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Olivier Deparis (Traducteur)
EAN : 9782070415830
400 pages
Gallimard (11/10/2000)
4.08/5   85 notes
Résumé :
Kirinyaga, c'est le nom que portait le mont Kenya lorsque c'était encore la montagne sacrée où siégeait Ngai, le dieu des Kikuyus. C'est aussi, en ce début du XXIIe siècle, une des colonies utopiques qui se sont créées sur des planétoïdes terraformés dépendant de l'Administration. Pour Koriba, son fondateur - un intellectuel d'origine kikuyu, qui ne se reconnaît plus dans un Kenya profondément occidentalisé -, il s'agit d'y faire revivre les traditions ancestrales d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Livre lu plusieurs fois, il y a déjà quelques années. Peut-on recréer une société traditionnelle sur une autre planète, alors que ladite société terrestre s'est occidentalisée et a disparu ? En résumé, recréer sur une autre planète, le Kenya traditionnel , vu par les Kikuyus. Ce roman qui est construit sur la base de plusieurs scénettes peut se lire comme un recueil de nouvelles, un peu à la manière des "Chroniques martiennes" de Bradbury. Recréer artificiellement un mode de vie traditionnel qui a évolué et n'existe plus tel quel, a-t-il encore une signification ? C'est toute la thématique du roman. Je ne dévoilerai pas la fin, mais on peut facilement imaginer que tout cela est voué à l'échec.
Par ailleurs, Resnick dépeint un Kenya terrestre où quasiment tous les animaux ont disparu, la savane remplacée par des zones industrielles où habitées. Seul, le clone d'un éléphant rappellera la faune disparue. Cet animal deviendra le symbole d'un monde déchu. La science-fiction de Resnick me touche beaucoup, dans ses récits africains, car il nous met face à la destruction impitoyable des sociétés et de leur environnement.
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Il y a longtemps, un lion vivait dans la savane et ne supportait pas que les autres lions ne soient pas de son côté dans ses nombreuses chasses. Il décida alors de former son clan et conquit de nombreux autres lions, et fit de nombreuses chasses plus glorieuses les unes que les autres. Mais les autres lions avaient envie de rejoindre les clans voisins, et le lion devait sans cesse leur dire : "Arrière ! Si tu les rejoins, tu n'es plus des nôtres !". Et puis vint un Européen qui leur affirma qu'il ne leur voulait aucun mal et qu'il voulait devenir un des leurs. Et les lions, peu à peu, se détournèrent de leur chef pour se tourner vers l'humain et ses prodiges, tant et si bien que lorsqu'il les eut tous sous sa coupe, il sortit un fusil et les tua. Celui-ci, furieux, s'en alla voir Ngai sur Sa montagne sacrée, d'où Il a créé le monde entier. "Pourquoi as-tu laissé ceci se produire ? N'étais-je pas le chef de ce clan de lions ?
- Tu l'étais bel et bien, mais en empêchant tes sujets d'en sortir, tu les as rendus ignorants ; ils n'ont pas pu s'approcher des autres clans et échanger leurs connaissances, et comme ils n'avaient jamais vu d'homme blanc, ils se sont laissés prendre dans ses filets. Tu aurais dû leur permettre un peu de liberté plutôt que de les restreindre à ce point..."
Un peu de liberté... Mais si nous prenons trop de liberté face aux traditions, nous finissons par en prendre trop. Et comment les Kikuyus pourraient-ils rester des Kikuyus ? Partis pour retourner à leurs anciens usages sur le monde terraformé de Kirinyaga, ceux-ci fuient la modernité sous la houlette de Koriba leur mundumugu. Utopie : le mot est lâché. Un monde sans blanc pour les endoctriner, ni Massaï pour leur faire la guerre, ni Wakanda ni Luo pour leur tenir tête. Un monde sans technologie où ils pourraient suivre à la lettre les règles que leur dieu Ngai a édictées.
On n'imagine pas le nombre de choses qu'on ignore sur les tribus d'Afrique, celle-là en particulier. Et l'immersion dans leur culture est totale, surtout narrée à une première personne impeccable. Et quelle culture ! Au lieu de se plaindre d'avoir trop de travail, les kikuyus ont l'impression d'être sénilisés si on ne leur en donne pas assez ; pour eux la circoncision et l'excision sont un honneur, et il n'y a pas de plus grande importance qu'un travail bien fait. Tout le contraire de chez nous, quoi.
Le personnage de Koriba est impossible à cerner, oscillant entre le sage ancestral et le fou manipulateur. On sait qu'il ne veut que du bien pour les autres, mais leurs traditions particulièrement rudes et ses plans pas toujours recommandables font qu'il inflige beaucoup plus de mal. Perdu dans son désir d'utopie qu'il n'atteindra jamais, tantôt hostile, tantôt malicieux, c'est un personnage comme on n'en voit que peu. Ce qui fait que laissez-moi vous dire que si on veut démontrer qu'autrefois est révolu et que mieux vaut se tourner vers l'humanisme, on est quand même à un niveau bien plus complexe que le Clan des Étoiles ou le traditionnel "Religieux = mal, athées = bien" de Pierre Bordage.
Car ce qu'il est, ce n'est pas le nostalgique d'une période d'obscurantisme à l'image de nos chère figures d'extrême-droite, c'est quelqu'un qui veut fuir un Kenya, une Afrique, un monde entier dominé par les Européens et les puissances s'en inspirant sur le plan économique, entraînant pollution, surpopulation et disparition des espèces même les plus puissantes comme le lion ou l'éléphant. Un monde crépusculaire auquel il est difficile de croire encore, et pourtant ! de quels prodiges sont capables les Blancs !
Un autre point fort, peut-être sous-exploité, c'est le Conseil des Utopies, l'idée que tout le monde puisse aller créer son propre paradis dans l'espace, et ça aurait été intéressant de se demander à quoi ressembleraient les autres utopies (c'était d'ailleurs sur cette idée de base qu'Orson Scott Card, avec qui il collaborait, était parti, comme expliqué dans le postface). Un système devenu réaliste avec la terraformation, qui ne me pose qu'un problème : pour terraformer même des planétoïdes, il faut beaucoup plus de temps que quelques années, même avec la technologie qu'on aura dans un siècle...
Bref, on a un superbe ouvrage, avec un superbe odyssée, et surtout une fin magnifique. Et c'est à regrets tout ce que je vous dis pour ce soir. Kirinyaga, en plus d'être court à lire, nous instruit énormément sur l'Afrique avec tout le plaisir de la SF ; bref il s'agit bien d'un chef-d'oeuvre méconnu, et qui ne souffre aucunement d'une comparaison avec "Tendéléo" de Ian Mc Donald par exemple (bien au contraire, d'ailleurs !). Et je termine mes éloges. Kwaheri, Babelio.
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui regroupe deux histoires, deux tentatives de construction d'une Utopie. Chaque récit est ainsi composé de plusieurs nouvelles qui peuvent être lus indépendamment, mais qui ensemble forment un tout. La grande force du livre vient des nombreuses réflexions qu'il soulève face aux différents aléas que vont rencontrer les différentes utopies que ce soit d'un point de vue culturelle, identitaire, etc… mais qui surtout soulève le point même de l'utopie et de ses nombreuses failles, le tout en restant assez neutre dans sa façon de présenter les choses pour permettre à chacun de se faire son avis. Des textes intelligents et soignés. Alors après, c'est vrai, il est difficile de s'attacher au personnage principal de Kirinyaga, plongeant dans le fanatisme malgré une certaine ambiguité, mais ce n'est pas le but du récit de nous faire aimer son héros, simplement de nous montrer l'évolution de son monde. Concernant Kilimandjaro j'ai un peu moins accroché, l'ensemble n'est pas mauvais, loin de là, mais parait franchement un ton en-dessous face à Kirinyaga, ce qui est légèrement dommage. Au final un roman qui mérite d'être découvert, au moins pour se faire un avis sur les différentes réflexions qu'il propose.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Un classique de la SF plein de contradictions......


Non pas que ni l'histoire ni l'écriture, ni quoi que ce soit d'autres laisse à désirer. Loin de là. C'est juste que si vous décidez d'ouvrir ce livre, vous serez automatiquement plongé dans des réflexions à n'en plus finir. Si vous doutiez que la vocation des Editions Denoël est de nous élever spirituellement, vous ne douterez plus parce qu'avec des titres comme ceci, ce sont de véritables perles qui vous tombent sous les yeux. Nous sommes ici dans un recueil de nouvelles. Ces nouvelles traitent tous de la planète Kirinyaga où des Kenyans désabusés se dirigent pour créer une utopie. Là, ils retrouvent leurs véritables origines, prient et vivent selon les principe de Ngai. Et surtout, ils vont consulter régulièrement leur grand sorcier, le Mundumugu Koriba pour qu'il mette en oeuvre sa magie.

Alors, déjà la magie de Koriba, les trois quart du temps, c'est son ordinateur qu'il est le seul à pouvoir utiliser et déjà là, j'ai hurlé de rire. Car il fallait y penser, à toucher ce petit côté très sacré de cette vocation de sorcier. Et Koriba ramène la planète aux temps anciens donc dans une société archaïque qui va rejeter toute forme de modernité, afin de réduire au maximum la pollution des Européens. Ensuite, Koriba va solutionner les problèmes en racontant des contes car il pense -et il n'a pas tort - que c'est l'une des meilleures formes d'apprentissage.

Mais du coup, on a cette contradiction qui est qu'on est dans un roman de Science Fiction avec des récits, à chaque nouvelle, qui s'apparentent plus à des contes anciens puisque tout le monde sur Kirinyaga vivent comme au temps des légendes, avec des rituels, des modes de vie et une hiérarchie bien déterminée. En un sens, c'est comme une communion avec la nature sauf que l'homme a toujours tendance à aller vers la facilité et donc la modernité.


Une réflexion intense sur l'utopie.

Koriba dit toujours que pour atteindre l'utopie, il faut rester dans le passé, ce à quoi les jeunes répondent toujours qu'il faut aussi s'adapter à la modernité. Mais l'utopie est elle générale ? Nous connaissons tous l'utopie de Koriba qui est un Kirinyaga avec ses traditions alors que celles d'autres personnes est un Kirinyaga qui ressemble un peu au Kenya, une communion avec la nature mais avec des facilités. On se pose très rapidement la question au fil des nouvelles de savoir si l'utopie est le bonheur ou s'il faut obligatoirement faire des efforts et des concessions pour atteindre une utopie. Et je précise bien une et non l'utopie de tout le monde.

On se rend compte ainsi que la notion d'utopie est extrêmement relative et qu'en vivant avec les autres, on est forcément déçu, à l'image de Koriba, d'ailleurs. le bonheur en communauté se travaille aussi et est quasiment inaccessible car votre bonheur peut apporter le malheur aux autres. Comme vous le voyez, ce recueil sous ses allures très légères car sous forme de contes, montre beaucoup de pistes de réflexions. Mon conseil ? Lisez une nouvelle tous les soirs, comme une leçon du jour et vous verrez à quel point cela peut vous être bénéfique à l'esprit.

Encore merci aux Editions Denoël qui me pourrissent et me gâtent. J'attends le prochain mois avec impatience. ;)
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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C'est en parcourant la page d'un Babeliothécaire que j'ai découvert ce recueil et cet auteur! Je suis amateur de SF et pourtant M. Resnick n'était pas encore tombé dans mes filets! Ce babeliothécaire, avec qui je partage pas mal de livres et d'avis en commun, avait placé ce livre dans ces 6 livres favoris, ceci m'a quelque peu interpellé. Lorsque j'ai vu qu'il associait Afrique et SF, je me suis dit que ce paradoxe ne pouvait que me plaire!
Je l'ai acheté et mis en haut de ma PAL et grand bien fait il m'en a pris.
Ce livre est un recueil de 8 nouvelles cernées par 2 nouvelles d'introduction et de conclusion. Chaque nouvelle commence par une histoire africaine dont la moral s'appliquera au récit qui suit.
Ne vous y méprenez pas, ce n'est pas un vrai livre de SF, c'est plutôt un contexte de SF pour exposer les coutumes d'un peuple africain (Les Kykuyus).
Dans le récit, nous sommes en 2129, le Kenya ressemble aux grandes de l'occident et des personnages veulent recréer leur utopie d'antan. Pour cela, il terra-forme une planète pour s'installer et vivre selon leurs moeurs et leurs coutumes.
Toutes les nouvelles, nous placent dans la peau de Koriba le mundumugu (le sorcier de la tribu) qui est l'instigateur de cette utopie. Nous voyons clairement qu'il s'agit avant tout de son utopie et qu'il n'y a qu'un pas entre l'utopie d'un et une dictature pour tous.
L'originalité de ce livre repose sur le point de vue dictatorial du protagoniste et la découverte d'un peuple africain (contes africains).
J'invite tout le monde à lire ce recueil (même ceux n'aimant pas la SF) ayant reçu beaucoup de prix mais qui reste, il me semble, peu connu en France.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
— Les chacals ont foulé cette terre bien avant l’arrivée des fermiers, soulignai-je.— Mais ils sont anachroniques. Ils n’ont plus leur place ici.»Je hochai la tête. «C’est dans l’ordre des choses.— Que les chacals aillent dans une réserve ?— Que les Kikuyus, qui ont précédé les Kenyans, partent pour un nouveau monde. Car nous aussi, nous sommes anachroniques, et nous n’avons plus notre place ici.»Il accéléra; bientôt, nous quittions la zone agricole pour entrer dans la banlieue de Nairobi.
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— Si je parle comme je parle, c’est justement parce que j’ai fait mes études en Europe et en Amérique. J’ai vu Nairobi devenir un deuxième Londres, avec le même surpeuplement et la même pollution, et Mombasa un autre Miami, avec tous les dangers et les maladies qui s’ensuivent. J’ai vu notre peuple oublier ce que c’est qu’être kikuyu et se dire fièrement kenyan, comme si le Kenya était autre chose qu’un ensemble arbitraire de frontières tracées sur une carte européenne.
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— Tu vois ? dis-je en souriant. Même le nom de la montagne sacrée a été corrompu par les Européens. Il est temps que nous donnions à Ngai un nouveau Kirinyaga d’où gouverner l’univers.— Ce ne serait peut-être pas superflu, en effet. Il n’y a guère de place pour Ngai dans le Kenya d’aujourd’hui.»Il se mit soudain à ralentir et quitta bientôt la route pour traverser un champ fraîchement moissonné, roulant avec précaution pour ne pas abîmer sa nouvelle voiture.
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lIs semblaient complètement dépaysés, chassant dans les traces laissées par d’énormes moissonneuses-batteuses, cherchant la sécurité d’une savane disparue depuis plus d’un siècle, évitant les voitures plutôt que les autres prédateurs. Je me sentais proche d’eux.Nous les avons observés dans un silence absolu pendant peut-être cinq minutes. Puis Edward consulta sa montre et annonça qu’il nous fallait repartir vers le spatioport.
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L’espace d’un instant, je crus qu’il allait me prendre dans ses bras, mais il me tendit simplement sa main, serra la mienne, marmonna un dernier adieu, puis tourna les talons et partit.Je pensais qu’il irait directement à sa voiture, mais en regardant par un hublot du vaisseau qui devait nous emmener sur Kirinyaga, je le vis debout derrière une immense baie vitrée, saluant d’une main, tenant de l’autre un mouchoir.
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Vidéo de Mike Resnick
Extrait du grand entretien avec Mike Resnick.
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