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Véronique Patte (Traducteur)
EAN : 9782081231764
227 pages
Flammarion (10/03/2010)
3.64/5   53 notes
Résumé :

Ethiopie, 1975: c'est le chaos. Un pays exsangue se rebelle et détrône son empereur.. Addis-Abeba, Ryszard Kapuscinski vient exhumer un monde balayé par les mitrailleuses; déjouant la vigilance des patrouilles, arpentant des ruelles sinueuses à la tombée de la nuit, il cherche à comprendre: qui était le Négus, le Roi des rois - Hailé Sélassié, dernier empereur d'Ethiopie ? Un despote sanguinaire ? Une figure paternelle adulée par son peuple? Un vieillard... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Le mensonge donne au langage un sel qui manque à la vérité. L'uchronie confère au trône de la dignité. le temps du sommeil que l'on a appelé la vie. Comment un peuple doux se transforme en foule vociférante. Sont'ils des monstres? Peuple d'hommes à javeline et à bouclier. L'échange ancien est suicidaire. Il suscite de nouvelle forme sociale. Haile Selassie puis Mengistu colonel de profession. Avant, ailleurs, demain, le passé.ce rastafari de Bob Marley. Ce roi des rois , ce ministre de la plume. C'est abyssin. le train Djibouti-Addis Abeba a été construit par les Français. Chantal en parlait à Vero. le début de la fin en Éthiopie. le Negus se croit toujours empereur. le guebi
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Le Négus ou la déliquescence d'un pouvoir absolu. Ici l'auteur accorde la parole aux témoins de ce règne hors norme, celui de l'empereur Hailé Sélassié. Aussi, tous les apparats sont étalés suscitant une sorte de malaise comme le cérémonial autour de son coussinet.

Le plus déroutant est la courtisanerie de son entourage et la médiocrité de la majorité de ceux qui tiennent l'appareil d'état. Si obnubilés par leur position qu'ils ne perçoivent que tardivement le délitement du pouvoir, puis la chute de leur souverain.

Contrairement à "Ebènes", Ryszard Kapuscinski se met en retrait des évènements au profit d'acteurs locaux. le récit gagne en authenticité certes, mais perd en densité socio-historique et surtout en apport géopolitique. L'Ethiopie ayant la particularité sur le continent africain de n'avoir pas été colonisée.
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Un livre d'une cruauté et d'une tristesse absolues.

Cruauté et tristesse du destin d'un dictateur, d'un roi absolu, Haïlé Sélassié, dernier empereur d'Éthiopie. Rattaché aux traditions de son empire, refusant toute évolution de son régime, malgré un vernis de modernité concédé à ses alliés occidentaux, il fut trahi par tous. Trahi par ces alliés occidentaux qui devinrent les plus grands dénonciateurs de ses crimes. Trahi par ses courtisans qui, à coups de flatteries et de dénonciations, ne cherchaient qu'à s'enrichir. Trahi par les officiers de son armée qui organisèrent une mort lente de son pouvoir.

Il accepta d'être dépouillé progressivement de ses prérogatives, et de sacrifier un à un ses partisans, pour conserver une illusion de pouvoir. Tout cela pour aboutir à une fin solitaire et sinistre.

Mais aussi cruauté et tristesse du destin d'un peuple éthiopien qui renversa un autocrate sanglant mais désuet, pour tomber entre les mains d'une dictature prétendue moderne mais encore plus sanglante, trompé par l'un comme par l'autre.

Ryszard Kapuściński présente son livre comme un recueil de témoignages de survivants du régime impérial, mais à mon avis ceux-ci ont été largement retravaillés par lui. Cela donne un reportage littéraire superbe mais dont je doute parfois de la vérité. On voit qu'il s'agit pour lui de dénoncer un régime du tiers-monde soutenu par les Occidentaux, mais derrière cela, il y a aussi une critique féroce de la dictature communiste se mettant en place.
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Cette énième révolution vécue par Ryszard Kapuscinski m'a un peu déçue, et la tâche pour arriver au bout du Négus m'a parfois paru insurmontable : les témoignages des anciens domestiques du ministre défilent, détaillant fort obséquieusement les habitudes de l'empereur, sa grandeur, sa court, le protocole observé et les privilèges distribués. J'ai baillé plus d'une fois à la lecture de cette partie, dont le caractère feutré et clos, au sein du palais, tranche avec ce que l'on découvre à l'extérieur et dans le reste du pays, à savoir la famine, la pauvreté, et la mort qui choquèrent tant les pays occidentaux.

Il est difficile d'éprouver quoi que ce soit face à la curieuse passivité du monarque, quasi divinité éthiopienne, qui ne s'oppose pas aux arrestations, aux changements et à la révolution qui s'opère dans son pays et au sein de son gouvernement, comme s'il était, comme du temps de son règne, au deçà de ces préoccupations quotidiennes banales.
Et finalement, on finit par se demander si le Négus était un vrai finaud, ou s'il planait tout simplement dans un univers parallèle.

Un drôle de récit, dont la préface annonce la place particulière au sein de la bibliographie de Kapuscinski ; j'ai eu beaucoup de mal à en saisir la substance.
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A l'aide de témoignages directs de l'entourage d'Hailé Sélassié, Ryszard Kapuscinski nous plonge dans la vie du palais de celui que la plupart des rastas considèrent encore comme le « dirigeant légitime de la Terre ».
Le journaliste n'intervient directement qu'à certains moments, laissant les témoins et acteurs les plus proches de la vie de l'empereur donner leur version de cette page terrible de l'histoire de l'Éthiopie.
Cette démarche permet de s'éloigner du récit journalistique traditionnel généralement plus limité par la subjectivité de l'auteur.
Ce livre est un voyage hallucinant dans un univers clos où tous les yeux et toutes les oreilles sont sans cesse tournés vers ce despote charismatique (l'un ne va pas sans l'autre). Après son arrestation par les militaires, Hailé Sélassié continuera d'ailleurs à croire qu'il est toujours empereur, ses geôliers faisant toujours montre de déférence et s'inclinant devant lui, preuve de l'immense impact que cet homme à eu sur le peuple éthiopien, même au faîte de sa tyrannie.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Un jour j'ai vu une vingtaine ou une trentaine d'ouvriers déblayer des gravats et des pierres qui encombraient la cour devant l'entrée du Palais, sous la direction d'un contremaître arménien. Le travail consistait à charger la pierraille dans des civières en bois puis à les vider dans une décharge située à une cinquantaine de mètres. Le contremaître tournait au milieu des ouvriers en brandissant un long bâton. Quand il s'éloignait, l'activité cessait aussitôt. Je ne veux pas dire que les hommes s'asseyaient , se mettaient à discuter, à s'étendre par terre, non, ils se figeaient simplement sur place, comme des vaches dans un pré, parfois même ils tombaient en léthargie avec un bout de brique à la main. Quand le contremaître revenait, ils se mettaient à bouger, mais avec apathie, comme des silhouettes dans un film tourné au ralenti. Quant ils recevaient un coup de bâton, ils ne criaient pas au secours ni ne protestaient, ils accéléraient seulement un peu leurs mouvements. Dès que les coups cessaient, ils reprenaient leur rythme d'escargot. Mais, à peine le contremaître était-il reparti qu'ils s'immobilisaient et se pétrifiaient de nouveau.
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Le peuple ne s'insurge jamais parce qu'on lui fait porter un fardeau trop lourd, il ne s'insurge jamais parce qu'on l'exploite, car il ne connait pas de vie sans exploitation, il ne sait pas qu'on peut vivre sans être exploité. Comment peut-on aspirer à quelque chose qui n'existe pas dans son imagination ? Le paysan se révolte seulement quand brusquement, on essaie de lui jeter un deuxième sac sur les épaules. Il est alors incapable de se retenir, il tombe le visage dans la boue, certes, mais il se relève et s'empare d'une hache. Non pas, mon très cher monsieur, qu'il se sente incapable de soulever ce deuxième sac, non, il est en tout à fait capable. Il se redresse parce qu'il sent qu'en voulant lui imposer ce poids supplémentaire, sans ménagement, brutalement, on a essayé de le rouler, on l'a traité comme une bête de somme stupide, on a piétiné le peu de dignité qui lui restait, on l'a pris pour un idiot qui ne voit rien, ne sent rien, ne comprend rien. L'homme prend une hache non pas pour défendre sa poche, mais pour défendre son humanité, oui, mon très cher monsieur. Ceci explique donc pourquoi Sa Majesté réprimanda les fonctionnaires qui, pour leur propre confort et par pure vanité, au lieu d'alourdir la charge progressivement, petit sac par petit sac, essayèrent de la jeter de manière grossière, d'un seul coup, sur les épaules des paysans. Ainsi, pour assure un avenir paisible à l'Empire, Sa Vénérable Majesté demanda aux fonctionnaires d'ajouter les sacs un par un, avec une pause entre chacun, tout en surveillant, d'après l'expression de son visage, si le paysan pouvait tenir le coup, s'il était encore possible d'ajouter quelques grammes ou s'il fallait le laisser souffler.
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C'était un chien de race japonaise. Il s'appelait Lulu. Il avait l'autorisation de dormir dans la couche royale. Pendant les cérémonies, il s'échappait des genoux de l'Empereur et allait pisser sur les souliers des dignitaires. Ces messieurs n'avaient pas le droit de sourciller ni de faire le moindre geste quand ils sentaient leurs pieds s'imbiber d'urine. Mon rôle consistait à passer entre les courtisans au garde-à-vous et à essuyer leurs chaussures. Un chiffon en satin était affecté à cette tâche. J'ai assumé cette fonction pendant dix ans.
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« Qu'en est-il de la famine meurtrière ? » demandèrent-ils. « Je ne suis absolument pas au courant », répondit le ministre de l'Information. Je reconnais, mon ami, qu'il n'était pas loin de la vérité. Premièrement, depuis des siècles, la famine était un phénomène quotidien et naturel dans notre Empire. Personne n'avait jamais eu l'idée d'en faire toute une affaire. De manière cyclique, la sécheresse sévissait, la terre séchait, bétail crevait, les paysans mouraient ; c'était l'ordre des choses, naturel et éternel. Jamais aucun notable n'aurait osé importuner Sa Très Haute Majeste avec des nouvelles de la famine dans ses provinces,
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Quel désordre aurait régné dans l'Empire ! Au lieu d'un seul soleil, il y en aurait eu cinquante, et chaque sujet aurait rendu hommage, en privé, à l'astre de son choix. Non, mon cher ami, une telle liberté ne peut être que funeste, on ne peut exposer le peuple à un tel danger. Il ne peut exister qu'un seul soleil. Tel est l'ordre de la nature, toutes les autres théories ne sont qu'hérésie. Vous pouvez être assuré que Sa Majesté brillait au firmament. Elle brillait par sa grandeur et sa magnanimité, et le peuple savait, à coup sûr, de quel côté se trouvait la lumière et de quel côté se trouvait l'ombre.
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Videos de Ryszard Kapuscinski (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ryszard Kapuscinski
25 octobre 2013
Quand Ryszard Kapuscinski arrive comme journaliste en 1958 à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus jamais. Pendant des années, ce grand reporter doublé d'un écrivain sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées. Observateur exceptionnel, il croise des potentats comme Nkrumah, Kenyatta ou Idi Amin, témoigne de coups d'Etat et de guerres civiles ; il essuie des fusillades, affronte des tempêtes de sable et supporte l'indescriptible chaleur africaine. Mais Kapuscinski s'intéresse surtout aux gens et sait gagner leur confiance. le tumulte de la vie quotidienne africaine le passionne davantage que les corruptions, les épidémies et les guerres meurtrières. Ce livre majeur, attendu depuis longtemps, a reçu en 2000 le prestigieux prix littéraire italien Viareggio. "(...) un chef-d'oeuvre hybride et bouleversant ; peu de livres ont fait sentir l'Afrique d'aussi près." Jacques Meunier - "Le Monde"
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