"I am the king of the divan" pourrait chantonner, satisfait, le docteur Ricky Starks, psychanalyste new yorkais renommé, veuf , la cinquantaine bien conservée, ronronnant dans la routine de ses consultations, à la veille de prendre ses vacances annuelles dans sa villa de Cape Cod... tandis que the Big Apple se vide sous la canicule...
"I am the king of the divan", peut-être, mais pas "ça plane pour moi,moi, moi, moi, moi.." car toute sa vie bien ordonnée de sphinx freudien va, d'un seul coup, tourner au cauchemar...
Un homme au nom imprononçable- Rumplestiltskin, je ne vous le redirai pas deux fois!! - oui, Rumplestiltskin, comme le méchant nabot du conte qui exigeait le nouveau-né d'une jeune mère si elle devinait, par extraordinaire, son invraisemblable nom- Rumplestiltskin, donc, - ah mais c'est que vous en redemandez! - met le pauvre Ricky au défi de retrouver le nom d'une patiente dont il a ruiné la vie...20 ans auparavant. S'il trouve, il aura la vie sauve. S'il ne trouve pas, son "suicide"sera le seul moyen d'éviter à ses proches de gros désagréments...
Il a quinze jours pour mener ses investigations.
Il a juste le droit de poser, dans le
New York Times, une question par semaine au mystérieux monsieur R.
Celui-ci, à son tour, lui envoie obligeamment deux émissaires , Merlin, un petit gros tiré à quatre épingles et Virgil, une grande blonde sculpturale, qui, tout en le terrorisant, lui distillent quelques indices..et s'occupent, très méthodiquement, de ruiner la sienne, de vie: cartes annulées, comptes bloqués, appartement dévasté, proches inquiétés, patients intimidés voire plus, et réputation professionnelle dézinguée...
Le suicide programmé apparaît comme la suite logique de toutes ces calamités...
Mais Ricky est joueur.Il relève le défi.
Et le jeu contre la montre et contre la mort commence..
L'analyste met en branle toutes ses capacités de déduction et d' intuition.
Énigmes, bouts rimés, questions fermées, questions ouvertes. Si, en thérapie, les mots sauvent, dans la réalité ils sont souvent des pièges redoutables...et si, en thérapie, l'écoute est la première qualité de
l'analyste, face à des fous furieux, à des tueurs, seule l'action a le...dernier mot!
La première partie, très sobre, tendue comme une corde de violon, est terrifiante et m'a tellement scotchée que j'ai passé une nuit blanche à dévorer ce roman noir...
Même si l'idée qui fait de Ricky "le chassé" dans la première partie et "le chasseur" dans la deuxième était excellente, la deuxième moitié du bouquin est à la fois plus artificielle et plus convenue - J'avais même deviné la fin-
Mais rien que pour l'époustouflante première partie il faut découvrir ce polar ...qui permet en outre de réviser ses classiques: belle galerie de frappadingues bien dangereux: bipolaires, pervers narcissiques, paranos, obsessionnels compulsifs, pédophiles incestueux, et , bien sûr, quelques bons vieux psychopathes des familles- c'est le mot: vous avez le père et le fils!
Insomnie garantie!