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sur 6047 notes
Umberto Eco a bien parlé dans son roman le Nom de la Rose du fait que les livres parlent aux livres, parlent des livres et se transmettent des messages, de livre en livre.
Jorge Luis Borges, quant à lui, avait abordé dans sa nouvelle La Bibliothèque de Babel le fait que la disparition des livres n'était pas un problème sur le long terme car leur effet a eu le temps de se répercuter dans la pensée des suiveurs.
Ces deux illustres décodeurs de bibliothèques me semblent tout à fait indiqués pour parler de la genèse de Roméo et Juliette.
Il faut probablement remonter jusqu'à Jean Boccace (Giovanni Boccaccio) pour comprendre l'ensemble du phénomène et la suite d'appropriations et de réappropriations d'oeuvres désormais quasi oubliées qui ont conduit au chef-d'oeuvre que l'on connaît.
Boccace a connu un tel succès, notamment avec son Décameron, que nombreux sont les écrivains italiens qui ont tenté d'exploiter le filon de la nouvelle tel que lui l'avait fait.
Ainsi, Masuccio de Salerne (Masuccio Salernitano, 1410 – 1475) produira un Novellino, ouvrage qui regroupe cinquante courtes nouvelles, dont la 33ème, une certaine Romeo e Giulietta.
Version certes primitive mais déjà suffisamment marquante pour avoir été repérée, reprise et enrichie par Luigi da Porto (1485 – 1529).
À son tour la version étoffée par da Porto de Romeo e Giulietta sera ré-assaisonnée par Matteo Bandello (1480 – 1561) dans son gros corpus d'histoires courtes, dont Shakespeare connaissait la traduction du français Pierre Boaistuau (1500 – 1566), également connu pour avoir édité des nouvelles de Marguerite de Navarre, la propre soeur de François Ier.
Notons au passage que la traduction de Bandello sera très profitable à Shakespeare car, outre Roméo Et Juliette, elle fournira également au dramaturge anglais le sujet de deux autres pièces restées fameuses : les comédies Beaucoup de Bruit Pour Rien et La Nuit Des Rois (de même Lope de Vega s'inspirera aussi de Bandello).
Mais, si William Shakespeare remet le couvert de Roméo Et Juliette, c'est qu'il a sûrement une ou deux idées en tête, le bougre.
L'auteur écrit sa pièce en fin du XVIème siècle, un siècle particulièrement chaud sur la question du mariage, notamment en raison du séisme que provoque la réforme protestante. Laquelle doctrine défend le mariage « d'inclination » au détriment des règles classiques du mariage dans tout le monde chrétien, à savoir, le choix des parents et l'intérêt de la famille.
De tout temps, hier comme aujourd'hui, quel meilleur symbole d'émancipation pour la jeunesse que celui de Roméo et de Juliette, deux amoureux qui n'ont que faire de l'opinion de leurs parents respectifs et qui préfèrent braver l'interdit que de s'interdire leur amour ?
Ce thème, en lui seul, suffirait presque à expliquer le succès de la pièce depuis plus de quatre siècles. Mais il n'est probablement pas tout. Aussi, vais-je hasarder une autre interprétation qui n'est pas spécialement fréquente pour cette pièce.
Shakespeare nous dresse un tableau où deux familles rivales s'opposent, pour des raisons anciennes, obscures et probablement oubliées, dans une lutte à mort. le vieux Montague et le vieux Capulet sont deux respectables, aimables, riches citoyens de Véronne, estimés l'un et l'autre du seigneur de la ville, mais ils ne peuvent pas se sentir, c'est comme ça.
Chacun des membres du clan ne demande que le prétexte pour se lancer dans une échauffourée avec la bande rivale. C'est ce point qui me semble capital dans la compréhension des intentions de l'auteur dans cette tragi-comédie.
La première version publiée de l'oeuvre remonte à 1597, mais il est clairement spécifié qu'à la date de cette publication, la pièce est déjà montée et jouée depuis un certain temps, certains avancent 1594, mais à la vérité on n'en sait rien, juste une présomption. Que ce passe-t-il dans l'Angleterre de Shakespeare à cette époque ?
1588, Francis Drake bat l'Invisible Armada espagnole mais le risque d'une invasion de l'Angleterre par les Espagnols est réel. de nombreux combats ont eu lieu avant et se poursuivent après cette date.
L'Irlande (déjà elle !) est une véritable poudrière et risque d'exploser à la figure de l'Angleterre, notamment en servant de base arrière à l'armée espagnole.
Bref, Philippe II d'Espagne (le fils de Charles Quint) et Elisabeth Ière d'Angleterre ressemblent étrangement à ces vieux Montague et Capulet, qui se crêpent le chignon sans trop savoir pourquoi, pour d'anciennes histoires de prestige (notamment liées au commerce dans les Antilles et en Amérique).
Comment s'appelle le poison, le démon des Espagnols ? Ne serait-ce un certain Francis Drake ? N'est-ce point un poison qui tue Roméo ? N'est-ce point une arme virile qui tue Juliette ? La symbolique du démon et de la folie est également évoquée dans la tirade de Juliette, juste avant qu'elle n'avale la fiole à la scène 3 de l'acte IV. Shakespeare utilise le terme de mandragore. C'est certes une plante, connue pour ses vertus hallucinogènes et de supposées propriétés magiques, mais c'est aussi une façon, en langue anglaise, d'évoquer le démon et l'occultisme. Je vous le donne en mille, comment se dit mandragore en anglais ? Mandrake ! Man Drake ! Bien évidemment, on peut toujours arguer le hasard, mais venant de Shakespeare, le doute est plus que permis.
Comment s'achève la pièce ? Les deux clans pleurent les innocents morts pour rien et leur élèvent à chacun une statue d'or. Voilà qui leur fait une belle jambe, n'est-ce pas ?
Donc, outre l'appel à l'émancipation de la jeunesse et à la fin de la férule des parents, je vois dans cette pièce un message plus politique, celui que quand les puissants s'affrontent, les enfants innocents de chaque nation payent l'addition et que tout ce qu'ils récoltent, c'est, au mieux, un monument à leur nom. En somme, une dénonciation de la folie des dirigeants qui s'engagent dans des conflits sans fondement et qui sacrifient de jeunes vies pour cela.
Merci monsieur Shakespeare pour cette sublime tragi-comédie, genre qui fera des émules, notamment côté espagnol sous la houlette de Lope de Vega, mais ça c'est une autre histoire et tout ceci n'est que mon avis, un parmi quelques millions d'autres, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Une des plus belles histoires d'amour après « Titanic » ?

Pour être honnête j'ai regardé le film avant de lire la pièce, la version avec « DI caprio et Claire Danes »

D'ailleurs un jour sur babelio quelqu'un est venu me demander ce que j'avais avec « di caprio »

Rien lui ai-je répondu, à une époque on était en concurrence lui et moi et il a gagné voilà tout, Toutes les nanas que je tentais maladroitement de tripoter étaient fan, j'ai bien réussi à en convaincre quelques unes, mais sur le nombre de potentielles envisageables, les statistiques étaient vraiment très mauvaises.

Enfin bref j'ai regardé ce film et j'ai trouvé ça à chier, à 15 ans « Tabatha cash » représentait de manière très convaincante mes priorités du moment, l'amour malheureusement n'en faisait pas partie.

J'ai revu ce film plus tard avec choupette, oui choupette c'est l'intello de notre duo, elle me disait :

« Arrête les joggings, arrête NTM, arrête d'être con aussi »

J'ai mis du temps, beaucoup de temps pour l'être un peu moins… Parfois elle disait aussi que j'étais incroyable, un vrai killer :

« Continue, continue » me criait telle, mais ces moments là étaient trop courts… 30 secondes, 45s les meilleurs jours…Aujourd'hui elle gueule toujours mais pas pour les mêmes raisons...

Plus tard j'ai fini par lire la pièce et quelle histoire, un grand bravo à « Will » qui a réussit à toucher mon petit coeur de midinette.

Allé on se quitte en musique :

♫ “Near, far, wherever you are
I believe that the heart does go on
Once more you open the door
And you're here in my heart
And my heart will go on and on” ♫

This is the voiceeeeeeeeeeeee

http://www.youtube.com/watch?v=JIfvxXkhQeo

A plus les boloss…
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"Two households, both alike in dignity,
in fair Verona, where we lay our scene..."

1595. Elisabeth I règne sur l'Angleterre, et le théâtre londonien nommé opportunément The Theatre donne pour la première fois "Romeo and Juliet", déchirant drame romantique de la plume d'un certain William Shakespeare, fils d'un gantier de Stratford. Pour la même somme modique d'un penny, vous avez alors le choix entre les très populaires combats d'ours, coqs, ou chiens, ou un peu de culture dramatique dans l'établissement rond de Mr. Burbage juste à côté. Arène contre arène, mais ce jour là, c'est le théâtre que les londoniens vont choisir.
Il y a bien d'autres couples tragiques : Tristan et Iseut, Héro et Léandre, Pyrame et Thisbé... mais désormais, Roméo et Juliette resteront à tout jamais le symbole de l'amour maudit.

On peut penser ce qu'on veut de cette pièce. Que c'est juste un mélodrame à l'eau de rose, que les protagonistes manquent de maturité (ce qui est d'ailleurs compréhensible, à 14 et 17 ans) et tombent amoureux sans se connaître vraiment. Mais ça n'a aucune importance. "Words, words, words..", dira t-on plus tard au Danemark. L'important sont les mots du grand magicien Will, qui va créer sur scène un monde de haine absolue entre deux nobles familles, et au milieu de tout cela - l'Amour.

La pièce a vu le jour bien avant les grands drames tels que "Macbeth", "Othello" ou "Le Roi Lear". Elle fut écrite en même temps que "Le songe d'une nuit d'été", et d'une certaine façon ces deux pièces sont complémentaires. Mais tandis que "Le Songe" commence d'une façon plutôt dramatique pour finir comme toute bonne comédie par un mariage heureux, pour "Roméo et Juliette" c'est le contraire.
Le prologue vous prépare aux événements tragiques, mais pendant les deux premiers actes, vous hésitez...
Tout commence par un dialogue assez drôle de deux serviteurs. Puis Roméo, tel un chantre pétrarquien, va assommer ses amis par des effusions fleuries sur l'amour, pleines de souffrance et d'oxymores très en vogue. C'est ciselé et romantique à mourir (et le jeune Shakespeare montre bien de quoi il est capable), mais Roméo est pour ainsi dire amoureux seulement de l'Amour. Il manque quelque chose...

Quand il voit Juliette pour la première fois au bal des Capulet, c'est une révélation. Il sait que c'est Elle... elle sait que c'est Lui. Et le langage va changer pour se transformer en un de ces beaux sonnets que Will tire de son encrier comme si de rien n'était.
La "scène du balcon" qui va suivre est probablement l'une des plus célèbres dans l'histoire du théâtre :

"What's Montague ? it is nor hand, nor foot
Nor arm, nor face, nor any other part
Belonging to a man. O, be some other name !
What's in a name ? that which we call a rose
By any other name would smell as sweet !"

Ils se marient en secret, mais à partir de ce moment, le Destin se met doucement en route pour rendre leur idylle impossible. Si vous hésitez encore, tout ce qui pourrait faire penser à une comédie est mort en même temps que l'excellent cynique Mercutio, tué par Tybalt Capulet pendant l'acte III. Vous connaissez la suite. En effet, le scénario est digne des "Penny Dreadful", mais les dialogues de Shakespeare et les personnages inoubliables comme le frère Laurence en font bien plus.
Les Montague vont enfin se réconcilier avec les Capulet devant les cadavres de leurs enfants, mais cette nouvelle paix n'est pas tout à fait une "happy end". Elle apporte seulement une sorte d'apaisement mélancolique, car même les statues en or érigées en mémoire des deux amoureux ne peuvent plus rattraper le passé.
Shakespeare n'explique jamais l'origine de la haine des deux familles. Les Montague haïssent les Capulet, tout comme les gens se haïssent partout dans le monde. Pour des raisons religieuses, politiques, raciales ou personnelles... tant que ça dure, cette pièce sera intemporelle. Où que vous alliez jouer "Roméo et Juliette", chaque époque et chaque contexte va donner à la pièce son propre sens. Et ça fonctionnera toujours...

"For never was a story of more woe
Than this of Juliet and her Romeo."

Je donnerais volontiers un penny, pour pouvoir me mettre devant la scène du Theatre en 1595 (avec ma pinte de bière incluse dans le prix) et voir Richard Burbage en personne dans le rôle de Roméo, et le jeune Robert Goffe en Juliette. Il paraît qu'il était excellent. Et je verrais bien Will en Mercutio, mais c'est juste une idée comme ça...
Comment noter ? 4,5/5 parce que ce n'est pas "Richard III, mais voyez-y quand-même 5/5.
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J'avertis tout de suite, en préambule, que la note que j'ai apposée à cette oeuvre a pour seul but de renseigner sur le degré zéro de plaisir que j'ai pris à sa lecture et n'est en aucun cas une évaluation de l'oeuvre selon les critères du style et de la portée car qui suis-je, misérable grignoteuse de pages, pour "noter" le grand William ?

Cependant, si je me flatte d'être toujours sincère dans l'expression de mes ressentis, je ne peux me dérober à la vérité : je ne me suis jamais autant ennuyée à la lecture d'une pièce de théâtre.

Je n'attendais aucune surprise de l'oeuvre - où aurais-je vécu depuis 33 ans si elle m'était restée inconnue, elle qui trône au palmarès des classiques les plus lus, adaptés, enseignés, etc. - non, mon but était humblement de dépasser la réputation de l'oeuvre pour (enfin) la découvrir à sa source.

Mon niveau d'anglais ne me permettant malheureusement pas de lire Shakespeare dans le texte, j'ai eu recours à la traduction d'Yves Bonnefoy (coll. Folio, Gallimard) que j'ai trouvée tout simplement... en fait, j'ai du mal à trouver le mot juste, tenterais-je "pataude" ? Poète et grand érudit du domaine shakespearien, ses mots ne m'ont pourtant pas charmée et je me suis surprise à aller piocher épisodiquement dans la VO pour mieux apprécier telle ou telle scène. Je pense sincèrement que cette traduction porte une part importante de responsabilité dans l'ennui et le déplaisir que j'ai eus à lire "Roméo et Juliette" mais elle n'est pas la seule coupable.

Si j'analyse ma connaissance - très superficielle - de Shakespeare, je reconnais que ce sont d'abord ses comédies qui m'ont attirée ; je me souviens même m'être endormie à l'opéra devant "Macbeth", une première ! Au rayon des tragédies, je suis plus naturellement attirée par Racine alors peut-être attendais-je inconsciemment un tragique tangible, émouvant, mythique ? Je n'en sais rien mais le constat demeure le même, dans "Roméo et Juliette", le tragique ne m'a pas saisie et rien ne m'a semblé crédible et profond, le rythme m'a paru trop rapide, les échanges entre les gens trop directs voire dissonants. J'ai eu le sentiment de décrocher le pompon avec les humeurs de Capulet qui traite sa fille de treize ans de "putain"... (toujours cette satanée traduction)

Pauvre Juliette...
Le seul moment où j'ai été un tantinet "tenue en haleine" a été la scène V de l'acte III quand, sortie des bras de son amant, Juliette est acculée au dilemme de son mariage avec Paris.

Quant à l'essentiel, le grand Amour entre Roméo et Juliette et bien, comment dire, avec mes plates excuses pour les lecteurs pour qui ces deux-là sont l'égérie ultime de l'amour, je n'ai rien ressenti du tout, rien de rien. Leur rencontre cruciale qui scelle à jamais leurs destins m'a semblé aussi palpitante que si Juliette avait proposé à Roméo un verre de punch.

Et puisqu'on parle de Roméo, je terminerai avec ce minet inconstant qui troque l'objet de son affection avec une facilité assez déconcertante. Larmoyant à l'envi, notre jeune héros m'a fait regretter que la jolie Juliette ne se soit pas plutôt éprise de son turbulent ami Mercutio mais bon, je vais m'arrêter là, je ne vais pas me lancer dans la ré-écriture de la pièce, la seule chose qu'il me restera à accomplir est de la voir jouer, ultime chance de nous réconcilier.
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On connait tous le fameux Eldorado, on connait tous les mythes qui tournent autour de ce lieu sauf que personne ne l'a visité ; la même chose pour ce grand classique de la littérature anglaise, tout le monde connait ce couple mais le nombre de ses lecteurs est plus réduit.

On sait d'emblée que la pièce n'a pas été inventé par le grand Shakespeare. Et comme fut le cas pour les grandes pièces classiques (Dom Juan de Molière, le Cid de Corneille ou après le Faust de Goethe), l'auteur d'Hamlet s'est inspiré d'épisodes antérieurs pour créer sa pièce. Et grâce à son style merveilleux, il a éclipsé ses prédécesseurs (comme Ibn al Muqaffa' le traducteur qui a remplacé l'auteur originel de Kalila wa Dimna).

Comme beaucoup de lecteurs, j'ai lu la pièce en connaissant l'intrigue (et en ayant vu le film de Baz Luhrmann). D'ailleurs j'envie ceux –très rares- qui liront la pièce sans à priori, comme tout autre livre. Or la pièce ne perd rien de sa beauté, de sa grandeur, grâce à son style qui même traduit (ici la traduction célèbre de François-Victor Hugo) garde toute son harmonie. Lui qui a inspiré tant de romantiques.

Le mythe de Romeo et Juliette s'inscrit dans une lignée interminable de couples légendaires : Tristan et Iseult, Paul et Virginie, ou le couple moins connu dans la culture occidentale Majnoun et Leila. Et l'on peut dire que de nombreux auteurs ont tenté d'imiter Romeo et Juliette parfois en tombant dans des clichés ou dans le mauvais goût sans pouvoir atteindre le modèle.

Voici maintenant la vérité sur la pièce de Romeo et Juliette :

Il s'agit de l'histoire d'un prince qui avait ras le bol des sottises de deux familles se querellant pour des vétilles et semant la zizanie dans sa ville, alors il a décidé d'ourdir un complot avec un homme de l'église pour mettre fin à cela, encouragé par la mort de Tybalt, il bannit Romeo puis donne le poison à Juliette (une fille qui se marie à un âge où les filles sont encore au collège) et sans transmettre (à dessein) le billet qui informe Romeo que sa Juliette feigne la mort et ainsi, les deux amants sont morts et les deux familles se réconcilient.
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En 2016, le grand Will est mort depuis 400 ans, et son oeuvre nous parle toujours par delà le temps.

C'est l'histoire de deux adolescents qui tombent amoureux dans un contexte de violence inouïe. Leurs deux familles s'affrontent dans une vendetta sans fin. le prince de la cité de Vérone a bien du mal à calmer les esprits.

Mais lorsque Romeo aperçoit Juliette, leur destin est scellé d'un seul regard, le mariage célèbré en secret. Scène du bal, scène du balcon ....La tragédie se noue implacable et achemine nos amants au tombeau, poison et poignard, terrible méprise et les deux familles qui pleurent leurs enfants.

Je n'avais pas relu depuis longtemps cette pièce tellement connue, interprétée et objet de relectures contemporaines. C'est la mise en scène magistrale d'Eric Ruf pour la Comédie française qui me l'a révélée sous un jour moins romantique. Le texte est plus âpre, les sentiments plus durs, la violence plus prégnante.

La leçon de Shakespeare est celle triste et désarmée de celui qui vit la guerre et ses cortèges de vengeance. A nous battre de façon inconsidérée, quel monde de mort laisserons-nous à nos enfants ?

Nous n'avons pas fini de pleurer Juliette et Roméo.

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Bon j'ai aimé : querelle de famille, amour impossible, duels sanglants, confesseur complaisant… pas mal d'ingrédients étaient réunis pour faire mouche chez moi.
J'ai eu du mal avec Roméo. Fou amoureux de Rosaline, un seul regard de Juliette lui suffit pour lui être attaché à la vie à la mort. Sanguin (défaut qu'il reproche à d'autres personnages) il dégaine son épée (et son coeur) plus rapidement que son cerveau. Ah que la jeunesse est fougueuse !
Juliette m'a plus « parlé ». Bon ok, elle aussi tombe amoureuse en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, mais rappelons que la mignonne n'a que 14 ans ! Et à 14 ans, l'amour est prompt et total. Elle me semble avoir un peu plus de jugeotte que son jules. Je ne saurais pas dire ce qui me fait penser cela précisément mais c'est ainsi. Bon il faut avouer aussi qu'elle n'a tué (directement) personne dans cette pièce. Ne pouvant pas décemment s'opposer à la décision de son père, elle tente la ruse pour pouvoir échapper à Paris et vivre son amour. Elle semble prendre plus de risques que son chéri dans cette histoire. Cela n'est pas forcément logique comme sentiment puisque c'est bien Roméo qui est banni, mais en tant que fille, elle est dans une situation plus délicate que Roméo. Elle risque sa dignité, sa vie, son honneur. Oui, je suis solidaire avec Juliette.
Mon personnage préféré est frère Laurence. Voilà un homme religieux comme je les aime ! Bon, dans les pièces de théâtre bien sûr. Il voit bien l'inconstance de Roméo mais voit aussi là l'occasion de mettre fin à une vieille querelle familiale. Il complote avec les amants contre leurs propres parents ! Il y a de la prise de risque chez ce confesseur ! Bon…quand le poteau rose est découvert, il ne tient pas bien longtemps avant de cracher le morceau, après avoir bien pris ses jambes à son cou… Lucide et pleutre.
Ce que je regrette en général dans cette pièce de Shakespeare c'est la rapidité, voire la précipitation. On tombe amoureux en un regard. Les duels durent 3 lignes, dégainages d'épées compris. Roméo et Juliette meurent en 5 secondes : « O heureux poignard, voici ton fourreau…Elle se frappe. Rouille-toi là et laisse-moi mourir ! Elle tombe sur le corps de Roméo et expire ». Mais il n'a pas le temps de rouiller le pauvre couteau ! Et les deux familles qui se haïssent depuis une éternité se réconcilient avant même que les corps aient refroidis. Non mais ça valait vraiment le coup de mourir dis donc !
Ouais, j'ai décidé d'être critique avec mon ami Shakespeare. Mais quand on a un dramaturge de cet acabit, on peut se le permettre, tant il ne craint pas d'être ô très légèrement égratigné. Je le préfère dans Othello, Macbeth, Hamlet… Quand on prend 3 heures à mourir en ayant le temps de vider tout ce qu'on a sur le coeur.
Mais Roméo et Juliette reste une très belle histoire d'amour (tragique, mais ce sont les meilleures en littérature). Avoir le courage de tout risquer, de tout perdre, de tout quitter par amour… Un amour tellement absolu qu'on ne peut envisager de vivre sans lui, que sans cet amour, la seule solution est la mort. Un tel amour ne peut être que bref, instantané et puissant. Un vrai coup de foudre : aveuglant et destructeur, dont il ne reste rien. Je redis un peu sur la rapidité des événements, mais en même temps sans cette immédiateté, « Roméo et Juliette » n'aurait jamais pu exister et nous aurions raté surement l'une des plus belles histoires d'amour littéraire.
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D'habitude, en cette période de l'année, j'ai déjà une ou deux pièces de théâtre à mon actif. Je suis donc un peu en retard puisque je ne lis la première de l'année que maintenant. Avec "Roméo et Juliette", j'ai choisi un classique qu'on ne présente plus mais que je lis pourtant pour la première fois. Évidemment, j'en connaissais bien l'histoire pour avoir vu de nombreuses adaptations, pas de surprise de ce côté-là donc. Je suis en revanche étonnée du style employé, bien plus fluide que ce à quoi je m'attendais.

Faut-il vraiment en faire le résumé ? Pour faire court : une histoire d'amour interdite entre deux membres de familles rivales, un mariage secret, des duels qui tournent au fiasco, un bannissement, des suicides, une réconciliation qui repose sur la mort des deux amoureux.

Comme je disais plus haut, j'ai été très surprise par le langage employé, que j'ai trouvé moins complexe, plus compréhensible, peut-être également plus moderne, que celui employé dans les pièces de Molière ou de Corneille par exemple. Il est vrai que, dans l'édition que je possède, il nous est expliqué que certaines expressions ou joutes verbales n'étaient pas traduisibles en français et qu'il a bien fallu adapter. Ceci explique certainement cela, du moins en partie. Quoi qu'il en soit, je n'ai donc pas pu profiter de tous les jeux de mots et doubles sens auxquels Shakespeare aime à s'adonner, mais j'ai tout de même perçu quelques traits d'humour ici et là, donnant un peu le sourire malgré le drame qui se prépare.

"Roméo et Juliette" se découpe en 5 actes, chacun avec des scènes plus ou moins longues. Les personnages entrent et sortent d'une scène un peu à tout-va, ce qui change là encore du théâtre français (classique s'entend), bien plus strict si je puis dire. Les Anglais prennent davantage de libertés de ce côté-là, et je dois dire que cela rend les dialogues et les événements bien plus naturels.

Mais assez parlé de l'aspect technique, venons-en à l'histoire à proprement parler. Roméo et Juliette sont deux êtres qu'on prend en pitié, victimes de la haine que leurs parents se jettent à la tronche. Leur amour ne fait pas le poids face à toutes ces rivalités, et pourtant il est fort, incommensurable. Qui n'a d'ailleurs jamais voulu aimer et être aimé de la sorte ? C'est beau... et tellement tragique...

Si je ne connaissais pas déjà leur histoire en long et en large, si je la découvrais pour la première fois, j'en serais certainement ressortie bouleversée. Mais j'ai, en revanche, toujours autant d'empathie pour ces amoureux maudits, un attachement particulier.

Je rêve de voir un jour une adaptation qui me changerait ce dénouement tragique. Ça ne plaira pas à beaucoup j'imagine... Mais juste une fois, une toute petite fois, j'aimerais pouvoir assister au triomphe de leur amour...
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Malgré le succès incontournable de cette pièce de théâtre, ce n'est très certainement pas ma préférée.

J'avoue avoir réussi a me "moquer" gentillement des deux amoureux. Que je trouve niais et gnangnan a souhait. Certes c'était sans doute la volonté délibérée de l'auteur mais j'avoue avoir eu du mal a ne pas les dénigrer au fils de ma lecture. Pour essayer d'être concise l'histoire d'amour en elle même ma cruellement ennuyée.
Par contre tout le côté politique et la rivalité des 2 maisons Capulet et Montaigu m'ont effectivement beaucoup plus intéressé.

Je ne suis pas grande fan de pièces de théâtre en général, mais quitte a comparer le peu que j'en connais (Shakespeare et Molière en fait), mon côté chauvin ressort brutalement. Je préfère de beaucoup Jean Baptiste Poquelin au grand Will. Sans doute une préférence pour la comédie plutôt que pour la tragédie.
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On peut sans difficultés classer Roméo et Juliette parmi les fondamentaux de la culture européenne. L'histoire qui au fil des siècles n'arrive pas à se démoder. Faust et Don Juan ont rejoints les figures tutélaires. La culture populaire a assimilé Hamlet à une phrase. Mais les amants de Vérone sont toujours là. Pourquoi ?

La vision de l'amour a changé au cours des siècles. L'élégie, l'amour courtois, le romantisme, l'épanouissement sexuel... Mais aucune d'entre elles n'était incompatible avec cette histoire, puisque justement elle jouait sur l'amour impossible. Tristan et Iseult, les Indes Galantes, Werther et Charlotte, pour un lecteur d'aujourd'hui ne pouvant les replacer dans le contexte de leurs époques, paraissent un peu tarte. Mais Roméo et Juliette paraîtront archaïques le jour où les hommes n'auront plus de raisons de s'opposer entre eux.

C'est que les règles qu'enfreignent les deux amants sont bien plus qu'une question de convenances : ce sont les lois intangibles qui aboutissent à définir un groupe d'humain comme une structure cohérente, que ce soit une famille, une nation ou un club de supporter de foot. Ce qui explique qu'on ne compte même plus les adaptations en tous genres, dans tous les contextes imaginables. Pour moi je reste fidèle à celle de Zeffirelli.

Elle a le mérite de mettre en valeur le texte original. Novateur, il était construit en deux parties : une comédie qui n'a rien à envier à ‘Beaucoup de bruit pour rien', qui bascule soudainement avec la mort de Mercutio. A cette époque, la majorité des pièces sont comiques ou tragiques de la première à la dernière ligne. Mais le Barde innove. L'intensité dramatique sera plus forte si le registre bascule. Et il réussit du premier coup, là où beaucoup de nos modernes films arrivent toujours à complètement se planter.

Il y a tout de même une question qui me tracasse : et Benvolio dans tout ça ? Ses amis sont morts. Il se retrouve fiancé à une jeune fille qu'il n'a jamais rencontrée de sa vie. Il paye un peu les pots cassés. Qui voudra un jour écrire son histoire, à lui aussi ?
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