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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 64 sur 103
EAN : 9782253142195
185 pages
Le Livre de Poche (04/06/2003)
3.8/5   71 notes
Résumé :

Pour l'agent Jussiaume, que son service de nuit conduisait quotidiennement, à quelques minutes près, aux mêmes endroits, des allées et venues comme celle-là s'intégraient tellement à la routine qu'il les enregistrait machinalement, un peu comme les voisins d'une gare enregistrent les départs et les arrivées des trains. Il tombait de la neige fondue et Jussiaume s'était abrité un moment sur un seuil, au coin de la rue Fontaine et de la rue Pigalle. L'ense... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Le "Maigret" du jour nous transporte à Montmartre, au "Picratt's", un bar de nuit où la belle et jeune Arlette se produit dans un numéro époustouflant d'effeuillage avant d'aller boire avec les clients. Pour ses collègues, Tania (qui fait les danses russes et tient le piano) et Betty (effeuillage et danse semi-acrobatique), et aussi pour la patronne (une ancienne demi-mondaine qui fut l'une des plus belles femmes de Paris), Rose, ainsi que pour Fred Alfonsi (son très légitime époux, de vingt ans son cadet mais qui l'aime, malgré tout, à sa façon), il a toujours été clair qu'Arlette n'appartenait pas tout à fait à leur monde. Ebouriffante, oui, elle l'était. Mais avec rage, mais avec passion : tout le contraire d'une professionnelle. D'où son succès sans doute et la fascination qu'elle exerçait. Rose la voyait bien en jeune fille de bonne famille qui se serait enfuie de chez elle parce qu'elle n'en pouvait plus. de qui ? de quoi ? de tout, probablement.

Arlette avait des clients, avec qui elle couchait à l'occasion dans les hôtels du coin, et, depuis peu, un amoureux qui venait lui offrir une bouteille et restait des heures à lui tenir la main et à lui proposer de l'épouser, de la faire changer de vie. Un petit jeune, pas mal et visiblement gentil. Et le plus étonnant, c'est qu'Arlette commençait vraiment à y réfléchir.

Cet amoureux, avec qui elle n'a jamais couché, Arlette le croise une dernière fois, en ce matin où, après avoir fait une déposition au commissariat de son quartier pour prévenir qu'un crime était projeté à l'encontre d'une certaine comtesse et que le présumé coupable s'appelait "Oscar", elle s'est vue redirigée vers le Quai des Orfèvres, dans le bureau de Lucas sur lequel ouvre la porte de celui des inspecteurs. Eh ! oui, l'amoureux d'Arlette, c'était "le petit Lapointe" comme l'appelle Maigret.

Après avoir rétracté toutes ses accusations et les avoir imputées à une soirée trop arrosée, Arlette rentre chez elle. Et c'est chez elle, dans son petit appartement si bien rangé et qui n'a vraiment rien de celui d'une entraîneuse, encore moins d'une effeuilleuse, mais plutôt tout d'une bonne petite ménagère, qu'on la retrouve morte, étranglée. A croire que ce qu'elle avait raconté, puis nié avec tant de vigueur, reposait bel et bien sur la vérité.

Dès le début, nous savons tous que le dénommé "Oscar" est l'assassin. Comme il est celui de la comtesse von Farnheim, une héroïnomane que l'on retrouve également étranglée dans son propre appartement. Et comme il est susceptible de devenir celui de tous ceux, femmes et hommes, qu'il suspecterait de vouloir le trahir. Mais le roman s'attache surtout à nous dépeindre cet univers si particulier des bars de nuit "modérés" - c'est-à-dire ceux qui refusent la drogue et "marchent" sérieusement - où tout le monde travaille presque en famille. Après tout, c'est un métier comme un autre. Scandaleux, sulfureux, promis à l'Enfer ? Ma foi, si ça vous fait plaisir de penser que Dieu n'a aucune indulgence pour les brebis égarées ... Simenon, lui, d'évidence, ne pense pas ainsi et sa vision de ce monde si particulier, il nous la fait partager avec subtilité et tendresse, allumant au passage un sourire et un brin de nostalgie dans le coeur de toutes celles et de tous ceux qui, un jour, ont bien connu cet univers, que ce soit du côté personnel ou du côté clients.

Le "Picratt's" est un petit bar et Simenon nous laisse entendre très clairement que c'est presque une famille pour ceux qui y travaillent. On n'y voit la pègre qu'occasionnellement - lorsqu'elle veut s'amuser discrètement - beaucoup de touristes un peu niais mais bien décidés à "faire la fête" et même, en fin de soirée, des Parisiens très huppés venus s'encanailler - c'est du moins ce qu'ils croient. Les couleurs sont douces même si le rouge, un rouge feutré, prédomine. Les personnages éclatent de vérité, avec leurs lassitudes, leurs espoirs envolés et ce cynisme aimable qui leur permet de survivre. Tous, même Tania, qui n'aimait guère Arlette, y vont de leur petit coup de main pour aider Maigret et son équipe. D'accord, ils savent qu'il vaut mieux se faire bien voir de la Police mais on sent bien que les guident une puissance plus forte, un instinct de solidarité qu'ils ne se savaient peut-être pas posséder : Arlette, malgré tout, était des leurs et elle ne méritait pas de finir étranglée à vingt ans. Alors, la tête d'"Oscar", on finira par la servir au commissaire. Doucement, lentement, avec prudence parce que cet "Oscar", ce n'est pas un gars avec qui on rigole volontiers. Mais sûrement.

"Maigret au Picratt's" voit aussi Lapointe abattre son premier malfrat d'une balle en plein coeur - joli tir . Ce qui le pétrifie à la fois d'horreur et de satisfaction. C'est un roman chaud (pas dans le sens où vous pourriez l'interpréter d'après ce que je viens de vous en dire), dense, l'un des plus "authentiques" de son auteur, une petite réussite que l'on a plaisir à lire et à relire. Allez, vous aussi, venez vous asseoir à la table de M. Fred , dans sa cuisine, pour y discuter des à-côtés du métier ou des combines du monde des courses autour d'un verre de fine - ou d'une coupe de champagne : vous verrez comme on y est bien. ;o)
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,Écrit en 1950
Arlette, strip-teaseuse au Picratt's à Pigalle, se rend en état d'ivresse au commissariat de police tout proche : elle affirme avoir surpris dans le cabaret un aparté au cours de laquelle un certain Oscar a manifesté sa préméditation de tuer une comtesse. On l'envoie à la P.J., où, en raison de son état, on n'accorde guère de crédit à ses déclarations, d'ailleurs fort imprécises. Peu après, on découvre le corps d'Arlette et, à quelques heures d'intervalle, celui d'une comtesse ; toutes deux ont été étranglées de la même manière, dans leur appartement. Maigret établit alors une sorte de quartier général au Picratt's. , il se lance à la recherche d'Oscar et s'efforce d'identifier la comtesse et Arlette, d'établir les liens entre ces trois personnages. Tout d'abord, on découvre l'identité de la comtesse : Madeleine Lalande a épousé le comte von Farnheim, grâce à qui elle a pu mener une existence dorée sur la Côte d'Azur. Après la mort houleuse de son vieux mari, elle a été détroussée par des gigolos d'une bonne partie de sa fortune, puis s'est établie à Paris et s'est adonnée aux stupéfiants. Grâce au témoignage d'une ancienne cuisinière, Maigret apprend qu'un certain Oscar Bonvoisin, sorte de don Juan sans scrupules, a été jadis chauffeur et amant de la comtesse. Or, la présence de Bonvoisin à Montmartre est réaffirmée par plusieurs personnes. L'étau se resserre. La police interroge en vain Philippe, un jeune pédérastique et drogué, ami de la comtesse, puis le libère comme appât : , c'est au domicile de Philippe que Maigret met la main sur le fameux Oscar. Après avoir été l'amant des deux femmes, il avait tué la comtesse pour son argent et Arlette parce qu'elle allait probablement le quitter.
L'investigation mire à faire dégager, , la personnalité et le comportement de trois personnages dont deux sont morts au moment de l'enquête, tandis que le troisième n'apparaît que pour se faire arrêter et tuer en légitime de défense par un inspecteur de l'équipe Maigret
Beaucoup de dialogues ainsi que des pépites de citation la curiosité de l'énigme nous pousse a le dévorer goulument
Dans l'ensemble un bon roman de littérature classique policière .
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De loin le pire Maigret-Simenon que j'ai eu dans les mains. Il n'y a rien de l'atmosphère brumeuse et glauque habituelle, qu'on imagine systématiquement en pensant à Maigret.
Il n'y a strictement rien point de vue littérature, style. Rien.
Aucun humour non plus. Pas de dialogues percutants, ni fins.
L'intrigue et son évolution pourrait se résumer en une dizaine de moments et autant de phrases. Et pourrait tenir sur une page, deux à la rigueur.
Mais quelle flemmardise, ce livre ! Ca m'énerve ! Ce Simenon qui, évidemment, est un connaisseur de ce milieu-nuit-cabaret, utilise quelques grosses ficelles et nous tend un piètre paquet bien mal emballé.
Au passage, très sexiste. Evidemment.
Bien heureusement, Georges a fait mieux, beaucoup mieux.
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L'action se déroule dans le milieu de la nuit, il nous parle d'un temps qui n'est plus – et j'ai envie de dire « tant mieux ». Il nous parle d'un temps où les filles de joie aimaient leur métier, prenaient plaisir à coucher avec des hommes, un temps pendant lequel toutes les prostituées ou presque buvaient beaucoup ou énormément, déjà usées très jeunes. C'est Arlette, l'une d'entre elle, qui a été assassinée, parce qu'elle était venue voir la police pour les prévenir que le meurtre d'une comtesse allait avoir lieu – celle-ci aussi sera retrouvée assassinée. Elle, comme Philippe, le jeune homosexuel, se droguait à la morphine – et ne venez chercher là non plus aucune compassion envers les personnes qui se droguent, il n'est jamais dit non plus qu'il est possible de s'en sortir, non, drogué un jour, drogué toujours jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Maigret, lui, a fait du Picratt's son QG, là où il attend des nouvelles de ses hommes, de son enquête, là où il échange avec le patron de l'établissement de nuit et de sa femme. Oui, il attend, il croise Lognon, l'inspecteur Malgracieux, qui enquête, fait de son mieux, mais sait très bien que ses affaires seront récupérées par Maigret.

Dans ce roman, c'est aussi la bourgeoisie de province qui se télescope avec Paris : la mère d'Arlette, à cause de ses origines, a été ostracisés par sa belle-famille après son veuvage. Est-ce pour cette raison qu'elle a voulu donner à sa fille unique la meilleure éducation qui soit pour l'époque, c'est à dire l'enfermer dans un couvent ? Peut-être. D'elle, nous saurons peu de choses, elle sera caractérisée indirectement par sa mesquine et rigide belle-soeur. Nous saurons cependant que sa fille s'est rebellée contre l'éducation reçue, qu'elle s'est enfuie non pour s'émanciper réellement, comme d'autres jeunes femmes avaient pu le faire, mais pour tomber sous la coupe d'un homme dont l'ombre planera sur une partie du roman, un homme qui a séduit bien des femmes et causé la déchéance de plusieurs d'entre elles, un homme pour qui une seule femme compta, sa mère, qu'il mit à l'abri, un homme qui, dans son propre logement, semble déjà mener une double vie.
A mes yeux, ce n'est pas la meilleure enquête du commissaire Maigret.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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L'adaptation par la BBC de Maigret au Picratt's m'a conduit à relire le roman de Simenon. Une intrigue somme toute banale - deux assassinats sordides liés à la cupidité - pour une enquête à laquelle Maigret consacre toute son énergie bien qu'il ne soit pas très bavard sur le sujet. Lui qui n'a pu empêcher le meurtre d'Arlette, la belle danseuse du Picratt's, est-il hanté par la culpabilité ? Discret comme toujours, on le sent toutefois impliqué et impatient. Peut-être que la relation qu'entretenait l'un de ses inspecteurs avec la jeune femme ne fait-elle qu'augmenter son souhait de réussir. Peut-être aussi a-t-il été troublé par la jeune femme (cf. citation).
L'action se passe essentiellement à Montmartre, dans le quartier des cabarets et des petits hôtels et mêle une foule de personnages du monde de la nuit, aventurière vieillissante et gigolos compris. L'adaptation de la télévision britannique est plutôt fidèle (le scénariste a pris beaucoup plus de libertés avec La nuit du carrefour) et Atkinson campe un bon commissaire. Pas un très grand Maigret mais une lecture à conseiller quand même.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Le plus émouvant est toujours un détail ridicule et, en l'occurrence, ce qui donna à Maigret un petit serrement de coeur, ce fut, à côté d'un pied encore chaussé d'un soulier à haut talon, un pied déchaussé dont on distinguait les orteils à travers un bas de soie criblé de gouttelettes de boue, avec une échelle qui partait du talon et montait plus haut que le genou.

- "Morte, évidemment," dit le médecin. "Le type qui a fait ça ne l'a pas lâchée avant la fin.

- Est-il possible de déterminer l'heure à laquelle cela s'est passé ?

- Il y a une heure et demie à peine. La raideur cadavérique ne s'est pas encore produite."

Maigret avait remarqué, près du lit, derrière la porte, un placard ouvert, où pendaient des robes du soir, noires pour la plupart.

- "Vous croyez qu'elle a été saisie par derrière ?

- C'est probable, car je ne vois pas de traces de lutte. C'est à vous que j'envoie mon rapport, M. Maigret ?

- Si vous voulez bien."

La chambre, coquette, ne faisait pas du tout penser à la chambre d'une danseuse de cabaret. Comme dans le salon, tout était en ordre, sauf que le manteau en faux vison était jeté en travers du lit et sac à main sur une bergère.

Maigret expliqua.

- "Elle a quitté le Quai des Orfèvres vers neuf heures et demie. Si elle a pris un taxi, elle est arrivée ici vers dix heures. Si elle est venue en métro ou en bus, elle est sans doute rentrée un peu plus tard. Elle a été attaquée tout de suite."

Il s'avança vers le placard, en examina le plancher.

- "On l'attendait. Quelqu'un était caché ici, qui l'a prise à la gorge dès qu'elle eut retiré son manteau."

C'était tout récent. Il était rare qu'ils eussent l'occasion d'arriver aussi vite sur les lieux d'un crime. ... [...]
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[...] ... "Je l'ai tué !" répéta-t-il sans oser se tourner vers le corps.

Janvier était penché dessus.

- "Mort. Tu l'as eu en pleine poitrine."

Maigret crut un instant que Lapointe allait s'évanouir, lui mit la main sur l'épaule.

- "C'est ton premier ?" demanda-t-il doucement.

Puis, pour le remonter :

- "N'oublie pas que c'est lui qui a tué Arlette.

- C'est vrai ..."

C'était drôle de voir l'expression enfantine de Lapointe, qui ne savait plus s'il devait rire ou pleurer. ... [...]
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Pourquoi dis-tu une sorte de gnome ?
— Parce qu’il paraît avoir quatorze ans, mais qu’il a le visage finement plissé d’un homme déjà usé. Son corps et sa silhouette sont d’un gamin des rues
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Et, comme il ne lui répondait pas, elle devint très nerveuse. Elle devait avoir une terrible gueule de bois. Le bleu de ses prunelles était comme délayé et le rouge de ses lèvres, en s’étalant, lui faisait une bouche démesurée.
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Il resta seul à sa place, dans cette sorte de tunnel pourpre au bout duquel la porte dessinait un rectangle gris clair, comme un écran sur lequel seraient passés les personnages sans consistance d’un vieux film d’actualités.
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Videos de Georges Simenon (134) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Simenon
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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