J'ai vu passer le projet de ce recueil sur la Toile sans vraiment cerner de quoi il s'agissait. Quand j'ai vu sa couverture hypnotique sur l'une des tables de la librairie des Utopiales, ce sont les noms des auteurs qui m'ont attirés :
David Calvo,
Alain Damasio,... L'objet livre est en lui même assez mystérieux ; pas de quatrième de couverture, pas de présentation, les nouvelles qui le composent sont anonymes -collectives ?-. La première : Cette lumière couleur de rouille, m'a efficacement plongée dans cette ville "au nom imprononçable" de Yirminadingrad. Après sa lecture j'ai su que je n'aurai pas de réponse à toutes mes questions, que la ville resterait heureusement nimbée de son voile de secrets.
Chaque nouvelle brode la même histoire d'une cité ravagée par le chaos de la guerre. Elle renferme un mythe que les étrangers ont du mal à cerner. C'est une ville de l'Est, au confluent d'influences diverses ; à cheval entre l'Europe et l'Asie, la Russie et la Méditerranée. A force, j'avais l'impression d'y sentir battre le coeur d'une ville connue, vécue.
Ces histoires si dissemblables, issues de la même matière m'ont presque toutes emportée. Leurs qualités littéraires sont indéniables.
Cingulata et Sur les murs, le visage de ma mère, figurent parmi mes préférées . Elles m'ont laissé des impressions de déjà-vu, j'ai retrouvé des motifs d'écriture connus qui m'ont ancrée dans l'univers d'Yirminadingrad comme si je la redécouvrais.
J'ai particulièrement aimé Les terrains de golf sont tout ce qui reste de l'altérité et ses IA fabuleuses.
L'histoire de Rongées, toutes les extrémités m'a touchée ; la présence entêtante du rêve sans doute. Son âme est en papier aussi restera bien plantée dans mon imaginaire avec cette étrange vision de pigeon-chat...
Enfin, chaque nouvelle y avait sa vibration propre, comme si on avait pris une photo quantique de Yirminadingrad. Au delà des histoires, on s'interroge sur le phénomène urbain, qu'est-ce qui en fait l'unité, l'identité, d'où naît la vie qui l'habite,...
Une lecture envahie de paysages mélancoliques où règne une sereine entropie, de héros perdus et de monstres humains.
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