout.
Au fil des filatures, des aller-retour entre Vincennes où elle occupe un studio dans l'immeuble qui était autrefois un hôtel où sa mère a vécu et un bel appartement du Bois de Boulogne où elle garde une fillette sans prénom, livrée à elle-même par des parents négligents, elle essaie de comprendre les propres négligences de sa mère à son endroit jusqu'à l'abandon comme le caniche que celle-ci a perdu/abandonné au bois de Boulogne quand elles aussi vivaient dans un grand appartement du quartier.
J'ai lu ce Modiano là à la suite d'une lecture récente dans laquelle il était fait allusion à la fameuse comtesse et à sa fille « la petite bijou ».
J'ai peut-être eu tort puisque j'ai su d'emblée qui était cette fillette, ce que sa mère fricotait avec les forces d'occupation allemandes.
Mais d'un autre côté, j'ai été touchée par la quête d'identité de cette jeune femme qui, s'appuyant sur des souvenirs flous, ne s'est manifestement jamais remise de l'indifférence maternelle, de l'abandon.
Une douce amertume au fil des déambulations, des rencontres de Thérèse.
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J'ai beaucoup aimé, ce court roman, de Patrick Modiano...
L'auteur de "Rue des boutiques obscures", déploie dans ce roman, un vrai talent, qui justifie, à mes yeux, qui soit considéré comme l'un des auteurs français contemporains les plus importants, au point d'avoir obtenu la récompense suprême : le prix Nobel, de littérature.
Patrick Modiano, a une écriture très poétique, et grâce à des descriptions, simples, sensibles et évocatrices, il réussit à créer toute une poésie des lieux, des personnages, et de l'histoire. J'ai beaucoup aimé, être emporté, dans le dédale, que constitue, les mots, de Patrick Modiano.
L'histoire, aussi, est très intéressante, très personnelle, on le sent, elle se lit vraiment agréablement et j'ai trouvé, les thématiques de Patrick Modiano, très personnelles et originales. Je comprends la comparaison avec Proust, car il y a de nombreux points communs, même s'il est difficile de ne pas percevoir, les différences, non moins nombreuses.
"La petite bijou", dégage aussi une atmosphère unique, tellement agréable, qui m'a délicatement enveloppé. Il y a peu d'auteurs contemporains, qui savent vraiment créer une atmosphère, qui leur est, véritablement, particulière. Patrick Modiano, est de ceux-là, et cet aspect de son oeuvre, me rappelle un petit peu Olivier Adam, qui lui aussi, est un grand créateur d'atmosphères, et dont, les atmosphères, recrée en quelque sorte, le monde contemporain, en changeant, de prisme de vision sur celui-ci.
Avec "La petite bijou", Patrick Modiano, crée aussi des personnages troublés et infiniment beaux, et touchants. Pour ma part, ils m'ont transporté.
Ce roman très évocateur et infiniment personnel, ne plaira pas à tous ; mais à ceux à qui il plaira, il plaira vraiment beaucoup.
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Croisé cet auteur plus d'une fois dans ma vie de lectrice, mais jamais eu l'envie de lire. Pourquoi donc ! le hasard fut encore une fois de la partie, un livre acheté dans une foire aux livres, un challenge mettant cet auteur à l'honneur, et voilà que je ressors ce Modiano acheté voilà déjà quelques années.
Je ne serai dire si j'ai aimé mais dans tous les cas je n'ai pas détesté, bien au contraire, je me suis lassée emporter par cette histoire de manteau jaune. C'est un peu comme si le lecteur partait en quête avec le personnage. Savoir qui est cette femme au manteau jaune, comment tout cela ait pu arriver.
oui à s'y méprendre, c'est presque une enquête policière, la petite bijou.
Beaucoup de souffrances qui resurgisse d'un coup, ce besoin de savoir pourquoi, comment, où, retrouver un passé plus que flou, s'ancrer à des racines. Une vrai quête d'identité.
J'ai bien apprécié aussi ce Paris des années 60-70.
Pour mon premier Modiano, je pense que la baptême est réussi, je vais pouvoir lire d'autres titres pour faire plus ample connaissance avec cet auteur.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Une douzaine d'années avait passé depuis que l'on ne m'appelait plus «la Petite Bijou» et je me trouvais à la station de métro Châtelet à l'heure de pointe. J'étais dans la foule qui
suivait le couloir sans fin, sur le trottoir roulant. Une femme portait un manteau jaune. La couleur du manteau avait attiré mon attention et je la voyais de dos, sur le tapis roulant. Puis elle marchait le long du couloir où il était indiqué «Direction Château-de-Vincennes». Nous étions maintenant immobiles, serrés les uns contre les autres au milieu de l'escalier, en attendant que le portillon s'ouvre. Elle se tenait à côté de moi. Alors j'ai vu son visage. La ressemblance de ce visage avec celui de ma mère était si frappante que j'ai pensé que c'était elle.
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"Qu'est-ce que vous recherchez exactement dans la vie ?"
Il semblait s'excuser de cette question vague et solennelle. Il me fixait de ses yeux clairs et je remarquai que leur couleur était d'un bleu presque gris. Il avait aussi de très belles mains.
"Ce que je recherche dans la vie..."
Je prenais mon élan, il fallait vraiment que je réponde quelque chose. Un type comme lui, qui parlait vingt langues, n'aurait pas compris que je ne réponde rien.
"Je recherche... des contacts humains..."
Il n'avait pas l'air déçu de ma réponse. De nouveau, ce regard clair qui m'enveloppait et me faisait baisser les yeux. Et les belles mains, à plat sur la table, dont j'imaginais les doigts longs et fins courant sur les touches d'un piano. J'étais si sensible aux regards et aux mains... Il m'a dit :
"Il y a un mot que vous avez employé tout à l'heure et qui m'a frappé... le mot "fixe..."
Je ne m'en souvenais plus. Mais j'étais flattée qu'il ait attaché de l'importance aux quelques paroles que j'avais prononcées. Des paroles si banales.
"Le problème, c'est de trouver un point fixe..."
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"Alors, vous avez retrouvé votre vieille maison de famille."
Et nous avons éclaté de rire tous les deux. Le portail est recouvert de chèvrefeuille, il est resté fermé depuis si longtemps que les herbes ont poussé derrière lui et que l'on ne peut que l'entrouvrir et se glisser entre les deux battants. Au fond de la prairie, sous la lune, le château de notre enfance. Là-bas, à gauche, le cèdre est toujours là. Maintenant nous pénétrons dans le château. Un candélabre à la main, nous traversons le salon bleu et la galerie où se succèdent les portraits des ancêtres. Rien n'a changé, tout est resté à la même place sous une couche de poussière. Nous montons le grand escalier. Au bout du couloir, nous voilà enfin dans la chambre des enfants. C'est ainsi que Moreau-Badmaev s'amusait à décrire le retour au domaine familial, tel que j'aurais dû le faire dans une autre vie.
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Je restais devant la porte, sans sonner. Souvent, quand je revenais seule dans le grand appartement près du bois de Boulogne et que je sonnais, personne ne m'ouvrait. Alors je descendais l'escalier et j'allais téléphoner dans un café, un peu plus loin, sur l'avenue. Le patron me regardait avec gentillesse, les clients aussi. Ils avaient l'air de savoir qui j'étais. Ils avaient dû se renseigner. Un jour, l'un d'eux avait dit "C'est la petite du 129." Je n'avais pas d'argent et on ne me faisait pas payer la communication. J'entrais dans la cabine téléphonique. L'appareil fixé au mur était trop haut pour moi et il fallait que je me dresse sur la pointe des pieds pour composer le numéro : PASSY 13 89. Mais personne ne répondait chez la comtesse Sonia O'Dauyé (...).
J'ai posé l'enveloppe sur le paillasson. Puis j'ai descendu l'escalier très vite, et, à chaque palier, je me sentais plus légère, comme si j'avais échappé à un danger. Dans la cour, j'étais étonnée de pouvoir respirer. Quel soulagement de marcher sur un sol dur, sur un trottoir rassurant... Tout à l'heure, devant la porte, il aurait suffit d'un geste, d'un pas, pour glisser dans le marécage.
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Un chien. Un caniche noir. Dès le début, il a dormi dans ma chambre. Ma mère ne s'occupait jamais de lui, et d'ailleurs, quand j'y pense aujourd'hui, elle aurait été incapable de s'occuper d'un chien, pas plus que d'un enfant. Quelqu'un lui avait certainement offert ce chien. il n'était pour elle qu'un simple accessoire dont elle a dû se lasser très vite. Je me demande encore par quel hasard ce chien et moi, nous nous trouvions tous les deux dans la voiture. Maintenant qu'elle habitait un grand appartement et qu'elle s'appelait la comtesse Olga O' Dauyé, il lui fallait sans doute un chien et une petite fille.
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Vidéo de Patrick Modiano
Avec son dernier roman "La Danseuse", Patrick Modiano parvient-il à nous emporter ? Et que penser de "L'Hôtel des oiseaux" de Joyce Maynard, autrice abonnée aux best-sellers du New York Times, et dont le roman se retrouve au coeur de polémiques sur l'appropriation culturelle aux Etats-Unis ?
Géraldine Mosna-Savpye et Nicolas Herbeaux en parlent avec nos critiques, Elise Lépine, journaliste littéraire au Point, et Virginie Bloch-Lainé, productrice à France Culture.
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Vignette : Maryna Terletska/Getty Images _____________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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