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EAN : 9782246800033
464 pages
Grasset (08/01/2014)
3.32/5   19 notes
Résumé :
Angleterre, XVIIe siècle : Susan, guérisseuse et sage-femme lègue à son fils, John, un savoir contenu dans « le Livre du festin des Saturnal ».
L’orphelin est envoyé au Manoir de Buckland. Affecté aux cuisines, il pénètre dans un univers de faste et d’abondance, peuplé d’une armée de domestiques sur lequel règne Maître Scowell. Peu à peu, John s’initie au secret des fourneaux et parvient à une maîtrise parfaite de son art.
A peine embauché, John s’épre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Quel étrange roman, quel dépaysement, quel voyage ! Ce livre-là fait partie des inclassables, des inoubliables, des incroyables lectures qui traversent quelquefois le chemin d'un lecteur. Un curieux enchevêtrement mêlant Histoire médiévale, passion amoureuse romanesque à souhait, légende ancienne enfermée dans un livre, transmission filiale, parcours initiatique, ode à la nature, la violence de la guerre, le raffinement d'un manoir, l'obscurantisme, la chasse aux sorcières,...et une aventure culinaire hors du commun. Un livre étonnant.
Nous sommes au XVII ème siècle, en Angleterre. John vit dans un village avec sa mère, sage-femme et guérisseuse. Souvent chahuté par les enfants et regardé avec méfiance par les adultes, John n'a pas une existence paisible. Un jour, un moine fanatique chasse la mère et son fils, les accusant de sorcellerie. Ils trouvent refuge dans la forêt profonde et humide. le froid et le manque de nourriture abîme la santé de la mère qui meurt en laissant John orphelin. Mais elle aura eu le temps de lui confier le livre dans lequel sont inscrites les recettes du festin des Saturnales (dans la mythologie, grandes fêtes données en l'honneur de Saturne, des banquets qui avaient lieu quelques jours avant le solstice d'hiver. Durant cette période, les choses s'inversaient : les esclaves prenaient la place des maîtres et inversement. Un vent de liberté, d'oisiveté, de plaisir soufflait...)
Suite au décès de Susan la guérisseuse, John est envoyé au Manoir de Buckland où il intègre les cuisines auprès du Maître de Cuisine Scovell (qui avait jadis connu sa mère). Ebloui par la grandeur des cuisines, émerveillé par le bruits des énormes chaudrons, des plats, des assiettes, des marmites, happé par les effluves, stupéfait par les gens qui s'activent, John sait que cet endroit est celui où il doit être. Armé de son livre, de son courage et de son talent, John s'élèvera au fil des années au rang tant convoité de Maître de Cuisine.
Il tombera éperdument amoureux de Lucretia, la fille de Lord William, le propriétaire des lieux. Il la nourira, remplira l'existence de cette jeune fille, qui pleure elle aussi sa mère disparue. Mais la demoiselle sera sommée par son père d'épouser son aristocrate de cousin, qu'elle hait pourtant, afin de conserver le Manoir.
John est sur le point de préparer un sublime festin pour fêter les noces de sa bien-aimée avec un autre quand la maison apprend que Charles 1er est destitué. À l'image des Saturnales, l'ordre établi est bousculé ; guerre civile, exécution du roi, fin de la monarchie, installation de la république par Cromwell le chef des Puritains.
Un roman fascinant à savourer. Sur fond de guerre et de violence, le merveilleux d'une légende ancestrale. Une épopée à travers la gastronomie médiévale et le romanesque d'un amour puissant. Une écriture poétique mettant en éveil tous les sens (le travail de traduction est à saluer).

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Il y a des livres comme ça qui ont le pouvoir de vous ensorceler dés les premières pages, et ce roman en fait partie ! Si nous sommes bien en Angleterre, au 17eme siècle, l'écriture onirique et flamboyante de Norfolk nous embarque vers un récit à la limite d'une très bonne fantasy. Cet auteur, amoureux de cuisine, nous invente un héros aux dons culinaires surnaturels, pour qui l'élaboration de mets les plus délirants possibles ( la description des plats, des saveurs, des odeurs est hallucinante !) relève d'une mission, celle d'aimer, de se faire aimer, de lever les préjugés et l'obscurantisme. On pense au Parfum de Suskind , le Bien pour différence. le foisonnement verbal (on est quand même cent crans au-dessus de ce qu'on peut lire habituellement) est étourdissant ! Les intermèdes mi-recettes mi-poèmes sont la cerise sur le gâteau !
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En général je n'aime pas les contes, les histoires fantastiques, la fantasy et autre Trône de fer, et pourtant je me suis laissée prendre à ce roman et je me suis laissée menée par le bout du nez du début à la fin.

Plaçons les éléments : l'Angleterre du XVII ème siècle, pas tout à fait sortie des guerres de religions, pas sortie du tout du monde de la superstition, du fanatisme, des sorcières et autres légendes.
Une vallée, un manoir et un village, Susan la sage-femme un peu guérisseuse vit avec son fils John dans le village mais ils sont en but à la bêtise des villageois et d'un moine fanatique qui les poursuit de sa vindicte.
Chassés par l'incendie de leur maison ils ont trouvé refuge dans la forêt de Buccla où Susan initie son fils aux herbes, aux plantes, il exerce et développe son odorat et s'initie au contenu d'un livre mystérieux qui contient les recettes du festin des Saturnales. Des banquets où
« Toutes les plantes, toutes les créatures florissantes. Toutes avaient leur place à la table de Saturne »
A la mort de sa mère, John est envoyé au manoir de Buckland. Il est vite remarqué pour ses dons particuliers et il est affecté aux cuisines qui sont sous la houlette de Maître Scovell.
John est fasciné par les cuisines « éclats de voix, tintements de pots, de poêlons et de chaudrons, frottement de couteaux » mais surtout « un grand flot d'arômes ».
Avant de monter en grade il va se frotter et tomber amoureux de Lucretia l'héritière du domaine qui doit épouser son cousin Piers Callock.
Le mariage devra attendre car la soldatesque à la solde d'Olivier Cromwell fait régner la terreur dans le pays.
Quel étrange et fascinant roman, un mélange des genres très divertissant, un roman d'aventures avec traques et pièges, un livre d'initiation au monde mystérieux de la cuisine, et pour faire bonne mesure un roman historique sur une période un peu sombre.
Pari réussi pour Lawrence Norfolk, on suit allègrement les aventures de John Saturnal et mine de rien de chapitre en chapitre on se constitue un livre de cuisine tout à fait original.
J'ai vraiment aimé ce roman mêlant réalité et fiction la plus débridée.
Lawrence Norfolk s'y entend pour faire passer grâce à un vocabulaire somptueux toute la sensualité des mets, des saveurs, des parfums. Les critiques ont parlé de « festin de mots » et de « nourriture pour l'esprit » !!
Laissez-vous tenter
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La légende prétend qu'en des temps immémoriaux, hommes et femmes de la vallée de Buckland vivaient en parfaite harmonie, liés par une saine et sincère amitié, goûtant la générosité d'une nature luxuriante au cours de fastueux banquets, grâce à la sorcière Buccla qui y avait apporté Le Festin. St-Clodock et ses prêtres mirent fin à cette félicité, en détruisant les tables du festin, taxant leur bonne entente de luxure, leur hédonisme de paresse...

XVIIème siècle... il ne reste du Festin que quelques bribes, vieux mythe aux interprétations multiples dont on a perverti le sens et les valeurs. Quelques superstitieux maintiennent une vague célébration annuelle, histoire, on ne sait jamais, de ne pas froisser la sorcière... de rares fidèles entretiennent sa mémoire avec plus de ferveur, garants d'une transmission secrète.

Susan Sandal est de ceux-là, qui détient le Livre dans lequel le peuple de Saturne a consigné tous les éléments du festin, dont les mots transcrivent ses délices et ses vertus, dont les images restituent l'exubérance des paysages. Elle enseigne à son fils John, doté d'un odorat exceptionnel, le savoir ancestral des plantes qui soignent, la magie qui préside à la célébration du Goût. Guérisseuse pour les uns, sorcière pour les autres, sa réputation, associée à la suspicion et l'obscurantisme qu'exhaussent les sermons d'un obscur et malveillant prêtre moraliste dont l'emprise se fait croissante, la désigne comme un bouc émissaire idéal lorsque la maladie s'abat sur le village.

Envoyé au manoir de la vallée de Buckland, dont le maître, Sir Williams, se terre dans son manoir depuis la mort de sa bien aimée Lady Ann, John en intègre les cuisines, d'abord comme simple commis... Il y fera son chemin, pendant que L Histoire s'emballe. A la montée du puritanisme, de la rigidité religieuse prônés par Cromwell et son parlement, qui a condamné à mort le roi Charles 1er, introduisant la guerre civile dans les campagnes anglaises, s'oppose le foisonnement que fait régner dans les cuisines du manoir de Buckland sa grouillante armée de marmitons, ranimant les fastes d'antan...

"Le festin de John Saturnal" est de ces romans qui vous transportent dans un tourbillon de sensations, d'odeurs et de couleurs, une ode à la générosité de la nature, un hymne à l'épicurisme et aux plaisirs sensuels et raffinés de la bonne chère, mais aussi au pouvoir des mots qui nourrissent le coeur et l'esprit.

Ajoutez-y une pincée de passion, une bonne rasade d'intrigues, un zeste d'aventure, imbibez le tout d'une écriture chatoyante... la tenue de l'ensemble est parfaite, l'assaisonnement merveilleusement dosé...

RÉGALEZ-VOUS !
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Il y a quelque chose d'alchimique dans ce roman. Au début, le rythme est assez lent : les nombreuses descriptions, malgré une écriture érudite, m'ont laissée "sur ma faim". Mais il fallait, pour reprendre une expression de John Saturnal, "plonger la cuillère un peu plus profondément" . Une fois descendue dans les cuisines, j'ai assisté avec ravissement au déroulement d'une histoire envoûtante, quoiqu'un peu alambiquée. Un délice pour narines et papilles.
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critiques presse (1)
Telerama
05 février 2014
Lawrence Norfolk épice sa fresque de tant d'ingrédients romanesques qu'on savoure avec appétit les amours de John et Lucretia au fastueux manoir de Buckland, là où, au sous-sol, règnent dans la fumée des armées de cuisiniers...
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Les grandes tables en bois de châtaignier gémissaient sous le poids des assiettes, des plateaux, des plats et des bols. Le festin était là tout entier. Tous les mots du livre, tous les fruits de tous les jardins, de tous les arbres et toutes les plantes dont l'humanité pouvait rêver, toutes les créatures de la terre, de l'eau ou de l'air. John sentit son démon se réveiller en lui à l'instant où un flot de senteurs et de saveurs l'inonda, celles des plantes que sa mère lui avait montrées sur les flancs de la colline, et d'autres qu'il n'avait jamais connues. Il sentit sous son palais la riche et forte saveur des viandes. Les arômes du vin lui faisaient touner la tête. Les friandises amoncelées sur des assiettes d'argent activaient douloureusement ses mâchoires, tandis que des syllabes de miel tremblaient dans leurs timbales. Il sentit les gâteaux lustrés de beurre battu craquer sous ses dents, et la couche de sucre crépiter. Les confiseries inondaient ses sens, chassant le froid et la faim. Une longue procession de plats se présentait au fil des pages, et tous leur étaient destinés. »
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C'était un grand édifice qui semblait s'enfoncer dans la verdure et déployer ses deux ailes comme un grand oiseau de pierre cherchant à prendre son envol pour s'arracher à la terre. Plusieurs étages de fenêtres s'élevaient jusqu'à une plate-forme flanquée de tourelles, hérissée de flèches et surmontée de dômes et de coupoles, ou descendaient vers d'invisibles cours intérieures. Derrière cette terrasse se dressait une tour plus haute, dont le toit en pente raide pointait vers le haut comme une lame. Un clocher d'église, pensa John. Il regarda sa mère;
-Qu'est-ce que c'est ?
- Le Manoir de Buckland, dit-elle sèchement.
- Là où vit Sir William ?
- Sans doute. Depuis onze ans, personne ne l'a vu hors de son château.
Onze ans, s'étonna John. C'était la durée de sa vie.
- Jamais ?
- Peu sont ceux également qui l'ont vu à l'intérieur de son manoir. Il interdit à ses serviteurs de le regarder. C'est ce que j'ai entendu dire.
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« Toutes les nuits, une fois le travail aux cuisines terminé, John se glissait dans les corridors, une bougie de fortune à la main, en direction des appartements du Maître Cuisinier. Mais au croisement des couloirs, il déviait de son chemin. Il poussait la porte tout au bout, traversait la cuisine déserte et grimpait l'étroit escalier qui conduisait à la Galerie Solaire. La lune y répandait une lumière spectrale. Elle courait dans le ciel au-dessus des pelouses et des chemins tapissés de neige et jetait sa lueur blafarde à travers les hautes fenêtres à battants. Mais quand elle se couchait, la galerie était plongée dans l'obscurité. Sous la porte de la Chambre tout au fond brillait un rai de lumière. Lucretia l'attendait. »
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Les arômes du vin lui faisaient touner la tête. Les friandises amoncelées sur des assiettes d’argent activaient douloureusement ses mâchoires, tandis que des syllabes de miel tremblaient dans leurs timbales. Il sentit les gâteaux lustrés de beurre battu craquer sous ses dents, et la couche de sucre crépiter
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Toutes les plantes, toutes les créatures florissantes. Toutes avaient leur place à la table de Saturne
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