Blaise Pascal, le philosophe des «
Pensées », observait « Si le nez de Cléopâtre eût été plus court, toute la face du monde aurait changé. »
Camille
Pascal, plume de nos présidents, observe " de Marie-Louise O'Murphy, l'histoire n'a retenu ni le nom ni le visage, mais le cul. Un cul auquel Casanova, Boucher et Louis XV, trois fins connaisseurs, ont rendu tour à tour et chacun dans leur genre un hommage émerveillé. "
« Le gout du Roi » renseigne sur cette rouennaise née en 1737 dans une modeste famille d'origine irlandaise dont elle est le douzième et dernier enfant. Remarquée par Casanova qui fréquentait ses soeurs, elle devient modèle du peintre
François Boucher qui l'immortalise avec ses portraits « l'odalisque blonde » et « jeune fille allongée ». Lebel, le premier valet de chambre du Roi, expert en « recrutement », montre son portrait à Louis XV en 1752. « Je ne peux pas croire qu'une telle beauté existe mais si elle existe, je l'obligerai à éteindre le feu qu'elle a allumé dans mon âme », à 42 ans le souverain charmé par « la belle morphyse » âgée de 15 ans l'accueille au Parc-aux-cerfs… Agathe-Louise nait de cette relation en 1754. La liaison dure jusqu'au 25 novembre 1755 où elle est chassée de Versailles, mariée deux jours plus tard et exilée en Auvergne.
Jacques Pelet de Beaufranchet, un noble officier, lui donne deux enfants en 1756 et 1757 et meurt à 29 ans à la bataille de Rossbach (Allemagne) le 5 novembre 1757.
Marie-Louise se remarie le 19 février 1759 avec François le Normant, comte de Flaghac, receveur des finances à Riom, et cousine ainsi avec les Normant d'Etioles et Normant de Tournerez et la Marquise de Pompadour. Une fille, Marguerite Victoire, nait pendant ce mariage le 5 janvier 1768 et Camille
Pascal révèle que son père est le Roi qui retrouve la comtesse de Flaghac en mars 1767 en s'appuyant sur une série de constatations (don royal, présence de la famille royale au mariage de Marguerite Victoire le 24 février 1788, indemnité annuelle versée sous la Restauration). François le Normant meurt à 57 ans le 24 avril 1783.
La belle morphyse entre alors en relation avec Claude Antoine Nicolas de Valdec de Lessart, directeur de la Compagnie des Indes, ministre des Finances, de l'Intérieur et des Affaires étrangères de Louis XVI, tué par les révolutionnaires le 9 septembre 1792.
Marie-Louise vit des mois difficiles, est arrêtée et échappe à la mort grâce à son fils Louis de Beaufranchet devenu général républicain.
Elle épouse en 1795 Louis-Philippe Dumont, député du Calvados à la Convention, de 30 ans plus jeune, dont elle divorce en 1797 et meurt chez sa fille Marguerite Victoire en décembre 1814 en laissant une fortune considérable.
Cet ouvrage n'est pas seulement la biographie d'une gourgandine devenue respectable chaisière, c'est une enquête dans des archives cadastrales, notariales, policières et fiscales qui met à nu un système aussi efficace qu'obscur qui permet au clan Pompadour de se maintenir au pouvoir, malgré l'âge et l'usure de la Marquise, en offrant au souverain la chair fraiche exigée par sa sexualité débridée dans un siècle des lumières aussi cynique que libertin.
Résultat de deux années d'immersion (2004-2006) dans les archives nationales et départementales, « Le gout du Roi » éclaire le coté obscur d'une société décadente à la veille d'une révolution qui fraie la voie aux « Merveilleuses ».
La belle morphyse n'a pas changé la face du monde mais elle a su changer de monde en usant de ses charmes et de ses talents pour promouvoir ses intérêts et ceux de sa parentèle.
Une enquête qui m'a passionné !
PS : mon commentaire sur "
la chambre des dupes"
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