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Léo Henry (Directeur de publication)
EAN : 9791091146227
Dystopia (01/01/1900)
4.5/5   8 notes
Résumé :
Douze auteurs, treize illustrations, treize nouvelles non attribuées.
Que lire après Adar : retour à YirminadingradVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai vu passer le projet de ce recueil sur la Toile sans vraiment cerner de quoi il s'agissait. Quand j'ai vu sa couverture hypnotique sur l'une des tables de la librairie des Utopiales, ce sont les noms des auteurs qui m'ont attirés : David Calvo, Alain Damasio,... L'objet livre est en lui même assez mystérieux ; pas de quatrième de couverture, pas de présentation, les nouvelles qui le composent sont anonymes -collectives ?-. La première : Cette lumière couleur de rouille, m'a efficacement plongée dans cette ville "au nom imprononçable" de Yirminadingrad. Après sa lecture j'ai su que je n'aurai pas de réponse à toutes mes questions, que la ville resterait heureusement nimbée de son voile de secrets.

Chaque nouvelle brode la même histoire d'une cité ravagée par le chaos de la guerre. Elle renferme un mythe que les étrangers ont du mal à cerner. C'est une ville de l'Est, au confluent d'influences diverses ; à cheval entre l'Europe et l'Asie, la Russie et la Méditerranée. A force, j'avais l'impression d'y sentir battre le coeur d'une ville connue, vécue.

Ces histoires si dissemblables, issues de la même matière m'ont presque toutes emportée. Leurs qualités littéraires sont indéniables.

Cingulata et Sur les murs, le visage de ma mère, figurent parmi mes préférées ​. Elles m'ont laissé des impressions de déjà-vu, j'ai retrouvé des motifs d'écriture connus qui m'ont ancrée dans l'univers d'Yirminadingrad comme si je la redécouvrais.

J'ai particulièrement aimé Les terrains de golf sont tout ce qui reste de l'altérité et ses IA fabuleuses.

L'histoire de Rongées, toutes les extrémités m'a touchée ; la présence entêtante du rêve sans doute. Son âme est en papier aussi restera bien plantée dans mon imaginaire avec cette étrange vision de pigeon-chat...

Enfin, chaque nouvelle y avait sa vibration propre, comme si on avait pris une photo quantique de Yirminadingrad. Au delà des histoires, on s'interroge sur le phénomène urbain, qu'est-ce qui en fait l'unité, l'identité, d'où naît la vie qui l'habite,...

Une lecture envahie de paysages mélancoliques où règne une sereine entropie, de héros perdus et de monstres humains.
Lien : http://baobabcity.over-blog...
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Le nom d'une ville et une illustration. Voici le matériel donné à une poignée d'auteurs de SF française, pour écrire une nouvelle, sans connaitre les noms des co-auteurs de ce livre.
Nous voici donc à Yirminadingrad. Pendant 13 nouvelles les auteurs nous livres des histoires, des tranches de vie qui parfois se font écho, dans une frénésie envoûtante. L'originalité du recueil tant par sa genèse que par sa forme offre un vrai bol d'air frai.

Une jolie expérience menée par Stéphane Beauverger, Sabrina Calvo, Alain Damasio, Mélanie Fazi, Vincent Gessler, Sébastien Juillard, Léo Henry, Laurent Kloetzer, Norbert Merjagnan, Luvan, Anne-Sylvie Salzman et Mahéva Stephan-Bugni. Qui ensemble, nous livrent un recueil de nouvelles non signées, et construisent un univers curieux mais cohérent.

Une jolie série de devinette pour comprendre qui à écrit quoi ...
Et un très bon livre qui complétera toute bibliothèque de science fiction qui se respecte =)
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Yirminadingrad est une ville imaginaire et post-apocalyptique dont les stupéfiantes éditions Dystopia avaient entrepris l'urbanisme onirique dans trois précédents opus. Dernier volume de cette série, à mi-chemin entre l'exercice de style et le cadavre exquis, Adar est un ouvrage collectif signé par quelques incontournables de la littérature de genre française. Ainsi, Damasio, Merjagnan ou encore Beauverger, tous se sont prêtés à ce petit jeu d'illustrer d'un texte les dessins originaux de Stéphane Perger. Inutile de ne chercher à lire que le texte de votre auteur préféré, aucun nom n'est accolé aux nouvelles qui accompagnent les sombres dessins de ce livre.

Le projet est ambitieux et, atypique, a le mérite de sortir des sentiers battus. Alors, de quoi cela parle-t-il ? D'une ville fictive, pas réellement futuriste, pas contemporaine non plus. Des visiteurs s'y promènent, en découvrent les artères et les entrailles. Et c'est avec grâce qu'est dressé le portrait de la violence, de la misère et de la laideur. Il est difficile, et probablement inutile, d'en faire un résumé plus clair.

Ce qu'il faut savoir, c'est que le résultat de cet ouvrage est assez expérimental, par moment difficile d'accès mais certainement intéressant. Et que Yirminadingrad vaut le détour.
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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La quintessence collective, naturelle ET enrichie, de Yirminadingrad.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/11/05/note-de-lecture-adar-collectif/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Huitième étage. L’horreur. Je connaissais mal Saburo Matsuhita. Je l’avais probablement croisé lors d’un cocktail ou d’une inauguration de la fondation. Difficile d’identifier un architecte égaré dans une mondanité internationale, quand il n’en est pas l’invité d’honneur. Saburo avait été un bâtisseur commémoratif de talent, quand je m’étais spécialisé dans l’architecture utilitaire. C’était sa restauration du mémorial de Gisozi, après les troisième et quatrième guerres du Rwanda, qui lui avait valu d’être désigné pour cette mission à Yirminadingrad. Je n’aurais jamais postulé pour le remplacer si Stefan ne m’avait pas plaqué et si Rachel n’avait pas sauté sur l’occasion de me changer les idées. Je n’aurais jamais été sélectionné si l’architecte initial ne s’était pas écrasé sur la dalle de son projet, foutant en l’air à la fois sa vie, des mois de négociations et des centaines de millions d’euros. Ma tâche, désormais, était de finir la mission d’un autre, par vengeance et par procuration. À Paris, quand je lui avais demandé des précisions, Georgi avait grimacé une réponse peinée : « Monsieur Matsuhita a perdu son combat. » Je devinai qu’il n’avait pas utilisé cette formule étrange au hasard. « Il a passé des jours là-haut, à seulement corriger ses plans pendant que les contremaîtres attendaient. je crois qu’une fois sur place, il a compris ce que la ville attendait delui, mais il n’a pas trouvé comment raconter son histoire… »
Parce qu’il était mort sans explication, parce que ce sale con de Stefan m’avait quitté, et parce qu’il était temps que les visiteurs se souviennent des tragédies endurées par cette cité, je savais déjà que j’y poursuivrais l’œuvre de Saburo sans y imprimer mon style. J’étais ici pour recoller ses morceaux, pas les miens.
De toute façon, comment faire autrement, quand des fragments de sa dépouille resteraient incrustés dans le béton de son projet ? (« Cingulata »)
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On considérait généralement qu’il était à l’origine de la figure virale de Notre-Dame des Douleurs, la Mater Dolorosa d’Yirminadingrad. Le visage de ma mère avait servi de modèle à Levon et il s’exportait en suivant le sillon ouvert par la mouvance YirminadinArt, dont on discutait désormais jusque dans les galeries branchées du Queens. Quelques boutiques online vendaient même ces fameux tee-shirts à l’effigie de la sainte.
À cette brusque poussée de fièvre avait succédé une vague d’attaque contre les sites dédiés. Des spécialistes de l’art envahirent les plateaux de télévision pour souligner le caractère dérangeant d’une mythologie fondée sur une ville dont personne n’était fichu de prononcer le nom correctement.
On fit causer des sociologues embarrassés, des psychologues confus, on osa même les philosophes. Du bout des lèvres, on évoqua l’émergence d’une « métaphore socioculturelle consciente et agissante ». Les grands noms de l’intelligence artificielle haussèrent poliment les sourcils. Un peu partout, des happenings absurdes donnèrent lieu à des dizaines d’heures de vidéo, où des adolescents nus couverts de Y peints en rouge vif surgissaient dans des banques ou des centres commerciaux en hurlant des phrases dans un dialecte inconnu. Un exorciste brésilien demanda des renforts au Vatican pour répondre à un accroissement de la demande dans les favelas.
Les gamins éructaient à la chaîne des multiples de 21. (« Sur les murs, le visage de ma mère »)
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Neve m’a d’abord parlé de Filip Hortz. Je n’ai jamais suivi de près l’actualité théâtrale. Tout ce que connais du domaine, je l’ai découvert par elle. Mais Hortz, tout de même… Son nom dépasse le cercle strict des spécialistes. J’avais longtemps pensé qu’il y avait une forme de snobisme dans l’engouement tardif pour son œuvre en Occident. Un metteur en scène russe d’avant-garde qui revisite les classiques avec une esthétique tarabiscotée, quelle que soit la qualité de son œuvre, ça plaît toujours à certains cercles d’intellos.
Elle avait travaillé deux années consécutives sur des pièces que Hortz avait montées au théâtre de Vidy, à Lausanne, en tant que metteur en scène invité. C’était sur Les Revenants d’Ibsen qu’elle était devenue assistante pour la scénographie, après une première expérience dans les costumes. Elle y avait appris les bases du travail sur les jeux de lumière, les projections, la façon dont on pouvait les utiliser pour sculpter et transformer l’espace scénique. Hortz l’avait alors remarquée. (« Cette lumière couleur de rouille »)
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Inspirez et pensez à une ville. A une ville qui naît. Pensez à Yirminadingrad après la tabula rasa. Le syndrome d’Alep. Expirez. Vingt et un mois de bombardements à l’infrabasse, 7 hertz, pour rendre le béton poreux. Les frappes à décompression qui ne fendent même plus les murs, non, qui les ramènent gentiment au ciment d’où ils venaient – sable et poudre, silice grise pulvérulente en champignons de trois cent mètres de haut retombant en pluie, en brume exaspérément lente, qui rendait les rares blocs encore debout presque beaux à force d’être fantomatiques.
On souffle maintenant.
Vingt et une mois sous la furie mycrønienne. Avec logistique russe et complaisance de l’OTAN. Puis derrière, sans besoin de bulldos, vingt et une tempêtes de sable à racler la ville jusqu’à l’os, qu’on y voit enfin clair dans le bleu crade de la mer, dans le port barbouillé d’épaves, clair dans l’azur pailleté de particules. Mais dans l’azur quand même. Clair sur ce qu’il restait réellement de la ville : une Kibera de gravats levée en vrac avec des pans fracturés de bitume. Une impression baroque de dolmens bas, de parts de pizza en macadam, plantées de guingois en pyramide à trois faces, ou tentées en cabane cubique avec un bout d’asphalte d’un seul tenant en guise de toit. Le tout à moitié enfoui dans les champs de dunes de ciment. On chercherait en vain de la blondeur, de l’orange brûlé sur les pentes ou du safran sur les siouf. Le gris brille.
Imaginez à nouveau, maintenant, poumons en fleurs.
Qu’est-ce qui restait de Yirminadingrad au bout de la guerre ? Précisément ça : un petit sahara de ciment avec des barkhanes de farine bistre, de gypse et de clinker là où se tenait Noir Central et le Mont des Algues, l’autostrade et les tours octogonales des barrios. Un peu comme si un génie torve avait décidé d’entreposer en cœur de ville les matériaux de sa reconstruction. Ce génie est venu, finalement.
On vide ses poumons, on remonte son diaphragme. (« Les terrains de golf sont tout ce qu’il reste de l’altérité [Une histoire imprimée de Rem Koolhaas] »)
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POUR VOTRE SECURITÉ,
L’IRIS S’ECRIRA PAUPIÈRE.
Adina Sadovska
Sous un pont
Je l’ai trouvée sous le pont. Elle prétendait s’appeler Adina Sadovska. La cloche de l’église orthodoxe sonnait. Adina Sadovska a pointé le ciel, m’a dit nous sommes sous un pont, s’est ravisée, a pointé le sol et m’a dit nous sommes sous un pont.
Je l’ai trouvée sous la voie rapide 70-37. Dans une cage fixée à un crochet rivé au béton. Sans vent ni cliquetis. J’ai su que cette cage était vraie car elle existait sans bruit. Et balançait sans vent.
La Chinoise prétendant s’appeler Adina Sadovska avait [a] un sourire qui pend [ait] vrai comme le poil sous le bras. Elle m’a dit nous sommes sous un pont en montrant successivement le ciel qui est le dessous d’une rocade en béton ; et le bas qui est l’eau stagnante. La flaque mangeait mes semelles en versant par l’entonnoir mou de mes bottes.
Je lui ai dit oui nous sommes sous un pont Adina Sadovska et je suis partie en
POUR VOTRE SECURITÉ,
ÉBROUEZ-VOUS.
Adina Sadovska
glanant de l’algue vert vif sur la proue de mes tibias.
Quand elle m’a vue de derrière, m’éloigner franc dos, omoplates raides elle a tapé contre les barreaux de la cage, imité le singe et cliqueté sans vent. Nuque vers elle, j’ai douté de son existence.
(« Où Meng Yi Rong libère Ai Nuan An, trouve fortune et prend le chemin des steppes »)
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