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3,78

sur 2318 notes
Sofi Oksanen plonge aux sources d'une histoire de deux femmes où se mêlent souvenirs et présent, histoire et traumatismes communs.
Dans un récit sec et addictif ce roman est à l'image de son auteur, toujours convoquant ses combats et ses obsessions.
Le ton est précis, descriptif jusqu'à l'obsession, à la fois lyrique et râpeux.

La recherche de l'identité, la solitude, les stigmates des souffrances infligées par les envahisseurs russes, puis allemands, la lutte pour la survie, ce sont des mémoires qui pèsent lourd sur les épaules des estoniens.
L'on apprend beaucoup sur les déportations et dénonciations et l'on ressent la peur constante qui habitait ce peuple, devenu froid et dur à force de vivre dans la honte et dans la soumission.

L'auteure le dit, elle aime les destins bâillonnés, les personnages muets et les histoires tues. Mais surtout elle dénonce toujours la violence infligée aux femmes comme pour panser des plaies jamais guéries.


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Un récit bien construit avec du suspense jusqu'à l'ultime page.
Une violence extrême dans les corps comme dans les âmes. Mais ces peuples qui étaient "coincés" entre la croix gammé et la faucille et le marteau, ont-ils jamais connu la paix ?
Une histoire de jalousie, de trahison...et puis de rédemption. Sur la vie, la véritable, sans fioritures, sans morales...nue...crue.
Pour moi...un grand livre.
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Excellente découverte que ce roman d'une noirceur terrible qui met en lumière l'histoire tragique de l'Estonie au XXème siècle et de son identité laminée par la main-mise du grand voisin russe imposant à une population sous contrôle joug soviétique puis anarchie libérale à la chute du mur.
Ce qu'il y a de formidable dans ce roman c'est que toute cette grande Histoire est abordée depuis un lieu unique : la ferme de la vieille Liide, et à travers deux personnages de femmes à la fois complémentaires et antinomiques : Liide, astre noir prétendant au contrôle de sa vie à tout prix, et la jeune russe Zara, échappée de l'enfer de la mafia russe.
L'atmosphère pesante de ce huit clos campagnard plonge avec force le lecteur dans une Estonie rurale immuable et d'une violence sans nom.
Un roman troublant et éprouvant qui force le regard sur les zones les plus sombres de l'âme humaine.
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Lorsque j'ai refermé ce livre, un seul mot m'est venu : "waouh..."
Sofi Oksanen relate cette histoire sans concession ni haine. Elle nous dépeint de simples êtres humains qui font ce qu'ils peuvent, comme ils peuvent, ne sont ni bons, ni mauvais et se débattent pour survivre avec les moyens qu'ils ont.
On ne porte de jugement sur aucune d'entre elles (et je précise bien "elles", parce que les "ils"...), on compatit, c'est tout. Qu'aurions nous fait à leur place ?
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Purge est un livre qu'on ne peut commenter en quelques lignes. En même temps, en dire trop et déflorer le récit, c'est vraiment dommage. Pour être honnête, le début du livre est ardu. La mise en place est minutieuse à l'envi, gorgée de détails, avec cette rencontre entre Zara la jeune et Aliide, la vieille. Elles se reniflent comme deux chiens, méfiantes, on sent qu'il y a un lourd passé derrière elles, des secrets inavouables, un lien entre elles, peut-être. L'atmosphère est pesante et ces prémices sous forme de huis clos sont étouffantes, quasi théâtrales (normal, le récit vient de la pièce écrite auparavant par Oksanen). La suite est prodigieuse et nous balade d'une époque à une autre, dans plusieurs lieux distincts (Vladivostok, Berlin et toujours l'ouest de l'Estonie). Pas besoin de GPS, cependant, chaque chapitre indique dates et endroits où se déroule l'action. Il faut juste se souvenir de points de repères essentiels : 1920, constitution de la République d'Estonie ; 1941 : occupation par l'Allemagne ; 1944 : L'armée rouge prend le contrôle avant que l'Estonie ne soit intégrée à l'Union Soviétique ; 1991 : l'indépendance est rétablie. le lecteur passe sans transition d'une époque à une autre, sans jamais perdre le fil. Au fur et à mesure, la pelote de laine se dévide, les secrets se révèlent. Tout devient clair. La confrontation de ces deux femmes estoniennes (l'une ne l'est pas stricto sensu, certes, mais bon) est au coeur du roman. Oksanen y revient toujours parce que c'est le point de convergence de l'histoire d'un pays ballotté par des vents contraires et qui a connu trop longtemps la soumission forcée. Courageuses, ces femmes ? Cela va bien au-delà et c'est restrictif. Ce qui fait la force de Purge, outre son style, qui peut être tour à tour rageur, choquant, pornographique, délicat et élégiaque, c'est l'incroyable finesse et complexité psychologique de ses héroïnes. Courageuses, oui, surtout parce qu'elles ont la volonté d'écrire leur destin, mais aussi jalouses, haineuses, lâches, faibles, soumises etc. Ici ou là, on lit que Zara serait une victime et Liide un bourreau. Ce n'est évidemment pas aussi simple que cela. le génie d'Oksanen est de nous rendre ces caractères proches et immédiatement compréhensibles, tout en gardant une part de mystère. Il faudrait aussi parler de la vie de prostituée de Zara, sous emprise mafieuse, d'Ingel et de Hans, personnages essentiels, de la notion de collaboration et de résistance ... Tellement dense, ce roman. Purge est-il un chef d'oeuvre ? Ce qui est certain, c'est qu'on en ressort essoré et pantelant. Ca fait mal, et tellement de bien.
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Beaucoup d'entre vous l'ont déjà lu, mais j'ajoute tout de même ma voix aux avis qui sont dans l'ensemble très positifs. Purge est un roman qui parle directement aux sentiments, au travers de son sujet et grâce à son écriture. Bien plus qu'un huis clos entre deux femmes que séparent plusieurs générations, c'est l'histoire des soixante dernières années en Estonie qui surgit. Ou plutôt l'histoire des estoniens et des estoniennes, ces dernières, comme malheureusement dans toutes les guerres, ayant subi autant de violences que d'envahisseurs successifs. L'Estonie a ainsi été russe, puis allemande, puis de nouveau russe. En 1992, quand débute le roman, elle a accédé à l'indépendance, mais la quiétude n'est pas revenue pour autant dans les petits villages ni dans l'esprit des petites gens. Aliide est une vieille femme, que rien ne rend particulièrement sympathique, pas plus que Zara à qui elle ouvre à contrecoeur sa porte. Pourtant Aliide vient en aide à la jeune femme, sans rien savoir de ce qui l'a amenée vers sa maison.
Une belle émotion se dégage dès les premières pages, derrière les petites activités quotidiennes d'Aliide, qui cuisine, concocte tisanes et conserves, une peur émerge, qui rencontre une autre peur, celle de la jeune Zara. Plus que le dialogue, difficile entre les deux femmes, ce sont les retours en arrière qui font émerger des thèmes forts et prenants, le mensonge, la jalousie, les violences faites aux femmes, les traumatismes, la survie, la peur. Chaque chapitre commence par la date et le lieu, évitant ainsi d'égarer le lecteur dans la chronologie. L'écriture est vraiment particulière, tout en étant très lisible, elle roule, cahote, repart, s'attarde sur les petits gestes pour éviter de trop en dire. Un très beau roman, qui mérite les éloges et les prix qu'il a reçus, mais que j'étais tout de même contente de terminer, la gorge serrée, pour passer à une lecture moins éprouvante.
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Estonie, 1992. Depuis quelques mois, le peuple estonien fête la fin du joug soviétique, après un demi-siècle de soumission forcée.
Retirée dans sa ferme, les sens aux aguets, la vieille Aliide Truu partage peu la liesse générale. Méfiante, amère, elle craint les débordements, les règlements de compte et les pillages, fréquents dans ces coins reculés de la campagne estonienne.
Sa fille unique au loin ; son mari, ancien membre actif du parti, mort ; elle passe son temps derrière ses fourneaux, à préparer des confitures, des conserves, des potions médicinales concoctées avec les herbes de son jardin.
C'est justement dans son jardin, qu'elle trouve un beau matin, une jeune femme étendue inconsciente, sale et boueuse, les vêtements déchirés. Malgré sa défiance et contre toute attente, Aliide la recueille, la soigne, la nourrit. C'est que dans les yeux de la jeune Zara et sur son corps meurtri, Aliide a décelé quelque chose qu'elle-même connaît bien pour l'avoir trop vécue : la peur poisseuse qui colle au corps, la honte chevillée comme une ombre, les tremblements irrépressibles, c'est là le martyre des femmes blessées dans leur chair.
Alors que peu à peu les deux femmes s'apprivoisent, les questions surgissent.
Qu'est-ce qui a conduit la jeune Zara à venir se réfugier chez la vieille Aliide et que fuit-elle? Quel est le lien secret qui unit les deux femmes ?
Au fil des jours, dans le huis-clos pesant de la ferme isolée, les langues se délient et le passé d'Aliide remonte à la surface, comme un torrent boueux déversant son flot d'ignominies, entre actes de bravoure et agissements méprisables, entre amour destructeur et haine tenace, entre obstination et résignation.

On ne peut rester insensible au sort de ces deux femmes malmenées par l'Histoire, aux destins liés dans l'adversité.
Toute la force du roman réside dans cette proximité tissée fil à fil, que la Finlandaise Sofi Oksanen réussit à nouer entre ses personnages et le lecteur, une intimité faite de curiosité, d'interrogation, de malaise parfois et de sentiments contrastés. Sa plume sait se faire à la fois dure, crue, violente ou apaisée, sensuelle ou rêche, douce ou abrupte ; elle s'attarde sur les gestes anodins du quotidien, sur des odeurs de terre, d'herbes et de cuisine pour mieux prendre à la gorge le lecteur que nous sommes, dans des émanations de sang et de chairs violentées, laissant la brutalité du réel pénétrer dans tous les recoins de la pensée.
Alternant les allers et retours entre passé et présent, entremêlant plusieurs époques et lieux différents, le roman s'articule autour du destin croisé de ses deux héroïnes et nous fait découvrir tout un pan de l'Histoire de l'Europe de l'Est. Satellisés par le bloc soviétique pendant la seconde guerre mondiale, de nombreux petits pays oubliés par l'Ouest comme l'Estonie, ont subi le régime communiste pendant plus d'un demi-siècle.
Mais après l'oppression et la dictature, l'indépendance des années 1990, en même temps que le libéralisme, a ouvert les portes à un mal tout aussi impitoyable : le trafic de jeunes femmes de l'Est par les mafias russes.
Politiquement engagée, socialement impliquée dans la cause féminine, Sofi Oksanen nous dévoile l'avant et l'après d'un pays qui, même s'il a tourné le dos aux années de terreur, n'en a pas encore fini avec les tourments et les violences faites aux femmes.
La jeune auteure née en 1977, a atteint avec Purge la consécration dans l'ensemble des pays de l'Est où elle a raflé les prix les plus prestigieux. En France, cette nouvelle voix de la littérature étrangère s'est vue récompensée par le Prix Fémina 2010.
Il n'y a guère qu'en Russie que la jeune femme au look de punk gothique est devenue indésirable.
Sans doute que le réalisme âpre de son roman a laissé un arrière goût acide dans la bouche de certains…
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Purge. Un livre noir sur l'histoire sombre de l'Estonie de la deuxième guerre mondiale. Un livre noir sur l'âme humaine. Un livre très bien construit qui nous fait voyager entre deux époques. L'utilisation des retours dans le temps est justifiée, très pertinente. La dynamique entre deux femmes que tout semble opposée est bien traitée. La psychologie des personnages est forte. Oksanen a une belle plume, elle écrit bien. Pour ma part, ces prix sont mérités. J'ai été happé très rapidement par l'histoire et je n'ai pu laisser le livre de côté avant de connaître la fin.
Une fin ouverte. Un livre à lire. Une lecture qui nous habite et dont on je me souviendrais longtemps.
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Un livre bien mené mais que j'ai moyennement apprécié. Je le trouve froid, sordide. Il est empreint de beaucoup de violence, et je n'adhère pas à toute la partie politique qui est traitée dans cette oeuvre. Par ailleurs, il y a beaucoup de descriptions très crues. J'ai survolé le texte, le découvrant avec distance sans ressentir beaucoup d'émotion ni compassion pour les protagonistes. Un texte qui ne me marquera pas autant que je l'aurais souhaité.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Que dire encore sur ce roman, après 176 critiques ?
Il n'est pas étonnant qu'il ait été récompensé par le prix Femina, puisqu'il est centré sur deux femmes.
L'une, Aliide, dans l'Estonie occidentale de 1992, est vieille et vit seule dans sa ferme à l'écart du village. Elle passe ses journées à préparer des conserves de légumes et ses nuits à guetter les bruits suspects et les voyous des environs qui jouent à lui faire peur.
La vie d'Aliide a basculé début des années 40, quand le beau Hans a posé les yeux sur sa soeur Ingel, et pas sur elle, Aliide. A compter de ce jour, Aliide la sournoise n'aura de cesse de tout faire (il faut insister sur le « tout ») pour conquérir Hans et le détourner de Ingel, la préférée, l'épouse idéale, si belle et si parfaite ménagère. Aliide perdra définitivement son âme une nuit de 1947, dans la cave de la mairie, alors qu'elle est interrogée (euphémisme pour « torturée ») par la police communiste.
L'autre, Zara, dans cette Estonie occidentale de 1992, se réfugie dans le jardin d'Aliide. Bien que méfiante, celle-ci la recueille. Mais qui est cette jeune fille ? Elle dit fuir son mari violent, mais le lecteur apprend bien avant Aliide qu'elle vient en réalité de s'échapper des griffes de son proxénète, mafieux russe. Et que Zara n'arrive pas par hasard chez Aliide, les deux femmes ont en effet quelques gènes en commun.
L'histoire et les secrets de famille nous sont révélés peu à peu, en même temps que nous est racontée, entre les lignes, l'histoire de l'Estonie et de ses occupations successives par l'URSS, puis l'Allemagne nazie, puis à nouveau l'URSS, jusqu'à l'indépendance en 1992.
Les chapitres sautent d'une époque à l'autre, du passé lointain d'Aliide à celui, plus proche, de Zara, pour passer au moment présent de leur rencontre.

Je ne sais pas très bien quoi penser de ce livre. J'aime quand la petite histoire des gens est inscrite dans les remous de l'Histoire, c'est l'occasion pour moi d'apprendre des choses et de joindre l'utile à l'agréable. Mais voilà, ici, la lecture n'est pas agréable.
Certes, c'est bien écrit, bien traduit, le puzzle est drôlement bien amené, bref totale maîtrise du fil de l'intrigue, même si parfois la déstructuration chronologique est frustrante (comme dans les bons thrillers, quand la montée du suspense est soudain interrompue par un changement de sujet).
C'est l'histoire elle-même qui met mal à l'aise, et le style l'amplifie. Des événements terribles sont décrits, ou seulement sous-entendus, froidement, sans émotions, parfois dans des termes crus, ce qui les rend d'autant plus glaçants.
Je suis à peine arrivée à avoir pitié de Zara, pourtant brutalement exploitée, et je n'ai ressenti aucune sympathie pour Aliide, tant ce personnage est ambigu. Les violences infligées à l'une font écho aux humiliations subies par l'autre, et leur ont forgé à chacune une carapace d'insensibilité, rendant l'empathie difficile.
L'auteur ne critique pas ses personnages, elle semble leur chercher des circonstances atténuantes dans les tourbillons du communisme ou du libéralisme. Si au temps d'Aliide, l'URSS était le « grand méchant », la mafia de l'Est a désormais pris le relais pour ce qui est de faire souffrir les femmes.

Mensonges, trahisons, manipulations, collaboration sont au coeur de ce récit, en même temps que le constat paradoxal que le déclencheur de ces horreurs est … l'amour, même s'il s'agit de l'amour perverti, aveugle, égoïste et mal placé qu'Aliide voue à Hans. Ca fait froid dans le dos. Comme de constater qu'on n'a pas de réponse certaine à la question « qu'aurions-nous fait à leur place ? »

Bref j'en ressors avec une sensation de malaise. Cette histoire ne laisse pas indifférent.
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