Aimez-vous Brahms...

Drôle de sensation que la lecture de ce livre à l'aube de la quarantaine, quand vous venez de vous séparer d'un conjoint de treize ans votre cadet.
On n'a rien inventé.
La vie. L'amour. Les miroirs.
Le temps qui passe et qui ne guérit pas tout, et c'est tant mieux.
Il y a des blessures qui ne doivent pas se refermer trop vite, pour laisser de belles cicatrices.
Je l'ai lu d'une traite aujourd'hui, sous la couette. Il pleuvait. J'avais beaucoup de choses à faire, c'est (encore) le livre qui a gagné. On ne dirait pas comme ça, mais ça met du baume au coeur. Littéralement.

Ma première rencontre avec la plume de Françoise Sagan ne m'a pas laissé un souvenir impérissable,
Bonjour tristesse ne m'avait pas conquise. Devant renouveler l'expérience je me suis dit " tiens l'héroïne de
ce livre à pile mon âge, voyons pour voir ". le point commun s'arrête ici mais pour le coup ma lecture s'est révélée réjouissante.
Nous sommes donc face à trois personnages : Paule qui, à 39 ans entretien une relation de longue date avec Robert, relation exclusive. En tout cas, du côté de Madame .... Elle l'aime son homme même si elle se retrouve bien souvent seule. Oh lui aussi l'aime mais pas assez pour se satisfaire d'elle uniquement. Alors quand Simon apparaît dans sa vie et qui lui sort le grand jeu, clamant son amour pour elle, sortant avec elle
et restant la nuit il lui est difficile de résister bien longtemps au jeune homme de vingt cinq ans. Et puis il semblerait que Robert se soit lassé et ne l'aime plus... Mais que vont penser les gens avec une telle différence d'âge ? Un tel amour ne peux durer, ce n'est qu'une passade. A quoi cela rime t'il ? Cette liaison, c'est se retrouver face à sa réalité, à la vie qu'elle a choisi jusque là. Plus que céder à la tentation et au plaisir de plaire c'est jauger la force de ses sentiments. Malgré tout Robert reste dans son coeur et dans sa tête. Elle ne peux rendre malheureux Simon plus longtemps, il est jeune, beau. Il s'en remettra et vivra d'autres expériences. Son cher et tendre l'a rend malheureuse souvent, la laissant pendant qu'il prend du bon temps ailleurs mais c'est lui, c'est eux.

À l'aube des années soixante, Paule est au seuil de la quarantaine. Elle ressent une lassitude face à la relation, illusoirement libre, du moins pour elle, qu'elle entretient avec Roger depuis six ans.
Elle l'attend. Va-t-elle lui avouer qu'elle est lasse de cette vie, de son appartement vide une fois qu'il est parti ?
Boire un verre, aller dîner dehors, parler de leur travail respectif, partir danser puis être raccompagnée et laissée de plus en plus souvent seule pour aller dormir. En rentrant, justement, la triste perception de sa solitude.
Roger, lui, est satisfait, quoique ce soir-là, il a perçu la tristesse de Paule. « Elle lui demandait quelque chose confusément, il le savait bien, quelque chose qu'il ne pouvait pas lui donner, qu'il n'avait jamais pu donner à personne. » Monsieur reste donc dans son égoïsme, gardant le plaisir de ses errances nocturnes dans Paris à la recherche d'aventures.
Le lendemain, Paule est demandée pour ses talents de décoratrice chez une Américaine et elle y rencontre Simon, le fils de vingt-cinq ans. Simon, avocat stagiaire paresseux, si beau, à la fois timide et audacieux, subitement terriblement admiratif et amoureux de Paule.

Ce tout petit roman m'a fait découvrir la belle plume de Françoise Sagan, que je n'ai pas du tout trouvée désuète mais plutôt pleine du charme de notre langue. Celle-ci déroule le film d'un triangle amoureux qui semble intemporel. Une femme, en instance de franchir une nouvelle dizaine, ne se sent plus heureuse et aspire à un changement, tout en le redoutant. Alors que l'homme qu'elle aime est persuadé de ne pas la faire souffrir, un autre constate sa tristesse, sa solitude, et l'invite à un concert d'où le « Aimez-vous Brahms ? »
On retrouve ici des attitudes et réflexions qui existaient et existent toujours de nos jours comme ce caractère volage, tout à fait naturel chez un homme mais qui, dès lors que c'est une femme qui entame une autre relation, devient condamnable, plein d'inconséquence. Roger ne juge pas son propre comportement, sort le refrain habituel sur ses autres « petites » histoires sans valeur. Mais il est furieux et trouve insupportable qu'un jeune freluquet s'intéresse à Paule.
Il y a aussi cette différence d'âge dans le sentiment amoureux, normale pour l'homme attiré vers la jeunesse mais choquante lorsque c'est la femme qui est plus âgée. Est-ce qu'aujourd'hui c'est différent ? Pas sûr…
Et en amour, pas sûr non plus qu'il y ait un gagnant, ou une gagnante. Difficile de faire entendre raison à un tel sentiment !

Je n'ai pas vu le film tiré de cet ouvrage mais en parcourant ces lignes, les personnages apparaissent nettement dans leur décor parisien même si celui-ci aurait mérité d'être plus étoffé. En se concentrant sur ce trio amoureux plein d'insatisfaction et de désenchantement, l'arrière-plan est balayé par la caméra qui dévoile l'automne parisien, le bois de Boulogne, l'animation bruyante des rues…Et pour saisir l'époque, c'est sûrement les gauloises fumées sans modération qui en parlent le mieux, hélas !

Paule a 39 ans ; elle travaille : elle est décoratrice d'intérieur à Paris. Ce n'est plus une jeune femme mais une femme jeune quoique sa situation commence à lui peser. Elle vit avec un compagnon qui la délaisse occupé qu'il est par ses jeunes maîtresses. C'est alors qu'elle rencontre un jeune homme, Simon, le fils d'une cliente, 25 ans qui va en tomber amoureux fou comme on peut tomber amoureux à cet âge. Et voilà un triangle amoureux classique. Paule va succomber à la jeunesse (virile) de Simon, par amour ? Ou par désoeuvrement ? Un tel amour peut-il durer toute une vie. L'analyse des sentiments de ces trois personnages est très fine et exhaustive.
Ce livre écrit aujourd'hui ne ferait sans doute l'objet d'aucune édition. Mais Sagan l'a écrit en 1954, c'est à dire dans un autre siècle, avec d'autres mentalités. Une femme qui travaille et était libre était une situation exceptionnelle.
L'écriture est remarquable, presque fascinante tant elle nous implique dans l'histoire.

Que j'aime ces lectures un peu surannées, ces vieux livres de poche aux pages jaunies et à l'odeur de poussière, ces histoires parisiennes dans lesquelles ils ne se passent pas grand chose mais qui dépeignent si bien les relations humaines, quelque soit l'époque où se déroulent les faits.
63 ans (!) après sa parution, ce triangle amoureux n'a rien perdu de sa vérité. Les affres de la quarantaine s'abattent toujours de la même façon sur les femmes et certains hommes n'ont pas abandonné cette goujaterie qui caractérise Roger dans le roman. On sera juste nostalgique des cocktails et des soirées dansantes avec orchestre.

« Elle n'avait envie de rien. Et elle avait peur de rester seule deux jours. Elle haïssait ces dimanches de femme seule : les livres lus au lit, le plus tard possible, un cinéma encombré, peut-être un cocktail avec quelqu'un ou un dîner et, enfin, au retour, ce lit défait, cette impression de n'avoir pas vécu une seconde depuis le matin »

Mon premier livre de Françoise Sagan, et quelle belle découverte !
Ce triangle amoureux m'a complètement convaincu, l'autrice emploi les bons mots

On fait connaissance avec un couple qui se dit vivre en toute liberté - mais comme souvent un de seuls des deux le vit pleinement

Un triangle (et même plus) amoureux: elle a 40 ans, en aime un un peu plus âgé et qui va de maitresse en maitresse, et un jeunot de 25 ans tombe amoureux d'elle. Un peu malsain, un peu surprenant - pourquoi retourner vers celui qui la déçoit et continuera d'être ce qu'il est? Un portrait de la bourgeoisie du milieu du vingtième siècle, on se sent un peu exclus de leur cercle.

Paule a trente neuf ans, elle est décoratrice d'intérieur. Depuis six ans, elle entretient une liaison avec Roger. Mais lui, effrayé à l'idée de s'engager, continue de jouir de toute sa liberté, enchaînant les maîtresses et ne voyant Paule que quand l'envie se fait sentir.

Elle a quitté une situation et un mariage stable pour reprendre sa liberté et les reines de sa vie, elle se sent lasse de cette situation. Elle ne supporte plus d'attendre l'appel téléphonique qui viendra la libérer de sa pesante solitude, de ces soirées où elle se plie aux envies de sortir de son amant alors qu'elle voudrait se reposer.

Elle aime Roger mais Roger l'aime mal, alors elle cède aux avances du jeune, beau et charmant Simon qui avec la fraîcheur de ses vingt-cinq ans l'aime avec dévotion.
Mais l'amour n'est point chose facile, il ne se commande pas…

Un triangle amoureux où tout le monde a vocation à souffrir.
Du pur Françoise Sagan.
Toujours avec ce langage naturel, cette même franchise, cette même sensibilité et cette pointe d'ironie qui font le charme des romans de Sagan. Je suis toujours bluffée par sa justesse quand il s'agit de décrire les attentes, les frustrations, la complexité du sentiment amoureux. Cela résonne tellement vrai que cela fait de ce roman un roman assurément touchant.

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Paule, 39 ans, vit une relation assez libre avec Roger un peu plus âgé qu'elle.

Relation libre, surtout pour lui qui multiplie les aventures avec de jeunes starlettes, bêtasses, mais qui le distraient et lui donnent l'impression d'être toujours jeunes !

 Paule, décoratrice d'intérieur, rencontre Simon, 25 ans chez une de ses richissimes clientes.

Avocat en formation, velléitaire, fortement penché sur le whisky, devenu fou amoureux d'elle, Paule se laisse finalement séduire, et rompt avec Roger.

Mais la jeunesse brûlée de Simon l'agace rapidement, elle renoue avec Roger, éperdu d'amour pour elle tant qu'elle était loin .... 

Un roman de Françoise Sagan, c'est toujours une plongée dans un monde feutré, un  monde de douceur où percent des épines qui égratignent et mettent à nu.

Ce monde des années 60 où les hommes pouvaient agir à leur guise, disposant des femmes comme ils l'entendaient sans qu'elles pensent encore à se rebeller.

D'autres romans de Françoise Sagan m'attendent dans ma liseuse, tels de petits bonbons acidulés que je vais déguster lentement :) 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..

Un bon cru de F. Sagan