"Cromedeyre-le-vieil" est un morceau de scène inattendu où pourtant se retrouve toute la force, l'intelligence et la finesse d'écriture de
Jules Romains.
C'est une pièce de théâtre en cinq actes.
Elle a été représentée, pour la première fois, le 26 mai 1920, à Paris, au théâtre du "Vieux Colombier" sous la direction de
Jacques Copeau avec
Louis Jouvet dans le rôle d'Anselme.
Teintée de poésie, c'est une pièce écrite en vers.
L'action se passe de nos jours dans le haut pays du Mézenc, au coeur même de l'Ardèche.
Le village de Cromedeyre est serré comme une mie de seigle.
Il est le plus vieux des villages.
Il n'y a dedans qu'une seule ruelle qui se replie et se tortille.
Les gens de Cromedeyre-le-Vieil puent et ils puent la motte brûlée.
Ils disent "ceux d'en bas".
Ils sont cousins avec le vent.
Ils se vantent d'avoir en eux un autre sang.
Ces gens-là se sont mis en tête d'avoir leur église, chez eux !
Les voilà qui creusent la terre, qu'en pense monseigneur l'évêque ?
Les gens de Cromedeyre s'en fichent un peu.
Mais ils avaient placé, naguère, à la Chartreuse, un de leurs jeunes hommes, choisi entre tous, et qui devait revenir prêtre de leur nouvelle église.
C'est Emmanuel, fils d'Hélier.
Il revient avec son sac, avec son bâton qu'il a coupé à un noisetier.
En chemin, il rencontre le doyen du monastier.....
Derrière cette originale tragi-comédie se cache une pièce éminemment subversive.
Derrière "la vieille façon" de Cromedeyre se cache une belle fable.
Jules Romains nous y décrit un monde, qui pourtant inhospitalier à l'étranger, triomphe des préjugés sociaux, des faux-semblant et de la religion.
Dans le Théâtre de
Jules Romains, "Cromedeyre-le-vieil" tient une place à part mais se révèle, au final, comme une de ses pièces maitresses.
C'est un magnifique morceau de scène, intemporel, hardi, puissant et finement écrit.