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EAN : 9782843449185
144 pages
Le Bélial' (20/04/2017)
3.32/5   128 notes
Résumé :
Lors de sa douzième année standard, pendant la saison des Pluies Douces habarienne, Jalila quitte les hautes plaines de Tabuthal. Un voyage sans retour - le premier. Elle et ses trois mères s'installent à Al Janb, une ville côtière bien différente des terres hautes qui ont vu grandir la jeune fille. Jalila doute du bien-fondé de son déménagement. Ici, tout est étrange. Il y a d'abord ces vaisseaux, qui percent le ciel tels des missiles. Et puis ces créatures d'outre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,32

sur 128 notes
Beau.

Voilà comment je qualifierais au mieux ce court roman. Je ne connaissais pas Ian R. MacLeod (je ne crois pas qu'il soit de la race des highlanders des films mais on ne sait jamais). La courte bio sur le battant du bouquin le décrit comme un « styliste à la sensibilité hors pair », et effectivement il me semble lu une peinture peinte avec des mots.

L'auteur nous plonge tout habillé dans une étrangeté, sans GPS pour se repérer ; un peu à la mode Zelazny en encore plus singulier. On suit le passage d'une fille de l'enfance à l'âge adulte, Jalila. Elle vient probablement d'un lieu exotique en altitude dont on ne saura pas grand-chose et découvre avec nous cette ville portuaire dont l'étrangeté – je vais souvent employer ce mot– échappe malgré les mots à une nette représentation de l'esprit. Mais la beauté des lieux, de la végétation, des animaux est comme palpable. On comprend que l'on se situe sur une autre planète, dans un lointain futur où l'on peut voyager grâce à des Portails, où l'humanité a essaimé, a évolué et s'est adaptée à différents milieux, a rencontré des races extraterrestres.
Pas de conflits, seulement la vie.

Le monde de Jalila est indubitablement d'influence proche orientale ou maghrébine, musulmane. Mais la religion et les traditions remontent à loin et ont évolué aussi. La vie humaine est féminine avant tout. L'homme est quasiment absent, tout au plus une curiosité. La vie suit son cours comme dans toutes les sociétés ; les femmes s'assemblent dans des polygamies et élèvent des filles. L'auteur décide que la dimension féminine a supprimé la violence. Bien sûr les filles peuvent être jalouses, indisciplinées, en colère mais elles maîtrisent toujours tout cela, créant une sorte de société idéale. Des seuls hommes du roman, on s'attend en revanche qu'ils réagissent avec agressivité. On est assez loin du parti pris de Brian K. Vaughan dans sa série comics « Y, le dernier homme », dans laquelle les femmes s'emparent de toutes les niches comportementales laissées libres par les hommes disparus, les plus intellectuels comme les plus violents.

Livre d'ambiance avant tout, il ne conviendra probablement pas à tout le monde. Au début j'ai cru qu'il ne me plairait pas mais je me suis laissé porté par la vague de son étrange beauté. La rémanence qui en restera dans mon esprit sera douce, comme celle d'un beau tableau. Elle perdurera longtemps.
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Découvert grâce à une opération de lecture solidaire pendant le confinement, je m'empresse de remercier les éditions le Belial pour cette chouette initiative.

Alors c'est clair, je pense que je n'aurais jamais lu ce bouquin en temps "normal". du space opéra, genre que je n'ai plus lu depuis l'adolescence. J'ai pourtant apprécié même si j'ai un peu plané pendant ma lecture.

Une mention spéciale pour la splendide couverture que l'on doit à Aurélien Police.

Nous suivons une jeune fille Jalila qui a quitté sa région des hautes plaines de Tabuthal pour s'installer avec ses trois mères dans une ville cotière al Janb très différente de l'endroit où elle a pu vivre.

Jalila vit sur la planète Habara mais il existe des portails et des planétoports qui permettent de voyager dans les dix mille et un mondes.

Beaucoup d'influences arabes dans ce récit qui incitent à la rêverie et au voyage. le monde de Jalila est un monde de femmes. Les hommes ont presque disparu. La vie de famille s'organise dans un haremlek: une cellule qui regroupe plusieurs femmes.

La plume de l'auteur est pleine de sensibilité et de poésie. Il pousse l'expérience féminine jusqu'à changer la grammaire, le féminin l'emportant pour une fois sur le masculin. Ainsi lorsque Jalila se promène avec un des rares garçons de la planète, l'auteur dit "elles". Au début, j'ai cru que j'avais mal compris. Et puis finalement j'ai trouvé ça audacieux et cohérent.

Je regrette par contre que le récit soit aussi court car certains concepts ne sont pas développés. le lecteur est obligé de tâtonner pour deviner ou comprendre de quoi il s'agit. J'aurais aimé qu'il développe davantage.

C'est tout de même une lecture très originale.
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Poumon vert (Breathmoss) est une novella publiée en 2002 par Ian MacLeod récompensée par le prix Asimov's Readers en 2003. D'après ma source (www.isfdb.org) elle fait partie d'une série, « Breathmoss Universe ». Il aura fallu 15 ans pour qu'elle soit traduite en français dans la collection Une Heure Lumière de le Bélial que j'apprécie beaucoup.

Voici une lecture qui m'a laissée perplexe. J'ai eu un peu la même impression quand j'ai lu Terremer d'Ursula le Guin : très belle écriture riche en métaphores mais je ne suis pas parvenue à m'immerger totalement dans l'histoire. Je pense qu'au début j'ai été distraite par les termes inconnus, ensuite je me suis efforcée de lire « sans y penser ».

Jalila vit sur la planète Habara dans les hautes plaines montagnardes de Tabuthal. L'histoire commence quand elle a 12 ans et qu'avec ses trois mères elle « déménage» pour s'installer à al Janb une ville au bord de la mer.

Ian MacLeod décrit une communauté entièrement féminine où les hommes sont considérés comme « d'étranges et malheureuses créatures ». Il explore les relations de Jalila avec son nouvel environnement (ses mères, Kalal, Nayra, la vieille tariqa, …) et comment il va influer sur son passage à l'âge adulte avec ses renoncement nécessaires.

À mon sens, l'ambiance orientale n'est qu'accessoire, au final c'est plus une histoire d'adolescente qui cherche sa place dans l'univers.

Pour terminer, je n'ai pas absolument pas compris cette histoire de « mousse respiratoire verte » ?

Je reste avec l'impression d'être passée à côté de certaines choses et je pense que je vais probablement relire ce livre un jour.




Challenge ATOUT PRIX 2020
Challenge mauvais genres 2020
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"La folie s'empara des fleurs et des insectes. Les couleurs omniprésentes palpitaient en dévalant les falaises jusqu'à la mer étale, frangée de sel, énorme animal vautré au soleil – ou mort, peut-être. Une certaine fraîcheur régnait toujours dans la tentexplo de Jalila, le haremlek était devenu le royaume des hautes tours à vent malqaf, des ventilateurs tournoyants et des profondeurs de puits, mais quitter l'ombre zébrée des moucharabiehs à midi vous donnait l'impression qu'on vous frappait régulièrement sur la tête avec une casserole en fer brûlante. "

Jalila, le personnage principal de ce roman vient de descendre des hauteurs montagneuses et fraîches où elle a toujours vécu en compagnie de ses trois mères pour s'installer dans un petit port. J'ai tout d'abord été très intrigué par ce court roman, au point de relire le premier chapitre. Mon intérêt était grand mais j'avais la sensation de manquer l'essentiel, en partie à cause du vocabulaire inventé qui laissait trop de flou.

Rapidement j'ai pourtant compris que ce monde était décidément bien différent du nôtre : dans la narration le féminin l'emportait sur le masculin. Au point de me demander si le sexe masculin y était présent. En réalité, oui, deux hommes figurent bien dans le récit.Mais je ne souhaite pas en dire plus pour ne pas risquer de gâcher les impressions de lecture des Babélionautes qui liraient cette critique.

L'écriture est vraiment somptueuse. Une grande importance est accordée aux sensations, aux paysages de ce monde étrange. J'ai rarement lu sous une plume masculine un roman si "féminin". Il m'a fait beaucoup penser au meilleur de la SF d'Ursula K. Le Guin, c'est tout dire.
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En 2003, « Poumon vert » de Ian MacLeod a été finaliste de plusieurs prix prestigieux dans la catégorie « roman court ». Ce n'est guère étonnant au vu de sa qualité, il aurait d'ailleurs mérité de remporter une de ces distinctions mais c'est Neil Gaiman qui lui a été préféré pour le Hugo et le Nebula avec son « Coraline ».

« Poumon vert » est un roman très singulier qui ne plaira sans doute pas à tout le monde. Il faut accepter de se laisser porter sans tout comprendre. Au début de ma lecture, j'ai été déroutée, je me sentais un peu perdue puis j'ai lâché prise, je me suis laissée aller et, là, j'ai apprécié. C'est un texte qui doit être ressenti plus que réfléchi, c'est une lecture sensorielle plus que cérébrale. Quand on accepte cette idée le roman devient véritablement envoûtant.

L'intrigue est très ténue. « Poumon vert » joue davantage sur le registre de l'atmosphère. Cela dit, l'histoire est très bien menée. C'est un beau récit d'apprentissage et aussi une superbe évocation de la découverte de l'amour. de nombreuses thématiques sont abordées, parfois juste effleurées, mais le récit reste avant tout centré sur un personnage, Jalila. C'est un personnage magnifique, très attachant, j'ai aimé la voir évoluer, grandir.
Le contexte SF est finalement peu utilisé et pourtant il ne manque pas de corps. Il façonne le récit, il en est l'ossature, tellement naturelle, tellement intrinsèque qu'il s'efface jusqu'à paraître invisible. Avec la planète Habara, MacLeod créé un monde riche et une société dans laquelle il est très intéressant d'être plongée. C'est un monde étrange et pourtant aussi assez familier avec son inspiration arabisante. L'aspect planet-opera de « poumon vert » est très réussi, très dépaysant.

Mais ce qui frappe le plus dans cette lecture, c'est l'écriture, finement ciselée. Il faut d'ailleurs saluer le travail remarquable du traducteur. « Poumon vert » est un récit très contemplatif mais aussi très vivant. Qu'il s'agisse d'un paysage, d'un personnage ou d'une fête, les descriptions sont superbement immersives. Comme je l'ai dit, c'est une lecture très sensorielle. L'écriture poétique et finement ciselée de MacLeod emmène le lecteur dans un tourbillon de couleurs et de senteurs d'une musicalité ensorcelante. Formellement, c'est absolument superbe, « Poumon vert » est un texte d'une beauté bouleversante.

« Poumon vert » est un peu court et aurait pu être étiré. J'aurais beaucoup aimé parcourir plus longuement les paysages enchanteurs d'Habara et rester davantage dans les pas de Jalila. Mais en l'état, c'est une très belle novella qui mérite vraiment le détour.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La main de Nayra quitta la poitrine de Jalila pour entourer la fleur des marées. Une traction -- puis une seconde, plus forte. Quelque chose tint, céda, tint, craqua, céda complètement. Les soieries s'écoulèrent. Une petite perle de sang foncé apparut dans le creux entre l'épaule et le sein de Jalila. Nayra l'effaça d'un coup de langue.
"Dans une maison, une enfant pleurait la perte de sa soeur. Dans une autre, peut-être une mère tremblait-elle pour sa fille. Les bénédictions autrefois appelées sur la tête de la sultane avaient cédé la place à des essaims de malédiction..."
Jalila lévitait, flottait, pendant que la bouche de Nayra descendait sucer la pointe de son sein.
"La vizire de l'époque avait deux filles, Shéhérazade et Dinarzade. L'aînée avait compulsé les livres, annales et légendes relatives aux reines et aux impératrices du passé, les histoires, cas et exemples d'autrefois. Elle avait lu les poétesses au point de connaître leurs oeuvres par coeur. Elle avait étudié la philosophie, les sciences, les arts et autres ornements de l'esprit. Shéhérazade était plaisante et polie, avisée et intelligente. Shéhérazade était belle et bien née..."
Voler loin au-dessus des saharas scintillants de givre, sous les lunes jumelles, s'élever à travers les nuages. Ondulations des dunes. Coupoles et minarets des villes lointaines. Cris et soupirs frissonnants de l'aimée. Dessins de lune tracés par la murqana, tapisserie blanc et ombre sur les creux et les courbes du ventre de Nayra.
"Alaykoum assalam wa rahmatoullahi wa barakatou..."
Sur toi la paix, la miséricorde et la bénédiction divines.
Amen.
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Par une après-midi brûlante et figée, il l'emmena voir le planétoport, juste derrière l'horizon. Leur plus long trajet maritime à ce jour. Le vent gonflait les voiles et l'océan virait presque au noir sous la coque, sans rien perdre pourtant de sa transparence. Les yeux baissés, Jalila s'imaginait capable de distinguer ies formes blanches fuyantes des grands léviathans des mers qui, s'il fallait en croire les légendes régionales, avaient autrefois occupé les qasrs, ces palais rocheux en ruines qu'elle avait longés en descendant de Tabuthal. Lassés du soleil, ils avaient regagné l'océan qui leur avait donné naissance, y précipitant toutes leurs richesses. Les joyaux brillaient au fond de l'eau puis remontaient en surface sous les lunes jumelles d'Habara, transformés en parterres de fleurs des marées. C'était Kalal qui avait raconté à Jalila cette partie de l'histoire. Contrairement à la plupart des habitantes de la côte, il s'intéressait à la vie qu'elle avait menée dans l'obscurité étoilée de Tabuthal et lui parlait en échange de l'océan.
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"Tu viens de Tabuthal, paraît-il. Le ciel doit y être très différent."
Jalila acquiesça. Une brève vision flamba en elle. Là-haut, par les nuits les plus claires, les plus froides, on se sentait entourée d'étoiles. Malgré la passion que lui inspiraient à présent la fétidité et les surprises de la côte, quelque chose lui manquait toujours. Une "impression" autant qu'un lieu, car le théâtre de son enfance lui semblerait sans doute sinistre et isolé, si elle y retournait. Sa nostalgie s'expliquait certainement par la sensation de perdre son enfance.
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Lorsque enfin elles hissèrent les voiles, une fois de plus, Jalila se dit que le trajet avait été bien plus agréable et excitant que le but, une fois atteint.
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Pavo avait raison. Sinon au sujet de l'amour - que Jalila ne connaissait toujours pas, elle en avait maintenant conscience -, du moins au sujet des grandes décisions de l'existence. Elles n'avaient jamais de réel point de départ, même si on leur en cherchait souvent un.
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Vidéo de Ian R. MacLeod
Lecture animée © Éditions du Rouergue, avril 2024 Voix : Sébastien Joanniez Musique : "Facile" de Kevin MacLeod
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