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sur 1839 notes
J'ai acheté l'édition poche il y a bien longtemps, attirée par la couverture : le fameux tableau de la partie d'échecs dont il est question dans le roman. Je ne connais pas grand chose aux échecs (le minimum pour comprendre le déplacement des pièces sur l'échiquier) mais j'adore la peinture et la curiosité m'a poussée à l'ouvrir. Comment un policier peut-il utiliser ces deux "ingrédients" ? Les personnages vont peu à peu se substituer aux pièces de l'échiquier et nous assistons à un habile jeu de miroirs. Le livre offre également plusieurs niveaux de lecture. Le résultat m'a beaucoup plu.
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Vous aimez les peintures du Quattrocento, l'histoire de l'art, la restauration de tableaux, les parties d'échecs et les intrigues policières ? Alors lisez ou relisez au plus vite « Le Tableau du Maître flamand ». Arturo Perez-Reverte, son auteur, n'a peut-être pas signé ici son meilleur livre, si on le compare avec les « Aventures du capitaine Alatriste » (1996), mais dans cette oeuvre à mi-chemin entre roman policier et roman historique, dans ce Grand Prix de la littérature policière (1993), l'auteur nous compte une histoire bien enlevée et sacrément documentée dont la fin pourrait vous surprendre.

L'histoire : Julia travaille à la restauration de « La Partie d'échecs », une oeuvre peinte en 1471 par un flamand, Pieter van Huys. Elle met alors à nu cette petite inscription en latin, initialement masquée par l'artiste : « Qui a tué le cavalier ? ». Il s'avère que ni le propriétaire du tableau, ni l'ancien professeur d'histoire de l'art de Julia ne connaissaient l'existence de cette inscription. le tableau, qui doit être mis en vente, représente un chevalier (un cavalier) jouant aux échecs avec un duc ; en arrière plan, la duchesse, vêtue de noir, tient un livre qu'elle semble lire. Vérifications faites, la dame serait en deuil du chevalier, son amant, tué d'un carreau d'arbalète deux ans avant la composition du tableau, et le duc pourrait avoir été au courant de la liaison de sa femme. Question : qui est l'assassin ? Pieter van Huys pourrait avoir incorporé la réponse à cette question dans la partie d'échecs que se jouent les deux hommes. A première vue, c'est assez évident : de jalousie, le duc a fait assassiner le chevalier. Mais est-ce que les apparences ne seraient pas trompeuses ? Étrange : la Mort frappe les uns après les autres ceux qui voudraient découvrir la vérité ! Je ne vous en dis pas plus.

Avec « Le Tableau du Maître flamand », Arturo Perez-Reverte a réalisé un livre très intéressant, et à plus d'un titre.

Au titre de l'intrigue policière : une construction habile qui promène le lecteur de personnage en personnage ; c'est plaisant, très typé, un peu manichéen sur les bords mais l'intrigue policière vous prend aux tripes tant elle fascine, avec un suspense qui dure jusqu'au bout (le livre fait 347 pages).

Au titre de l'histoire de l'art et des tableaux du Quattrocento : une description savante des moyens déployés pour fabriquer mais aussi pour restaurer aujourd'hui (page 71) ces oeuvres d'art, les couches de peinture masquant parfois l'essentiel, lequel se dévoile grâce à la photographie aux rayons X. L'auteur nous fait au passage toucher du doigt quelques trucs des anciens maitres flamands : intégrer le spectateur ou intégrer des miroirs et des trompe-l'oeil dans le tableau, de façon à brouiller la frontière entre la réalité et le tableau ou à présenter plusieurs niveaux de réalité, quitte (page 240) à présenter, comme dans les dessins d'Escher, un éternel retour vers le point de départ, le tableau étant dans un autre tableau qui ramène au premier tableau ... le lecteur découvrira aussi les coulisses actuelles et parfois peu glorieuses de la vente de tableaux et la concurrence entre galeristes.

Au titre de la construction de l'ouvrage : l'écriture reste simple, spontanée, fluide, précise mais sans recherche particulière. de rares touches d'humour ponctuent l'ensemble. La fin, qui intervient après 14 chapitres de longueur assez similaire, paraitra téléphonée ou alambiquée : à vous de voir.

Mais, pour ma part, le livre se distingue par tout ce qui touche au jeu des échecs, le Roi des jeux. Avertissement : les non-joueurs d'échecs trouveront certains passages longs ou obscurs, bien que l'auteur, dans un souci louable de pédagogie, ait tenté à onze reprises de nous expliquer la progression de l'intrigue policière et des pièces du jeu au moyen d'un échiquier. Les joueurs savent que ce jeu nécessite logique, stratégie, rigueur et concentration ; ils reconnaissent (page 325) que gagner c'est prendre le dessus, alors que perdre c'est se soumettre. Ce jeu est inscrit dans la nature profonde de l'être humain. Ses côtés alternativement sérieux et ludique séduisent. Mais le pouvoir d'attraction du jeu d'échecs réside probablement dans ses spécificités. Petit rappel : deux adversaires se côtoient à un mètre de distance. Dans ce rapprochement mutuellement consenti, deux personnes, généralement de même sexe, vont s'affronter dans une vraie compétition : il s'agit de gagner, en s'adaptant à des situations parfois imprévisibles et en faisant preuve d'invention. Les joueurs, les Rois, sont au commande d'une équipe de soldats, sur un champ de bataille. Il y a des règles et des conventions (les joueurs ont le même nombre de pièces, les pièces se déplacent dans chaque camp de façon identique, les joueurs disposent du même capital-temps pour jouer chaque coup …) mais la liberté de manoeuvre est permise, même s'il y a des comportements mimétiques (pour donner le change ou pour apaiser l'adversaire ?). Dans cette rencontre placée dans une même unité d'espace et de lieu, il va régner une certaine harmonie, et pourtant l'aventure commencera dès la première pièce jouée. Les Rois s'observent, en adversaire, mais ils conservent, comme aux temps de la chevalerie, une estime pour leur vis-à-vis : chacun essaiera de contrôler son émotivité et tâchera de se construire une identité temporaire de guerrier triomphant. le contrôle du territoire et particulièrement du centre (un centre du monde, en réduction) reste essentiel. Au-delà du respect mutuel entre les joueurs, au-delà de cette symétrie de façade, l'un d'eux devra bien briser le miroir et tenter de pousser l'autre à la faute fatale et impardonnable qui scellera l'issue du jeu. le perdant devra accepter la soumission ou abandonner la partie, ce qui revient à avouer sa faiblesse. A ce jeu, on rencontre essentiellement des hommes : quand un Roi triomphe d'un autre Roi, dans une symbolique oedipienne, certains psy ont reconnu que ça revenait à permettre qu'on tue le père d'une façon acceptable. D'autres ont fait observer que la relation entre les deux joueurs n'était pas une relation père-fils, que la Reine n'était ni la femme ni la maitresse phallique du Roi, que le Fou n'était pas fou puisque son déplacement répondait à des règles strictes … Certes, mais dans son livre « Le Tableau du Maître flamand », Arturo Perez-Reverte nous fait toucher du doigt, au-delà des jeux du meurtre, l'ambivalence des êtres, la fragilité du père, la réalité de l'homosexualité, le drame de certaines existences et … la puissance de la femme. Je vous le disais : un livre intéressant à plus d'un titre !
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Le tableau du maitre flamand est un livre machiavélique ! Une fois sa lecture entamée, impossible de poser ce livre car l'intrigue est vraiment très prenante.
On est happé des le début de l'histoire par le mystère qui plane autour de cette toile de maitre en train d'être restaurée et qui semble susciter bien des convoitises et des interrogations.
Ce livre développe une intrigue qui mêle habillement l'histoire avec les vingtième siècle.
L'auteur a su créer une ambiance particulière, qui ajoute à la particularité de ce roman pas comme les autres!
Je pense que les non joueurs d'échecs peuvent trouver ardues certaines parties qui sont assez techniques , mais cependant cela ne m'a pas empêché d'apprécier tout le talent et la maitrise d'Arturo Perez -Reverte
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Parfois j'aimerais me retrouver dans la tête d'un auteur lorsque germe l'idée d'un scénario afin de comprendre le processus créatif mais surtout sa genèse.
Capter cet exact moment où les grandes lignes s'enchaînent dans sa tête opérant la magie des idées qui se succèdent pour former un récit cohérent qui ensuite sera lu par des milliers de personnes.

Arturo Perez-Reverte, cette fois-ci a simplement regardé un tableau de Pieter van Huys.
La simple vue de cette oeuvre a éveillé son imaginaire pour saisir et développer l'intrigue qui a pu donner vie à la scène couchée sur la toile depuis 5 siècles.

Et il ne fait pas dans la facilité car à sa maîtrise de l'histoire de l'art flamande s'allie une grande connaissance des échecs.
Et sa touche personnelle c'est de rendre fou le lecteur !! Comme dans Cadix, où la diagonale du fou, Perez-Reverte se donne à coeur joie dans l'art de jouer des tours abracadabrants appuyés tout de même sur son amour des mathématiques.

L'auteur espagnol adore explorer les méandres de la psyché et dans ce décor original et dense il va exceller.
L'écriture est toujours chargée d'intelligence et la notion d'immortalité d'une oeuvre d'art est pleinement abordée.

Seul bémol pour moi lectrice dont les connaissances sur les échecs se limitent à la série le jeu de la dame sur Netflix : les longues descriptions sur les stratégies et la théorie des jeux qui devient un peu rébarbative au détriment de l'épaisseur qu'il aurait pu rajouter aux personnages.


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J'avais gardé une impression favorable d'une critique faite il y a longtemps sur babelio. Ce titre a du sommeiller dans ma tête durant tout ce temps, c'est pourquoi je l'ai acheté, ne sachant pas qu'il tournerait autour du jeu d'échec, qu'à la base, je n'aime pas trop. Oui, parce que parfois je ne regarde pas très bien les couvertures de livres.

Je ne suis pas une joueuse d'échec, mais ce livre par contre, donne envie de jouer. Il est plutôt bien expliqué, et rend accessible les coups joués, grâce à des reproductions du jeu, et des explications claires. Comme on s'identifie facilement à Julia, la restauratrice de tableau, qui est aussi nulle que moi dans cette matière, on arrive à suivre. Dieu merci.

Pour résumer, cela parle d'un tableau que Julia, est en train de restaurer pour un certain Don Manuel. Il représente des personnages jouant aux échecs. Elle découvre une inscription cachée disant : « Qui a tué le chevalier ? ». A partir de cette phrase, elle et son ami César, aidés de Munoz, joueur d'échec, vont s'acharner à refaire la partie du tableau à l'envers, afin de découvrir le message codé du tableau.

Les allers retours entre l'image et la fiction, le passé historique et le présent, cette plongée dans le monde de l'art, ce parfum hispanique, cette fière passion qui se sent dans le jeu des échecs… Quelle noblesse dans tout ça…. du moins, jusqu'à un certain point. Il ne faut pas oublier que la mort s'invite plusieurs fois, et qu'un assassin rôde parmi les personnages de l'intrigue.

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Niveau 6 : Quel est le but du jeu ? Est-ce gagner ? Ou bien simplement prendre du plaisir durant la partie ? Faut-il qu'elle dure longtemps pour être plus heureux ? Et si la vie était un jeu ? Quel est alors son enjeu ? Regarde bien dans le miroir face aux joueurs : qui chacun d'eux voit-il comme plus farouche adversaire ?
Attention prends tout le temps de la réflexion...dis-moi miroir...quelles sont les règles finalement ? Où est le Bien ? Où est le Mal ? Où commence la fiction ? Où est la réalité ? Faut-il tout donner, toujours aller de l'avant ? Quels sacrifices accepter, quand et comment ? Car pour bien finir faut-il seulement un vainqueur ? Et si c'était finalement un jeu à qui perd gagne, la vie ? La vie si courte et qui ne contient que la vie...

Tu l'auras compris, ami lecteur, je n'ai pas résisté à te présenter en premier le niveau le plus élevé. Ne crains rien : pas de spoiler car ce niveau n'est pas tel quel ni dans le livre, ni dans le tableau. A ce niveau tout devient très personnel et ta manière d'appréhender le monde va fortement impacter ton interprétation des faits et des symboles. Moi par exemple, j'aime bien laisser des options ouvertes, d'où toutes ces questions. Arturo Perez-Reverte lui aime bien jouer, je l'ai déjà dit lors de critiques précédentes, je le répète. Ne te laisse pas embarquer car il aime jouer des tours au lecteur et essaye de le rendre fou. Avec cette dernière phrase aucun doute il adore jouer, entre autre, aux échecs, mais je te préviens il aime aussi les constructions géométriques et les mathématiques : donc la balistique, l'architecture, la peinture et la musique. En avant pour le niveau 1 (certains d'entre vous connaissent mieux les jeux vidéos et Super Mario que les échecs, c'est bien aussi pour aborder des univers parallèles) !

Niveau 1 : Écriture simple et claire pour cette démonstration quasi mathématique, adaptée aux raisonnements logiques du joueur d'échecs. Les personnages sont plutôt plats comme faisant partie du tableau. Quelques belles descriptions toutefois, sur les antiquités, la restauration d'oeuvres d'art, l'univers des antiquaires, le marché de l'art. La palme revient bien sûr à la description de ce tableau purement imaginaire d'un peintre qui n'a pas vécu ni la scène ni l'époque. Admirable sans égaler, à mon avis, Borges qui a inventé de toute pièce une encyclopédie complète. Quelques beaux dialogues sur la musique notamment. Et bien sûr les clins d'oeil à des héros imaginaires ou des figures légendaires pour renforcer l'illusion de la réalité de l'histoire racontée. Prêt pour le niveau 2.

Niveau 2 : Enquêtes entrelacées, assassinée l'unité de lieu et de temps dans ces univers parallèles, dans ce jeu de miroirs on finirait vite par ne plus savoir sa gauche de sa droite, l'envers ou l'endroit, et le passé explique-t-il le présent ou le présent permet-il d'élucider les énigmes du passé ? Y a-t-il un lapin blanc dans cette histoire ? Qui va rester sur le carreau, le carreau du dallage et le carreau du damier, l'arme est évidemment une arbalète qui nous renvoie au carreau meurtrier ? (Ouf, ni nappes en vichy, ni pantalons en pied de poule, heureusement !) Mais que fait donc la police ? Attention de ne pas glisser sur les carreaux de la salle de bain pour pouvoir atteindre le niveau 3.

Niveau 3 : Ombres et lumière, petitesses et grandeur, intrigues et jeux de pouvoir, domination et soumission, marchandages en tout genres et à tous les étages. Différents points de vue établissent différentes perspectives et différentes lignes de fuites. Attention au renversement des évidences. Qui manipule qui ? Ne te perds pas si tu veux être bien armé pour le niveau 4.

Niveau 4 : de l'art, de la peinture, de la musique et au-delà de la littérature aussi; eh oui. A ce niveau, ami lecteur, tu vas apprendre un peu sur tout. Mais j'espère que tu n'as pas oublié de prendre avec toi ce miroir que tu as déjà croisé dans les niveaux précédents car avec lui tu pourras transposer tout ce qui est dit sur la musique ou sur la peinture à la littérature. Ah, il est diablement fort cet Arturo ! Bon tout jusqu'à présent n'est qu'échauffement pour le niveau 5.

Niveau 5 : La partie d'échecs, quelle frustration, sois prêt ! Bon il faut s'accrocher si tu ne sais pas jouer au échecs mais plus encore si tu sais jouer. Quand tu tombes sur la page 88 tu vois tout de suite que les blancs ont l'avantage, confirmé en page 90, seul point délicat la tour b6 menacée par le pion noir en a7 qui pourrait mettre à mal tout ce bel édifice. Alors quand tu apprends que c'est aux blancs de jouer, tu imagines bien sûr prendre le pion noir en b7 par le pion blanc en c6. Ton adversaire se trouve en face du dilemme prendre ta tour en b6 avec son pion en a7 ce qui t'ouvre une voie royale pour aller à la dame tout en prenant son fou en d8 ou plus vraisemblablement parce qu'il n'est pas fou il va s'en servir et le sacrifier pour prendre ton pion en b7. Au coup d'après tu lui prends son fou avec ton pion en a6. Résultat tu accrois grandement ton avantage par un partage de pions, un gain d'un fou et le blocage de son cavalier en b8 ou plus tard en c6. Eh, eh pour comprendre il te faut le bouquin, c'est mon but aussi ;). Mais attends toi à une déception en page 167 !
De tout façon tu n'as pas le choix tu es prisonnier de la partie. Amoureux de liberté j'ai alors imaginé un damier en rouge et noir. Ah, ah Mr Perez-Reverte le rouge et le noir, l'amour et la mort, fini le Bien et le Mal ! Car si tout est permis pour l'auteur, le lecteur peut tout lui aussi. Incidemment, en choisissant comme modèle un maître qui préfère terminer par un Pat (match nul) plutôt qu'un Mat (prise du roi) cela pose immédiatement les questions du niveau 6.

Voilà si tu veux jouer tu peux commencer par associer les citations que j'ai déposées aux niveaux que je mentionne dans la critique. Pour corser il n'y a que 5 citations pour 6 niveaux. Et puis surtout, jette-toi sur ce très troublant roman.

Mon édition livre de poche fait 347 pages le texte commençant en page 7.
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"Qui a tué le cavalier"
Cette phrase c'est Julia, restauratrice, qui la découvre en restaurant un tableau d'un maître flamand du XVème siècle. La phrase était cachée.
Le tableau intitulé : La partie d'échecs, met en scène deux hommes, un chevalier (cavalier) et un noble jouant aux échecs et une femme lisant.
"Qui a tué le cavalier.
Le noble a tué le chevalier ou inversement et quel rôle joue la dame?
La partie est entamée et bien entamée, on voit clairement sur l'échiquier la disposition des pièces.
Le tableau doit être vendu, après restauration, aux enchères.
Mais alors qui s'amuse à envoyer une lettre donnant simplement un mouvement à accomplir sur l'échiquier comme si la partie reprenait?
Et un autre déplacement et ainsi de suite?
C'est alors que tout se précipite et que ce n'est plus, uniquement, que le cavalier dont on se doit de découvrir par qui il a été tué, mais bien d'autres également.

Spécialiste du suspense que j'ai, depuis longtemps, découvert avec son capitaine Alatriste, Arturo Perez-Reverte démontre, s'il était besoin, ici, sa parfaite maitrise de la conduite d'un roman à faire devenir fou (ou presque) ses lecteurs.
Dès réception de la première lettre l'intrigue part dans tous les sens et, bien que maitrisée pour garder un sens aux échecs (à noter la grande connaissance de l'auteur de cette pratique), j'ai eu un peu de mal à suivre tout en étant bien dans le sujet. Tellement bien que les pages défilaient sans que je m'en rende vraiment compte, avalées avec avidité de ma part, qu'elles étaient.
C'est de la belle ouvrage, du (presque) grand art.
L'écriture est fine, l'intrigue inspirée et inspirante à retourner chez cet auteur, la traduction aux petits oignons (merci M. Quijano), bref un instant de bonheur de lecture.
C'est vrai que j'en redemande.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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S'il est un billet compliqué à faire pour moi c'est bien avec le tableau du Maître flamand d'Arturo Perez-Reverte. Compliqué car je ne sais vraiment pas quoi dire de ce bouquin.
Un policier, un thriller, pas mon pain quotidien quoi même si de temps en temps ça ne fait pas de mal.
Un peu d'histoire, même fictive, un tableau, le moyen âge, une partie d'échecs, une restauration et sa restauratrice, des marchands d'art, un antiquaire, quelques meurtres d'hier et d'aujourd'hui, saupoudrez le tout d'une écriture plutôt bien menée, mélangez le tout et vous passerez probablement un bon moment comme j'ai pu passer.
Oui mais à part ça, il me reste quoi après cette lecture ? Bah… euh… oui mais non… enfin…
Pas grand-chose en fait. C'est bien ficelé même si la fin laisse un peu à désirer mais je n'ai rien trouvé à quoi m'accrocher. Les personnages ne m'ont inspiré aucune sympathie. le milieu de l'art avec ses galeries et ses salles des ventes se décline sur des tons allant de l'hypocrisie au snobisme, du mépris à la suffisance, bref, je suis resté trop extérieur à l'histoire pour qu'elle me touche et que j'ai vraiment quelque chose à dire d'autre à part que c'est bien écrit et que j'ai passé un bon moment.
Aucun ressenti, aucune chaleur, même pas une tiédeur. Juste froid, sans la moindre émotion. A l'image de tous les personnages.
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Pour être atypique, c'est bel et bien un polar atypique !
En préparant à la vente un tableau flamand du XVième siècle, une jeune restauratrice d'art découvre un message caché sous des couches de peinture : "qui a pris le cavalier ?" Message d'autant plus étrange que le tableau représente une partie d'échecs, dont l'un des joueurs est un chevalier qui a été assassiné deux ans avant que cette scène ne soit peinte... La clef du mystère est-elle donc dans cette partie d'échecs ? Les personnages peints seraient-ils des pièces du jeu ? Et quand l'entourage de la restauratrice commence à disparaître, et que des messages apparaissent, l'enjoignant à poursuivre la partie commencée il y a cinq siècles, devient-elle, elle aussi, une pièce du jeu ?
Quelle mise en abyme génialissime ! J'ai adoré ces histoires qui s'enchâssent les unes dans les autres au fil des siècles, et la résolution de ces énigmes qui ne peut se faire qu'à coups d'échecs. (Je précise que, bien que n'étant que novice à ce jeu, j'ai réussi à suivre l'évolution de la partie grâce à la grande pédagogie de l'auteur). Cette façon d'appréhender l'enquête sous un angle déviant m'a fait penser à "La fille du temps" de Josephine Tey, et je salue pleinement cette extravagance.
En outre, c'est toujours un régal pour moi d'entrer dans les coulisses des tableaux, et j'ai été servie sur ce point : j'ai beaucoup apprécié la description des techniques de peinture du XVième siècle et de restauration du XXième siècle. A noter, une fois encore, le talent de l'auteur qui a réussi à me faire croire, par ses détails précis, que le peintre comme l'oeuvre ont vraiment existé (eh non !).
Toutefois, j'ai été moins emportée par les personnages (à l'exception d'un seul, mais le plus passionnant de tous), et surtout, ce roman m'a paru bizarrement daté (il a été publié en 1990) -mais ce n'est que mon impression bizarre. J'ai néanmoins apprécié de replonger dans ce monde sans téléphone portable ni internet, où la réflexion l'emportait sur la réactivité (nostalgie !).
C'est donc un très bon livre policier, vraiment original, et qui maintient le suspense jusqu'au bout, tout en faisant appel à notre intelligence ; que demander de plus ?
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Julia est restauratrice de tableaux. Elle se voit confier, en préparation de sa vente, la célèbre toile d'un maître flamand du XVIème siècle : la partie d'échecs. Ses travaux lui font découvrir, dissimulée sous les couches de peintures et vernis anciens, une inscription latine soumettant une énigme concernant la mort d'un des trois personnages représentés sur la toile. Présentée sous la forme d'une question concernant la prise d'un cavalier, elle se persuade que cette énigme se résout par le calcul des combinaisons offertes aux joueurs. Avec son ami et confident César l'antiquaire elle fait appel à un joueur expert pour élucider le mystère.

La vente du tableau donne lieu à des conflits d'intérêt opposant les parties prenantes, famille du propriétaire, galerie d'art, commissaire-priseur. Deux personnes de l'entourage de Julia sont assassinées. Un mimétisme machiavélique suggère à l'assassin de faire valoir ses identités et motivations au travers d'une énigme se superposant à celle de la toile du maître flamand.

Ce roman qui s'engage dans une forme d'enquête rétrospective sur la base de l'énigme proposée par le maître flamand devient thriller contemporain avec une montée en puissance très lente de l'intensité dramatique. La peur gagne Julia. Elle se persuade d'être la prochaine victime du meurtrier sans comprendre la raison de cet acharnement autour d'elle.

Arturo Perez-Reverte échafaude un roman érudit quant aux domaines dans lesquels il intègre son intrigue, en particulier le monde de l'art pictural, son histoire et ses techniques. Point n'est besoin par ailleurs d'être joueur patenté pour se prendre au jeu de ces énigmes qui s'imbriquent au travers des siècles. L'idée est intéressante.

Pourtant l'émergence du fait divers contemporain dans l'enquête sur l'énigme proposée par la toile du maître flamand est très artificielle et ouvre inévitablement sur un dénouement pour le moins tiré par les cheveux. C'est dommage d'une part parce qu'on se laisse volontiers prendre au jeu de l'enquête initiale laquelle fait appel à l'histoire et à la technique des échecs, d'autre part parce que la documentation est fouillée et le socle historique appréciable. C'est donc un thriller intéressant par l'intérêt qu'il suscite au départ, la qualité de son écriture et sa culture, ces dernières n'étant pas forcément des attributs du genre, mais un thriller qui fait long feu avec un dénouement assez décevant.
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