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L'Enfer pour aube tome 2 sur 2
EAN : 9782302094215
68 pages
Soleil (11/10/2023)
3.81/5   29 notes
Résumé :
Paris, 1904. L'inspecteur Gosselin sait à présent qui s'est acharné avec tant de violence sur les notables parisiens. Mais au détour des allées du Père-Lachaise, il va découvrir que le ferment de cette haine remonte aux derniers jours de la Commune de Paris, trente ans plus tôt lorsque Versaillais et Fédérés convoitaient les richeesses de la Banque de France.
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 29 notes
Deuxième tome sur deux de l'Enfer pour aube, reçu dans le cadre d'une mass critique. Je remercie encore une fois Babelio et les éditions Soleil de m'avoir permis avec cette deuxième partie, de me plonger dans la Commune de Paris, époque peu connue et peu glorieuse de notre histoire.
On avait fini la première partie en connaissant le nom du vengeur masqué. Cette conclusion au diptyque propose deux intrigues. Il faut maintenant attraper ce coupable, connaître sa cachette, le débusquer. Une intrigue dans le Paris de 1903 qui est la suite logique du premier tome.
Le plus intéressant, c'est les longs retours en arrière qui permettent de comprendre les motivations du tueur. On revient su les épisodes qui se sont déroulés pendant la Commune et on est aspiré, en apnée ou presque par ces épisodes violents. Les deux tomes racontant une seule et même histoire, je ne dévoilerai pas d'informations mais on apprend dès le premier quart de l'album, la connexion entre les victimes de la première partie. L'intrigue policière évacuée somme toute assez vite, le scénariste, Pelaez, peut maintenant se concentrer sur ce qu'il semble être son véritable objectif, décrire ce que les Versaillais (représentants du gouvernement en exil à Versailles) ont fait lors de la Semaine sanglante qui à mis fin à la révolte des Parisiens et ce qu'il s'est passé ensuite. C'est vraiment le coeur de l'album et j'ai vraiment l'impression que toute l'histoire racontée avait pour objectif d'en arriver là.
La Commune n'étant pas étudiée dans le cursus scolaire, ni à l'école (ce qui peut se comprendre), ni au collège, ni même au lycée (alors qu'il y a moyen pourtant de traiter de la notion de peuple, de résistance, de guerre civile, de communisme, de liberté, de violence, etc.), les événements de 1871 ne sont pas évident pour tout le monde, je pense. Cette révolution manquée (la France en a connu des révolutions depuis 1789, c'est la quatrième d'importance!) est une révolution de tendance communiste (ou socialisante) et provoque une peur panique chez les partisans de l'ordre et de la propriété privée. La réaction de ces derniers va donc être d'une extrême violence. C'est cette violence que l'on voit à l'oeuvre dans des les trois quarts de l'album, celle de la répression, de la panique des Communards, et surtout, celle moins connue du camp de Satory, mis en place pour y parquer les Communards survivants. La gestion de ces camps (violence à froid, vengeance d'État) honteuse pour un gouvernement républicain qui se dit pourtant démocratique, ne fera, évidemment pas l'objet d'une publicité trop marquée. Philippe Pelaez au scénario, et Tiburce Oger au dessin, ont donc le mérite de nous faire découvrir ou redécouvrir pour certains, cette tâche à notre histoire.
Toutefois, il manque un peu de nuance à mon goût. A force de présenter les communards uniquement comme des victimes innocentes et guidées par leur idéal, on oublie qu'ils ne furent pas que ça non plus.
Toujours est-il que cette plongée en 1871 se lit d'une traite et que les dessins d'Oger sont toujours aussi immersifs. Ces teintes de gris avec du rouge par ci par là, ces décors somptueux, ces personnages qui, il est vrai ne sont pas toujours reconnaissables au premier coup d'oeil, mais par ce qu'ils disent, parce qu'ils font nous permettent une expérience passionnante qui ne peut pas nous laisser indifférent.
Au final, un diptyque qui s'il n'est pas original dans l'intrigue policière (de très bonne tenue toutefois) est surtout une plongée dans le Paris de 1903 et de la Commune, de façon engagée certes, mais terriblement efficace.
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La violence est l'arme du faible.
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Ce tome est le second d'un diptyque racontant une histoire indépendante de toute autre. Il faut avoir lu le premier tome avant : L'Enfer pour aube, tome 1 : Paris Apache (2022). Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, Tiburce Oger pour les dessins et les couleurs. le lettrage a été assuré par Estelle Kreweras. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.

À Paris, en 1871, il y avait cet homme qui courait, haletant, fébrile, glissant sur le pavé, frôlant les bâtiments, jetant sans cesse des coups d'oeil derrière lui, s'abritant sous les portes cochères pour s'offrir quelques minutes de répit. Il savait, lui, le lâche, le traître, que la peur est un prédateur qui s'attaque à l'homme isolé. Patiente et sereine, l'aube attendait son heure pour balayer l'opacité et la noirceur de son ennemi supérieur en ombres. Elle surgirait doucement des faubourgs ourlés de brume, repoussant les dernières nuées sombres qui offraient encore un asile au fugitif. Car c'est entre chien et loup qu'il avait choisi la fuite, lorsque la nuit ripaille, se gorge de festins et ne se soucie guère de devenir demain. Elle offrait un sursis au fourbe qui se faisait ombre, qui se faisait mur, oscillant sans cesse entre la crainte d'être démasqué et l'impatience d'atteindre les remparts. Et lorsque l‘aube s'en vint, presque par surprise, jetant son voile de vérité sur la ville déjà meurtrie et bientôt mutilée, il fut presque surpris d'avoir atteint son but.

Charles Brunel, agent du lieutenant-colonel Ducoroy, du 55e régiment d'infanterie, présente son sauf-conduit aux soldats : il faut qu'il voie le lieutenant-colonel, c'est urgent. Une fois devant son supérieur, il rend compte : Camélinat, le directeur de la Monnaie de la Commune exige trois millions deux cent mille francs en pièces d'or pour les refondre. le comité de salut public n'a plus de métal pour battre monnaie et payer les hommes. Et cette fois, ils sont bien décidés à envoyer la troupe si la banque refuse. le marquis Alexandre de Ploeuc, sous gouverneur de la banque de France, seul aux commandes de la Commune, a fait mettre plus de trois cents sacs dans un fourgon ; si la Commune ne vient pas chercher l'argent, ces sacs disparaîtront et plus personne ne mettra la main dessus. Brunel continue : après-demain, le 20 mai donc, tous les sacs d'or, d'argent, les billets et les titres seront descendus à la cave. Ils vont ensabler l'escalier et préparer la défense de la banque. Ils le donneront aux fédérés, s'ils viennent. le marquis sait qu'il vaut mieux lâcher trois millions et sauver les quatre milliards qu'il y a dans les coffres. Dauger et Letessier ont supervisé le chargement du fourgon. le plan est d'arriver plus tard, avec Rochemond comme prévu. le lieutenant-colonel souhaite savoir qui va escorter le fourgon. L'agent répond que c'est bien le problème, le comité leur a collé un capitaine breton, un certain Ronan Levedec, un idéaliste. C'est un rouge, un vrai, un de ceux qui préfèrera mourir sur la barricade, quitte à laisser ses deux petites filles orphelines. Il a son neveu avec lui, un gamin de quinze ans qui ne le lâche pas d'une semelle. Ducoroy conclut qu'il faut s'occuper de ces deux-là : il ne doit pas y avoir de témoin.

Le lecteur entame ce second tome assez intrigué : en effet, l'identité de l'Écharpe a été révélée dans le premier tome et il ne semble pas y avoir de dynamique pour que ses aventures se poursuivent. La motivation semblait entendue : une vengeance trouvant son origine dans des forfaitures commises pendant la Commune de Paris en 1871. Il restait tout au plus la mystérieuse affliction de l'inspecteur Gosselin. L'histoire s'ouvre ici avec un élément d'intrigue supplémentaire, non évoqué précédemment : le vol d'un magot, trois millions deux cent mille francs en pièces d'or, un fait authentique. Quoi qu'il en soit, le lecteur replonge sans se faire prier dans ce Paris, d'abord en 1871, puis en 1903. le plaisir est immédiat, de retrouver la narration visuelle de Tiburce Oger. Il y a d'abord cette mise en couleur à base de lavis de gris tirant parfois vers l'ocre, une sensation entre la grisaille de Paris, une morale traînée dans la boue, et parfois rehaussés par des touches de rousseur, ou de rouge, évoquant parfois la violence physique, parfois la rage émotionnelle, parfois l'automne, sans que le lecteur ne parvienne à établir un lien logique entre ces éléments ressortant contre la grisaille. Qu'importe, car cela n'enlève rien à la force visuelle de la narration.

Dès la première page, les rues de Paris apparaissent plus vraies que nature : les pavés mouillés, les façades un peu de guingois, les déchets sur la chaussée. Plus loin la cour de la banque de France avec son grand portail. Pages neuf à treize l'avancée la carriole dans les rues de Paris, les façades des immeubles, les grandes artères, les candélabres, les quais de la Seine. Puis cette page terrible sur le quai bas en bordure de Seine, alors que le capitaine Ronan Levedec essaye de bander la partie inférieure du visage de Gabriel. La cave d'un hôtel particulier avec son échelle, ses étagères de bois, sa trappe en bois. Les barricades et la mitraille. Les catacombes. L'environnement sordide du camp de Satory. Les allées du Père-Lachaise avec les tombes et le statuaire. Montmartre et sa basilique. L'artiste sait évoquer à merveille ces différentes facettes de Paris, avec le dosage parfait entre ce qui est représenté et ce qui est laissé à l'imagination. En outre, ces décors passent de l'arrière-plan au premier plan en fonction de la nature du moment de chaque scène, jouant à part égale avec les personnages, dans une interaction remarquable entre l'humain et l'environnement. Selon ses inclinations, le lecteur sera frappé par un aspect ou un autre : la dureté du contact entre les roues en bois cerclées de fer de la carriole et la chaussée inégale en pavés, l'élégance des encorbellements d'une façade, l'encadrement des fenêtres et des portes, les colonnades d'une rampe d'escalier, les poutres à demi calcinées d'une construction bombardée, les crânes et les ossements dans les catacombes, la boue saturée d'eau du camp de Satory, la pièce unique d'un appartement pauvre, une grille en fer forgé, les arabesques de l'entrée d'une station du métropolitain, l'autel de la basilique, etc.

Les plans de prise de vue génèrent une dynamique de la narration, comme s'ils animaient aussi bien les personnages dans leurs actions que les décors. L'artiste fait des merveilles en termes de composition, un savant dosage entre des traits parfois comme esquissés, des arrondis apportant de la souplesse aux personnages, une apparente absence de finition ou de précision qui conserve la spontanéité, la vie dans les visages et les gestes, sans oublier la rousseur flamboyante du capitaine Ronan Levedec et d'Angèle. Par moment, la direction d'acteur rappelle le naturel des pantomimes de Will Eisner, juste ce qu'il faut d'exagération pour relever la qualité de l'expression et pour aboutir à un naturel évident. L'agent Charles Brunel très précautionneux et humble dans ses gestes pour être sûr de ne pas déclencher l'envie de tirer chez les soldats, la traîtrise justifiée par les convictions du soldat à terre qui ordonne à ses collègues de tirer sur l'homme qui vient de l'épargner, la détermination absolue d'enfant qui anime Angèle quand elle remet un fusil plus grand qu'elle à son père, la volonté farouche de son père au camp de Satory pour revoir ses filles à tout prix, l'indignation brutale de l'inspecteur Gosselin face à une veuve hautaine et suffisante, la panique de la foule dans la station de métro en entendant crier au feu, la conviction inébranlable d'Angèle adulte, etc.

Avec une telle narration visuelle, le lecteur sent que l'intrigue passe au second plan dans son esprit. Finalement, il ne s'agit pour le scénariste que d'expliquer comme est advenue la situation de départ du tome précédent : le crime qui lie Ducoroy, Charles Dauger, Letessier, Rochemond. L'origine de cette vengeance implacable de l'Écharpe. Pour autant, l'intrigue se savoure pour elle-même : bien troussée, entremêlant un vol bien conçu, profitant des circonstances d'une époque troublée, une vengeance perpétrée par la génération suivante, un policier honnête et consciencieux. Des circonstances qui introduisent de l'imprévu, à la fois dans l'organisation du vol, à la fois dans les actes des individus. le lecteur dévore un chapitre après l'autre : l'introduction, le souvenir des pillards de la Commune, la devise des cupides (La vertu ne vient qu'après l'argent), le camp de Satory dernière étape pour les Communards avant la déportation au bagne, d'étranges incidents dans le cimetière parisien du Père-Lachaise près du mur des Fédérés, le mont des martyrs (le Sacré-Coeur rappelle aux Communards l'expiation de leurs crimes). Il ressent l'opportunité du profit pour les gradés militaires qui organisent le vol, et l'intensité des convictions politiques chez Ronan Levedec, d'un côté des individus exerçant un métier, de l'autre un idéaliste. Trente ans plus tard, en 1903, Angèle incarne l'héritage de la Commune de Paris : fille d'un Communard, consciente du sort qui a été réservé aux insurgés. Elle a choisi un mode d'action par la violence, intimement convaincue que la fin justifie les moyens. Pour elle, Commune, révolte, révolution, elle revient à chaque fois que le peuple, las de se faire servir une double ration de misère, prend conscience de sa servitude. Elle est un mal nécessaire, et peu importe le moyen de ses actions pourvu qu'on ait la terreur. Cette violence-là si elle était le fait du prince, l'inspecteur la validerait sans hésiter. Mais si elle vient du peuple, elle ne peut être qu'illégitime. Il est un policier, il est le bras armé d'un ordre politique et social qui est incapable de se remettre en cause… À moins qu'on l'y contraigne.

L'expression L'enfer pour l'aube est tirée d'un poème de Victor Hugo (1802-1885) : Melancholia (1838), tiré des Lamentations (1856), dénonçant le travail des enfants. Avec cette seconde partie du diptyque, l'artiste replonge le lecteur au beau milieu des personnages, dans une narration visuelle d'une rare conviction, que ce soit pour le naturel et la vitalité des personnages, la sensation des rues de Paris, et quelques scènes d'action saisissantes. le scénariste déroule une histoire de vengeance dans une intrigue remarquable, entre grande Histoire, enfant prisonnière du destin issu de l'histoire de son père, mise en perspective du recours à la violence par un peuple, par un individu. Épique et humain.
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Masse critique, suite de ma lecture, je remercie les éditions Soleil et Babelio de m'avoir permis cette plongée dans le Paris de la Commune et de du tournant dix-neuvième vingtième siècle.
Mon ressenti (et mes étoiles) sont à considérer dans la globalité, cet album (comme le précédent) souffrant quand même de quelques défauts qui m'ont cependant moins affecté pendant cette suite des aventures de Hervé, Nolwenn, Gabriel, Angèle, et surtout l'incorruptible capitaine Levedec...
Principalement la quasi impossibilité de discerner du premier coup d'oeil les protagonistes. Les traits sont ressemblants, il faut s'attacher aux détails, qui certes ne manquent pas : vêtements, angles de vue, figurants... Ajouté au fait que la fameuse voix narrative vient souvent entamer un changement de décor une case avant et même une page avant celui-ci, cela oblige à une grande concentration...
Concentration incitant d'ailleurs à creuser ce chapitre jamais étudié par l'historiographie scolaire agréée. On peut apprendre qu'en 1871, le camp de Satory fut le lieu de détention de milliers de communards qui vécurent plusieurs mois sans abri ni soin, sous la garde des fidèles Versaillais. Ils moururent de maladie, furent abattus...
Le polytechnicien Louis-Nathaniel Rossel, qui y fut fusillé le 28 novembre 1871, à vingt-sept ans, fait d'ailleurs penser au héros de cette bande dessinée.
Louise Michel elle même fut détenue dans ce camp Elle déclara lors de son procès avant d'être envoyée en déportation : « Ce que je réclame de vous qui vous donnez comme mes juges, c'est le champ de Satory où sont tombés nos frères… Si vous n'êtes pas des lâches, tuez-moi ! »
Cette bande dessinée navigue donc dans cette époque historique en mettant l'accent sur la répression par le pouvoir, grâce à la "force légitime", de la pauvreté et de la misère du peuple.
C'est donc une oeuvre engagée que les allergiques aux soulèvements populaires, les rentiers de tous poils, aficionados de la mesure et de la bonne tenue hypocrite et bourgeoise ne supporteront pas.
La fin du premier album offrait des éléments de compréhension, il n'y en a pas ici, c'est dommage surtout pour la scène finale qui m'a laissé dans le doute...
Une bande dessinée rageuse pour alimenter un esprit de révolte.
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Ce deuxième tome nous confirme l'identité du mystérieux justicier avec lequel nous avons fait connaissance précédemment. Mais surtout, nous accédons aux raisons qui l'ont conduit à en endosser ce rôle et à sélectionner ses "victimes " . Notre héros porte la souffrance et la rage des Communards mais aussi de profondes blessures personnelles.
Philippe Pelaez et Tiburge Oger nous ramènent quelques temps au coeur des événements de 1871 et de façon particulièrement poignante à la semaine sanglante qui assassine dans la pire barbarie le peuple de Paris.
Comme dans le premier tome j'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire de la Commune, par exemple les raisons de la construction de sacré coeur, le détournement de l'or de la banque de France, l'existence de l'odieux camps de Satory.
Mais ce qu je retiendrai plus intimement de ce très beau récit, c'est la force des émotions qu'il met en exergue, rendant plus tragiques et plus humains encore la bravoure et la dignité des communards. Je retiens aussi,le beau message comme un fil rouge,qu'on ne perd jamais quand on lutte pour la liberté et la justice. Enfin, je suis touchée par l'interpellation si pertinente de Philippe Pelaez et ses complices,sur la légitimité de la violence: ne peut-elle être acceptable que lorsqu'elle est " le fait du prince", mais est intolérable si elle vient du peuple quand il prend conscience de sa servitude ?
Je terminerai en ajoutant qu'au delà de la qualité du scénario et du graphisme, ces deux tomes sont de très beaux " objets"; soignés, agréables au toucher comme à la vue.
Merci encore à Babelio et aux éditions Soleil.
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Pendant la Commune, un convoi de la Banque de France transportant plus de trois millions de francs et destiné à payer les soldats communards est attaqué. En 1904, la fille du commandant du convoi veut se venger. ● Ce second tome est encore plus fouillis que le premier. L'histoire, racontée en dépit du bon sens, est à peine compréhensible. Comme dans le premier tome, le dessin est très brouillon, pas plaisant du tout, tous les personnages se ressemblent. le propos est caricatural, sans nuance, d'une lecture désagréable. ● Je remercie Babelio et les éditions Soleil de m'avoir permis de lire cet ouvrage dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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critiques presse (3)
LigneClaire
27 décembre 2023
On suivra le destin de Levedec, d’Angèle, l’or le tout croisant celui de l’inspecteur Gosselin qui va lui aussi faire place nette. Jusqu’au Sacré-cœur symbole crémeux et moche de la répression. Oger a un coup de crayon infernal de talent et l’histoire une vraie puissance narrative dramatique.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
ActuaBD
19 décembre 2023
Philippe Pelaez et Tiburce Oger dans "Enfer pour aube" conjuguent histoire, intrigue policière et fantastique. À ce titre, "L’Enfer pour aube" est donc intéressante.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
06 octobre 2023
Joli tour de force rempli de fureur et d’énergie, "L’enfer pour aube" est assurément une lecture captivante, malgré une construction discutable. Son gros point fort restera la réalisation graphique tout en autorité et en ambiance de Tiburce Oger.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des morts accidentelles dans toutes les guerres ! Ceux qui pleurent aujourd’hui s’indignaient moins il y a trente ans quand on fusillait des enfants devant l’école militaire, ou quand on fracassait les crânes des blessés de Saint-Sulpice ! La compassion ? Quand ils sont rentrés dans Paris, en mai, il y avait un concert pour les veuves et les orphelins de la Commune. Mon père nous avait soulevées, ma sœur et moi, et nous faisait tourner au son de l’accordéon. Les hommes avaient mis leur belle chemise, les femmes leur toilette de printemps. Les plus vieux, eux, cherchaient un peu de fraîcheur sous les ombrages de Tuileries. C’est la dernière fois que j’ai vu mon père heureux. Personne n’a prêté attention au bruit du canon. Nous avons cru que ça faisait partie de la fête… Les portes étaient grandes ouvertes. À la faveur de l’obscurité, le poison versaillais s’est lentement instillé dans le corps de la Commune, heure par heure, soldat par soldat, canon par canon. Il s’est insinué par les plaies de Saint-Cloud, de la Muette, d’Auteuil, coulant dans les rues, les artères, et immolant, ici le fédéré, là la mère et son enfant. Versailles égorgeait Paris, et Paris traînassait. Le sursaut des insurgés a duré sept jours, jusqu’à ce que nous soyons séparés dans les catacombes… Jusqu’à ce qu’ils fusillent ton frère Hervé, Nolwenn et Gaëlle… T’en souviens-tu ? Est-ce que tu sais qu’après les avoir fusillés, ils les ont achevés à coup de baïonnette ? La compassion ? Je ne sais pas ce que c’est.
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Alors s’en vint le temps des barricades, le temps du souffre et du canon s’en vint l’heure des pétroleurs de treize ans aux visages encore lisses et glabres qui riaient aux flammes comme le condamné rit à la mort. Les tricoteuses de 89 avaient troqué leurs aiguilles contres torches et leurs pelotes contre des ports de pétrole. C’étaient des mères transformées en bacchantes, des ouvrières changées en messalines, des crève-la-faim déformées par la fureur. S’en vint le temps d’une apocalypse qu’ils jugeaient nécessaire, comme s’il fallait engloutir dans les cendres des siècles de privation et d’amertume en pensant, peut-être, qu’une justice nouvelle naîtrait de ce sol fraîchement consumé. S’en vint le temps des idéaux qui vacillent et de l’utopie qui se meurt. S’en vint le temps des barricades. Les pleutres avaient déjà jeté leur vareuse brune et décousu les bandes rouges de leurs vêtements laissant sur les pantalons sombres l’immense cicatrice de leur débâcle morale. Mais il restait quelques résolus pour redresser la hampe qu’un autre avait cassée, pour ramasser le chassepot qu’un autre avait laissé tomber, pour ceindre à la taille l’écharpe rouge qu’un autre avait dénouée. Et après qu’un Delescluze eut offert sa poitrine au canon, qu’un Varlin eut touché son œil crevé au peloton, ce fut la fin des barricades, la fin du souffre et du canon. Alors s’ne vint le temps des cerises amères et des tristes rossignols.
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Il y avait cet homme qui courait, haletant, fébrile, glissant sur le pavé, frôlant les bâtiments, jetant sans cesse des coups d’œil derrière lui, s’abritant sous les portes cochères pour s’offrir quelques minutes de répit. Il savait, lui, le lâche, le traître, que la peur est un prédateur qui s’attaque à l’homme isolé. Patiente et sereine, l’aube attendait son heure pour balayer l’opacité et la noirceur de son ennemi supérieur en ombres. Elle surgirait doucement des faubourgs ourlés de brume, repoussant les dernières nuées sombres qui offraient encore un asile au fugitif. Car c’est entre chien et loup qu’il avait choisi la fuite, lorsque la nuit ripaille, se gorge de festins et ne se soucie guère de devenir demain. Elle offrait un sursis au fourbe qui se faisait ombre, qui se faisait mur, oscillant sans cesse entre la crainte d’être démasqué et l’impatience d’atteindre les remparts. Et lorsque l‘aube s’en vint, presque par surprise, jetant son voile de vérité sur la ville déjà meurtrie et bientôt mutilée, il fut presque surpris d’avoir atteint son but.
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- Je suis un mal nécessaire et peu importe le moyen de mes actions pourvu qu'on ait la terreur.
- La violence est l'arme du faible
- Non, parce que cette violence là, si elle était le fait du prince, vous la valideriez sans hésiter. Mais si elle vient du peuple, elle ne peut être qu'illégitime n'est-ce pas?
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Vous vous trompez, inspecteur, la Commune n’a pas commencé il y a trente ans, elle a toujours existé. Appelez-la comme vous voulez, Commune, révolte, révolution ! Mais elle revient. À chaque fois que le peuple, las de se faire servir une double ration de misère, prend conscience de sa servitude. Je suis un mal nécessaire, et peu importe le moyen de mes actions pourvu qu’on ait la terreur. Cette violence-là si elle était le fait du prince, vous la valideriez sans hésiter. Mais si elle vient du peuple, elle ne peut être qu’illégitime. Vous êtes un policier, vous êtes le bras armé d’un ordre politique et social qui est incapable de se remettre en cause… À moins qu’on l’y contraigne.
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