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EAN : 9782207131299
288 pages
Denoël (19/05/2016)
3.74/5   23 notes
Résumé :
Dans ce recueil de dix nouvelles et un essai se déploie la sensibilité à part d'une auteure de science-fiction spéculative qui n'a de cesse de remettre l'Homme au centre du récit. On y observe un professeur de mathématiques qui aimerait comprendre les tensions interreligieuses qui déchirent son pays, un étrange tétraèdre subitement apparu dans les rues de New Delhi, une femme convaincue d'être une planète. Avec ces textes poétiques, humanistes et parfois mélancoliqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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SF = Social fiction

Vandana Singh est une auteure indienne, née à Delhi mais vivant (et enseignant -elle a un doctorat en physique théorique, sa spécialité étant celle des particules-) à Boston, USA.

A part la nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage et une deuxième, tous les autres textes font moins de vingt-six pages.

Si vous regardez les critiques parues en avant-première (bande de privilégiés, va !), vous verrez souvent des termes très élogieux revenir au sujet de cet ouvrage. A vrai dire, je suis à moitié d'accord elles : je trouve moi aussi que Vandana Singh a une écriture exceptionnelle, une capacité à créer une atmosphère, à brosser des descriptions en quelques coups de pinceau, à littéralement nous transporter en Inde, qui frôle le génie littéraire. C'est aussi, au passage, quelqu'un qui sait créer une atmosphère qui navigue entre la mélancolie, le légèrement onirique, bref qui est une conteuse au talent assez unique dans le paysage SFFF des années 2010. Elle nous offre un regard sans concessions, lucide et critique sur une société Indienne dont nous avons pour la plupart, en Occident, du mal à saisir les particularités (et il y en a) et surtout le gouffre qui nous en sépare. Enfin, sa sensibilité et son humanisme (c'est particulièrement visible dans Faim ou dans Infinités) achèvent de faire de ce livre un bien bel objet littéraire. Sur ces plans là, c'est donc un achat hautement recommandable. Et je dis bien : sur ces plans là.

Car si on se place sur un strict plan SFFF, ce livre est au contraire hautement… dispensable : d'une part, le « prétexte » SFFF est souvent si mince (c'est criant dans L'épouse ou dans Faim) qu'il s'efface complètement devant la critique des travers de la société Indienne (on peut voir les choses de deux façons : soit celle-ci est un plus à l'aspect SF ou Fantastique, soit c'est sans objet qu'elle le parasite ; voir plus loin) ; d'autre part, même dans les textes où l'équilibre SFFF / critique sociale est plutôt en faveur de la première, honnêtement, on est souvent sur des textes allant du sympa mais vite oublié au complètement dispensable (je pense particulièrement à Trois contes de la rivière du ciel). Les nouvelles manquent souvent d'une chute, d'explications sur les tenants et les aboutissants, ont un gros potentiel qui n'est pas vraiment exploité (Delhi) ou encore sont tellement prévisibles que vous risquez de vous ennuyer à leur lecture (Soif, La chambre sur le toit). Deux textes se détachent nettement du lot : Les lois de la conservation et surtout le Tétraèdre. J'ai personnellement beaucoup aimé Infinités (la nouvelle) également.

C'est bien beau (comme expliqué dans l'essai) de vouloir faire de la littérature de l'imaginaire « signifiante », de nous parler de notre présent à coups de métaphores basées dans le futur, l'ailleurs, le spéculatif, le fantasmé, le fantastique ou le mythique, mais si c'est pour que les textes en question soient parfois trop cryptiques pour être pleinement saisis par de pauvres mortels limités dans mon genre, je ne vois pas trop l'intérêt, personnellement, sinon celui de jouer à Narcisse.

Mon problème est que pour moi, Vandana Singh a voulu mêler le cri du coeur d'une femme déracinée, qui aime passionnément son pays d'origine mais n'en supporte plus les injustices et les travers sociaux (particulièrement celles et ceux infligés aux femmes), à des textes SF et Fantastiques où ce manifeste n'avait peut-être pas sa place. Qu'elle place ses nouvelles dans une ambiance et un contexte indiens, soit, c'est ce que le lecteur attend d'elle, après tout ; qu'elle dénonce certains travers de cette société, pourquoi pas, je n'y trouve rien d'anormal ; en revanche, que cette critique parasite, vampirise complètement l'aspect Fantastique (plus que l'aspect SF, d'ailleurs), là je dis non.

Le choix d'acheter ce livre ou pas vous appartient : il faut vous demander ce que vous y cherchez, ma critique vous ayant clairement exposé ce que vous alliez y trouver. Si l'aspect humaniste, la belle écriture, l'atmosphère indienne, le regard de l'intérieur sur les travers de cette civilisation, le ton onirico-mélancolique et rappelant souvent celui des contes vous séduisent ou vous intéressent, vous pouvez y aller sans crainte, c'est du haut de gamme. En revanche, si vous voulez lire de la SF (= Science Fiction) ou du Fantastique avant tout et que le reste soit ne vous intéresse pas, soit est secondaire, là, clairement, évitez, vous avez plus intéressant dans quoi investir votre vingtaine d'euros. Parce que si Vandana Singh fait bien dans la SF, il faut traduire ça par Social Fiction. Et je pense que pour découvrir les problèmes ou travers de la société indienne, il y a plus pertinent à lire : livres de géopolitique, consacrés à la société Indienne, témoignages clairement identifiés comme tels et pas publiés dans une collection relevant des littératures de l'imaginaire, etc. Enfin, si vous êtes un fanatique de Hard-SF ou de Fantastique pur et dur, fuyez, vous allez détester.

Vous trouverez sur mon blog la version complète de ma critique, avec une analyse de chaque nouvelle (et des travers de la société indienne qui peuvent y être dénoncés).
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Bien curieusement pour un livre fantastique, ce qui m'a le plus frappé dans ce recueil de nouvelles indiennes, c'est la cuisine : il n'y a pas un récit sans recettes, saveurs, senteurs et délices gustatifs et aromatiques. Cet aspect des récits est plutôt mieux amené que dans ceux de Jack Vance, d'ailleurs, car il nous apporte l'odeur de l'Inde, sa sociabilité, mais aussi la féminité, de l'Inde. Les personnages de ces récits sont presque toujours des femmes, astreintes le plus souvent aux tâches culinaires, grâce auxquelles elles suscitent un univers sensoriel prenant. Cela ne les empêche pas de rencontrer le surnaturel sous toutes ses formes : en opposition à l'univers fermé des tâches dévolues aux femmes, elles font l'expérience de l'infini. Exception marquante : le vieux professeur de mathématiques Abdul Karim, qui rencontre l'infinité mathématique et mystique au milieu des violences indo-musulmanes, par l'entremise des "farishte", ces esprits ou génies de l'islam indien qui ont donné leur nom à l'un des héros des Versets Sataniques de Salman Rushdie. Ce recueil de nouvelles procurera l'évasion géographique et fantastique à l'amateur, et un grand plaisir poétique.
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Un recueil de nouvelles de Science-Fiction !

Joie ! Transe ! Tout ça en même temps ! Et quand les Editions Denoël me l'ont proposé, je n'avais même pas vu la couverture de Aurélien Police. Qui en elle même à la fois résume très bien ce recueil dont le thème principal reste tout de même la Place de femme dans la société indienne. Et pour une féministe qui s'assume (au grand damn de mes collègues de bureau), rien que cet aspect de ce recueil valait le détours, ne serait ce que par l'auteure. En effet, Vandana Singh est une femme indienne, mais elle a aussi deux parents professeurs de littérature anglaise.

Ainsi, nous aurons le point de vue de la nouvelle génération sur la société indienne qui oscille entre modernité et tradition comme on a pu le voir dans les nouvelles : La femme qui se prenait pour une planète mais aussi Soif qui m'a beaucoup impressionnée.


Le seul thème de la femme n'a pas suffit à me rassasier.

Car Vandana Singh traite aussi très très bien de la Science Fiction comme le prouve sa nouvelle le Tétraède. Elle tente de nouvelles choses comme les petits contes que le retrouve vers la fin du recueil. Elle bouscule nos petites idées en me faisant un peu réfléchir sur la vengeance avec Une chambre sur le toit, qui au primes abords me faisaient plutôt penser à un gentillet petit conte.

Et enfin, Infinités qui m'a scotchée. Car c'est l'histoire de l'amitié entre deux personnes de religions différentes alors que nous sommes en plein conflits terroristes et religieux. Mais l'amour des Maths, des échecs aura été bien entendu le plus fort. Mais rien qu'en lisant cette nouvelle, je me suis mise à voir que ce problème d'ethnie, de religion, de tout ce que vous voulez, ce n'est pas grave. Cela m'a permis de relativiser et de ne plus rester le nez collé sur ces moments de pure haine.

Bref, si vous aimez la bonne écrite, si vous aimez découvrir une écriture qui aime s'ouvrir à beaucoup de domaines. Si vous aimez les nouvelles et de Science-Fiction qui plus est. Foncez chez les Editions Denoël parce que je pense que cela pourrait vous faire passer de très bons moments pour cette fin d'été. Sur ce, je vous laisse, je vais relire Infinités
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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Je n'ai pour le moment lu que 4 des 11 nouvelles de ce recueil et me voici déjà époustouflée, séduite et conquise par cet ouvrage de Vandana Singh.

A tout les coins de page, je retrouve mes pensées intérieures, jusqu'ici non verbalisées, dites avec tant de précision et de couleurs, de poésie, de richesse descriptive et sensorielle, de fraicheur et de douleur, je me retrouve anéantie par la puissance de l'écriture de cet auteur et je me régale de son humanité, de ses pensées, de ses solutions a ces questions,existentielles parfois, dormantes souvent, comme des pensées non dites, qui flottent derrière les actes des hommes, ou qu'ils soient sur cette planète.

Cohabitent a la fois le désespoir, les hurlements de la vie, les témoignages de l'horreur, et le magnifique retournement de l'Amour, de l'Amitié, de la passion, du travail d'émergence de la personnalité tout au long de la vie, vers le plus haut de notre existence, de la vision transformée par un saupoudrage d'evenements de la vie a peine visibles, bref, la vie sous toutes ses formes, dans sa globalité de l'age.
Dans plusieurs nouvelles lues il y a l'expression de l'effet du temps et de l'age sur la personnalité, ce que je trouve rare dans mes lectures.
L'assemblage de l'horreur et de l'amour, tel un puzzle a double face, constitue l'ensemble de la sensibilité d'une vie humaine et en font son équilibre, ceci a travers les ages.
Je pense que c'est sur cela que s'appuie la force d'écriture de Vandana Singh, ajoutée a l'univers si particulier de la société indienne, comme une toile dans laquelle chaque être englué remue ses ailes pour respirer, se débattre, ou s'évader.
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous plonge dans un imaginaire subtil et percutant qui cherche à nous faire réfléchir sur l'Inde, ses coutumes, ses contraintes, sa beauté, ses souffrances et d'autre sujet encore. L'auteur nous propose ainsi une dizaine de récits d'une grande finesse et soignés qui, même si quelques-uns n'ont pas réussi à m'accrocher, se révèlent dans l'ensemble marquant. L'aspect imaginaire possède, comme souvent, présent pour dissimuler et accentuer le message de fond, mais l'ensemble se révèle clairement maîtrisé. Il est difficile de résumer cette lecture, mais je ne peux que vous conseillez de vous laisser tenter pour vous faire votre propre ressenti tant je pense que ce recueil le mérite, sans non plus se révéler trop ardu je trouve. En tout cas je ressors de ma lecture avec un sentiment plus que positif et je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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critiques presse (1)
Telerama
12 octobre 2016
Vandana Singh puise autant à la subtilité d'écriture des nouvellistes anglaises qu'à l'apport théorique de la science la plus pointue. Tout son mérite est d'arriver à les fondre dans de courts récits d'une grande humanité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En attendant, elle continua de lire ses romans de science-fiction, car, plus que jamais, ils lui semblaient refléter sa prise de conscience de l'étrangeté fondamentale du monde. Peu à peu, elle finit par comprendre que ces contes tentaient de lui communiquer d'une façon alambiquée une vérité fondamentale, qu'ils étaient tous rédigés dans une sorte de code, conçu pour tromper les snobs littéraires et égarer les lecteurs distraits.
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Cher Dieu miséricordieux et compatissant, je me tiens devant ton prodigieux univers, empli d’émerveillement ; aide-moi, pauvre mortel que je suis, à élever mon regard au-dessus des sordides mesquineries de la vie quotidienne, des luttes et des querelles de cette médiocre humanité… Aide-moi à voir la beauté de ton œuvre, de la fleur rouge épanouie du fromager à l’exquise grâce mathématique par laquelle tu as créé d’innombrables univers dans l’espace que l’homme foule d’un pas. Je sais à présent que mon but en ce triste monde est de contempler ta magnificence en toute humilité et de chanter tes louanges jusqu’à mon dernier souffle…
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Je me suis souvent interrogé sur le rôle du savoir et de l’expérience, d’une part, et, de l’autre, de l’imagination et de l’intuition, dans le processus de découverte. Je crois à l’existence d’un conflit fondamental entre les deux, je crois que le savoir, en prêchant la prudence, tend à inhiber le pouvoir de l’imagination. Par conséquent, une certaine naïveté, dégagée du fardeau de la sagesse conventionnelle, peut parfois apparaître comme une qualité positive.
HARISH-CHANDRA, mathématicien indien (1923-1983)
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« Dites-moi, Om Prakash, est-ce que je suis un simple fil dans une toile ? Est-ce que j’ai le choix d’agir comme je le fais ou est-ce que je répète les lignes écrites par un autre ? — Vous pouvez choisir de me casser un bras, monsieur, et nul ne pourra vous arrêter. Vous pouvez choisir de vous jeter dans la Yamuna. Quoi que vous fassiez, cela affectera le monde de quelque façon. Tantôt l’effet demeure minuscule, tantôt il croît et croît encore comme un figuier des pagodes. Ce que nous appelons la causalité n’est qu’un effet du premier ordre. Les boucles causales du second ordre sautent d’un temps à l’autre, comme dans vos visions, monsieur. Le futur, dit le pandit, n’est ni déterminé ni indéterminé. »
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La perspective d’une longue journée se présentait à elle, riche d’impossibilités : cuisiner tout ce qui devait l’être, nettoyer toute la maison, divertir les collègues de Vikas et leur famille sans faire de faux pas… C’était tout simplement inconcevable. Elle n’était pas faite pour cela — elle venait d’une autre planète, d’un monde où on dansait avec les arbres, dévorait des parathas et lisait des romans de science-fiction à quatre sous.
Mais il fallait le faire.
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