La géométrie sollersienne se révèle en core une fois bien rodée dans son dernier opus:
Médium. La quadrature du cercle est comme d'habitude (voir
L'Eclaircie,
Trésor d'Amour etc.) formée d'un lieu: Venise (la vraie, celle des Zatterre et du Dorsoduro, non loin de la gare maritime où l'écrivain vient écrire dans une pension); d'un homme: l'auteur vieillissant, nostalgique de la Chine et de sa vie déclinante qui en vient à se doper; d'un sentiment amoureux, cette fois-ci ce n'est plus une philosophe mais une masseuse et une serveuse de restaurant, le propos y gagne en délicatesse; et de l'évocation d'un grand de l'Histoire, cette fois-ci, après Nietsche, Mozart et Casanova, c'est à
Saint-Simon que le lecteur a droit. Mélangez le tout, tentez de sortir un propos fédérateur et symbiotique, vous obtenez
Médium. Pourquoi
Médium? Mais c'est tout simple pour l'écrivain vieillissant: parce que côtoyer Venise, fourrer une masseuse, écrire un livre et évoquer
Saint-Simon permet à coup sûr de communiquer avec l'au-delà. le problème est que ce qui est évident pour l'auteur l'est moins pour le lecteur que
Sollers prend un malin plaisir à rouler dans son inculture. Il en reste un bon
Sollers, nostalgique, révélateur, avec de beaux mots et ceux qui aiment
Sollers apprécieront. Mais il me semble qu'ils sont de moins en moins nombreux...