Un grand merci à NetGalley et aux éditions Phébus pour la découverte d'un auteur hongrois dont je n'avais jamais entendu parler,
Péter Nádas, peu traduit en français, dont
La Bible est le premier roman, publié en 1967…
Nous voilà transporté au début des années 1950, dans les beaux quartiers de Budapest, dans la maison d'une famille composé des grands-parents, des parents et d'un jeune garçon.
L'ambiance est celle d'une sorte de huis-clos familial élargi au voisinage immédiat. le père et la mère sont des fonctionnaires qui travaillent beaucoup, bénéficient manifestement de certains avantages ; la grand-mère tient la maison… le fils, enfant unique, très observateur, un rien pervers comme le sont parfois les adolescents, pose un regard précis, analytique, lucide et déroutant sur le quotidien… Entre des grands-parents très présents mais d'un autre temps, un père distant, une mère fantasque et une voisine à la fois provocante, attirante et perfide, son récit à la première personne surprend, ébranle et captive.
La mère décide d'embaucher une servante et l'arrivée d'une jeune bonne, tout droit sortie de sa campagne, va entraîner des péripéties en chaine qui vont bouleverser l'équilibre familial.
Il y a d'abord une galerie de personnages assez fabuleux, à la fois caricaturaux, théâtraux, typiques et atypiques en même temps auxquels on s'intéresse forcément…
Une famille communiste, semblant porter haut les valeurs d'égalité au point de prétendre considérer la domestique comme faisant partie de la famille, mais incapable de s'imaginer les conditions de vie de la population, en milieu rural, à peine à quelques kilomètres de la ville… Une famille athée, naturellement, mais qui possède une bible, vénérée comme une relique, cette bible justement dont le garçon va se servir pour exercer sa cruauté naissante sur la servante, très pieuse, en la déchirant devant elle…
Un gamin, pré-adolescent, détestable par ses actes et son air de ne pas y toucher, très intelligent mais qui développe ses capacités et son potentiel de manière cruelle et perverse ; tous les enfants dont parle le roman semblent d'ailleurs pervertis par le système, égoïstes, méprisants, imbus de leurs petites personnes…
L'écriture est magnifique, avec un registre très étendu, des mots rares, des expressions originales ; toujours très sensible aux enjeux et aux difficultés de la traduction, je salue le travail de
Martin Marc, le traducteur du hongrois au français
Ce court roman de 128 pages est présenté comme un formidable condensé des puissantes qualités romanesques de l'auteur… Il m'a vraiment donné envie de lire les autres livres de
Péter Nádas accessibles en français.
Une claque littéraire comme je les aime !
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