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Fabrice Lardreau (Autre)
EAN : 9782081492974
174 pages
Editions Arthaud (06/10/2021)
3.71/5   29 notes
Résumé :
"L’amitié est renforcée par la pratique de la haute montagne, qui crée des liens immédiats, développe une vision commune du monde. Il s’instaure entre les grimpeurs ce que j’appelle une intimité du vertical." .

Depuis sa découverte des sommets, en Suisse pendant son enfance, Jean- Christophe Rufin (originaire des plaines du Berry) nourrit une fascination profonde pour la montagne. Amoureux notamment des Dolomites, du massif du Mont-Blanc ou des Aravis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le titre est à lui seul l'oreille qui a écouté Jean-Christophe Rufin répondre aux questions de Fabrice Lardreau : des roches assimilées à tout ce qu'il y a de plus vivant et une humanité s'érigeant dans les hautes sphères de la bienveillance sur les parois de la liberté, de l'amitié, de la solidarité. Sans oublier celle de l'authenticité, la vraie, pas celle utilisée à des fins publicitaires, celle à l'image de ceux qui côtoient la montagne, l'affrontent, tentent de l'adopter ; franchise du geste, véracité de la conviction, sincérité des paroles.

Curieusement les relations entre l'écrivain et la montagne n'ont pas débuté sous les meilleurs auspices : enfant, il s'est retrouvé momentanément éloigné de sa famille, au coeur de la montagne suisse où Zeus avait lancé son foudre contre les parois des Alpes. Depuis la crainte de l'orage est restée – ça me parle énormément puisque pour votre serviteur c'est le contraire qui s'est produit. Mais le défi d'apprivoiser la bête rocheuse s'est ancré au plus profond de Jean-Christophe Rufin dans un souci du respect des éléments et dans la satisfaction de se hisser sur les hauteurs de la liberté.

L'académicien raconte sa conception de l'alpinisme – ni militaire, ni hippie mais avec cette soif de faire corps avec la montagne, de sortir de sa zone de confort tout en étant conscient de ses dangers – et plus globalement sa vision sur la nature, l'écologie ; ô combien on ne peut séparer les éléments sur terre et surtout les opposer. Si l'homme est responsable des maux de la terre, c'est également ce même homme qui pourra apporter des solutions.

Si la montagne est évidemment le socle de ce livre, d'autres lieux sont évoqués, notamment le Berry et ses cieux qui imitent les sommets, et, diverses réflexions escaladent les paragraphes en fixant bien consciencieusement les pitons sur les falaises de la nuance ; Rufin abomine les idéologies extrêmes, les combats soi-disant pour le bien qui mènent paradoxalement à la violence. Celui qui met toujours en fiction des personnages solaires aime la réalité de la lumière, préfère avancer que reculer, construire que détruire, allumer toute source de vie plutôt que d'enfermer les âmes dans des couloirs crépusculaires.

Avec toute l'humilité qu'on lui connaît, Jean-Christophe Rufin refuse de se considérer comme un grand alpiniste. Pourtant il ouvre des voies sur les versants de notre société, en réchauffant l'ubac et en apportant de la fraîcheur vers l'adret ; une façon de soigner par les mots ce qui engendre les maux.
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Jean-Christophe Rufin évoque son amour de la montagne lui qui a passé son enfance à Bourges dans le Berry, terre des plus planes et à Paris.
Il est escalade, plutôt que randonnée, actif plus que contemplatif. Il existe deux montagnes, celle des alpages hélas de plus en plus remplacés par des forêts transplantées et celle des hauteurs, univers minéral, solitaire.
Réflexions menées lors d'entretiens avec Fabrice Lardreau.
J.C Rufin a une conception hédoniste, "plaisir" de l'escalade plutôt que conquérante, martiale, militaire qui était celle des débuts de l'assaut des grands sommets. La montagne, c'est le risque maîtrisé, un des derniers endroits où les hommes se confrontent au risque de leur plein gré, le lieu de vérité où le travail paie plus que la ruse (différent de la vie sociale), le lieu de l'amitié.
J. C Rufin se méfie de l'écologie pure, extrême, penche vers une écologie humaniste qui compose avec les hommes plutôt que contre eux. Les extrémistes nient par leur radicalité l'équilibre millénaire entre l'homme et la nature.
L'ouvrage se termine par des lectures montagnardes ( Buzzati, Frison-Roche, Kessel, Tita Piaz).
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Natif des plaines du Berry, Jean-Christophe Rufin a d'abord eu une expérience malheureuse de la montagne pendant son enfance alors qu'il était pensionnaire en Suisse. C'est peut-être parce que cela l'a perturbé qu'il confond les cantons suisses de Fribourg et du Valais !
Plus tard il a découvert l'alpinisme, a effectué des stages et c'est devenu une vraie passion pour lui. Il habite maintenant la moitié de l'année près du massif du Mont-Blanc et il a une bonne pratique de l'alpinisme à laquelle il associe bon nombre de ses amis. Pour ma part, je suis moins calé que lui dans ce domaine, donc j'ai eu de la peine à partager toutes les émotions qu'il évoque dans les deux chapitres de ces entretiens.
Par contre, j'ai bien aimé les quatre extraits des "lectures montagnardes" qu'il nous propose dans le dernier tiers de ce livre.
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J'ai savouré ces entretiens, tel un bon dessert, au retour d'une randonnée autour du Mont Blanc. Doté d'une admirable sensibilité, Jean Christophe Rufin nous fait partager son amour de la montagne, lieu (en perte) de vie, de randonnées contemplatives, mais aussi de courses d'alpinisme où s'entremêlent performance individuelle et complicité des plus fortes amitiés. Un très beau moment d'humanité, qui donne envie de poursuivre l'aventure.
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Autant la première moitié du livre est décevante, autant la seconde partie nous réjouit par son écriture. Rufin se dévoile et lève le voile sur sa jeunesse et sa carrière. Son amour pour la montagne bien sûr. Toutefois, et je le regrette, le ton condescendant et la fausse modestie lui jouent des tours lorsqu'il évoque ses prouesses en montagne. Monsieur Rufin, vous rendez-vous compte que 99% de vos lecteurs n'auront jamais les capacités que vous révélez, et que la plupart d'entre nous sommes condamnés à errer en simple randonneur ?
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En vérité, mes coups de coeur, en matière de littérature de montagne, concernent des romans extérieurs au genre, auxquels on ne pense pas spontanément. J'aime beaucoup l'évocation des montagnes afghanes dans "Les Cavaliers " de Joseph Kessel ou l'atmosphère oppressante des montagnes dans " Le Désert des Tartares" de Dino Buzzati.Le roman d'Ernst Jünger, " Sur les Falaises de marbre", n'est pas non plus un livre de montagne, mais le livre évoque magnifiquement la solitude des hauteurs, la nature alpestre, la vision distanciée du monde que permet la montagne.


( p.103)
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Beaucoup de gens ne font pas de différence entre escalade et randonnée, ils parlent de « la montagne ». Ils utilisent indistinctement « marcher » ou « grimper ». Il y a pourtant une vraie rupture entre les deux, un pas décisif à franchir.
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La montagne, si je me replonge dans mon enfance, est toujours associée à ma mère. Elle travaillait à l'époque pour Guigoz, le fabricant de lait concentré suisse, dont les usines étaient à Vuadens, près de Fribourg. Elle habitait Bulle, petite ville donnant sur une montagne, la dent de Broc, sommet situé près de Charmey, auquel les Valaisans sont très attachés.
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Cette beauté (celle de la montagne) elle-même est une solution au problème de l'absurde. Même si rien n'a de sens, on peut être heureux en se livrant au spectacle du monde et en vivant dans la magie sensuelle du présent.
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une désertification paradoxale, provoquée non pas avec du sable, mais avec des sapins, le processus est tristement identique.
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Videos de Jean-Christophe Rufin (107) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Christophe Rufin
Rencontre avec Jean-Christophe Rufin à l'occasion de la parution de son roman D'or et de jungle aux éditions Calmann Lévy


Jean-Christophe Rufin est médecin. Il fut l'un des pionniers du mouvement humanitaire et, à ce titre, a parcouru de nombreux pays en crise. Il a exercé des fonctions diplomatiques (attaché de coopération au Brésil, ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie). Romancier, il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui ont tous conquis un large public en France et à l'étranger: Rouge Brésil (prix Goncourt 2001), Immortelle randonnée, le Tour du monde du roi Zibeline, ainsi que la série des aventures d'Aurel le consul… Il est membre de l'Académie française depuis 2008.
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28/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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