Instants croqués sur le vif. Moments qui font battre le coeur. Souvenirs au détour d'un regard. Impressions fugitives qu'on voudrait à jamais retenir. C'est tout ça qu'a réuni Yves Simon dans
Jours ordinaires (publié en 1988).
Mais les jours sont-ils comme le laisse entendre le titre de ce recueil ordinaires? Je n'en suis pas vraiment certaine. Les jours sont toujours extraordinaires si on sait les regarder, les apprivoiser, les vivre. Comme dans cet extrait :
«
Lisbonne encore. Une ville jaune avec des affiches et des slogans plein les murs, rouges, noirs. Alfama, l'ancienne ville arabe à côté du Tage, sur une colline. Dédale de rues, de couleurs, de senteurs.
Et puis, deux cafés anciens, élégants. le premier sous les arcades de la place du Commerce, face au débarcadère, l'autre, à cinq minutes de là, en remontant vers le nord, le Brasileira, près de la place Camoëns.
Fernando Pessoa les fréquentait. Je me suis assis à chacune des tables pour être certain de me trouver quelques secondes à sa place. »
Un livre qui donne envie de regarder, de s'arrêter. D'éloigner l'emprise du temps. le temps de 76 pages, du moins. Lesquelles se terminent ainsi :
« Et un jour on me demandera qui j'ai aimé et je dirai que cela ressemblait à de l'insaisissable, à du sable qui glisse entre les doigts, à du vent qui gémit entre les persiennes, et je dirai qu'il y avait comme un souvenir d'enfance dont j'avais du mal à me souvenir, que c'était une série de masques faisant croire qu'il y avait quelque chose de mystérieux caché sous la même forme apparente et je dirai que j'ai pleuré, craché, battu, haï, que je me suis recroquevillé un jour sur un plancher, nu, avec seulement une fenêtre fermée et le soleil de l'autre côté. »
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