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4,3

sur 1391 notes
Grâce aux critiques « babéliesques, j'ai réparé un oubli et lu « Il faut qu'on parle de Kevin » de Lionel Shriver paru en 2006. Bref résumé ( il a déjà été fait très bien par d'autres !) : la narratrice sous forme de lettres adressées à son ex-mari revient sur leur parcours commun et sa « survie » depuis que l'irréparable a été commis : mère d'un adolescent qui a abattu plusieurs étudiants sur un campus universitaire américain, elle s'interroge sur les causes de son acte meurtrier. Livre choc, sans pathos mais aussi sans tabou, qui aborde, vu du côté de celle qu'on pointe du doigt ( la mère du criminel) des sujets tels que la part de l'inné et de l'acquis, le rôle des parents, la qualité de leur amour envers leurs enfants, la culpabilité…
Un petit bémol : la personnalité supposée du père mise en parallèle avec celle de la mère m'a parue peu crédible et surtout l'amour qu'elle semble encore lui porter envers et contre tout. La réponse à mes doutes…se trouve dans les dernières pages avec une fin que je n'avais pas vu venir et que j'ai reçue comme un coup de poing !
Merci à tous ceux qui, par leur billet, m'ont incitée à lire ce roman : il fait partie de ceux qu'on n'oublie pas.
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Ce roman est un vrai uppercut qui vous cueille à froid et vous laisse groggy pour un bon moment.

Quelle intensité et quel malaise tout au long du déchirant monologue de cette mère, dont la vie a été percutée de plein fouet par le crime atroce et incompréhensible de son fils de 16 ans qui a décidé un beau jour de massacrer neuf de ces camardes de classe ainsi que leur professeur.

Car soyez prévenu d'avance, rien n'est confortable dans cette lecture. le style de l'auteure tout d'abord n'est pas toujours facile à appréhender, certaines phrases sont parfois tellement longues et les idées tellement développées qu'il faut une certaine concentration pour s'y tenir. Mais ce style colle tellement à la nature mêmes des faits qui sont relatés que j'ai fini par trouver cela naturel et servant admirablement l'histoire.

Ensuite, et sans conteste, les personnages et la plongée (en apnée) dans leur psychologie est une vraie expérience en soi. L'auteure a fait un boulot admirable à ce niveau. Chaque personnage est fouillé, sans concession et comme on peut s'y attendre, personne n'est épargné.

J'ai mis 5 étoiles à ce livre mais en vérité, c'est inapproprié car personne ne peut « aimer » un tel livre. Il fait ressortir nos plus anciennes craintes qui sont presque des tabous, sur l'enfance, la part de l'innée et de l'acquis, ainsi que sur le rôle de mère et du fameux « instinct maternel ».
On touche à des concepts quasi sacrilèges dans nos sociétés actuelles, tellement politiquement correctes, quand on évoque un enfant déviant, alors ce livre est forcément imprégné du sentiment de culpabilité de la mère qui reste, seule, emprisonnée dans l'atrocité des actes de son fils.

Et pourtant… et si certains humains pouvaient réellement naître intrinsèquement mauvais ? Telle est la question qui nous taraude tout au long de la lecture.

Un livre choc qui m'a profondément remuée et dont l'écho profond va résonner encore très longtemps en moi, en tant que femme et en tant que mère. C'est à ce titre qu'il mérite amplement ses 5 étoiles car pourquoi lirait-on si ce n'est pour être ébranlé dans les profondeurs de son être et ressentir ce malaise qui nous pousse à réfléchir et nous questionner ?
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Et si nous parlions de Kevin? Parce qu'il le faut absolument.

ça fait quelques jours que j'ai tourné les dernières pages et je suis encore toute chamboulée.
J'avais déjà rencontré Kevin, dans l'adaptation de Lynne Ramsay, avec la talentueuse Tilda Swinton dans le rôle d'Eva et du mystérieux Ezra Miller dans celui de son fils. Si vous ne l'avez pas vu je vous le conseille. Il est vraiment excellent.
Ce film m'avait déjà marqué. Je ne pensais pas me prendre de nouveau une telle claque avec le livre et pourtant. Ce fut une lecture très éprouvante et bouleversante.
Nous sommes cette mère désemparée, pleine de questionnements sur des sujets houleux et tabous : Peut-on ne pas aimer son fils? Quelle est sa part de responsabilité dans le comportement de nos enfants?
Il n'y a pas assez de mots, ni d'adjectifs pour décrire l'impact que cette lecture a eu sur moi.

Ce livre est dérangeant, il bouscule les codes, la vision que l'on peut avoir de notre société. C'est poignant !

A lire sans hésitation !

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Ah, pour ça, oui, il faut qu'on en parle. Mais avant, il faut qu'on parle de Lionel Shriver, cet écrivain infiniment talentueux, qui analyse et dissèque impitoyablement, avec froideur, lucidité, qui décortique avec une précision d'entomologiste pour livrer un panorama sans concession des rapports conflictuels et douloureux d'une mère et de son fils. Elle fait voler en éclat le mythe de la famille heureuse, de la maternité comblée, de l'enfant désiré, dont l'arrivée met en joie le cercle de famille, censé applaudir à grands cris, selon Victor Hugo !
C'est fait de façon magistrale et laisse le lecteur atterré !
Alors, oui, parlons de Kevin. Et Kevin, nous ne le verrons qu'à travers le regard de sa mère Eva Khatchadourian. Eva, cette femme blessée, qui à travers la confession qu'elle fait à son mari tente de restituer le vécu familial avant la naissance de Kevin, puis en décortiquant avec maniaquerie les premières années de son fils et ses années d'adolescence, met en cause non seulement sa propre capacité à éduquer cet enfant difficile, mais celle de son mari Franklin pour qui Kevin est un enfant au comportement parfaitement normal - C'est d'ailleurs le seul bémol de cette remarquable construction, l'aveuglement du père dont les réactions vis à vis de son fils pourraient laisser supposer qu'il est un parfait crétin, alors qu'il n'en est rien !
Alors qui est Kevin ? et comment a-t-il pu devenir cet assassin froid, ayant parfaitement organisé l'exécution de ses camarades de classe ?
Qui est Kevin ? un monstre impitoyable, un enfant mal-aimé, une victime de l'égoïsme maternel, un enfant vindicatif, un gosse pour qui tout a été trop facile et qui recherche des sensations nouvelles, des émotions fortes, un être totalement dénué d'empathie ?
Qui est Kevin ? nous ne le saurons pas, pas plus que nous ne saurons pourquoi il a agi ainsi. Nous n'aurons aucune réponse et ce livre va nous laisser un goût de bile en bouche. Ce livre va nous hanter, car il fait voler en éclats toutes les certitudes et n'apporte que des questions inconfortables. A chacun de trouver ou pas les (bonnes ?) réponses !

Il est inoubliable, tout comme le film coup de poing réalisé par Lynne Ramsay avec deux acteurs magistraux : Tilda Swinton et Ezra Miller.

Il est insupportable, il est abominable, mais il est indispensable de l'avoir lu et médité !
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Une claque. Voilà ce qu'est cette oeuvre , une sacré claque.
Ce livre m'a fait mal au coeur , mal au ventre, détourner les yeux, embrasser plus fort mes enfants le soir (et le matin et tout le temps !).
Le côté épistolaire ajoute de l'authenticité au récit. Cette histoire racontée donc par la mère de Kevin dit « KK » , jeune meurtrier aux USA, nous fait balayer sa vie de couple puis de famille afin de trouver LA réponse à LA question : POURQUOI ?
Difficile d'en dire plus sans spoiler mais si vous êtes à la recherche d'un texte poignant je vous le conseille vivement !
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Quelle lecture terrible !

L'une des particularités de ce roman tient à sa forme : il s'agit en effet d'une série de lettres adressés par une femme, Eva, à son mari Franklin. Des lettres qu'il ne lira jamais.
Leur fils, Kevin, a tué à l'arbalète sept camarades de lycée, un professeur et un employé de la cafétéria à la veille de ses seize ans.
Sa mère est la seule à lui rendre visite en prison. Elle se lance en parallèle dans une longue introspection, et éprouve le besoin irrépressible de coucher par écrit ses souvenirs, ses doutes et ses interrogations de mère.
Une mère qui l'est devenue pour faire plaisir à son mari, et n'a jamais ressenti d'instinct maternel. Une mère qui s'est retrouvée avec un petit garçon, puis un adolescent tantôt introverti et atone, tantôt sournois et machiavélique.
Une mère qui semble la seule à percevoir la rage froide sous cette enveloppe trop lisse.

Ce point de vue unique est fatalement dépourvu d'objectivité, mais c'est aussi ce qui fait la force incroyable du récit. Eva se livre sans concessions, elle ne triche pas, elle dissèque pour tenter de comprendre. le ton se veut précis, presque clinique par moment. Et le lecteur se demande avec elle si le drame aurait pu être évité, si Eva parviendra à pardonner à son fils et -ce sera le plus difficile- à se pardonner à elle-même.

En tout cas, Eva aura réussi, d'une certaine façon, à aimer Kevin.

Un récit dense aux longues phrases travaillées et aux détails foisonnants qui nous peignent un tableau aussi complet que possible des années qui ont précédé, et suivi la naissance de Kevin jusqu'à l' « affaire », jusqu'à ce JEUDI qui a fait définitivement basculer la vie d'Eva.
600 pages et aucun temps mort, une lecture qui nous prend aux tripes pour nous laisser K.O. une fois la dernière page tournée.
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Je crois que je rejoins l'engouement général pour ce livre...Quelle claque je me suis prise..L'auteur y aborde toute en finesse et en subtilité une question existentielle : une mère est-elle responsable des fautes de son fils ? Son fonds mauvais vient-elle de son attitude vis à vis de lui ? C'est la question que se pose une mère dont le fils fait un massacre dans un collège. Qu'ai-je loupé ? La mère analyse tout dans ce livre, sans générosité vis à vis d'elle-même ou de son enfant. C'est dur, vraiment dur à la lecture. Mais c'est si subtile et si surprenant qu'on se laisse prendre. Peut-être ma meilleure lecture depuis début 2016.
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Parmi les craintes des parents angoissés/pessimistes, il y a celle d'avoir engendré un monstre, un tueur... Près de deux ans après le carnage commis par son fils de seize ans, Eva, sa mère, éprouve le besoin de s'épancher auprès du père de son enfant - dont elle est désormais séparée - sur le passé, sa vie de couple et de mère, via de longues lettres qui restent sans réponse.

J'ai beaucoup aimé le ton de ce récit, d'autant plus que je craignais du sensationnalisme aussi sanguinolant que larmoyant, style polar/best-seller de plage. Rien de tel, au contraire. Des analyses froides, lucides, d'une femme digne, admirable, qui garde la tête haute et voit en son propre sentiment de culpabilité un soulagement, une façon comme une autre de pouvoir continuer à vivre. le style n'est pas des plus simples, la syntaxe est recherchée, le ton elliptique et l'humour grinçant, cynique, notamment lors des joutes verbales mère-fils. On avance crescendo dans l'horreur, à mesure que l'enfant grandit et que les cas de meurtres en masse perpétrés par des mineurs se multiplient aux Etats-Unis.

Un seul élément m'a gênée, et hélas il a quand même son importance : l'ado-tueur est dès sa naissance un monstre de froideur, d'indifférence, capable de nuire de façon perverse et calculée dès quatre ans (voire avant), une véritable incarnation du diable qui pourrit rapidement les relations du couple parental. Ré-écriture de l'histoire par cette mère (fictive) effondrée ? Un moyen pour l'auteur de rassurer le lecteur que son propre enfant ne tombera jamais si bas ? Ce côté caricatural et réducteur est la seule fausse note, il me semble en effet que tout peut arriver à tout le monde... J'espère que Lionel Shriver ne prétend pas faire de ce cas une généralité...

Question à approfondir avec le film Bowling for Columbine de Michael Moore (2004).

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Ce roman traînait dans ma Pile à Lire depuis un moment...
Je viens de le terminer et c'est glaçant !
La narratrice, Eva, dans les lettres qu'elle adresse à son mari Franklin - dont elle ne partage plus la vie depuis un sinistre JEUDI - explore le passé en quête d'une raison pour laquelle leur fils aîné, Kevin, presque 16 ans, a massacré une dizaine de ses camarades de lycée dans un gymnase.
On creuse la piste de la relation mère-fils, de l'enfant pas complètement désiré qui rompt une brillante carrière de femme d'affaires, cette mère froide et distante face à un bébé "difficile" est-elle coupable ?
On cherche du côté de la personnalité de Kevin, adolescent indéchiffrable, qui trouve tout passablement nul et use de son intelligence pour rester dans la moyenne et ne pas se faire remarquer.
Entre l'avis de son père qui ne voit en lui qu'un adolescent américain à qui rien ne manque et est toujours injustement accusé et la vision du machiavélique manipulateur de sang-froid sournois qu'en a sa mère, qu'elle est la réalité ?
C'est d'une intense et complexe psychologie. Je ne me suis attachée à aucun personnage (à part peut-être la petite Célia). J'aimerais croire qu'un enfant comme Kevin ne peut qu'être fictionnel mais...
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J'essaie de toujours d'écrire mes chroniques « à chaud », c'est à dire dés que j'ai refermé l'ouvrage dont il est question. Ce blog regroupe des réactions, des émotions, des avis partiales mais j'avoue que je parviens toujours à prendre un léger recul intellectuel. Généralement j'arrive, malgré les émotions que peuvent provoquer chez moi la littérature, à garder la tête froide. Aujourd'hui je ne suis pas certaine que ce sera le cas. Je suis trop remuée par Il faut qu'on parle de Kevin pour modérer mon ardeur. Et pour une fois je me fous de paraître un peu dithyrambique dans mes commentaires. Je pense que ce roman est génial, magnifique, dérangeant, intelligent, riche et complexe. Si vous cherchez une thèse sur le pourquoi des gamins commettent de tels massacres, passez votre chemin. Si vous voulez une démonstration littéraire pour nous dire que les parents sont forcément coupables, n'ouvrez pas cet ouvrage. Si au contraire vous désirez que l'on vous explique par A + B qu'un psychopathe peut grandir dans une famille tout à fait normale et que le mal existe, n'achetez pas ce livre. Il n'y a aucun réponse. Ceci n'est pas un essai de psychiatrie mais un grand roman qui nous parle de nos terreurs les plus absolues. Un livre qui dépeint admirablement une femme profondément humaine et détruite par une tragédie aussi terrible que ce qu'a fait son fils : il n'y aura jamais de réponse. Elle ne saura jamais avec certitude ce qui aura mené Kevin a devenir ce qu'il est.

Bien que le récit aborde une situation extrême, il nous parle aussi de choses beaucoup plus communes. Lorsqu'Eva explique la naissance de son fils, sa difficulté à faire le lien avec ce bébé, avec cet étranger, quand elle parle du fait qu'elle fouille ses propres émotions avec désespoir sans parvenir à trouver cet amour maternel tout-puissant qu'on lui a promis, j'ai été bouleversée. Je suis une femme et je suis une mère, je me suis reconnue dans cette pression que la société nous fait subir, dans cette quête de normalité dans nos émotions : il faut forcément aimer son bébé, tout de suite et sans limite, et déborder de bonheur d'avoir donner la vie, ce qui est forcément un miracle. Alors ce roman est dérangeant, il met mal à l'aise et nous colle quelques baffes dans la tronche. C'est pour cela que je ne peux pas être objective et expliquer de manière pragmatique, citations à l'appui, en quoi il est vraiment bon. Tout ce que je peux finalement essayer d'exprimer c'est l'intensité de ce qu'a provoqué ce roman, cette impression, en refermant Il faut qu'on parle de Kevin, que je ne suis pas sortie indemne de cette lecture. Merci madame Shriver.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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