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Jean Guiloineau (Traducteur)
EAN : 9782070554843
352 pages
Gallimard (19/01/2006)
3.7/5   35 notes
Résumé :
Sarah Barcant, procureur à New York, rentre en Afrique du Sud, son pays natal, à la demande de son ancien professeur pour statuer dans le cadre de la commission Vérité et Réconciliation sur le cas de Dirk Hendricks, un ancien policier tortionnaire.

Le roman de Gillian Slovo a l'apparence d'un roman policier et toutes les qualités d'un thriller bien mené mais il est d'autant plus émouvant qu'il repose sur des faits réels. Non seulement parce que la com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Nous sommes en 1995, après l'apartheid, dans la petite ville imaginaire de Smitsrivier, emblématique de la bien réelle volonté du nouveau gouvernement d'Afrique du Sud de construire un nouveau pays et de la non moins réelle ambiguïté de la Commission Vérité et Réconciliation, chargée de gérer les demandes d'amnistie déposées par les anciens tortionnaires de l'apartheid (souvent d'anciens policiers qui ont torturé et parfois tué des membres de l'ANC). Si la Réconciliation était surtout prêchée par les autorités religieuses, la Vérité était recherchée par les nouveaux responsables politiques du pays. Mais quelle vérité ? Et était-il possible d'en faire apparaître une ? Car il y avait bien deux camps totalement opposés, les Blancs et les Noirs, les gens au pouvoir et les opposants, les tortionnaires et les victimes, donc… forcément deux vérités, au moins.

Le roman de Gillian Slovo, fille de l'ancien avocat puis ministre de Nelson Mandela (et à l'origine de la Commission), se situe dans ce contexte, qu'il nous permet de saisir dans toute sa complexité et il va même plus loin en démontrant à quel point victimes et bourreaux sont intimement liés. A travers les personnages de Dirk Hendricks, ancien policier et Alex M'Pondo, rescapé qui voulait laisser son passé de militant ANC aux oubliettes, car il pense avoir une lourde responsabilité dans la mort d'un de ses amis dont le corps n'a jamais été rendu à ses parents, entourés de leurs avocats Ben Hoffman et Sarah Barcant, la romancière tisse une intrigue dense, bien menée, où vérité et mensonge jouent au chat et à la souris, jusqu'à la fin. La romancière montre bien que rien n'est manichéen, malgré tous les rêves ou illusions des uns et des autres. (Le roman aurait pu s'appeler La vérité et autres mensonges, comme le roman de Sascha Arago.)

J'ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans ce roman, parce que chaque chapitre se focalise sur un personnage, les allers et retours dans le passé sont fréquents (c'est sûr, j'étais un peu fatiguée quand j'ai commencé ma lecture) mais une fois plongée dans le bain (brûlant de soleil et de poussière) de Smitsrivier, je n'ai quasiment plus lâché le roman. Ses personnages sont bien campés, on se laisse déstabiliser par les manoeuvres et les contradictions des uns et des autres. Jusqu'à la fin, les événements et les rapports humains se succèdent, s'emboîtent, s'éclairent, rivalisent dans une construction impeccable.

Un très beau roman, nécessaire.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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1995, Afrique du Sud. Dans la « nation arc-en-ciel », l'heure est à la réconciliation et au pardon. L'apartheid a été aboli ; victimes et bourreaux doivent se faire face pour pouvoir se tendre la main. C'est ce que le gouvernement sud-africain souhaite en tous les cas mettre en place à travers la Commission « Vérité et réconciliation », censée asseoir, par ses enquêtes, le fondement d'une société post-apartheid apaisée. C'est dans ce cadre que Sarah, jeune procureur à New-York, revient dans la ville de son enfance, Smitsrivier. Elle a été appelée par son ancien mentor, Ben, un avocat militant réputé mais mourant. En effet, ce dernier souhaite que Sarah l'aide à faire la lumière sur la mort de Steve Sizela. Celui-ci, membre de l'ANC, avait été enlevé en même temps qu'Alex Mpondo, aujourd'hui député. La confrontation d‘Alex avec son ancien tortionnaire Dirk Hendricks serait certainement un moyen de découvrir bien des vérités. Mais Alex semble cacher quelque chose et les anciens policiers de l'apartheid ne sont pas prêts à faire amende honorable, fut-ce pour éviter la prison.

Voici un roman sur l'après apartheid qui montre combien, malgré la volonté des politiques de reconstruire un pays apaisé, les contradictions perdurent. Certes, on demande une réconciliation (la vérité pour les victimes en échange de l'amnistie) mais cette commission n'apporte pas de réparation aux victimes. Comment alors faire table rase du passé ? Les douleurs passées, les traumatismes, les violences subies et les êtres chers assassinés constituent beaucoup d'obstacles à cette réconciliation tant souhaitée.
Un roman intéressant qui révèle pourquoi les tensions communautaires persistent tant dans ce pays.
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1985, une des années les plus noires de l'apartheid. Alors que le régime est déjà ébranlé par les émeutes répétées dans les townships et une réprobation internationale croissante, il s'arc-boute e répond aux revendications de liberté par une répression accrue. le fils des Sizela est victime de cette féroce violence et disparaît, sans que son corps ne soit restitué à ses parents.

"Bien sûr. Pieter savait maintenant pourquoi il s'était réveillé en sursaut. C'était cette foutue Commission Vérité et Réconciliation qui arrivait en ville, pour tout remuer et entretenir la fureur de Sizela."

Dix ans plus tard, la nouvelle Afrique du Sud est, en théorie, une "nation arc-en-ciel". Pour que la transition ne vire pas au bain de sang, le gouvernement met en place la Commission "Vérité et Réconcilation", censée promouvoir, par ses enquêtes, le fondement d'une société post-apartheid apaisée. Ben, avocat militant réputé mais mourant, fait appel à Sarah, son ancienne élève désormais procureure à New-York, pour élaborer une stratégie destinée à obtenir des informations sur la mort de Steve Sizela, en échange du témoignage d'Alex, à propos d'une affaire voisine.

Très vite il apparaît que les affaires sont inextricablement liées, qu'Alex, malgré son statut de victime et de héros de la communauté noire, cache quelque chose, et que les ex-policiers de l'apartheid ne sont pas prêts à faire amende honorable, fut-ce pour éviter la prison. La tâche de Sarah n'est pas si aisée, elle qui doit défendre Alex, lequel semble entretenir avec son ancien geôlier une relation plus que troublante.

Mais si l'esprit et le principe de la commission sont louables (amnistie des crimes de l'apartheid contre vérité pour les victimes), son action n'en soulève pas moins une foule de problème juridiques et éthiques, ne serait-ce que parce qu'elle n'apporte pas de réparation, et entretient les haines recuites et les tensions communautaires.

"Le silence. Il leur avait été familier autrefois. Un silence né d'abord de la crainte que l'homme le plus âgé inspirait à Dirk et qui, graduellement, d'une compréhension mutuelle avait fini par devenir une véritable amitié. Un silence qui avait aussi trempé dans les jours de sang, une façon d'échapper à tous ces mots hurlés dans la fureur. Un silence qui n'était plus possible, parce que dans les sables mouvants des temps nouveaux, même si les mots étaient durs, les choses non dites qui rôdaient sous la surface étaient bien plus dangereuses encore."

Quoique je sois peu friande du style judiciaire, Poussière rouge émeut. Par la fille de deux célèbres militants anti-apartheid (son père a été leader du PC sud-africain et avocat de Mandela dans les années 1960), le roman de Gillian Slovo prend presque la forme d'une fable à propos de l'Afrique du Sud contemporaine. Malgré une écriture (ou une traduction ?) un peu lourde, Poussière rouge se révèle finalement bien plus complexe qu'il n'y paraît, révélant les contradictions d'un pays en pleine reconstruction, dont le rapport au passé, au travers de la métaphore de la jeune femme émigrée puis de retour, est questionné sans concession.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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J'ai ressorti ce livre pour un challenge.
J'ai été assez déçue par cette lecture.
Le sujet toujours d'actualité (la ségégation entre gens de couleurs) mais peu de rebondissements. Il y a beaucoup de retours dans le temps pour nous donner
Cela traîne , les personnages sont très nombreux .
Pas beaucoup de rebondissements comme annoncé en quatrième de couverture.
Ce roman est loin d d'un thriller , c'est juste la chronique d'un procès .
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"Poussière rouge" n'est pas un documentaire et pourtant…
C'est bien un roman que Gillian Slovo nous propose et c'est à travers ce roman qu'elle tente de nous expliciter les problèmes qu'a fait surgir l'abolition de l'apartheid en Afrique du Sud. Tout se joue et se déjoue sur un laps de temps très court : la durée d'une Commission Vérité et Réconciliation, à peine quelques séances. Un seul endroit est évoqué toujours et encore le long de ces quasi quatre cents pages : la ville de Smitsrivier et ses proches alentours, théâtre du drame.
Mais rien n'est évident, car une tragédie en cache et en révèle une autre.
Toutefois, l'auteur a su nous relater les affaires avec une simplicité remarquable, tout en ne gommant pas leur côté grave ; et, qualité suprême à mes yeux, elle a su conserver une certaine nervosité au récit.
Définitivement, il n'y a que la fin du livre qui pêche : pourquoi avoir décidé de jeter fugacement l'avocate blanche dans les bras de son client noir pour une rapide étreinte ?
Peut-être pour souligner davantage l'indiscutable rapprochement, qui est en train de s'accomplir en Afrique du Sud …?
C'était un peu maladroit, alors que le reste de l'histoire ne l'était pas, bien au contraire.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 juin 2006
Lecture jeune, n°118 - Afrique du Sud, 1995, la Commission Vérité et Réconciliation, empreinte des vertus nouvelles de transparence politique, tente de faire table rase du passé sanglant et discriminatoire du pays en menant des « conciliations » autour de certains crimes racistes passés. La famille Sizela sollicite Ben Hoffman, vieil avocat malade qui fut une figure de la lutte anti-apartheid, dans l’affaire du meurtre et de la disparition du corps de leur fils. Ben fait appel à son ancienne protégée, Sarah Barcant, partie exercer à New York depuis de nombreuses années. Elle devra entendre Dirk Hendrick, le bourreau, agent des forces spéciales de police qui cherche à être absout de ses crimes en les révélant à la Commission. Ce dernier, au cours de l’enquête, sera confronté à une autre de ses victimes, Alex Mpondo, autrefois terroriste torturé et aujourd’hui député de cette nouvelle Afrique du Sud en quête de justice… Difficile de résumer ce magnifique roman de Gillian Slovo, fille de l’ancien ministre communiste de Nelson Mandela, sans tomber dans le raccourci simpliste. Il s’agit d’un récit hyper réaliste, et qui à ce titre induit une force magnétique : l’écriture précise, qui accompagne le déroulement de l’enquête, se fait à la fois objective et descriptive, incisive et porteuse de vérité. Toute la difficulté du propos est de ne pas sombrer dans le manichéisme mais bien de faire apparaître la complexité d’un système où la responsabilité est à la fois individuelle et collective. Chaque individu est ici « coincé » dans un carcan éducatif, familial ou social dont il lui est impossible de sortir la tête haute. Admettre que le droit ne suffit pas toujours dans la quête de la vérité se révèle difficile. Une oeuvre d’une grande force, qui nous interroge sur l’oubli, le pardon et les enjeux d’une politique raciale. _ Michelle Charbonnier
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ses yeux fixaient le mur devant lui. "C'est le même lien qui relie ce pays à son passé. Aucun de nous n'y échappe. Pas moi. Pas Anna", dit-il, en s'arrêtant un instant avant d'ajouter : "Même pas toi, Sarah".
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Il se penchait en avant, et disait ce qu'il avait sur l coeur avec une sincérité presque messianique.
- C'est facile aujourd'hui de regarder en arrière et de dire que j'ai eu tort - il se pencha encore. Nous avons un nouveau gouvernement et la loi et l'ordre règnent dans notre pays. Je le vois de mes propres yeux. Mais à cette époque, honnêtement, j'avais très peur de ce qui pouvait arriver.
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Ce salaud méritait qu'on l'admire : il était tellement mielleux. Et son minutage était parfait. La façon dont il avait choisi le moment pour venir frapper à la porte de l'humanité ! Dirk le malin qui avait dû se rendre compte - Alex l'avait compris - comment e public avait été entraîné contre sa volonté à prêter une oreille sympathique à son ancien ennemi.
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Le silence. Il leur avait été familier autrefois. Un silence né d'abord de la crainte que l'homme le plus âgé inspirait à Dirk et qui, graduellement, d'une compréhension mutuelle avait fini par devenir une véritable amitié. Un silence qui avait aussi trempé dans les jours de sang, une façon d'échapper à tous ces mots hurlés dans la fureur. Un silence qui n'était plus possible, parce que dans les sables mouvants des temps nouveaux, même si les mots étaient durs, les choses non dites qui rôdaient sous la surface étaient bien plus dangereuses encore.
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Cette pensée la prit au dépourvu. Il y avait si longtemps qu cet autre endroit ne lui avait pas servi de point de référence. Aujourd'hui, les contours nets et abrupts de cette ville lui semblaient si naturels que, lorsque à de rares occasions elle se souvenait de sa ville natale, c'était comme un monde dénué de toute signification.
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