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3,78

sur 2319 notes
Une lecture toujours remise à plus tard, entendue que du bien, je dois dire que j'ai lu cette histoire avec quand même un goût amer de l'être humain.
Après avoir refermé le livre, je ne parviens toujours pas, à comprendre le comportement de cette femme, tout ça pour l'amour d'un homme. Laisser déporter sa soeur et sa nièce, c'est sans nom.
Le personnage m'a donc dès le début horrifié, et mais l'histoire de l'Estonie m'a quand même intéressée.
L'écriture est fluide et je me suis laissée portée entre les différentes époques de l'histoire.
Une terrible histoire il faut bien le dire, c'est bien noir...
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Voilà un livre dont on ne sort pas indemne, d'autant plus si on est une femme. Un livre où la petite histoire se mêle à la grande, un livre où on entraperçoit l'horreur de la seconde guerre mondiale, décuplée dans ces pays tombés ensuite sous le joug du communisme de l'autre côté du rideau de fer, où l'on évoque le commerce des femmes de l'Est très florissant, mais aussi l'amour, la famille, la femme, les femmes.
Ces deux portraits de femmes victimes d'abord sont très réalistes, très durs et très beaux.

Un roman glaçant, dérangeant, humain dans le pire comme le meilleur. Un livre à lire si ce n'est pas déjà fait.
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Quel coup de poing ai-je reçu à cette lecture ! Tortures, esclavage sous forme de prostitution, dénonciations, haine envers sa propre soeur, hypocrisie... et avec cela: mauvaises odeurs, saleté, dégradations...
Ce roman nous livre de façon brute, dans toute leur horreur et malgré tout, très bien écrits ! , de terribles pans de notre Histoire, d'immondes morceaux de vie, dont certains sont encore en train de se perpétrer !
Je peux simplement dire, comme conclusion, que je suis heureuse d'être née ici, et maintenant.
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Purge est un roman, une fresque historique, un drame, tout en un. L'assemblage de c es trois genres est admirablement bien charpenté à partir d'une situation simple. Estonie, campagne, une vieille dame trouve une femme dans son jardin, elle recueille. de chapitres courts en retours en arrières on découvre l'histoire de chacune. Fatalement les petites histoires sont liées à celle avec un grand H. La Russie, l'espionnage, l'esclavagisme sexuel... Tout est très bien traité. C'est trash quand il le faut, poétique quand cela s'impose, didactique quand cela est utile. Un très beau roman sur le viol et la prostitution comme arme de guerre. le final en mode révélations gigognes d'espionnage est certes complexe, mais montre bien dans quel mensonge cette histoire baigne. du grand art.
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Un drame familial débutant d'une simple rivalité amoureuse entre deux soeurs, avec de lourdes conséquences sur plusieurs générations . C' est le récit saisissant que nous offre Sofi Oksanen, le tout lié à l' histoire récente de ce petit pays méconnu, malmené dans un premier temps par l' occupant nazi avant d' être annexé et oppressé durement par le puissant voisin soviétique.Un sujet fort , une belle écriture , une intrigue captivante et complexe, parfois un peu difficile à suivre de part l' utilisation intensive de l' effet de flash-back dans la narration.
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Un matin de 1992, Aliide, une vieille estonienne, aperçoit dans la cour de sa ferme un étrange ballot. Ce ballot de taille humaine et aux cheveux blonds est le corps sale et boueux d'une jeune fille. Les vêtements, pourtant de bonne facture, sont déchirés et souillés, les yeux sont hagards et les propos incohérents. Malgré les questions qui se bousculent dans la tête d'Aliide sur la présence chez elle de cette fille ( voleuse, espionne ou simple mendiante?), elle va l'accueillir dans sa cuisine et la réconforter.
Par d'incessants retours dans le passé des personnages, toujours en lien avec l'histoire tourmentée de l' Estonie, l'auteur va dévoiler peu à peu le lien qui unit ces deux personnes: Zara la jeune fille misérable et paumée et Aliide la vieille dame esseulée et méfiante.
En filigrane de ce roman: la peur ; elle s'infiltre et s'invite dans cette campagne reculée et archaïque . Elle est omniprésente et s'accroche à la peau des deux femmes tout comme les grosses mouches à viande que chasse en vain Aliide. L'imposture et la honte qui ont régit toute la vie d'adulte d'Aliide sont le pendant de cette peur installée aujourd'hui dans sa vie. de la même manière qu'elle a poussé de lourdes armoires pour masquer son secret, elle va édifier une façade de mensonges pour s'abriter, donner le change et sauver ceux qu'elle aime. La peur que ressent Zara est tout aussi légitime et liée à sa triste expérience en Allemagne.
"Mais la terreur de la fille était tellement vive qu'Aliide la ressentit soudain en elle-même. Bon sang , comment son corps se souvenait-il de cette sensation, et s'en souvenait si bien qu'il était prêt à la partager dès qu'il l'apercevait dans les yeux d'une inconnue.(…) mais maintenant qu'il y avait dans sa cuisine une fille qui dégoulinait de peur par tous les pores sur la toile cirée, elle était incapable de la chasser de la main comme elle aurait dû le faire, elle la laissait s'insinuer entre le papier peint et la vieille colle, dans les fentes laissées par des photos cachées puis retirées. La peur s'installait là en faisant comme chez soi"
Voilà un livre qui a une vraie carrure, il est bien charpenté et tient la route. Il nous oblige à faire un saut dans ce petit pays balte et à mieux comprendre le poids du passé lié aux différentes occupations. La carte du début de livre, la frise historique à la fin sont des éclairages pour la lecture . Et même s'il nous manque encore sans doute quelques clés pour appréhender complètement la réalité historique de ce pays nous sortons de cette lecture plus instruits, plus proches de cette population martyrisée.
La façon dont Sofi Oksanen a tissé son oeuvre entretient l'intrigue, à son plus haut niveau, d'un bout à l'autre du récit. La traduction talentueuse, la densité des personnages et la dimension historique contribuent à faire de Purge un très grand roman.

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Je termine ce livre avec un sentiment mitigé non pas tant par sa teneur mais par la façon dont les événements ont été narrés !

Il démarre en avec l'effondrement du bloc de l'Est et mène à la restauration de la République d'Estonie. C'est un roman très sombre qui raconte une famille sous l'occupation allemande puis sous le joug soviétique et la résistance estonienne, les héros d'un jour devenant les traitres le lendemain !

Exactions, magouilles, corruption, déportations, dénonciations, trahisons et mensonges... Les femmes sont plus souvent que les autres les victimes désignées des atrocités !

Tout ça je m'y attendais car je connais un peu l'Histoire des ex-pays de l'URSS et ce ne sont pas les retours en arrière qui m'ont gênée mais la rédaction proprement dite, du moins l'absence de rédaction qui a fini par me donner l'impression de lire un catalogue d'atrocités avec une grande difficulté à avoir de l'empathie pour les personnages !

J'ai failli abandonner mais j'ai tenu bon afin de voir où pouvaient mener ces mots et ces courtes phrases ! Au final : nulle part !

Challenge Plumes Féminines 2022
Pioche dans ma PAL mars 2022
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Un matin de 1992, alors que le bloc de l'Est poursuit son effondrement et que les Russes quittent peu à peu l'Estonie, la vieille Aliide trouve une jeune fille affolée dans son jardin, Zara, jeune Finlandaise qui fuit un homme. « Peut-être qu'elle faisait maintenant une erreur en se rebellant contre son destin de pute, mais il était vain de penser à cela maintenant. » (p. 293) L'histoire de Zara entre en résonnance avec celle d'Aliide qui, des décennies plus tôt, a aimé Hans, le mari de sa soeur, et qui aurait tout fait pour l'avoir rien qu'à elle, jusqu'à l'impensable. Depuis des années, elle vit avec des secrets et des hontes : son passé est lourd à porter et elle craint sans cesse qu'il refasse surface, qu'il remonte de la cave où elle vécu sa plus grande douleur. Aliide est de ceux qui ont collaboré, qui ont laissé les Russes toucher à l'Estonie. Pour ça, elle sait qu'on la hait et elle craint les pillages, mais elle ne reculera jamais. « Cette terre était sa terre, elle en était issue et elle y resterait, elle n'en partirait pas, elle n'y renoncerait pas. » (p. 195) Aider Zara, finalement, c'est s'opposer enfin à l'URSS, dire non à la toute-puissance des hommes et à leurs désirs sales. Zara aussi a beaucoup à cacher, mais elle cherche surtout à comprendre le pesant secret de famille qui est son héritage.

Sordide. Épais. Poisseux. Crasseux. Ces qualificatifs n'ont cessé d'accompagner ma lecture. Purge est un roman pesant et sombre où se heurtent en un violent fracas l'histoire de l'Estonie et le destin de quelques individus. La rédemption ne s'y acquiert qu'au prix du sacrifice et de la brutalité. L'image récurrente des mouches qui se posent sur la viande résume parfaitement l'atmosphère de ce récit : ici, tout est putride. Lecture âpre et dérangeante, mais qui marque pour longtemps. Il est dans mes habitudes de lire les bestsellers des années après tout le monde : j'aurais peut-être dû attendre encore un peu pour ouvrir celui-là.
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1992. Un village d'Estonie. La vieille Aliide découvre devant sa maison une jeune femme inanimée. L'Estonie sort tout juste de 47 ans d'occupation russe, qui a succédé à l'occupation allemande, elle-même ayant suivi une première occupation russe. Aliide a appris à se méfier de tout et de tous. Qui est cette jeune femme ? Qui l'a mise dans cet état ? Que fuit-elle ? Pourquoi est-elle arrivée dans ce village perdu ? Mais Aliide va finir par être touchée par Zara, l'accueillir, la nourrir, la soigner, la protéger, sans vraiment savoir pourquoi. Toutes deux abîmées par la vie, par les hommes, elles vont découvrir qu'elles ont plus à partager qu'elles ne le croient.

« Purge » est le second romain de l'auteure finlandaise Sofi Oksanen. Cette dernière dit que ce qui l'attire avant tout « ce sont les destins bâillonnés, les personnages muets, les histoires tues. S'approcher du non-dit et tenter de l'articuler, n'est-ce pas l'essence même de l'écriture ? ».

Si le mot finlandais qui signifie « Purge » n'a pas tout à fait la même connotation qu'en français, il a quand même en lui la notion de nettoyage. Et c'est ce qui guide Aliide et Zara : nettoyer leur corps et leur vie de ce que les hommes en ont fait, nettoyer l'histoire d'une famille, nettoyer l'histoire d'un pays.

Pour Aliide c'est une vie de frustration, de survie dans un univers hostile, avec pour point de départ la jalousie d'une soeur envers sa cadette plus jolie, plus douée en tout. Une vie sous le signe de la recherche de la protection. Une vie emplie de mensonges, de défiance, d'amour et de haine, de trahison, d'exil et de déportation, de vengeance, de désespoir, de violence en tous genres. C'est aussi la sortie de la contrainte lorsque disparait le joug de l'envahisseur.

Cette violence d'une société, l'auteure la traite au travers du destin de deux femmes à deux époques. Si Aliide l'a subie pendant ces décennies d'occupation, Zara l'a vécue au début des années 1990. Trompée par une amie elle quitte Vladivostok pour Berlin où son rêve d'études se transforme en cauchemar lorsqu'elle tombe sous le joug d'un souteneur russe et tombe dans la prostitution. Jusqu'à ce que l'opportunité d'un voyage à Tallinn lui offre l'espoir de fuir un destin funeste et de revenir sur la terre de sa grand-mère. Pour Zara comme pour Aliide la société a fait de leur corps de femme un objet de honte dont elle semble incapable de se libérer.

Avec l'histoire d'Aliide et de Zara, Sofi Oksanen nous raconte l'histoire de l'Estonie de 1944 à 1992. Les années de guerre mais surtout les années d'occupation de l'un des trois pays baltes par l'armée russe, puis la renaissance d'une identité avec toutes les cicatrices laissées par le passé. Un récit où les 5 sens sont exacerbés, notamment l'odorat.

Le style qui peut sembler lent, distillant par petites touches sa trame narrative, naviguant dans le temps, alternant les flashbacks entre l'Estonie libérée et l'Estonie bâillonnée, entre le temps de la contrainte pour Aliide comme pour Zara et celui de la libération. Un récit historique qui nous fait découvrir une histoire rarement évoquée. Mais aussi une histoire de femmes qui vivent dans la peur constante des hommes et dans la honte de ce qu'ils ont fait d'elle. Et enfin une histoire de famille avec ses secrets et ses non-dits, ses silences et sa part de culpabilité.

On ressort de ce récit comme du film « La vie des autres » : on est captivé par ce récit qui perturbe. Et comme pour le film on se dit qu'on n'est pas prêts de l'oublier tant il trouble et dérange.
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"Purge" de Sofi Oksanen est un roman sur l'histoire de l'Estonie entre les années 30 où ce pays était indépendant et 1992, moment où l'Estonie retrouve son indépendance après les occupations successives de l'URSS, de l'Allemagne nazie et à nouveau de l'URSS. Après la chute de l'URSS, le peuple estonien fête un nouveau cycle.

Pourtant, une vieille femme, Aliide, occupée à faire des confitures, découvre dans son jardin une jeune femme cachée dans son jardin, recroquevillée et passablement effrayée. Elle s'appelle Zara et semble avoir été violentée. Ses vêtements sont déchirés, elle porte des pantoufles et elle est sale.

Aliide, bien qu'elle ait peur que Zara soit un appât pour attirer des voleurs, aide la jeune femme et l'accueille chez elle.

Entre les deux femmes il y a beaucoup de mensonges, de méfiance et de non-dits. Elles se sondent, se parlent, se taisent. Nous apprendrons plus tard que des secrets de famille se jouent en ces instants. Zara n'est pas arrivée là par hasard. Elle a été naïve lorsqu'une de ses amies lui a vanté la vie en Occident. Zara part à Berlin et se prostitue sous l'égide de son proxénète, Pacha accompagné de son congénère, Laverty. Elle s'échappe alors qu'elle est emmenée en Estonie et se réfugie donc chez Aliide.

L'histoire d'Aliide est aussi émaillée de violence, de compromission, de trahison envers sa soeur, Ingel car elle aime le mari de cette dernière. Elle considère Ingel comme une concurrente. le mari d'Ingel, Hans, était un nationaliste anti-bolchévique. Il a donc aidé les allemands pendant l'occupation nazie. Pourtant, Aliide continue à l'aimer.

Nous assistons à des scènes difficiles de violences par les soviétiques contre Aliide, Ingel et sa fille et celle d'Hans, Linda. Hans est caché par les femmes et les communistes le recherchent. Elle ne parleront pas, y compris la petite fille. Pourtant, les violences physiques et sexuelles sont extrêmes.

Pour se protéger de son passé, Aliide se marie avec Martin, un communiste reconnu et respecté dans le village.

Les uns et les autres sont troubles et personne n'est pur et sans tache comme tout être humain sans doute.

Sofi Oksanen nous entraîne dans une histoire plutôt glauque, poisseuse en passant d'un personnage à l'autre et d'une époque à l'autre. de carnets en monologues voire dialogues entre Zara et Aliide. Chaque personnage a sa langue, son rythme. Il y a un suspense qui monte crescendo.

Ce livre est difficile mais il n'est pas possible de le lâcher après l'avoir commencé. La psychologie des personnages est passionnante et malgré l'ambiance plutôt lugubre l'auteure nous donne envie de les accompagner jusqu'au bout, jusqu'au moment où Aliide va jusqu'au bout pour aider et sauver Zara.

Je ne connaissais rien de l'histoire de l'Estonie et aujourd'hui j'en connais un peu plus. Je recommande cette lecture exigeante.
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