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EAN : 9782875230850
89 pages
Nevicata (19/11/2015)
3.95/5   11 notes
Résumé :
Comprendre les Hongrois est une épreuve. Leur mélancolie vous tenaille. Leur nostalgie de grandeur confine parfois à l'arrogance. L'obsession de l'identité creuse entre eux et nous un fossé de plus en plus difficile à surmonter. Et pourtant ! Quel pays et quel peuple. Imprégnée d'une langue aux sonorités mystérieuses, réputée pour être l'une des plus difficiles du vieux continent, la Hongrie est une fresque vivante de la Mittel-Europa accrochée au majestueux Danube.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Merci à Babelio et les Editions Nevicata de m'avoir permis de découvrir la collection « L'âme des peuples » à travers ce livre.
Cette collection veut ouvrir les portes de l'histoire, des cultures, des religions et des réalités socio-économiques que les guides touristiques ne font qu'entrouvrir, « Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre ».
Et je crois que le pari est tenu pour ce titre qui explique clairement les stigmates de l'esprit hongrois.
Pour avoir passé quelques jours à Budapest en 2002, j'ai redécouvert le pays en lisant ce document en 2016.

Ce pays bénéficie de l'héritage d'un certain art de vivre, du plaisir de sortir et de la nonchalance. Cet un pays a aussi une longue tradition de liberté religieuse, et son peuple a le sens de l'humour. Et malgré tout, les Hongrois semblent tristes, mélancoliques. Ils sont difficiles à cerner, pour nous Européens de l'Ouest. Avec ce mélange de fierté, cet orgueil arrogant et cette sensibilité extrême, c'est un peuple fier, fort, passionné, toujours en première ligne pour défendre la liberté.

L'Etat hongrois a été créé en l'an 1000. le pays a connu des assujettissement successifs depuis la domination par l'Empire Ottoman au XVIe s. En position d'occupation permanente par les Ottomans, les Habsbourg, les Allemands, les communistes, les Hongrois ont subit trois drames dans l'histoire récente de leur pays :
Le Traité de Trianon (4 juin 1920) qui a conduit à une perte de 2/3 de son territoire et 60% de sa population).
L'Holocauste qui reste un sujet qui divise le peuple quand à la responsabilité du pays.
Et enfin le communisme qui a a fait connaître aux Hongrois maintes exécutions, emprisonnements, déportations en camps de travail, etc.

La langue hongroise est très imagée et donne une littérature très riche avec des noms comme Sandor Marai, Imre Kertesz, Magda Szabo et bien sûr Peter Eszterhazy. Mais cette langue d'origine finno-ougrienne, comprend pas moins de 21 déclinaisons et il faut environ 7 ans pour l'apprendre. Accrcohez-vous !

C'est donc avec un esprit torturé mêlé à une langue difficile, que les Hongrois tentent d'avancer dans l'Europe avec leur personnalité complexe et mélancolique.
Ils craignent de manière générale la nouveauté, ils doutent de tout et surtout de l'avenir. Mais ces conflits perpétuels avec l'occupant les ont aussi rendus inventifs. Il n'y a qu'à regarder le nombre de Prix Nobel Hongrois, notamment en sciences.

L'adhésion à l'Union Européenne leur a fait miroiter une économie fleurissante, mais la transition a été très difficile au début, mettant leur fierté à rude épreuve.
Aujourd'hui, la dette diminue, l'inflation est très faible et la croissance est de retour. L'Estime d'eux-même remonte et un certain espoir dans l'avenir arrive.

Le récit de Françoise Pons (journaliste spécialiste du pays), ainsi que les entretiens avec Balazs Ablonczy (professeur spécialiste de Trianon), Janos Lackfi (poète, écrivain et traducteur) et Soos Eszter Petronella (politologue hongroise) nous permettent de décoder cette histoire et démêler les fils de l'histoire de ce très beau pays.
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Connaissez-vous l'émission de radio L'esprit public qui, tous les dimanches de 11h à 12h, sous la houlette de Philippe Meyer, donne la parole à des intellectuels sur des sujets d'actualité ? Si la majeure partie de l'émission est consacrée à deux thèmes choisis, la rubrique finale, celle des brèves, met souvent en valeur des ouvrages conseillés par les invités. C'est à cette occasion que Jean-Louis Bourlanges a recommandé ce livre de la journaliste Françoise Pons, Hongrie – L'angoisse de la disparition, paru aux Editions Nevicata, dans la collection « L'âme des peuples ».

Un ouvrage essentiel pour mieux comprendre ce pays qu'est la Hongrie.
Françoise Pons est une journaliste spécialiste de l'Europe Centrale et Orientale. Grâce à une connaissance profonde de la Hongrie, elle nous éclaire aujourd'hui sur ce pays en portant un regard tout en nuances qui permet de mieux saisir l'esprit du peuple hongrois et le malaise qui s'en est aujourd'hui saisi.
Les Hongrois sont angoissés par leur disparition : tel est le titre du livre et le message principal qu'il offre.

Dans cette histoire tourmentée, le traité de Trianon signé en 1920 après la 1ère guerre mondiale joue un rôle majeur. Comme le rappelle dans un entretien à la fin du livre Balázs Ablonczy, « la Hongrie a perdu les deux tiers de son territoire et 60 % de sa population. Un Hongrois de souche sur trois s'est retrouvé citoyen d'un autre État. La Hongrie a payé plus chèrement que les autres pays vaincus. »

Le sentiment d'être les perdants de l'histoire est très fort chez les Hongrois. Après le démantèlement du pays, viendra la période communiste (remémorons-nous en cette année 2016 les 60 ans de la répression de 1956), puis la perspective de l'intégration européenne, et ses désillusions.
Le doute de l'avenir et la mélancolie génèrent de plus une crise démographique importante (perte de 1 million d'habitants depuis la chute du rideau de fer) et un taux record de suicides (le 10ème dans le monde).
Second point : l'intégration dans l'Union Européenne. J'ai parfois été critique moi-même sur ce pays et son premier-ministre, ne comprenant pas cette « ingratitude » envers Bruxelles et le reste de l'Europe. Là encore, le livre donne un éclairage intéressant. Après 1989, la Hongrie a vécu une très forte crise. Si l'endettement du pays était colossal à la sortie du communisme, les Hongrois avaient eu davantage accès aux biens de consommation que leurs voisins (la Hongrie était considérée comme « la baraque la plus joyeuse du camp ») ; le « communisme du goulash » de Kadar les avait en quelque sorte protégés.

Ces privatisations se sont faites dans des mains étrangères (en 1998, cela concernait 75% de l'économie du pays). La perspective de l'adhésion à l'Union Européenne a cimenté le pays pendant plusieurs années, mais la faible croissance d'après 2004, le placement sous l'autorité du FMI ont fait voler l'unité.

Troisième point : le Fidesz et Viktor Orban. Françoise Pons ne dédouane pas Viktor Orban de son comportement mais elle relativise certaines décisions très critiquées à l'Ouest comme la loi de 2011 sur les libertés religieuses ou encore la « reconnaissance des liens entre différentes parties de la même nation hongroise vivant dans des pays différents ». Enfin, n'oublions pas que la gauche dans ce pays s'est complètement décrédibilisée en 2006 lors de la révélation de l'état économique désastreux du pays, et que depuis, elle n'a jamais réussi à redevenir une alternative crédible.
Pour conclure, je voudrais ajouter que Françoise Pons ne souligne pas seulement le malaise qui s'est emparé des Hongrois, mais aussi la chaleur du peuple, son ouverture vers les autres cultures (mais pas le multiculturalisme !), son art de vivre, l'importance de la littérature. Elle retranscrit à mon sens avec beaucoup de justesse l'attachement que l'on peut avoir envers la Hongrie.

En moins de 90 pages, agrémentées à la fin d'entretiens avec des Hongrois, je conseille vivement ce livre aux étudiants, aux touristes et voyageurs, aux curieux, mais surtout à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce pays européen et dépasser les clichés.

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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J'enchaîne ces petits guides ; après la Serbie et l'Albanie, la Hongrie !

François Pons nous présente une Hongrie paradoxale, avide d'Europe et en même temps déçue des retombées de son intégration européenne qui ne lui a pas permis de rattraper sa rivale et consoeur autrichienne. Cette déception renforce l'impression des Hongrois d'être des "survivants" par leur langue et leur culture propre au milieu d'un océan de Slaves.

L'auteur nous rappelle également la culture très riche et la tradition littéraire et musicale de la Hongrie qui participent d'une exaltation de l'identité hongroise pour pallier une économie et une croissance en berne, encourageant une importante fuite des cerveaux.

Le sujet qui m'a le plus intéressée est cependant le traumatisme qu'a constitué en 1920 le Traité de Trianon, qui a amputé la Hongrie de vastes territoires au profit de la Slovaquie, de la Roumanie et de la Serbie, donnant lieu à une certaine rancoeur et à une politique d'ouverture dynamique vis-à-vis des minorités hongroises présentes en dehors des frontières : ces dernières peuvent bénéficier de la citoyenneté hongroise et bénéficier d'aides financières pour promouvoir la culture magyare. Ces "Magyars d'outre-frontières" représentent tout de même 2,5 millions d'habitants !
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Ce nouveau volume de la collection "L'Âme des peuples" m'a emmené cette fois-ci en Hongrie, pays que je connais finalement assez mal. L'enquête de Françoise Pons est particulièrement intéressante, tant d'un point de vue historique que d'un point de vue sociologique et surtout politique. Elle nous plonge, notamment par le biais de plusieurs témoignages, dans les espoirs et les déceptions de tout un peuple. Peuple qui a trop souvent subi les aléas d'une politique qui les a souvent oublié. L'auteur nous donne envie de partir à la rencontre de ce peuple complexe et de découvrir toutes ses richesses.
Les petits plus de cet ouvrage : une carte permettant de situer la Hongrie et ses voisins et une chronologie détaillée facilitant la compréhension de l'histoire complexe de ce pays.
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"Etre sans destin" (qui a d'ailleurs été une très belle découverte) de l'auteur Imre Kertész... et voilà. C'est à peu près tout ce que je connaissais de la Hongrie avant de découvrir ce texte de Françoise Pons. Et pourtant, il y en a des choses à connaître. Saviez-vous que la Hongrie possède un grand patrimoine littéraire ? que les Hongrois ont remporté un très grand nombre de Prix Nobel ? qu'elle est traversée par quantité de fleuves ? que la musique est un mélange des genres (classique, folklorique, ethno, métal, rock...)...
Les entretiens qui suivent sont également très intéressants, et nous permettent de mieux connaître ce pays, tant au niveau historique, que social ou encore politique.
Un livre, certes petit, mais extrêmement riche !
Merci à Babelio et aux éditions Nevicata... Une bonne collection, que je vais certainement continuer de découvrir...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Certes les Hongrois, parfois rudes, sont déstabilisants, difficiles à cerner avec ce mélange de fierté, confinant souvent à l'orgueil arrogant, et de sensibilité extrême.
Mais c'est un peuple fier, fort, passionné. Ils sont prêts à se lier d'une amitié chaleureuse et forte à qui cherche à les connaître et les aimer.
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Le journaliste Bálint Ablonczy, bien connu en Hongrie, chef de service à l’hebdomadaire de centre droit Heti Valasz, parfait francophone et francophile, résume particulièrement bien le sentiment d’une grande majorité de la population. « Pendant vingt ans, le gouvernement hongrois nous a dit que si nous faisions comme les Occidentaux, nous vivrions comme eux. Nous avons dit oui à tout ce que nous demandait Bruxelles. On a écouté et appliqué toutes les leçons. Or le résultat a été un échec. Maintenant on en a assez de s’entendre dire : ‘Encore un peu de patience, encore des sacrifices’. Avec la crise de 2008, le rapport d’élève à professeur a volé en éclats. Car en fin de compte quelle est l’Europe que nous avons intégrée sinon, comme l’a dit Viktor Orban en 2004, une Europe à croissance zéro, en crise économique et démocratique, incapable de se réformer, et qui doute d’elle-même ? » Ils ne font plus confiance à l’Europe pour les défendre.
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La langue hongroise est particulière, soulignait ce jour-là un orateur. Elle est notre meilleure alliée, mais elle peut être aussi notre pire ennemie. La musique, elle, nous libère et nous rend compréhensibles au reste du monde.
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Seuls sur une île, perdus dans un océan slave, comme assiégés : ainsi se perçoivent les Hongrois qui restent marqués par leur histoire d’occupations successives depuis le seizième siècle. La domination de l’Empire ottoman, des Habsbourg puis le communisme ont aiguisé cette sensibilité.
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Les Hongrois ont eu le sentiment d’avoir été roulés au nom du libéralisme. Dans l’économie courante, le seul bénéfice qu’ils ont pu retirer des privatisations, c’est l’achat d’appartements privés.(…) La Hongrie n’a retrouvé son niveau de vie de 1988 qu’en 2001.
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