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EAN : 9782752912039
128 pages
Phébus (03/10/2019)
3.59/5   23 notes
Résumé :
Premier roman de Péter Nádas paru en 1967, La Bible est un formidable condensé des puissantes qualités romanesques de l'auteur. Comme dans les longs chefs-d'oeuvre qu'il écrira vingt ou trente ans plus tard (La fin d'un roman de famille ou Histoires parallèles, par exemple), on retrouve ce mélange unique d'ironie, de tension sexuelle, de violence et de descriptions.
En une soixantaine de pages, Péter Nádas esquisse le tableau d'une enfance dans la Hongrie d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Première rencontre avec Peter Nadas, considéré comme un des plus grands auteurs contemporains européens.
La Bible est son premier roman publié en 1967, inspiré de sa propre enfance.
György est fils unique, et vit a Budapest avec ses parents et grand-parents dans une vieille villa dans la Hongrie communiste de l'après-guerre. Ses deux parents qui travaillent , vont engager une jeune fille de la campagne, de dix-sept ans, comme bonne. Une curiosité et un futur souffre-douleur pour ce jeune garçon en pleine puberté, qui « ne fais rien qu'attendre, toujours attendre ce qui va se passer. »....

Une écriture sobre, pour raconter cette brève épisode d'une vie de famille d'un couple communiste, qui peuvent s'offrir le luxe d'une bonne, d'une voiture de fonction et même de rapporter des oranges à leurs fils. Deux courtes phrases, un regard, un geste pour exprimer très explicitement l'émotion, le ressenti d'une situation complexe, là est tout le talent.
“ Szidike, alors, me regarda.
Je détachai un quartier d'orange et le gobai.”.....
Une histoire poignante que vous terminerez la gorge serrée.
Nadas m'a conquise dés ce court premier roman, me faisant penser à ses compatriotes Magda Szabo, Sandor Marai, Antel Szerb, de grands écrivains hongrois que je vénère.

Un grand merci aux Éditions Phebus et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce bijou de littérature.
#LaBible#NetGalleyFrance
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Dans la Hongrie communiste des années '50, Gyurika, jeune gamin au seuil de la puberté, vit avec ses parents et ses grands-parents maternels dans une villa décrépite sur les hauteurs de Budapest. Fils unique, il est livré à lui-même, s'ennuie beaucoup en attendant que quelque chose se passe. D'un milieu social relativement aisé, ses parents ont les moyens d'engager une jeune domestique, provinciale, miséreuse et croyante, et bientôt tête de Turc de Gyurika, gamin cruel et provocateur qui ira jusqu'à déchirer avec délectation une bible sous le nez de la pauvre fille.
Tranche de vie d'une famille hongroise communiste, "la Bible" est le premier roman de Peter Nadas, considéré comme l'un des plus grands romanciers contemporains. Ce texte très court est écrit dans un style sobre, un peu elliptique. Il mêle la cruauté à une charge érotique latente dans un contexte de fracture sociale entre les riches et les pauvres (un comble dans un pays communiste). Peter Nadas s'y entend pour camper, en peu de mots, une ambiance malsaine et des sentiments complexes. Un texte puissant.

En partenariat avec les Editions Phébus via Netgalley.
#LaBible #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Eh non, malgré le titre, ne cherchez pas un récit religieux dans ce court roman intitulé La bible. On y retrouve bien le livre sacré mais… je vais trop vite. Dans une maison dans la campagne hongroise, Gyurka (Gyuri), un jeune garçon s'amuse avec son chien. Mais voilà que l'animal le mord – accidentellement. le gamin, mettant la main sur une bêche qui trainait tout près, attaque violemment le chien, le blesse sérieusement. À tel point que la bête meurt de ses blessures quelques jours plus tard. Quelle violence! Quel manque de remord! Avec un tel début, dans quelle histoire le lecteur s'embarque-t-il?

C'est mon deuxième Peter Nadas et, encore une fois, je suis surpris par une entrée en matière brutale. de la violence presque gratuite. Qu'est-ce qui peut suivre un pareil début? Pourtant, il semble aimer et être aimé de ses parents et grands-parents. Eh bien, le lecteur devine la réponse en voyant arriver Szidike, une jeune femme qui vient travailler pour la famille (techniquement, elle n'est pas une domestique mais elle semble occuper plusieurs de ses fonctions). Rapidement, une lutte pour établir un rapport de force s'installe entre elle et le garçon, lequel semble avoir le dessus. de plus, à travers cette lutte se dégage aussi un choc des cultures, des idéologies, allant de la religion au communisme et de la pauvreté à la richesse. Bref, il y a plusieurs couches à cette histoire.

Toutefois, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, Szidike, d'abord indifférente, ne se laisse pas faire non plus, sûre de sa domination sur le garçon, peut-être aussi de son amour ou, du moins, de sa fascination. Cela ne pouvait que culminer par un épisode choc, impliquant la bible familiale de cette famille pourtant peu pratiquante. C'est étonnant comment une cruauté insidieuse peut s'installer. Surtout, c'est effrayant de constater vers quoi un garçon peut diriger son intelligence. (Je ne me rappelle plus si son âge était mentionné, d'emblée je l'ai imaginé entre dix et douze ans.)

Encore une fois, Nadas propose une narration à la première personne. Cela permet de se placer dans la tête, dans les pensées du garçon. C'était malaisant de se glisser dans la peau d'un tel personnage. Surtout qu'en dehors de ces instants de méchanceté, il peut paraitre comme un garçon normal, ordinaire, sans malice. En effet, par moment, Gyurka peut se montrer tendre. Presque vulnérable. C'est ce qui est déstabilisant. Puis surviennent ces moments, caprices, cruautés. J'en ai des frissons rien qu'à y penser.

Incidemment, La bible constitue un moment de lecture intéressant… malgré moi.
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Ce roman c'est le choc de deux mondes séparé par un gouffre incommensurable , le premier l'univers d'un couple de communistes proches du pouvoir , qui ont accès à des privilèges immenses , l'autre le monde paysan sans instruction , sans éducation , qui n'a accès à rien , qui vit dans une effroyable misère et qui pourtant n'est pas dénué de dignité .
Le livre se passe en Hongrie sous le régime communiste .
C'est l'histoire du fils unique de cette famille aisée qui fera preuve d'une terrible cruauté envers la jeune paysanne envoyée chez eux pour faire le ménage .
Mais il a son jeune âge comme circonstance atténuante ce qui n'est pas le cas de ses parents .
Une histoire implacable sur une époque , ces années communistes où les richesses devaient être soi disant partagées , on frémit à lire cette histoire d'injustice , à ses privilèges honteux des classes dominantes .

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Un grand merci à NetGalley et aux éditions Phébus pour la découverte d'un auteur hongrois dont je n'avais jamais entendu parler, Péter Nádas, peu traduit en français, dont La Bible est le premier roman, publié en 1967…

Nous voilà transporté au début des années 1950, dans les beaux quartiers de Budapest, dans la maison d'une famille composé des grands-parents, des parents et d'un jeune garçon.
L'ambiance est celle d'une sorte de huis-clos familial élargi au voisinage immédiat. le père et la mère sont des fonctionnaires qui travaillent beaucoup, bénéficient manifestement de certains avantages ; la grand-mère tient la maison… le fils, enfant unique, très observateur, un rien pervers comme le sont parfois les adolescents, pose un regard précis, analytique, lucide et déroutant sur le quotidien… Entre des grands-parents très présents mais d'un autre temps, un père distant, une mère fantasque et une voisine à la fois provocante, attirante et perfide, son récit à la première personne surprend, ébranle et captive.
La mère décide d'embaucher une servante et l'arrivée d'une jeune bonne, tout droit sortie de sa campagne, va entraîner des péripéties en chaine qui vont bouleverser l'équilibre familial.

Il y a d'abord une galerie de personnages assez fabuleux, à la fois caricaturaux, théâtraux, typiques et atypiques en même temps auxquels on s'intéresse forcément…
Une famille communiste, semblant porter haut les valeurs d'égalité au point de prétendre considérer la domestique comme faisant partie de la famille, mais incapable de s'imaginer les conditions de vie de la population, en milieu rural, à peine à quelques kilomètres de la ville… Une famille athée, naturellement, mais qui possède une bible, vénérée comme une relique, cette bible justement dont le garçon va se servir pour exercer sa cruauté naissante sur la servante, très pieuse, en la déchirant devant elle…
Un gamin, pré-adolescent, détestable par ses actes et son air de ne pas y toucher, très intelligent mais qui développe ses capacités et son potentiel de manière cruelle et perverse ; tous les enfants dont parle le roman semblent d'ailleurs pervertis par le système, égoïstes, méprisants, imbus de leurs petites personnes…

L'écriture est magnifique, avec un registre très étendu, des mots rares, des expressions originales ; toujours très sensible aux enjeux et aux difficultés de la traduction, je salue le travail de Martin Marc, le traducteur du hongrois au français

Ce court roman de 128 pages est présenté comme un formidable condensé des puissantes qualités romanesques de l'auteur… Il m'a vraiment donné envie de lire les autres livres de Péter Nádas accessibles en français.
Une claque littéraire comme je les aime !

#LaBible #NetGalleyFrance
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
J'avais peur de la pluie, peur de Szidike, peur car je n'avais rien appris, car on allait m'emmener, car je ne savais pas embrasser ou parce que j'avais oublié au jardin un livre de mon père, or ces petites peurs n'affleuraient pas une à une en moi dans leur nature concrète, mais aussi grisouilles, diffuses et indistinctes que le voile de brume au-dessus de l'herbe.
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Les roses rongées de rouille aux rivets branlants, les pampres et autres feuilles d'acanthe tarabiscotées cliquetaient un long moment, chaque fois qu'on ouvrait ou fermait, dur à tirer, dur à pousser, le monumental portail en fer forgé. Des bruits confus de grincements fusaient alors dans le jardin silencieux, puis ricochaient mollement sur la façade aux décors de stuc de la villa sans étage.
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Un morne lierre rampait à l'assaut des hauteurs, enserrant le sumac de son étreinte mortelle. Les gouttes de pluie en dévalaient les feuilles grasses et luisantes, puis glissaient sur les feuilles en dessous... ainsi de suite, toujours un cran plus bas jusqu'à toucher terre.
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De mornes nuages gris s'entrelaçaient. Il pleuvait à verse. Les gouttières percées vomissaient des trombes d'eau. Parfois, des rafales de vent s'engouffraient avec fracas dans le feuillage rarescent, racorni des arbres, et cinglaient ma fenêtre.
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Les gens me semblaient à présent clairs et limpides. Je les comprenais. Je ne les redoutais que s'il se mettaient à parler, quand leurs mots dépouillés de signification m'obligeaient à chercher le sens qui se cachait derrière.
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