La p'tite bête qui monte, qui monte, qui monte…
… et qui descend.
Roméo et Juliette, ça monte, ça monte.
Hamlet, ça monte, ça monte, on atteint le zénith.
Le Songe d'une Nuit d'été, ça descend. Plouf !
J'ai vraiment aimé
Roméo et Juliette, j'ai adoré
Hamlet, et j'ai très très peu aimé le Songe d'une Nuit d'Été. Ces trois pièces (une tragi-comédie, une tragédie et une comédie dans cet ordre) donnent un aperçu de la diversité du talent de
William Shakespeare.
Ce sont toutes des pièces bourrées de symboles, des portes à serrures et à codes. Comme toute porte forte, le mieux c'est d'avoir les clefs ou les codes avant de s'y atteler sans quoi on peut s'y casser le nef. Donc, d'après moi, il est sûrement intéressant de lire quelques petites choses sur l'époque ou le théâtre avant de s'y plonger car, à brûle-pourpoint, pour un lecteur qui débute avec
Shakespeare — or ces pièces sont souvent choisies par les gens qui se frottent à
Shakespeare pour la première fois — le fossé peut-être profond avec la littérature plus contemporaine.
Je pense qu'il y a un petit effort à faire pour se bien glisser dans l'époque et dans la pensée d'alors, mais aussi dans ce que représentait le théâtre en ce temps-là, qui en était le public et quel discret parfum de sédition il pouvait distiller.
J'ai déjà dis ailleurs combien j'aimais
Roméo et Juliette, le long processus de création via plusieurs auteurs depuis les nouvelles italiennes où l'histoire a vu le jour. J'ai aussi dit le message codé que j'y lisais, adressé aux grands d'Angleterre et d'Espagne. Je vous renvoie à la critique spécifique de cette pièce si vous souhaitez davantage de détails.
On passe ensuite au plus gigantesque monument, au chef-d'oeuvre absolu de
Shakespeare avec cet
Hamlet de malheur. Une tragédie réellement exceptionnelle, pièce à tiroirs où la mise en abîme sonne comme une mise en garde, là encore adressée, selon moi à la Reine elle-même, Elisabeth Ière, à propos de l'étouffement du théâtre qui est en cours sous l'action castratrice des puritains qui envahissent le royaume. Beaucoup de niveaux de lecture, une qualité d'écriture hors normes, une tragédie qui a fait beaucoup de petits dans toute la littérature mondiale : à ne pas manquer. Là encore je vous renvoie à la critique spécifique si vous souhaitez d'avantage de détails.
Enfin, on arrive à la pièce que d'aucuns considèrent comme " l'origine ", en matière de fées et d'elfes, même si c'est absolument faux puisqu'elle s'appuie sur des traditions bien plus anciennes, mais peu importe. Contrairement aux deux autres, cette pièce m'ennuie mortellement. Là encore il y a une mise en abîme, là encore il y a du surnaturel (c'était déjà le cas dans
Hamlet à moindre dose) mais, en ce qui me concerne la mayonnaise ne prend pas, mais alors pas du tout. J'aurais tendance à conseiller, pour ceux qui aiment la magie, la féérie, tout en restant dans le domaine
Shakespeare, sa toute dernière pièce,
La Tempête, qui est, selon moi d'un tout autre calibre, réellement comparable aux deux chefs-d'oeuvre sus-mentionnés.
En somme, malgré les limitations que j'apporte plus haut, selon moi un excellent livre pour les personnes désireuses de découvrir le grand Will. Bien évidemment, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.