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Ryôji Nakamura (Traducteur)René de Ceccatty (Traducteur)
EAN : 9782070733200
233 pages
Gallimard (24/09/1996)
3.95/5   178 notes
Résumé :
Pendant la seconde guerre mondiale, des enfants d'une maison de correction cheminent dans la campagne japonaise, accompagné de leur éducateur, en direction d’un village de montagne, censé leur offrir un refuge contre les bombardements. Arrivés à destination, ils réalisent rapidement que le "refuge" sera en fait leur prison : le village est isolé dans la montagne, cerné par les falaises et les ravins. Transis de froid, épuisés par la longue marche et les privations, ... >Voir plus
Que lire après Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfantsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 178 notes
A priori, les listes genre « Les 1001 livres à lire avant de mourir » m'indiffèrent et même me font ricaner -Le côté emphatique, ben oui à lire avant de mourir c'est mieux, parce qu'ensuite on n'est sûr de rien et aussi le côté littérature à thèse, 1984 en tête de gondole, Dieu sait que je n'ai rien contre 1984 mais enfin ce n'est pas le Livre le plus exceptionnel de tous les temps. Mais, soyons juste, un tel recensement a l'immense avantage de ne pas être euro-centré, et encore moins franco-centré; me voilà donc à piocher de la littérature japonaise -ce qui s'apparente chez moi à une vaste terra incognita- et à ouvrir ce court roman au titre énigmatique.
Eh ben c'est la claque. Comme si son auteur avait décidé d'accumuler tous les trucs les plus difficiles à accomplir en fiction -et à chaque fois c'est une réussite totale. Narration à la première personne, sans être un roman de formation. Personnages frustres, ô combien, décrits sans le moindre écart stylistique, ni condescendance, à hauteur d'auteur. Tragédie absolue, sans pathos, âpre et radicale.
C'est un adolescent qui parle, aucun doute, un ado roublard et brutal, naïf et pitoyable et le grand écrivain qui lui prête sa voix parvient à le rendre intensément réel sans jamais s'effacer et jamais l'ado ne dégrade le romancier ni le romancier ne phagocyte le jeune homme.
Bref c'est un chef d'oeuvre
Et je m'en vais ravaler mes blagues à 2 balles pour explorer consciencieusement les 1000 titres qui m'attendent encore.
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En lisant Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants, on sait dès le titre qu'on n'entre pas dans cet univers contemplatif si caractéristique d'un pan de la littérature japonaise. Ôè Kenzaburo démontre ici qu'ils sont très forts dans le domaine du réalisme le plus cru.

Pendant la seconde guerre mondiale, les jeunes garçons d'une maison de correction sont conduits jusqu'à un village perdu dans la montagne afin d'échapper aux bombardements aériens. Mal nourris, harassés, ils doivent en outre subir injures et humiliations dans chaque village traversé. Une fois parvenus à leur refuge, les villageois leur font très explicitement comprendre qu'ils sont des "bouches inutiles et indésirées". Alors que les animaux meurent en nombre d'une mystérieuse maladie ainsi que quelques humains, tout le village s'enfuit, bloquant le seul passage possible. Les enfants se retrouvent abandonnés et prisonniers.

Difficile de ne pas se sentir ébranlé et bouleversé par cette terrible histoire. L'auteur la place dans la bouche du narrateur, adolescent accompagné de son petit frère. Celui-ci, envoyé à la maison de correction par son père afin d'être évacué avec son aîné, est le personnage le plus pur du roman. Son innocence représente le pivot qui maintient le fragile équilibre du groupe abandonné

Ôè Kenzaburo imprègne son récit d'une force incroyable. Les émotions s'exacerbent et s'entremêlent dans cette situation si particulière. Je quitte son ouvrage éreintée, coeur et gorge serrées. Voilà un livre que j'ai envie de faire découvrir à mon entourage, malgré la noirceur dramatique. Pour partager la puissance narrative et l'engagement intellectuel si palpable de l'écrivain.
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Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants. le ton est donné dés le titre. Ici pas de place pour une évocation sensible du monde, ni pour la noblesse des sentiments. On est au coeur de la haine et la violence dans un Japon en pleine bourrasque, l'auteur ayant choisi pour cadre le Japon de la seconde guerre mondiale.


A quelques mois de la capitulation, sous le feu des bombardements ennemis, la population des villes se réfugie dans les campagnes. Parmi elle, des enfants d'une maison de correction dont le narrateur et son petit frère. Echoués dans cette institution parfois pour des faits étrangers à la délinquance, ils prennent la route d'un village isolé, perdu au milieu d'une forêt dense sur le flanc de la montagne, accessible uniquement par un wagonnet "sur des rails qui enjambaient la vallée", escortés de leur éducateur et des regards méprisants des paysans croisés sur leur chemin. Ils sont sales, ont des manières assez primaires et peu d'instruction. On se dit que la rencontre entre ces jeunes criminels de la ville et les villageois chargés de les accueillir que l'on imagine paisibles s'annonce rude.
Rude, glaciale, hostile, elle le fut, mais pour les enfants, qui seront enfermés dans un hangar lorsqu'ils ne seront pas chargés d'accomplir des tâches ingrates à la place des paysans. Une maladie mortelle s'insinue au sein du village, l'hostilité se transforme en haine fiévreuse… et le village en un piège qui se referme douloureusement sur les réfugiés.


Du monde extérieur, ces jeunes n'en découvrent que sa face la plus abjecte. Cynisme, barbarie, humiliation, ils sont les témoins de ce que l'auteur appelle sans cesse une "époque de folie" car " tel un interminable déluge, la guerre inondait les plis des sentiments humains, les moindres recoins des corps". Abandonnant toute humanité pour exorciser leurs peurs et les menaces, les paysans se montrent in fine bien plus rustres et féroces que les jeunes délinquants traités pas mieux que des bêtes. Pour le jeune narrateur, "il aurait mieux valu qu'ils soient des êtres sans volonté ni regard, comme une pierre, une fleur, un arbre, des êtres simplement regardés".
Un roman donc sombre, hanté par la mort, mais Kenzaburo Ôé maîtrise l'art de transformer cette réalité impitoyable et écoeurante en un roman magnifique, une véritable quête, formatrice, à laquelle les jeunes accèdent en faisant la paix avec leurs démons d'enfants. Car derrière leurs mauvaises manières et leur frustration contenue, il y a en embuscade de la solidarité, du courage profond, du désir de sincérité. Surtout chez le narrateur, personnage lumineux de ce roman prêt à se lever contre l'injustice. Et derrière l'écrivain il y a en embuscade l'homme d'empathie capable de mettre de la beauté là où il n'y en a pas. Une plume élégante, un rythme infiniment précis, une violence contenue font de cet auteur un magicien des émotions.
Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants fait partie de ces romans qui interpellent le lecteur par l'émotion vive qu'ils suscitent.
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Merci à Roschdy Zem, à Yolande Moreau et au film le Principal de Chad Chenouga à qui je dois cette lecture. le personnage joué par Yolande Moreau, principal de collège partant à la retraite, conseille et approvisionne en livres son adjoint, Roschdy Zem, dont un de l'écrivain japonais Kenzaburô Ôé. Est ainsi posée dans le film la question de la transmission de valeurs entre les adultes, les jeunes et aussi les spectateurs.

J'ai choisi ce livre de Kenzaburô Ôé pour le résumé en quatrième de couverture, pas pour le titre tout à fait effrayant, énigmatique, incitation bizarre que ce : « Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants ». Quelques recherches m'ont permis de relativiser l'emploi de l'impératif. Les mots provocateurs sont ceux de la fiction, d'un imaginaire très riche s'attaquant à un tabou : la violence envers des enfants. Quand un auteur japonais s'empare d'un tel sujet, sûr que cela ne va pas être un roman « feel-good »… Âmes sensibles bienvenues mais il faudra en passer par un réalisme de la violence d'une force inhabituelle, un cri à la Edvard Munch, d'un artiste hanté par la souffrance, la maladie, la mort, potentialisé par l'expression directe des enfants.

Deux mots sur l'auteur avant de présenter cette fable sociale tout à fait singulière. Elle a été écrite en 1958 mais m'a paru mettre en avant des thèmes réactualisés par les guerres actuelles, Ukraine, Moyen-Orient notamment, où les enfants sont des cibles. Kenzaburô Ôé, lauréat du prix Nobel de littérature 1994, est certainement un des plus grands auteurs du XXème siècle. Né en 1935, il a connu le nationalisme nippon, le culte de l'empereur, la guerre suivie des destructions, de la misère, de l'impensable bombardement nucléaire d'Hiroshima puis de Nagasaki et plus récemment de la catastrophe de Fukushima. Sa vie a été consacrée à défendre la paix, la dignité, la démocratie... et la littérature. Il est décédé le 3 mars 2023 dans une certaine indifférence, ce qui pose question au vu de son oeuvre et de ses engagements sociaux. Est-il trop en marge, trop dérangeant par rapport aux codes actuels où la réalité doit être montrée avec l'apparence du vrai en gommant les effets expressionnistes pourtant utiles pour provoquer l'émotion, la réflexion et l'action, trois éléments qui caractérisent la vie de Kenzaburô Ôé.

Retour au sujet du livre. Pendant la seconde guerre mondiale, les enfants d'une maison de correction sont emmenés dans un village de montagne. Leur éducateur, qui doit aller chercher un autre groupe, les confie aux paysans apeurés, abêtis par la pauvreté, l'ignorance… Après plusieurs décès dus à un début d'épidémie de peste, la population décide de quitter le village livrant les enfants à eux-mêmes, dans l'attente de l'éducateur qui tarde à revenir. Ceux-ci vont s'organiser pour survivre, formant une société où peut aussi s'exprimer des douceurs inconnues : la fraternité et même un bourgeon d'amour.

Ce n'est pas La peste d'Albert Camus, - un auteur qu'il appréciait, ainsi que Jean-Paul Sartre, Thomas Mann, Milan Kundera..., plutôt Robinson Crusoé… le village devient une sorte d'île déserte où tout est à refonder. Ces enfants au passé de délinquants, seuls, dans des conditions extrêmes, doivent faire l'expérience de la liberté, trouver à manger, apprendre à se connaître, à se soutenir. Une vrai histoire d'amour se noue entre le jeune narrateur et une petite fille, moment de grâce magnifiant ce récit à l'imagination intense.

Derrière la pudeur cachée sous les mots crus de Kenzaburô Ôé, il faut lire la force du message, l'injonction à respecter et protéger les enfants, à honorer la nature aussi et la vie naissante sous toutes ses formes. Vénérer l'espoir toujours présent en l'homme en dépit de la barbarie, ou du désintérêt, ce qui est proche, dont il fait souvent preuve. Continuer de lire celui qui manie les mots avec tant de maestria et d'élégance, contant L Histoire, le temps, la vie du monde.

Il y aurait bien plus à dire… Pour ceux que cela intéresse je mets sur Clesbibliofeel, lien ci-dessous, les entretiens très instructifs d'une émission Hors Champs de Laure Adler, diffusée sur France culture en 2022. S'il fallait une preuve de la valeur humaine de cet auteur il faudrait parler de son dévouement envers son fils, Hikari, atteint d'un handicap mental. Kenzaburô Ôé a été le porte parole de ce garçon mutique passionné par la musique, vivant à travers elle et voie exclusive de communication avec sa famille. Hikari Oé a réussi à s'épanouir dans une carrière de compositeur, sa musique a été enregistrée. Musicien reconnu au Japon, il représente un exemple réussi de traitement du handicap mental par l'art. Son adagio pour flûte et piano est également à écouter sur mon blog. Moment de paix et d'espoir !
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Dans ce premier roman magistral (芽むしり仔撃ち, Memushiri Kouchi, 1958), Kenzaburô Ôé décrit le sort d'enfants d'une maison de correction devant se réfugier dans un village reculé de montagne pour fuir les bombardements. Ils sont placés sous la responsabilité d'un maire autoritaire et haineux voyant ces êtres corrompus comme des erreurs qu'il faut éradiquer à l'état de bourgeon. Au yeux des villageois, ces délinquants juvéniles représentent des bouches inutiles voire une menace qu'il faut mater sans pitié. Hébergés dans des conditions pitoyables, les enfants sont rapidement mis au travail et doivent commencer par enterrer des cadavres d'animaux victimes d'une épidémie. Mais lorsque les premiers humains succombent à la maladie, les villageois désertent la place, abandonnant les jeunes parias à eux-mêmes tout en les empêchant de quitter la vallée. le refuge devient alors prison.

L'histoire nous est racontée à travers les yeux d'un de ces jeunes délinquants, un adolescent naïf mais digne accompagné par son jeune frère paisible et attachant. Avec l'arrogant Minami, qui a pour habitude de vendre son corps tout en rêvant du sud lointain, il prend la tête de leur groupe pour organiser leur survie et fait bientôt la connaissance d'un jeune réfugié coréen, d'un soldat déserteur activement recherché par l'armée, et d'une fillette veillant le cadavre de sa mère. Malgré sa dimension violente et sordide, il émane de ce texte une poésie et une profondeur réflexive remarquables. Entre les images de charognes et de corps malades ou blessés, surgissent parfois des tableaux somptueux, comme la vallée envahie par la neige étincelante ou la fierté radieuse d'un garçonnet capturant un bel oiseau pour le repas. le plus admirable cependant est la manière avec laquelle Ôé parvient à saisir les émotions et le langage de ces enfants, la fragilité de leurs corps et de leurs coeurs exposés aux duretés du sort. Les liens complexes de l'amitié, les émois d'un premier amour, le goût du sang, du stupre et de la pourriture, les désillusions face à la cruauté et à la lâcheté des adultes, tout cela est décrit avec fracas et élégance.
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critiques presse (1)
Telerama
07 mars 2012
Un grand roman sur le courage et la quête de la liberté.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
- C'est là-haut que des Coréens sont morts ? insistai-je.
- C'est un ghetto de Coréens, précisa le forgeron à la place de l'enfant. Mais il n'y a eu qu'un seul mort. On ne sait pas si c'est la même maladie que pour les bêtes.
Mes camarades se disposaient à transporter un veau très lourd, dont le ventre lacéré laissait échapper un mélange visqueux de chair, de sang et de pus. Il m'a semblé que la maladie féroce qui avait attaqué ce veau robuste pouvait aisément étrangler un être humain.
- Dans le hangar une réfugiée est en train de mourir, dit un autre enfant dont la voix laissait percer son excitation. C'est parce qu'elle a mangé des légumes pourris qu'elle avait ramassés par terre. Tout le monde dit ça.
- S'il s'agit d'une maladie contagieuse, dis-je, il faudrait la mettre en quarantaine. Si ça se propage, ça va être épouvantable. Tout le monde va mourir.
- Il n'y a nulle part où isoler les malades, répondit le forgeron excédé. Il n'y a rien de tel.
- Mais quand une épidémie se déclare dans le village, qu'est-ce que vous faites ?
- Tout le village s'enfuit en abandonnant les malades. C'est ça, la règle. Si une maladie contagieuse se déclare dans notre village, les autres villageois autour nous hébergent. Si au contraire ça se passe ailleurs, nous prenons en charge ceux qui viennent se réfugier ici. ça s'est produit il y a vingt ans, quand le choléra s'est déclaré. On a dû passer pas moins de trois mois dans le village voisin.
Il y avait vingt ans...C'était aussi simple et solennel qu'une légende et ça me faisait rêver. Il y avait vingt ans...dans les ténèbres de l'histoire, les gens du village avaient pris la fuite en abandonnant les malades qui gémissaient de douleur. Un des survivants me parlait, à moi, si près de moi que je pouvais sentir son odeur.
- Pourquoi cette fois-ci ne fuyez-vous pas ? demandai-je sans pouvoir réprimer un halètement.
- Quoi ? Cette fois-ci ? s'exclama le forgeron. Mais il n'y a aucune épidémie. Des animaux sont morts, on a eu deux personnes malades dont une est morte. C'est tout.
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Dans nos têtes lourdes de fatigue, où le sommeil cherchait à s'infiltrer,l'image des tripes sortant du ventre du déserteur s'amplifiait tranquillement. Elle nous envahissait et nous possédait comme un poison. De temps à autre, dans le silence, certains d'entre nous éclataient sporadiquement en sanglots et d'autres ne se contenaient plus, laissant couler, en restant assis, leur urine en une flaque transparente sous leurs fesses et leurs jambes. Je pensais que je devais m'arracher à la peur violente et impérieuse qui s'était emparée de mes camarades. J'aurais voulu employer toute mon énergie à trouver en moi-même ne fût-ce qu'un infime symptôme de sensation de faim, que j'aurais dû éprouver, mais qui ne se manifestait guère. Je n'avais pas plus froid que faim et rien ne me troublait, sinon une nausée qui me montait à la gorge et une soif qui desséchait ma bouche.
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J'ai tendu le bras entre les corps de mes camarades agglutinés et, en tâtonnant, j'ai trouvé la petite main molle de mon frère, que j'ai serrée. Mon frère a répondu à ma pression avec le peu de force qu'il avait : la chaleur de ses doigts et ses pulsations enfantines m'ont transmis un sentiment de vitalité aussi alerte et souple qu'un écureuil ou un lièvre. Et c'était en même temps quelque chose que ma main devait communiquer à la sienne. L'angoisse insondable qui convulsait mes lèvres, ajoutée à ma fatigue, se répandait dans tout mon corps : je craignais qu'elle ne contaminât mon frère à travers nos mains serrées, mais probablement l'éprouvait-il déjà. Entassés comme des chiens qui auraient perdu toute force de résistance, exposés à un transport dangereux, tous mes compagnons enduraient cette épreuve, les lèvres crispées d'anxiété.
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Je pensais que tu ne reviendrais pas. Elle prononçait ces mots entre des convulsions inintelligibles. Je détournai les yeux de ses lèvres et je regardai mes doigts douloureux. Le sang dégouttait sur le dallage. Soudain la main de la petite se tendit vars mes doigts et, tandis qu’elle s’agenouillait, ses lèvres se posèrent sur mes doigts et sa langue durcie lécha ma plaie par petites touches régulières, l’humectant de salive visqueuse. Sous mon front baissé, sa nuque, qui frémissait par secousses, devenait aussi ronde et souple que le dos d’un pigeon.
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- Je ne voulais pas faire la guerre, moi, dit soudain le soldat, d'un air grave. Je ne voulais tuer personne.
Cette fois-ci il s'installa un silence encore plus long, avec un sentiment général de malaise. Nous avons dû réprimer un fin sourire insaisissable, comme si on nous avait chatouillés à la taille, aux fesses.
- Moi, je veux faire la guerre et je veux tuer, déclara Minami.
- À votre âge, on ne comprend rien à ces choses. Et soudain tout devient clair.
Nous avons gardé un silence perplexe. On ne pouvait pas dire que c'était un sujet très drôle. C'est alors que le chien qui dormait entre les genoux de mon frère se leva lentement et alla flairer les genoux minces du soldat. L'homme lui caressa avec hésitation la tête.
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