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EAN : 9782072862106
432 pages
Gallimard (10/10/2019)
3.62/5   21 notes
Résumé :
Tout au long de sa vie, Horace W. Frink fut un Américain intranquille. Enfant abandonné, étudiant tourmenté, il se fait psychanalyste à New-York, et pionnier de cette troublante méthode, au moment du voyage de Sigmund Freud dans le Nouveau Monde, en 1909, en compagnie de Jung et Ferenczi.Thérapeute perplexe, mari et père immature, Frink devient bientôt l'amant d'une de ses patientes, la milliardaire et fantasque Angelica Bijur qui lui fait découvrir la vie des « heu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"(...) J'ai du mal à considérer la...psychiatrie comme une spécialité médicale à part entière. Les troubles de l'esprit sont d'abord une énigme, une épreuve. Pour moi, une déroute permanente." (p. 21)

Un nouveau coup de coeur qui m'a emportée dans un coin de l'histoire de la psychanalyse !!

Après l'enthousiasme, l'émotion ressentis à la lecture de "La Petite Chartreuse", il y a longtemps, de l'intérêt ému à lire "Naissances" puis "La Vie courante", sorte de journal minutieux et poétique, du simple quotidien. Une sorte de texte étonnant, minimaliste, éduquant notre regard sur "Le grand ordinaire" ...

Le nouvel ouvrage nous fait plonger dans la vie et le parcours intime et professionnel,tumultueux de cet américain "intranquille", Horace w. Frink,jeune psychanalyste prometteur, fasciné par les travaux de Freud...Il fit d'ailleurs deux ou trois cures avec le Maître entre 1921 et 1922...
Il fit sa connaissance, la première fois, en Amérique, alors que Freud venait y faire des conférences [qui deviendront les "Cinq psychanalyses" ]...

"Horace W. Frink descendait déambuler une heure ou deux dans les rues de New-York, sans but précis, avant de retourner lire et écrire de façon frénétique, dans la solitude et le silence de son cabinet. Il faut dire qu'après des années douloureuses et indécises le docteur Frink était devenu un personnage assez remarquable. A trente-deux ans, psychiatre à l'hôpital, professeur de neurologie à Cornell, il était un psychanalyste de fraîche date dont le cabinet privé ne désemplissait pas. (..) Malgré cette notoriété toute neuve, Horace restait un homme inquiet et tourmenté. Une vieille anxiété le rongeait. "(p. 14)

Nous faisons connaissance de son enfance, de son histoire familiale douloureuse, de parents peu aimants... Un père d'une ambition folle, ayant créé une vaste entreprise de l'acier, ruiné par l'incendie de son usine. Ruiné, il se sauva avec son épouse, à l'étranger, laissant leur fils chez le grand-père maternel, médecin compétent, homme éclairé, cultivé qu'Horace aimait et admirait... On comprend qu'Horace, enfant abandonné, mal aimé, tourmenté, empêtré par insomnies ou rêves sinistres fut attiré par cette nouvelle "science" : La Psychanalyse !

Un très beau portrait de "grand-père", que l'on aimerait tous avoir !
Un grand-père qui poussa Horace à faire médecine, comme lui, pour devenir "Chirurgien" ! Ce qui ne se fera pas, Horace préférant se diriger vers la psychanalyse !!

Il exerçait, enseignait, écrivait, faisait des recherches, recevait ses patients... Il tomba fou amoureux d'une de ses patientes, riche et célèbre, mariée à un époux puissant et richissime avec laquelle, il eu une longue histoire passionnelle...
Ils rencontrèrent tous deux à Vienne, Freud, qui les prit tous deux, en cure...
Des descriptions assez croquignolesques de la traversée du Père de la Psychanalyse, Freud, pour l'Amérique, avec deux de ses disciples-rivaux : Jung et Ferenczi ...

J'extrais une phrase de la 4ème de couverture qui explicite fort bien le choix du titre : "Car l'oeil de la nuit n'est pas l'inconscient mais la vision nocturne, l'effroyable lucidité des insomniaques "...Ce roman m'a fait découvrir cette figure oubliée de la psychanalyse...Parallèlement à cette destinée individuelle, nous découvrons l'Amérique de ce temps-là, celui de la prohibition, de la corruption, des migrants d'Ellis Island, la naissance du cinéma, la construction du métro... un pays et une société en plein bouleversement...

"Les temps sont si troublés que les New-Yorkais sont avides de neurologues, de psychiatres, de psychologues prétendant expliquer les mystères de l'âme humaine et en atténuer les misères. Compenser l'absence légale d'alcool. (...) le malaise dans la civilisation est galopant. Les malades imaginaires sont des malades bien réels, et la bonne santé
américaine est la pire des maladies. "(p. 367)
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Le titre du dernier roman de Pierre Péju est magnifique et le sujet était bien de nature à me captiver puisque l'auteur y narre la vie d'un psychanalyste américain, Horace Frink, qui fut un des pionniers de cette "dangereuse méthode" sur le nouveau continent. Cet homme fut même un temps le représentant officiel de Freud aux Etats-Unis avant de devoir céder sa place pour cause de ... dépression. La vie de ce Dr. Frink est plutôt romanesque : abandonné très jeune par ses parents aux bons soins de son grand-père médecin, il devient à son tour médecin, spécialité psychiatrie. Il épouse son amie d'enfance, Doris, et découvre la psychanalyse avec un collègue, Abraham Brill, qui fut lui-même initié à cette méthode à Zurich par Bleuler et Jung. C'est ainsi que Brill et Frink se retrouvèrent tous les deux là, sur le quai, lorsque Freud, en compagnie de Jung et Ferenczi, débarqua à New-York en 1909, pour y donner une série de conférences qui furent publiées plus tard sous le titre "Cinq leçons sur la psychanalyse". On nous a souvent narré l'histoire (contestée) de Freud disant à Jung alors qu'accoudés au bastingage, ils regardaient s'approcher la statue de la Liberté : "ils ne savent pas encore que nous leur apportons la peste !". C'était une belle idée "de cinéma" que de prendre le plan opposé et de montrer deux jeunes et ambitieux psychanalystes américains, regarder s'approcher le bateau où se trouvait le père de la psychanalyse dont la renommée en Amérique allait connaître l'ampleur que l'on sait.

La vie de Frink prendra, elle, un tour tragique quand Brill lui adressera une patiente, Angelica Bijur, extrêmement belle et extrêmement riche. Et bien-sûr névrosée. Frink, malgré ses efforts désespérés, finira par succomber à ses avances et ce sera pour lui le début de gros ennuis, qui l'amèneront quelques années plus tard sur le divan de Freud au 19 Berggasse à Vienne. Mais apparemment, ni Brill (qui fut son premier analyste), ni Freud ne parvinrent à le délivrer de ses angoisses, de cet "oeil de la nuit" qui ne laissera jamais aucun repos jusqu'à sa fin tragique et, elle aussi, très cinématographique.

La vie de Frink valait bien un roman et c'est tout à l'honneur de Pierre Péju de s'être emparé de cette histoire rocambolesque. Je suis certain que son adaptation au cinéma serait aussi captivante que fut le film de David Cronenberg "A dangerous method" sur le triangle sulfureux Freud/Jung/Sabina Spielrein. Pourtant je reste un peu sur ma faim à la fois pour des questions de fond et de forme. Sur le fond, je suis un peu gêné par le tableau qu'il fait de la psychanalyse. Qu'il brocarde les attitudes insincères des psychanalystes américains est une chose dont je ne saurais m'offusquer. En revanche, l'image qu'il trace d'un Freud désinvolte donneur de conseils matrimoniaux et peu enclin à comprendre véritablement ce dont souffre son patient me semble vraiment caricaturale et détestable. Un Michel Onfray en ferait ses choux gras. Par ailleurs j'ai trouvé que l'auteur lui-même ne s'intéressait pas assez à son personnage : si les épisodes de sa vie sociale sont largement étalés, sa vie intérieure est, elle, trop escamotée à mon goût. La raison à tout cela est peut-être que l'inconscient n'intéresse pas vraiment Pierre Péju en dépit du titre qui en est pourtant une belle métaphore. Sans cette dimension intérieure, le roman m'a paru plutôt froid et désincarné.
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La construction de L'oeil de la nuit se fait un peu en trompe l'oeil, tout du moins au début. L'auteur nous embarque ainsi dans une relation un peu particulière entre Howard W Frink et Nathan Ashmeyer, deux hommes tout aussi tourmentés l'un que l'autre. Puis à la faveur d'un événement inattendu, alors que l'on était accroché par cette intrigue, on bascule dans une toute autre narration. Ce dispositif est assez malin, en plus d'être plutôt original : ces légers changements de rythme nous permettent de rester vigilant, d'être sans cesse aux aguets. Peut-être devrait-on faire l'analogie avec le titre du livre, provenant en partie de l'expression française « ne pas fermer l'oeil de la nuit », entendu à Paris par le personnage principal. Car l'histoire qui nous est racontée est celle d'un homme qui a tout au long de sa vie lutté contre ses démons intérieurs, ne parvenant jamais à trouver la paix.

Le choix de ce personnage, dont l'existence structure l'ossature de L'oeil de la nuit, est tout-à fait judicieux. Car Howard W. Frink a bel et bien existé, et il a vécu des événements passionnants, tout du moins pour ceux qui s'intéressent à la psychanalyse. Ceux dont cette discipline indiffère, voire rebute, risquent d'avoir du mal à cette figure, malgré les aventures plus ou moins rocambolesques qu'il va traverser. Car l'essentiel de sa vie va tourner autour de ce virus des esprits qui gagne alors le Nouveau Monde. Ce qui est l'occasion de croiser les figures paternelles de la psychanalyse, autant aux États-Unis qu'en Europe, dont bien entendu, et en premier lieu, Sigmund Freud. C'est là où le roman s'avère à la fois fascinant et décevant, Pierre Péju s'aventurant à certains moments dans des interprétations plus ou moins hasardeuses, s'insinuant non seulement dans les pensées du « Maître » mais aussi dans ses mots.

Exercice périlleux, L'oeil de la nuit n'en demeure pas moins un objet passionnant, tant de façon historique que littéraire. On ne connait en effet pas bien Howard W. Frink, et il semble aujourd'hui pertinent de mettre en avant non seulement les fondateurs de la psychanalyse mais aussi leurs premiers adeptes. Et l'angle que Pierre Péju adopte n'est pas vraiment militant, comme a pu l'être les récents détracteurs de Sigmund Freud. Car Frink n'a été pour ceux-ci qu'un bouc émissaire, preuve flagrante, à leurs yeux, de l'échec du professeur viennois. Or la personnalité de Frink était très complexe et le roman dessine un portrait plus nuancé que ce que l'on pourrait penser au premier abord. Et l'auteur le fait avec une plume tout à fait élégante, nous entraînant avant tout dans le domaine du romanesque, ce qui est une très bonne façon de captiver les lecteurs.
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Au commencement…
Le roman fait état de la vie d'Horace W. Frink, de son enfance jusqu'à son dernier souffle. Un personnage qui, en parallèle de nombreux tourments personnels, se retrouva psychanalyste à New-York à l'entame du XXème siècle. Nous y découvrons son pèlerinage intellectuel, ses rencontres en Europe avec Sigmund Freud, son rôle dans l'importation américaine de la psychanalyse. le tout, dans la complexité de la vie familiale et dans le tourbillon des angoisses existentielles les plus destructrices.

Ce que j'en retiens...
Un style très agréable à lire. le thème de la psychanalyse du XXème siècle est abordé de manière passionnante, mais constitue, finalement, qu'une sorte de terreau. Un simple terreau pour édifier un roman profondément humain. En effet, à travers le parcours tourmenté de Frink, l'auteur appréhende avec émotion une multitude de préoccupations que chaque personne peut rencontrer, tôt ou tard, de près ou de loin, dans son existence. Ce qui fait de L'oeil de la nuit un véritable roman universel.

Une citation soulignée...
« Il s'agit d'un combat avec les démons, Frink, chacun les siens. Il y a la douleur, la peine, les tourments. Ce que nous découvrons, c'est que l'enfer est le plus banal, le plus quotidien des séjours. Pas besoin d'être mort ! Pas besoin d'y aller : l'enfer est portatif. Et ce que les damnés les plus mal en point viennent demander aux psychanalystes, c'est juste de souffrir un peu moins pendant l'infernal séjour. C'est-à-dire l'existence. ».

Autour du roman…
Horace Frink (1883-1936) a réellement existé. Il s'agit d'un pionner de la psychanalyse aux Etats-Unis, personnage au potentiel romanesque qui a donc inspiré Pierre PEJU pour L'oeil de la nuit.
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Ce livre est intéressant par son sujet et ennuyeux par sa forme. Il est intéressant de découvrir comment les Etats-Unis ont appréhendé les travaux de Freud. L'idée de prendre une personne qui a existé est bonne. le lecteur suit Horace Frink, tout au long, de sa vie personnelle, dans son travail et au fil des rencontres avec Freud.
En revanche, je n'ai pas du tout accroché avec le style. Je partais avec une envie de lire ce livre. J'ai beaucoup aimé les précédents livres : La petite chartreuse et le rire de l'ogre. Dans celui-ci, de nombreuses phrases sans verbe n'apportent pas de rythme. Ce livre aurait peut être gagné en étant plus court.
Mon sentiment mitigé sur ce livre n'enlève en rien à mon admiration pour le talent de Pierre Péju. Je continuerai à le lire.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
"Parti ! Je suis parti !" se dit Horace, sidéré par son audace (...) Avoir osé quitter New-York, son métier, son épouse, ses enfants et, disons-le, sa maîtresse, a pour lui quelque chose d'incroyable. "Parti!" Chaque départ, au moment où tout retour en arrière devient impossible, a quelque chose d'énigmatique. Comment réussit-on à s'arracher à l'habitude, à la facilité, à la répétition mortelle ? Comment fait-on pour "passer à l'acte" alors qu'il subsiste en nous vingt raisons de renoncer ? (p. 286)
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Les temps sont si troublés que les New-Yorkais sont avides de neurologues, de psychiatres, de psychologues prétendant expliquer les mystères de l'âme humaine et en atténuer les misères. Compenser l'absence légale d'alcool. (...) Le malaise dans la civilisation est galopant. Les malades imaginaires sont des malades bien réels, et la bonne santé américaine est la pire des maladies. (p. 367)
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Horace W. Frink descendait déambuler une heure ou deux dans les rues de New-York, sans but précis, avant de retourner lire et écrire de façon frénétique, dans la solitude et le silence de son cabinet. Il faut dire qu'après des années douloureuses et indécises le docteur Frink était devenu un personnage assez remarquable. A trente-deux ans, psychiatre à l'hôpital, professeur de neurologie à Cornell, il était un psychanalyste de fraîche date dont le cabinet privé ne désemplissait pas. (..) Malgré cette notoriété toute neuve, Horace restait un homme inquiet et tourmenté. Une vieille anxiété le rongeait. (p. 14)
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L'éternel cliché américain. Go west ! N'était-ce pas ce qu'avait choisi, après tant d'autres, Georges Frink, son propre père ? Sur ce continent de moins en moins neuf, on aurait cru inventer une panacée : partir en direction du soleil couchant, en quête de sauvagerie, d'aventure, de dangers, d'or, d'argent, ou d'une virginité supposée des êtres et des choses. Thérapie illusoire, mais n'est-ce pas souvent l'illusion qui soigne et parfois la croyance qui guérit ? (p. 118)
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Il (Freud) vient d'apercevoir l'entrée du métro, moyen de transport si moderne et si pratique, à ce qu'on dit. Autour d'eux, des centaines de New-yorkais convergent vers la bouche d'ombre, se laissent engloutir, tandis que d'autres citoyens, tels des rescapés, sont recrachés dans les rues où ils se dispersent en silence.
-Circuler dans les profondeurs, dit Freud, sous une pareille accumulation de constructions et de vies humaines, à des vitesses que la surface ne permet pas d'atteindre, vous voyez ce que je veux dire ? J'ai quitté Paris cinq ans trop tôt, malheureusement, pour profiter des installations de son métro. je voudrais me rattraper, vous comprenez.
Non seulement Frink peut comprendre, mais l'idée le met dans un état d'excitation inexplicable. Excellent ! Parfait ! Pas de problème ! Freud dans le métro ! On aura tout vu ! Un événement que rien ne laissait prévoir. (p. 193)
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Vidéo de Pierre Péju
Pierre Péju vous présente son ouvrage "Effractions" aux éditions Gallimard.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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