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EAN : 9782253119982
215 pages
Le Livre de Poche (10/01/2007)
3.85/5   31 notes
Résumé :

On est dans l'après-guerre d'une guerre civile qui a opposé ceux du Nord à ceux des plaines et du littoral. Un homme, Schwara, sans doute forestier ou charpentier, descend vers le port principal où réfugiés, trafiquants, humanitaires et même vacanciers se côtoient sans se voir. Il est à la recherche d'un autre homme, qui prend l'allure d'un absolu et tente de venir en aide à ceux qu'il rencontre, ne dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sa clé de voûte était de pierre et bois, symbole de cohabitation pacifique entre l'est musulman et l'ouest chrétien.

Il ne faut pas être grand clerc pour associer le pays imaginaire décrit par Franck Pavloff à l'ex-Yougoslavie martyrisée par la guerre civile des années 90.
Des côtes de la mer Adriatique au pont ottoman bombardé de Mostar, l'auteur redessine la période noire du pays où les haines collent encore aux ruines des maisons, où les êtres se côtoient dans le silence assourdissant de la douleur et de la vengeance.

La poésie de l'écriture compense le sordide et la barbarie. Malgré la paix imposée, la violence des faits de guerre s'exprime encore et toujours dans les rapports humains rugueux. À travers des personnages qui survivent ou se cherchent, on observe un pays qui se tente de se reconstruire tel le vieux pont piéton, symbole sacrifié de fractures communautaristes. Les figures de femmes sont telles des piétas de douleurs en perpétuel danger dans un monde d'hommes qui lamine tout espoir.

Magnifique fable pétrie d'humanité. Je referme à nouveau charmée un livre de Pavloff, conquise par un texte qui équilibre magnifiquement beauté de la nature et folie des hommes.
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Schwara est l'homme aux mains de bois. Forestier, charpentier, sa scierie a brûlé dans les tourments de la guerre civile qui a ravagé son pays. En ce premier été de l'après-guerre, il quitte son massif des Londes pour partir à la recherche d'un homme. Schwara l'homme du nord va s'aventurer dans le sud, vers la mer et jusqu'au port de Ran-Mositar, là où se cotoient les refugiés, les opportunistes, les soldats de l'ONU et même les touristes déjà revenus jouir des îles et de leurs sources chaudes.

Schwara va à pied. Il a pour tout bagage sa sacoche contenant quelques outils et la richesse de ses mains. Il se fait vite repérer par son savoir faire et travaille ça et là sur des chantiers. Partout, il interroge et poursuit sa quête. Et partout, il croise les mêmes douleurs, les mêmes haines encore à vif. Celles des femmes violées et îvres de vengeance, celles des hommes qui ont commis ou vécu l'horreur et qui composent avec.

"Chaque camp appliquait sa logique de l'ordre et du désordre."

Lorsqu'enfin il arrive à Ran-Mositar, la vie de la ville tourne autour de la reconstruction du Vieux, le célèbre pont construit au XVIe siècle et qui, jusqu'à ce jour, avait résisté à tout.

Schwara met son talent à la disposition des équipes chargées des travaux. Il sait que c'est là que prendra fin son voyage. Il croisera Irini, dont le drame personnel rejoindra celui de Schwara, et qui le mènera involontairement jusqu'à l'homme recherché. Chacun se confrontera à son destin.

Si cette histoire vous rappelle quelque chose, c'est sans doute celle de la ville de Mostar, en Bosnie-Herzégovine. le 3 Novembre 1993, malgré la présence des troupes de l'ONU, le pont piéton s'effondre dans la Neretva, séparant la communauté croate catholique orthodoxe et la communauté bosniaque musulmane. Sous l'égide de l'Unesco, la reconstruction commencera en Juin 2001 et le nouveau pont, restauré selon les techniques ancestrales, sera inauguré le 23 Juillet 2004.
Ce livre est son histoire et celle des hommes qu'il tente de relier. L'un et l'autre se parent à la fois d'une simplicité et d'une folie magnifiques.
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Schwara le charpentier - ou menuisier ou les deux-marche vers un pont , et sa quête s'exprime en mots simples: il cherche un homme dont le menton porte une petite touffe de poils. Ca se passe après une guerre civile, qui a opposé ceux du Nord - d'où il vient- et ceux des plaines et du rivage. Des rencontres qu'il fait, au cours de son voyage, on retient ce qu'il y a de haine et de violences, mais aussi ce qu'il y a d'espoir en l'homme. L'écriture est sensible, poétique, à fleur de mots.
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Singulier petit livre .
Du Soulages ! Très sombre !
Mais avec la lumière du noir,du gris et dans le meilleur des cas du brou de noix.

Encore une fois cette écriture cinématographique de Pavloff.
On y est dans l' après guerre bosniaque .Tout peut péter à chaque instant pour un rien, un mot , un regard de travers...

On patauge dans la boue.
Les femmes trop vieilles manient la pelle et la brouette.
Plus jeunes elles vendent leur corps aux marins aux soldats.
Leurs maisons ont été détruites,leurs corps pillés.

La monnaie du Pays n'est plus utilisée. C'est le dollar qui circule , les traffics en tous genres ,l'insécurité et la misère qui règnent ici.

Nous suivons Schwara dans son périple à travers ce pays massacré.
"L'homme aux mains de bois", énigmatique , serait du Nord du pays ,et rechercherait un jeune homme au visage flou...

La reconstruction à l'identique d'un pont du XVI ème qui relierait à nouveau les parties musulmanes et chrétiennes est au centre des préoccupations et réactive de vieilles haines.

Peu importe la misère ambiante on investit des fortunes dans ce chantier
au nom d'une volonté internationale de protection du patrimoine !

Ce livre vous embarque dans toutes les contradictions d'un après guerre.
Vous y rencontrerez des personnages attachants et quelques salauds.
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Schwara, bûcheron, charpentier est après la guerre à la recherche d'un jeune homme en traversant une presqu'île du Nord au Sud. Il met ses compétences à disposition de tous les chantiers sur sa route. Il côtoie des femmes pleines de douleur et de vengeance, rencontre des hommes revanchards, trafiquants, des ouvriers et ouvrières soupçonneux du Nord, du Sud, Chrétiens, Musulmans. Son but, rejoindre Ran-Mositar, la ville où est reconstruit le pont du XVe siècle sous l'égide de l'Unesco et où il est sûr de retrouver le jeune homme qu'il recherche.
Un livre fort sur une période d'après-guerre, bouleversant et marquant.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Dans un pays que je connais bien, les losanges sont un signe de sagesse. Le rond, tu n'en ressors jamais, le carré est trop parfait, il t'enferme, le rectangle s'étire à l'infini, peu fiable. Tu les rassembles tous, tu obtiens le losange, une figure idéale, assez déséquilibrée pour que ta pensée s'y glisse et pourtant cernée par les quatre côtés qui la guident.
- Il est où ce pays de la sagesse ?
- Là où fleurissent des champs de rhododendrons.
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Soudain la notion de crime contre un patrimoine de l'humanité s'inscrivait dans le livre de la barbarie. La ville avait retenu son souffle puis, dans un silence pétri d'angoisse, les habitants s'étaient approchés des rives séparées. L'incroyable blessure qui béait devant eux zébrait leur conscience d'une même cicatrise, les rendait responsables d'une inconcevable atteinte aux racines de la vie.
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...Nous nous sommes juré "plus un mot", mais les chiens qui ont fouillé nos ventres cherchent à nous trancher la langue pour que nous ne soyons plus que des bouchés cousues, eh bien non, ça suffit, il faut parler, crier !
Elle lui saisit très fort la main, l'obligea à se lever.
- Crie avec moi, on est vivantes, on a le droit de crier pour nous et pour celles qui n'en ont plus la force !
... sa voix s'éleva, plus pointue qu'une dague, déchirant le voile de toutes les nuits muettes. Irini s'approcha en tremblant, se mit à gémir doucement, puis un son rauque jaillit de sa gorge, un autre chant, plus grave, dont la tonalité profonde s'ajusta en polyphonie aux cris de Catrina. Le temps de demander des comptes était venu.
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(Parlant de la boue ocre que les nouveaux curistes en vacances thalasso s'étalent sur leur corps tout à fait insouciants et ne pensant qu'à leur bien-être).

...la glaise ocre venait à grands frais des bords de la Vitoul, le fleuve qui traversait la ville martyre de Ran-Mositar. Elle était de bonne qualité mais on y trouvait parfois des morceaux d'os et de chair et il fallait la filtrer avant d'en faire des emplâtres. Chrétiens et musulmans s'étaient étripés le long des rives du vieux pont et tous les cadavres n'étaient pas partis au fil de l'eau.
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La ville autiste découpait le monde en tranches d'humanité sourdes les unes aux autres.
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